- Yvonne Printemps
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Yvonne Printemps, née Yvonne Wigniolle à Ermont le 25 juillet 1894 et morte à son domicile 8 bis rue Saint-James, Neuilly-sur-Seine, le 18 janvier 1977, est une soprano lyrique et une actrice dramatique française de l'entre-deux guerres.
Sommaire
La diva de l'opérette
Yvonne Printemps est la fille de Léon-Alfred Wigniolle, de Valenciennes, et de Palmyre Vignolle, née au Cateau-Cambrésis. Son père est caissier et délaisse le foyer familial, pour courir les jolies filles et "faire la noce". Sa mère l'élève donc seule avec ses deux frères (Léon et Lucien) et sa sœur (Lucienne) en faisant de la couture à domicile. Léon est l'ainé, ensuite vient Lucienne puis Lucien et enfin la petite Yvonne, née au hasard d'un retour de flamme entre sa mère et son père. Sa mère aime toujours cet homme qui ne sait rester avec sa famille et n'a de cesse que de les quitter pour finir par partir tout à fait. Yvonne a quatre ans et c'est elle qui lui dit de s'en aller. La vie n'est pas facile pour Palmyre, il manque souvent le nécessaire et quand les ainés s'en vont, Palmyre s'occupe d'Yvonne. Yvonne aime sa mère tendrement. À Ermont tout le monde connaît la petite Wigniolle et on aime l'entendre chanter. Elle est libre et gaie ! Elle monte sur scène dès l'âge de dix ans dans une pièce de théâtre amateur. Remarquée par Paul-Louis Flers, celui-ci la fait jouer à 11 ans au music-hall des Folies Bergère et lui donne le surnom de « Mademoiselle Printemps ». Paul-Louis Flers est un revuiste et l'ancien directeur du Moulin Rouge. De passage à Ermont, elle débute à la Cigale à 14 ans dans une revue au titre évocateur, Nue Cocotte, y campant un Petit Chaperon Rouge assez déluré...
À quinze ans, elle entre aux Folies Bergère où elle restera quatre ans. À dix-huit ans, elle fait partie de la distribution de Ah ! les beaux nichons, dont Maurice Chevalier est la vedette. Son intelligence, son charme unique, sa beauté et sa voix exceptionnelle la font remarquer d'André Messager, puis de Sacha Guitry et d'Albert Willemetz qui écrivent à son intention des comédies musicales, des pièces de théâtre et sept revues. Sacha Guitry en 1916 la fait débuter aux Bouffes-Parisiens dans sa comédie Jean de la Fontaine. Elle y interprète le rôle de sa maîtresse. Ne connaissant absolument pas la musique, elle chante « naturellement », se bornant à améliorer certaines aspects de sa voix, en prenant des cours auprès de Mme Paravicini.
Ayant été la compagne de l'as Georges Guynemer pendant la première guerre mondiale, Yvonne Printemps épouse Sacha Guitry le 10 avril 1919 à Paris. Les témoins de mariage sont Sarah Bernhardt, Georges Feydeau, Tristan Bernard et Lucien Guitry, père du marié. Brouillés depuis quelque temps, le fils et le père se sont en effet réconciliés, Lucien Guitry allant même jusqu'à accompagner les jeunes époux sur le quai de la gare parisienne d'où ils partent en voyages de noce sur la Côte d'Azur. La collaboration entre Yvonne et Sacha, très fructueuse artistiquement en France, en Angleterre et aux États-Unis, satisfera leurs deux passions et durera douze ans. Elle se soldera par un divorce qui fera longtemps les beaux jours des prétoires et des journaux à scandales.
En 1926, de passage à Londres, elle provoque l'admiration du public et du critique musical Reynaldo Hahn, dans une interprétation de Mozart, de Sacha Guitry. En 1927, Sacha et Yvonne partent en tournée à New York, Toronto, et Montréal. Elle parlera plus tard d'une « merveilleuse aventure américaine »... En 1931, Sacha Guitry la fait jouer dans Franz Hals avec, pour partenaire, Pierre Fresnay. Yvonne et Pierre tombent amoureux l'un de l'autre et formeront dès lors un couple inséparable.
En 1934, Yvonne Printemps et Pierre Fresnay, qu'elle n'épousera jamais, entament en nouveau couple d'artistes une tournée en Angleterre et aux États-Unis. Ils jouent notamment Conversation Piece de Noël Coward (elle chante en anglais phonétiquement), qui restera à l'affiche douze semaines à Broadway). Ils joueront aussi O Mistress Mine de Cole Porter. On les retrouve dans le premier des huit films qu'ils tourneront ensemble, La Dame aux camélias de Fernand Rivers et Abel Gance. On les verra encore dans Les Trois Valses (musiques de Johann Strauss père et fils et d'Oscar Straus, livret de Léopold Marchand et Albert Willemetz d’après Knepler et Robinson), qui eut un succès considérable au théâtre et au cinéma, en 1938, et dans Valse de Paris de Marcel Achard, en 1949).
Le voyage en Amérique sera son dernier film. Elle poursuit sa carrière de chanteuse jusqu'à la fin des années 1950, prenant parallèlement la direction du Théâtre de la Michodière. Sa dernière apparition sur la scène de ce théâtre sera pour Hyménée, où elle joue un rôle d'infirme, dans un registre dramatique bien éloigné de celui qui avait fait sa gloire.
Sa voix unique de « vrai rossignol » aura marqué son époque et l'opérette. Archétype de la diva, son mauvais caractère, ses frasques, ses bijoux parmi les plus beaux de l'époque (dont beaucoup de cadeaux de Sacha Guitry), ses chapeaux, ses petits chiens et ses toilettes alimentèrent la chronique. « Je ne suis pas ce que l'on pense... » lui fera chanter Albert Willemetz dans Les Trois Valses...
Entourée d'un nombre incalculable d'amants, Yvonne Printemps vécut jusqu'à la fin avec Pierre Fresnay, qui subissait sans broncher les souffrances et les rebuffades qu'elle lui infligeait, lui qui n'était pas non plus un saint en matière de fidélité.
Décédée à Neuilly-sur-Seine en 1977, elle sera enterrée aux côtés de Pierre Fresnay dans le cimetière de cette commune. En 1994, La Poste édita un timbre à son effigie.
Filmographie
- 1918 : Un roman d'amour et d'aventures de René Hervil et Louis Mercanton
- 1934 : La Dame aux camélias de Fernand Rivers et Abel Gance : Marguerite Gautier
- 1938 : Trois Valses de Ludwig Berger : Fanny, Yvette et Irène Grandpré
- 1938 : Adrienne Lecouvreur de Marcel L'Herbier : Adrienne Lecouvreur
- 1939 : Le Duel de Pierre Fresnay : Thérèse Jaillon
- 1943 : Je suis avec toi de Henri Decoin : Elisabeth Laferrière et Irène Grégoire
- 1948 : Les Condamnés de Georges Lacombe : Hélène Séverac
- 1949 : La Valse de Paris de Marcel Achard : Hortense Schneider
- 1951 : Le Voyage en Amérique d'Henri Lavorel : Clotilde Fournier
Théâtre
- 1908 : Nue Cocotte revue de Paul-Louis Flers et Eugène Héros
- 1909 : Revue de l'Alcazar de Paul-Louis Flers et Eugène Héros
- 1909 : Revue des Folies Bergère de Paul-Louis Flers et Eugène Héros
- 1910 : Revue des Folies Bergère de Paul-Louis Flers et Eugène Héros
- 1910 : Halley ! Halley ! Aux Ambass' de Paul-Louis Flers et Eugène Héros
- 1911 : Revue des Folies Bergère de Paul-Louis Flers et Eugène Héros
- 1911 : Ah ! les beaux nichons de Paul-Louis Flers
- 1912 : Enfin une revue d'Henry Moreau et Paul Ardot
- 1912 : Si j'étais roi opérette de Paul-Louis Flers
- 1912 : Revue de l'Olympia d'Hugues Delorme
- 1913 : Et patati et patata d'Hugues Delorme et Georges Nanteuil, Théâtre des Capucines
- 1913 : Les Contes de Perrault d'Arthur Bernède et Paul de Choudens, Théâtre de la Gaîté Lyrique
- 1914 : La Revue des X, Théâtre de l'Olympia
- 1915 : La Revue 1915 de Rip et Louis Verneuil, Théâtre du Palais-Royal
- 1915 : La Nouvelle Revue 1915, Théâtre Antoine
- 1915 : Il faut l'avoir ! revue de Sacha Guitry et Albert Willemetz, Théâtre du Palais-Royal
- 1916 : Le Poilu de Maurice Hennequin et Pierre Veber, Théâtre du Palais-Royal
- 1916 : Tout avance revue d'Albert Willemetz, Théâtre du Gymnase
- 1916 : La Petite Dactylo de Maurice Hennequin et Georges Mitchell, Théâtre du Gymnase
- 1916 : Jean de La Fontaine de Sacha Guitry, Théâtre des Bouffes-Parisiens
- 1916 : L'Illusionniste de Sacha Guitry, Théâtre des Bouffes-Parisiens
- 1918 : Deburau de Sacha Guitry, Théâtre du Vaudeville
- 1918 : Nono de Sacha Guitry, Théâtre du Vaudeville, Théâtre des Célestins
- 1918 : La Revue de Paris de Sacha Guitry, Théâtre du Vaudeville
- 1919 : Le Mari, la Femme et l'Amant de Sacha Guitry, Théâtre du Vaudeville
- 1919 : Mon père avait raison de Sacha Guitry, Théâtre de la Porte-Saint-Martin
- 1920 : Béranger de Sacha Guitry, Théâtre de la Porte-Saint-Martin
- 1920 : Je t'aime de Sacha Guitry, Théâtre Édouard VII
- 1920 : Comment on écrit l'histoire de Sacha Guitry, Théâtre Sarah Bernhardt
- 1921 : La Prise de Berg-Op-Zoom de Sacha Guitry, Théâtre Sarah Bernhardt
- 1921 : Le Grand Duc de Sacha Guitry, Théâtre Édouard VII
- 1921 : Faisons un rêve de Sacha Guitry, Théâtre Édouard VII
- 1921 : Jacqueline de Sacha Guitry adapté d'Henri Duvernois, Théâtre Édouard VII
- 1922 : Une petite main qui se place de Sacha Guitry, Théâtre Édouard VII
- 1922 : Jean de La Fontaine de Sacha Guitry, Théâtre de l'Opéra de Paris
- 1923 : L'Amour masqué de Sacha Guitry et André Messager, Théâtre Édouard VII
- 1923 : L'Accroche-cœur de Sacha Guitry, Théâtre de l'Étoile
- 1924 : La Revue de Printemps de Sacha Guitry et Albert Willemetz, Théâtre de l'Étoile
- 1924 : Une étoile nouvelle de Sacha Guitry, Théâtre Édouard VII
- 1925 : On ne joue pas pour s'amuser de Sacha Guitry, Théâtre Édouard VII
- 1925 : Mozart de Sacha Guitry, musique Reynaldo Hahn, Théâtre Édouard VII
- 1926 : Était-ce un rêve ? de Sacha Guitry, Théâtre Sarah Bernhardt
- 1927 : Désiré de Sacha Guitry, Théâtre Édouard VII
- 1928 : Mariette ou Comment on écrit l'histoire de Sacha Guitry, Théâtre Édouard VII
- 1929 : Histoires de France de Sacha Guitry, Théâtre Pigalle
- 1930 : ... Et vive le théâtre de Sacha Guitry et Albert Willemetz, Théâtre de la Madeleine
- 1930 : Un soir quand on est seul de Sacha Guitry, Théâtre de la Madeleine
- 1930 : Le Veilleur de nuit de Sacha Guitry, Théâtre de la Madeleine
- 1930 : La Jalousie de Sacha Guitry, Théâtre de la Madeleine
- 1931 : Frans Hals ou L'Admiration et Sa dernière volonté ou L'Optique du théâtre de Sacha Guitry, Théâtre de la Madeleine
- 1931 : La Revue coloniale de Sacha Guitry et Albert Willemetz, Théâtre de la Madeleine
- 1931 : La S.A.D.M.P. de Sacha Guitry, musique Louis Beydts, Théâtre de la Madeleine
- 1931 : Chagrin d'amour de Sacha Guitry, Théâtre de la Madeleine
- 1931 : Monsieur Prudhomme a-t-il vécu ? de Sacha Guitry, Théâtre de la Madeleine
- 1932 : Françoise de Sacha Guitry, Théâtre de la Madeleine
- 1932 : Le Voyage de Tchong-Li de Sacha Guitry, Théâtre de la Madeleine
- 1932 : Mozart de Sacha Guitry, musique Reynaldo Hahn, Théâtre de la Madeleine
- 1933 : Le Bonheur d'Henry Bernstein, Théâtre du Gymnase
- 1934 : Conversation Piece de Noel Coward, Londres, New York
- 1935 : Margot d'Édouard Bourdet, mise en scène Pierre Fresnay, musique Georges Auric et Francis Poulenc, Théâtre Marigny
- 1936 : O Mistress Mine de Ben Travers, Londres
- 1937 : Trois Valses de Léopold Marchand et Albert Willemetz, mise en scène Pierre Fresnay, Théâtre des Bouffes-Parisiens
- 1939 : Trois Valses de Léopold Marchand et Albert Willemetz, mise en scène Pierre Fresnay, Théâtre de la Michodière
- 1940 : Léocadia de Jean Anouilh, Théâtre de la Michodière
- 1941 : Comédie en trois actes d'Henri-Georges Clouzot, Théâtre de la Michodière
- 1942 : Comédie en trois actes d'Henri-Georges Clouzot, Théâtre de l'Athénée
- 1942 : Père d'Édouard Bourdet, Théâtre de la Michodière
- 1944 : Père d'Édouard Bourdet, Théâtre de la Michodière
- 1945 : Vient de paraître d'Édouard Bourdet, Théâtre de la Michodière
- 1946 : Auprès de ma blonde de Marcel Achard, mise en scène Pierre Fresnay, Théâtre de la Michodière
- 1948 : Du côté de chez Proust de Curzio Malaparte, mise en scène Pierre Fresnay, Théâtre de la Michodière
- 1951 : Le Moulin de la galette de Marcel Achard, mise en scène Pierre Fresnay, Théâtre de la Michodière
- 1952 : Hyménée d'Édouard Bourdet, Théâtre de la Michodière
- 1954 : Voici le jour de Jean Lasserre, avec Pierre Fresnay, Théâtre de la Michodière
- 1956 : Le Voyage à Turin d'André Lang, Théâtre de la Michodière
- 1958 : Père d'Édouard Bourdet, mise en scène Pierre Fresnay, Théâtre de la Michodière
Citations
- Yvonne Printemps : « Les femmes préfèrent être belles, plutôt qu'intelligentes parce que, chez les hommes, il y a plus d'idiots que d'aveugles ».
- Yvonne Printemps : « On vous pardonne d'avoir l'air riche mais pas d'avoir l'air heureux ».
- Sacha Guitry : « Sur votre tombe, Yvonne, on écrira « Enfin froide... » » Yvonne Printemps lui rétorqua : « Vous, Sacha, je ferai écrire sur la vôtre : « Enfin raide... » ».
- Portrait d'Yvonne Printemps par Colette, dans La jumelle noire (1938) : « Son sourire, aussi lumineux que la lune par froid clair et comme elle en forme de croissant, sourire célèbre aux coins relevés, gaieté que parfois dément la confidence mélancolique de deux yeux pers — le sourire de la meilleure actrice d'opérette de ce temps. »
Bibliographie
- Yvonne Printemps de Karine Ciupa, Éditions Robert Laffont, 1989
- Sacha Guitry une vie d'artiste, sous la direction de Noëlle Giret et Noël Herpe, Gallimard, La Cinémathèque française, Bibliothèque nationale de France, 2007
Liens externes
- Fiche biographique d'Yvonne Printemps, avec un extrait de Je t'aime, des Trois Valses
- Photo du mariage de Sacha Guitry et d'Yvonne Printemps
- Timbre à l'effigie d'Yvonne Printemps
Notes et références
Catégories :- Soprano française
- Actrice française
- Nom de scène
- Naissance en 1894
- Naissance à Ermont
- Décès en 1977
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