Boutonne

Boutonne

46° 06′ 47″ N 0° 03′ 56″ W / 46.1131, -0.0655556

Boutonne
Écluses du bassin de slalom de Bernouët à Saint-Jean-d'Angély
Écluses du bassin de slalom de Bernouët à Saint-Jean-d'Angély
Caractéristiques
Longueur 98,8 km
Bassin 1 320 km2
Bassin collecteur Charente
Débit moyen 13 m3⋅s-1 (Barrage de Cabariot)
Régime pluvial océanique
Cours
Se jette dans Charente
Géographie
Pays traversés Drapeau de France France

La Boutonne est une rivière française et un affluent droit de la Charente. Elle arrose les départements des Deux-Sèvres et de la Charente-Maritime, dans la région Poitou-Charentes.

C'est le plus long affluent rive droite de la Charente et l'un de ses principaux émissaires autant pour le débit que pour son apport hydrologique.

Sommaire

Hydrographie

Le réseau hydrographique du bassin versant de la Boutonne s'étend sur une surface totale de 1 320 km², arrosant 41 communes et deux départements. Il est subdivisé en trois parties qui correspondent aux différents secteurs de sa vallée fluviale, le bassin amont (lieu de source et cours supérieur de la rivière), le bassin moyen (ou vallée moyenne) et le bassin aval (ou basse vallée jusqu'au lieu de confluence)[1].

Description hydrographique

Le lieu de source

La Boutonne prend sa source dans le sud-est du département des Deux-Sèvres, à Chef-Boutonne dont le toponyme signifie tête de la Boutonne. Son lieu de source qui correspond à une fontaine au cœur même du bourg se trouve à 85 mètres d'altitude. Mais sa véritable source est située d'après l'Institut Hydrographique Départemental et le BRGM, sous le rocher où s'élèvent les remparts, vestiges d'un château médiéval, à une altitude de 86 m.

Le cours supérieur

Son cours supérieur, entièrement situé dans le département des Deux-Sèvres, est grossi de nombreux petits émissaires dont la Béronne et la Belle, ses deux principaux affluents de rive droite.

À Brioux-sur-Boutonne, lieu de confluence avec le ruisseau de l'Aiguière, la vallée est à 51 mètres alors qu'elle n'est qu'à 13 km de son lieu de source.

Plus en aval, à Chizé, la Boutonne qui a été grossie des eaux de la Béronne, puis de la Belle, commence à prendre une certaine envergure et sa vallée descend rapidement à 37 mètres. C'est à partir de cette grosse bourgade que son parcours commence à devenir sinueux et parsemé d'îles.

La Boutonne arrose le village de Dampierre-sur-Boutonne.

La vallée moyenne

Sa vallée moyenne se caractérise par un parcours pittoresque dessinant de profonds méandres dans une vallée encaissée dès son entrée dans le département de la Charente-Maritime et, ce, jusqu'en amont de Saint-Jean-d'Angély. La vallée entaille plus ou moins profondément le plateau calcaire de la Saintonge et son altitude moyenne varie entre 33 mètres dans les prairies inondables au nord du village de Dampierre-sur-Boutonne et 16 mètres à son lieu de confluence avec la Nie, en amont de Saint-Jean-d'Angély. Tout le long de sa vallée moyenne, la Boutonne est jalonnée de nombreuses petites îles qui ont donné lieu à des toponymes évocateurs dont celui de Saint-Pierre-de-l'Isle. La rivière y reçoit de nombreux petits émissaires, composés principalement de ruisseaux, surtout sur sa rive gauche. La Nie en est le plus important tributaire, cette petite rivière conflue avec la Boutonne entre Saint-Julien-de-l'Escap et Saint-Jean-d'Angély.

Jusqu'au début du XXe siècle où la force motrice de la rivière était utilisée, le canal Saint-Eutrope fut creusé au milieu du Moyen Âge. Partant de la commune voisine de Courcelles, en amont de Saint-Jean-d'Angély, il traverse la ville d'Est en Ouest sur une longueur totale de dix kilomètres et permettait de faire fonctionner sept moulins[2].

La basse vallée

En aval de Saint-Jean-d'Angély, principale ville qu'arrose la rivière, commence la basse vallée de la Boutonne jusqu'à son lieu de confluence avec la Charente à Carillon, commune de Cabariot, à quelques kilomètres en amont de Tonnay-Charente.

C'est dans cette partie de la vallée que la Boutonne était navigable pendant 31 km grâce aux aménagements réalisés au Moyen Âge et entre 1804 et 1808 depuis Saint-Jean-d'Angély. Cette ville était un ancien centre de batellerie encore actif jusqu'au début de la seconde moitié du XIXe siècle, c'est-à-dire pendant le Second Empire. Son port fluvial expédiait des produits locaux comme le bois, les grains, les vins et alcools et recevait du sel et des pierres de construction provenant des carrières de Saint-Vaize et de Saint-Savinien. Jusqu'en 1818, Saint-Jean-d'Angély expédiait à Rochefort par la rivière de la poudre à canons fabriquée dans une importante poudrière militaire établie dans le faubourg de Taillebourg, un quartier urbain au sud de la ville et sur la rive gauche de la Boutonne[3],

En amont de Saint-Jean-d'Angély, la rivière se divise en deux bras, au lieu-dit la Pointe Garnaud. Ces derniers forment une petite île au sud de la ville et se rejoignent en aval de l'écluse de Bernouët, après le canal qui fait suite au site de l'ancien port de Saint-Jean-d'Angély.

Ce canal prolonge un quai empierré de plus de 200 m qui constituait historiquement le port d'amont en aval et qui est renforcé aujourd'hui par des palplanches. Ce quai est très prisé pour des promenades en toutes saisons. Un plan d'eau y a été aménagé à ses abords pour les loisirs nautiques.

C'est dans son cours inférieur que la Boutonne reçoit les eaux de son principal affluent de rive droite, la Trézence, à un kilomètre en amont de Tonnay-Boutonne. La basse vallée de la Boutonne est surtout caractérisée par des zones inondables traversant un vaste marais d'origine fluviatile.

L'altitude moyenne de sa basse vallée varie de 8,80 mètres à Saint-Jean-d'Angély, en amont de l'écluse de Bernouët, à l'origine du plan d'eau municipal, pour finir à 2,50 mètres environ suivant le débit et la saison au barrage de Carillon qui est muni de 3 vannes mobiles à commande automatique. Ce dernier est situé à environ 1 000 m en amont du lieu de confluence avec la Charente. Le pont de Carillon qui permet le franchissement de la rivière par la départementale no 124 est situé quant à lui à 100 m en amont de ce lieu de confluence.

La caractéristique de son lieu de confluence au site de Carillon est que La Boutonne forme pratiquement un angle droit avec le fleuve Charente, ce qui devrait être contraire à un bon écoulement de son flux. Heureusement il n'en est rien.

La longueur totale de son cours est de 98,8 km, ce qui en fait le plus long affluent de rive droite de la Charente[4].

Ce cours d'eau joue encore - localement au moins - un important rôle de corridor biologique, dans le cadre de la trame bleue.

Principaux affluents

La Boutonne au bord du terrain de camping municipal de Dampierre-sur-Boutonne

Source : Bureau de recherches géologiques et minières[5]

Les affluents mentionnés ci-dessous sont nommés d'amont en aval par rapport au cours de la rivière.

Rive droite

Rive gauche

Hydrologie

  • Débit de pointe en décembre 1982 : 220 m3/s mesuré au barrage de Carillon
  • Un repère de niveau mesuré lors de la crue de 1982 est d'ailleurs situé sur le côté des superstructures métalliques du barrage en rive doite.

Communes traversées

D'amont en aval, les principales communes arrosées par la rivière sont les suivantes :


Carte de la Boutonne.

Histoire

La Boutonne est une rivière autochtone qui traversait l'antique sylve d'Argenson, dont il reste deux principales reliques ; la forêt de Chizé et la forêt d'Aulnay

Déjà, au Moyen Age, la Boutonne était utilisée comme artère de communication pour le trafic fluvial de marchandises mais son rôle est toujours resté secondaire par rapport à la Charente. Saint-Jean-d'Angély en était le principal centre de batellerie dont les liaisons fluviales étaient étroitement associées à celles du port de Tonnay-Charente[8].

Un des bras de la Boutonne traverse le sud de Saint-Jean-d'Angély. Cette ville fut dès le Moyen Âge le principal centre de batellerie sur la Boutonne.

Plus tard, vers la fin du XVIIIe siècle, pendant l'intendance de Guéau de Reversaux, la rivière bénéficia de très importants aménagements avec l'empierrement du port de Saint-Jean-d'Angély, au site de Bernouet, la remise en état des écluses et des barrages ainsi que des berges[9].

Cet aménagement se poursuivit au début du siècle suivant, où le port de Saint-Jean-d'Angély fut modernisé afin d'approvisionner Rochefort, alors le grand port militaire de la côte Atlantique[9]. Le trafic fluvial sur la Boutonne consistait en céréales, cognac et vins, bois d'œuvre et poudre à canons[10] embarqués à bord de gabares. Ces différentes productions étaient acheminées dans les ports de Tonnay-Charente pour les eaux-de-vie qui étaient exportées vers la Grande-Bretagne et de Rochefort pour fournir la marine de guerre en bois de construction, en poudre à canons et en denrées alimentaires (vins de Saint-Jean-d'Angély et céréales).

L'ouverture d'une ligne ferroviaire dès janvier 1878 reliant directement Taillebourg à Saint-Jean-d'Angély[11], puis le déclassement de la rivière en tant que voie navigable par le Plan Freycinet de 1878-1879 mirent fin à l'activité fluviale de la Boutonne au tournant du XXe siècle[12].

Sur tout son bassin et ses affluents, de nombreux moulins parsemaient son cours. La particularité des meuniers de la Boutonne était qu'ils possédaient presque tous deux moulins, l'un à eau et l'autre à vent, pour pallier les périodes récurrentes de sécheresse qui ont toujours sévi sur le bassin.

Écluse de Bel-Ébat

Aujourd'hui, quelques activités de loisirs ont lieu sur la Boutonne dont la pêche et le canoë-kayak, cette dernière discipline étant pratiquée de manière sportive, notamment au bassin de slalom de Bernouët à Saint-Jean-d'Angély. Le tourisme se développe avec l'implantation de terrains de camping à ses abords (Dampierre-sur-Boutonne, Saint-Jean-d'Angély et Tonnay-Boutonne), d'un village vacances à Tonnay-Boutonne et grâce à quelques sites majeurs comme le Zoodyssée de Chizé, le Château de Dampierre-sur-Boutonne et le centre historique de Saint-Jean-d'Angély (monuments historiques dignes d'intérêt comme la Grosse Horloge, les maisons à pans de bois, la fontaine Renaissance, Musée des Cordeliers, Centre de culture européenne dans les locaux remarquablement restaurés de l'Abbaye royale, ...).

La Boutonne est une rivière encore parsemée de nombreux ouvrages hydrauliques souvent peu entretenus. Les moulins qui, par leurs déversoirs, régulaient autrefois le niveau de la rivière ont en majorité disparu, et c'est une des raisons pour lesquelles la rivière connaît des périodes d'assèchement parfois plus importantes qu'autrefois. Face à une gestion des travaux sur les ouvrages difficiles à orchestrer (les propriétaires ne sont toujours pas prêts ou ne sont pas en mesure de dépenser de l'argent dans l'entretien de leur patrimoine), les utilisateurs de l'eau sur le bassin (agriculture, pèche, tourisme) sont contraints à mettre en place de nouveaux ouvrages tels que des bassins privatifs, ou encore des retenues collinaires pour stocker l'eau de l'hiver afin de l'utiliser l'été.

Une association "Sauvegarder la Boutonne" représentée par un noyau d'acteurs citoyens ayant en commun leurs intérêts et leurs attachements à cette rivière s'est créée avec le projet de réparer les ouvrages servant à la navigation à partir de Saint-Jean-d'Angély pour faire revivre cette époque où des embarcations descendaient la rivière jusqu'au confluent avec La Charente.

Galerie

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Notes et références

  1. Sur ce sujet, consulter précisément la page 20 du document
  2. François Julien-Labruyère, A la recherche de la Saintonge maritime, éditions Rupella, La Rochelle, 1980
  3. Cette poudrière a explosé accidentellement en 1818, puis a été transférée dans l'agglomération d'Angoulême, in L. Delayant, Histoire du département de la Charente-Inférieure, éditions Les Chemins de la Mémoire, Saintes
  4. SANDRE, « Fiche rivière la boutonne (R6--0250) ». Consulté le 4 juillet 2008
  5. [PDF]Bassin versant de la Boutonne - Etat des lieux de la qualité des eaux par rapport au paramètre nitrate P. 27
  6. La Béronne sur le site du sandre
  7. La Belle sur le site du sandre
  8. François JULIEN-LABRUYERE, Histoire de la Saintonge maritime, éditions Rupella, Ma Rochelle, 1980, p.268
  9. a et b Gérard BLIER, Histoire des transports en Charente-Maritime, Le Croît-vif, Collections documentaires, 2003, p.p.66/67
  10. La poudre à canons était fabriquée dans la poudrerie militaire de Saint-Jean-d'Angély, dont les bâtiments étaient implantés dans le faubourg Taillebourg, près de la rivière. Cette poudrière explosa accidentellement en 1818 et fit un grand nombre de victimes. Elle ne fut pas reconstruite à Saint-Jean mais fut déplacée dans la banlieue d'Angoulême (in : Jean COMBES (ouvrage collectif sous la direction de), Guide des départements - La Charente-Maritime, éditions du Terroir, 1985, p.193)
  11. Yves LE DRET, Le train en Poitou-Charentes, tome 1, Les Chemins de la Mémoire Edieur, p.95
  12. Gérard BLIER, Histoire des transports en Charente-Maritime, Le Croît-vif, Collections documentaires, 2003, p.110

Voir aussi

Bibliographie

(Liste des ouvrages par ordre alphabétique des auteurs)

  • Gérard Blier, Histoire des transports en Charente-Maritime, Le Croît-vif, Collections documentaires, 2003, 252p
  • Brisset-Guibert (Hervé), Saint-Jean d'Angély et le Val de Boutonne, Bordessoules 1991, 64p
  • Jean Combes, Guide des départements - La Charente-Maritime, éditions du terroir, 1985, 465p (Voir notamment la monographie sur Saint-Jean-d'Angély en p.p. 191-199).
  • François Julien-Labruyère, A la recherche de la Saintonge maritime, éditions Rupella, 1980, 348p

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