- Pierre Bourgeois (industriel)
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Pierre Bourgeois Siège de Pathé-Marconi, rue Lord Byron (Paris mai 1954).Naissance 25 juin 1904
ParisDécès 24 septembre 1976 (à 72 ans)
Samois-sur-SeineNationalité Française Profession Industriel Activité principale Industrie phonographique Pierre Henri Paul Bourgeois, né à Paris en 1904, décédé à Samois-sur-Seine en 1976, est un industriel français, connu pour son rôle dans l’essor de l’industrie phonographique des années 1930 à 1970.
Sommaire
Biographie
Fils d’Henri Bourgeois (journaliste) et d'Euphrasie Desfosses, cet industriel a consacré toute sa carrière à la musique, à l’industrie du disque et à la télévision.
Avant 1928
Neveu par aliance du physicien Paul Langevin, Pierre Bourgeois passe son baccalauréat dès la seconde et fait une préparation HEC au lycée Lakanal à Sceaux (vers 1925). Il y rencontre le scientifique Marcel Baltazard qui devient son ami proche.
Polydor et le Chant du monde (1928-1948)
Publicitaire à l’agence Publicité Vox (1924-1927) en charge du département promotion des ventes de Martini-Rossi et du chocolat Rozan (marque fondée par Maurice Rozan de Mazilly) puis au groupe Frank Jay Gould (1927-1930) il a l’idée de faire fabriquer pour ce dernier, les menus d’inauguration du palais de la Méditerranée en 1929, sur des disques souples illustrés de 15 cm.
Actionnaire d'une société de disques pour enfants (vers 1930) et directeur commercial des établissements Legard et Taupin - fabricants de disques - (1930-1934) il est imprésario chez Polydor (notamment d'Edith Piaf et de Paul Meurisse) et en devient le directeur commercial (1934–1940). Il est en 1939, vice-président du Syndicat général de la machine parlante et fait chevalier du Mérite social.
Pierre Bourgeois ouvre le cabaret « La boite à Sardines », rue Balzac, ou se rencontrent Paul Meurisse et Edith Piaf. La guerre et la Résistance le tiennent éloigné de ses activités professionnelles. La paix revenue, il concourt à la remise en route de différentes marques de disques et devient administrateur et directeur commercial du Chant du monde (1946–1948). La fabrication de disques relancée, il presse des 78 tours pour le compte de Pathé-Marconi.
Les années Pathé-Marconi (1949-1959)
Nota : Pathé-Marconi, société française associée du groupe britannique EMI (Electrical and Musical Industries) est née en 1936, de la cession de la branche phonographique de Pathé et de l’usine de Chatou, par Émile Pathé au physicien italien Gugliemo Marconi (prix Nobel de physique 1909). Pathé-Marconi, la fusion de trois grandes affaires : Pathé, La Voix de son Maître et Columbia ; l’association de deux grands noms : celui de Pathé, promoteur du disque et de la machine parlante, celui de Marconi qui incarne la découverte de la radio. Sa dénomination sociale exacte est : « Les Industries Musicales et Électriques Pathé-Marconi, Compagnie Générale des Machines Parlantes Pathé Frères et Compagnie Française du Gramophone réunies ».
Membre du commissariat au Plan en 1949 (1er plan dit plan Monnet) et du comité directeur des Jeunesses musicales de France (1949), il devient directeur fondé de pouvoir de Pathé-Marconi de 1949 à 1950. Il reçoit la Légion d'Honneur (chevalier de mars 1950). Pierre Bourgeois est nommé président-directeur général en 1951, en remplacement de René Maget, parti diriger une usine du groupe en Argentine.
En 1951, Pathé-Marconi édite en France les premiers disques 33 tours et 45 tours — inventés aux États-Unis en 1947 — mis au point par l'ingénieur en chef Pierre Giloteaux, dont le premier 45 tours, 2 titres, 6 minutes (Archives Pathé).
En novembre 1953, le premier 45 tours, 4 titres, 14 minutes, dit Super-45 tours ou « EP » (Extended-Play) est produit à son tour, avec une pochette cartonnée mate type « cartoline » (Archives Pathé). Exception quasi française, hormis l’Espagne et l’Italie, le 45 tours « EP » est produit pendant toute la période yéyé et ce jusqu’en 1967.
De 1952 à 1956, Pathé-Marconi s’illustre par ses spectacles son et lumière — conçus par l’architecte Paul Robert-Houdin, petit-fils du célèbre illusionniste Jean-Eugène Robert-Houdin — qui mettent en valeur les plus beaux monuments du patrimoine national. Le premier spectacle, Les Grandes Heures de Chambord, a lieu en 1952. Celui-ci est suivi par Versailles, animé par Jean Cocteau et André Maurois qui adressent leur bel hommage à « toutes les gloires de la France » sur la musique de Jacques Ibert, puis par Vincennes, Mille ans d’histoire de France racontés par André Chamson. À Chantilly, le connétable de Montmorency, le Grand Condé et le duc d’Aumale revivent successivement en 1955 ; puis viennent Blois, Lapalisse, Villandry, Falaise, Sully, Amboise, Avignon, Lisieux, Chazeron ; tandis qu’à Domrémy, c’est un oratorio de Georges Delerue et Yves Jamiaque, qui fait revivre Sainte Jeanne au Bois Chenu. À Albi, le jeu du son et de la lumière annexe une troisième dimension au spectacle, en y incluant, non seulement le château, mais aussi les plans d’eau, les jardins et le public. On peut citer encore Angers, Fougères, Kerduel et Biron (1956).
L’année 1955 voit l’usine de Chatou être la première usine productrice d’Europe à fabriquer des disques microsillon. Chatou produit 70 % de la production nationale, soit 35 000 disques par jour (la plus forte production d’Europe continentale). Pathé-Marconi, dont la publicité est confiée à Publicis, édite les marques La Voix de son Maître, Columbia, Pathé, Témoignages, Pathé Vox, Capitol, M.G.M., Cetra-Soria. Les 45 tours sont présentés sous pochettes glacées illustrées, comme leurs aînés 33 tours. Les platines La Voix de son Maître sont dotées du changeur automatique 45 tours.
Parallèlement à son métier d’éditeur de disques, Pathé-Marconi poursuit son expansion de constructeur et de diffuseur de radio-combinés (La Voix de son Maître modèle 886C) de tourne-disques, aussi appelés pick-up ou électrophones (La Voix de son Maître modèle 555C) de radio-téléphones (modèle ER O5 utilisé par les Ponts et Chaussées et par les reporters d’Europe n°1 pour couvrir le Tour de France) de récepteurs radio (Marconi modèle 66) et de récepteurs de télévision (La Voix de son Maître, consoles 819 lignes 43 cm et 54 cm). Il est décidé en 1955, de créer une nouvelle usine à Thonon.
Dès 1955, Pierre Bourgeois tisse des liens culturels avec les gouvernements russes et chinois, pour l’échange et la diffusion des catalogues de disques des artistes de ces pays et fait connaître en France, par exemple, l'Opéra de Pékin, les Chœurs de l’Armée rouge ou Mstislav Rostropovitch, dont la carrière ne débute réellement en Europe de l’Ouest qu’en 1963. Il obtient que soit diffusée une heure par semaine de musique française sur les ondes russes et chinoises et vend à Chou En-Lai douze émetteurs de radio Marconi. La commande doit être traîtée par Londres car ces émetteurs sont, en pleine guerre froide, considérés comme matériel stratégique. Pierre Bourgeois est cette même année, président du Syndicat des Constructeurs d’Appareils Radiorécepteurs et Téléviseurs (SCART).
Le catalogue Pathé-Marconi est constitué d’un fonds musical d’une richesse exceptionnelle, en disques de variétés avec plus de cent vedettes, de jazz avec des pièces classiques, comme Back Room Special de Clarence Williams, ou King Joe de King Oliver et de tous les grands noms du jazz américain et français, d’opéra, de théâtre et poésie, de disques classiques, dont la production atteint près de 70 millions de minutes en 1955. Pathé-Marconi, qui a enregistré les plus grandes œuvres classiques et modernes, apporte son encouragement à toutes les grandes manifestations qui peuvent servir la culture musicale, comme le festival d'Aix-en-Provence, le Concours Marguerite Long-Jacques Thibaud et le concours Chopin de Varsovie. L'accord d'exclusivité qui lie Pathé Marconi et la Comédie française, permet aux discophiles du monde entier de connaître le théâtre français, d'entendre les enregistrements intégraux d'œuvres de Molière, de Marivaux, de Victor Hugo, d'Alfred de Musset ou d'Henri de Montherlant ; l'entrée de Jean Cocteau à l'Académie française sera longtemps évoquée par le microsillon.
En 1956, Pathé-Marconi est la première société à pouvoir fêter un « millionnaire », en remettant à Tino Rossi une guitare d’or pour la vente de ses 10 millions de disques. Le ministère de l'Éducation nationale, fait figurer pour la première fois le disque, parmi les prix offerts aux lauréats du Concours Général.
Pathé-Marconi est, en 1957, l’une des entreprises majeures de l’industrie française ; elle presse près de cent marques de disques différentes, fabrique du matériel pour d’autres constructeurs et sort près d’un demi-million de platines trois vitesses pour électrophones. Les marques Pathé, Columbia, La Voix de son Maître et Capitol font l’objet de récompenses nombreuses et régulières de l’académie du Disque français et de l’académie Charles-Cros. Pierre Bourgeois est nommé membre du Conseil des programmes de la Radio Télévision Française le 13 février, président du Syndicat National de l'Edition Phonographique (SNEP) et en juin, membre du conseil de surveillance de la Fédération Internationale de l'Industrie Phonographique (IFPI). A la demande du Centre National de la Cinématographie, placé alors sous la tutelle du ministère de l’Industrie, il est promu officier des Arts et Lettres le 24 septembre. En décembre, Raymond Rodel, président du Comité de France, lui décerne le diplôme « Prestige de la France » pour les spectacles son et lumière conçus par Pathé-Marconi. Cette année marque l'arrêt de la production des disques 78 tours en « shellac ».
Le 10 avril 1958, le président René Coty lui remet la croix d'officier de la Légion d'Honneur. Il devient vice-président de la Fédération Internationale de l'Industrie Phonographique (IFPI) en juillet. Les premiers disques vinyl stéréo sont produits à l'usine de Chatou.
Dans le cadre de sa mission chez Pathé-Marconi, ce proche du président de la République René Coty, ami de Colette et d’André Malraux, côtoie les grands artistes des années 1950–1960 dont il est le représentant, tels Line Renaud, Annie Cordy, Marguerite Long, Maria Callas, Gilbert Bécaud, Louis Amade, Bourvil, Tino Rossi, Jean-Claude Pascal, Herbert Von Karajan, Luis Mariano, Igor Markevitch, Franck Pourcel, Maurice Chevalier, Edith Piaf, Yvonne Printemps, Minou Drouet, Marie-Josée Neuville, Django Reinhardt, Charles Trenet, Amalia Rodrigues, Yehudi Menuhin, Arthur Rubinstein, Georges Tzipine et tant d’autres.
Pierre Bourgeois quitte la présidence de Pathé-Marconi en 1959.
Incorporated Television Company (1960-1972)
Dès 1960, Pierre Bourgeois devient directeur général, délégué pour les pays francophones de l’Incorporated Television Company (entreprise britannique de production et de distribution pour le cinéma et la télévision, créée par Lew Grade en 1954). Il distribue, notamment en France, les séries télévisées Amicalement vôtre avec Roger Moore et Tony Curtis, Le Saint avec Roger Moore, Robin des Bois avec Richard Greene, Destination Danger avec Patrick McGoohan et Le Prisonnier, également avec Patrick McGoohan.
Il est simultanément président de la Société Française des Procédés Oldham et de la Compagnie auxiliaire des Mines (1960) en raison de sa vaste expérience des industries électriques et électroniques. Il conserve ces charges jusqu’en 1972.
Gérant de la Société nouvelle du disque français (NADIF), entreprise qu'il à fondée en 1959, Pierre Bourgeois se retire à Samois-sur-Seine (Seine-et-Marne), dont il est conseiller municipal.
Disparu en 1976, il est inhumé au cimetière de Samois-sur-Seine, non loin de la sépulture de Django Reinhardt. Passionné du disque et de la musique, Pierre Bourgeois reste l'un des grands contributeurs au développement du microsillon et de l'industrie phonographique française.
Activités annexes
- Culturelles
- Membre du comité directeur des Jeunesses musicales de France (1949).
- Membre du Conseil des programmes de la Radio Télévision Française (1957).
- Économiques
- Membre du commissariat général au Plan (1949).
- Syndicales
- Vice-président du Syndicat général de la machine parlante (1939).
- Président du Syndicat des Constructeurs d’Appareils Radiorécepteurs et Téléviseurs (1955).
- Président du Syndicat National de l’Edition Phonographique (1957).
- Membre du Conseil de surveillance de la Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique (1957).
- Vice-président de la Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique (1958).
Distinctions
- Chevalier du Mérite social.
- Officier des Arts et Lettres (1957).
- Officier de la Légion d’Honneur (1958).
Catégories :- Industriel français
- Naissance en 1904
- Naissance à Paris
- Décès en 1976
- Officier de la Légion d'honneur
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