Touraine

Touraine

47°24′N 0°41′E / 47.4, 0.683

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Drapeau de la Touraine reprenant le blason de Philippe le Hardi, comte de Touraine, puis duc de Bourgogne
d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bordure componée d'argent et de gueules

La Touraine est une ancienne province de France héritière de la civitas turonensis ou cité des Turones. Elle tire son nom de sa capitale, Tours. Les comtes d'Anjou et de Blois, maîtres politiques de la Touraine, sont longtemps plus puissants que les rois capétiens, mais la généralisation de la seigneurie franco-flamande et son besoin de garantie de paix réhabilitent le pouvoir central longtemps oublié. Au terme d'une reprise capétienne séculaire, Philippe-Auguste s'impose face à la prestigieuse dynastie Plantagenêt après 1216. Toute la Touraine, et pas seulement la martinopole de Tours et quelques places fortes, est sous l'égide de la maison royale de France.

La ville de Tours est chef-lieu de généralité des pays tourangeaux, angevins et (céno)manceaux à la fin de l'Ancien régime. C'est pourquoi le département d'Indre-et-Loire créé à son attention en 1790 donnant lieu à d'âpres tractations se décale vers l'ouest, préservant toutefois l'essentiel du vieux territoire provincial.

Le département d'Indre et Loire a incorporé à l'ouest, les riches terres angevines de Bourgueil, Savigné-sur-Lathan, Gizeux et Château-la-Vallière et le Richelais autrefois poitevin commandé par la ville de Richelieu au sud de la vallée de la Vienne ainsi qu'au nord, un fragment de la gâtine du Maine au-delà de la forêt de Beaumont. Par ce décalage, il a abandonné au Loir-et-Cher des terroirs aux champs ouverts au nord-est de Château-Renault et une partie des cours supérieurs de la Loire, de l'Amasse et du Cher, en particulier le petit pays de Montrichard et Pontlevoy et surtout abandonné au département de l'Indre une partie sud-est de la cité gallo-romaine, à savoir les hautes vallées de l'Indre et de l'Indrois, de la Claise avec la mythique Brenne tourangelle, plus importante que la berrichonne et la rive méridionale de la Creuse également tourangelle en amont dès la forêt de la Guerche.


Sommaire

Géographie

Région de la Touraine

Traversée par la Loire et ses affluents, le Cher, l'Indre et la paresseuse Vienne, continué vers l'amont par la Creuse, la Touraine est pays ancien de batellerie et de flottage. Ses vignoble et ses cultures fruitières et maraîchères sont réputées depuis le Bas-Empire.

Au-delà des mutations parfois radicales, la géographie de la Touraine préserve ses "pays" traditionnels qui illustrent une remarquable diversité des terroirs de part et d'autre de la Loire : les terres basses, telles les Varennes tourangelles ou les îles de Loire, le Véron cher à Rabelais qui, entre Loire et Vienne qui confluent, place son abbaye de Thélème, la Gâtine tourangelle autrefois pays de landes et de forêts au nord de la Loire, les plateaux comme la Champeigne tourangelle ou les terres d'argiles à silex et de faluns de Sainte-Maure, les terres marécageuses de la Brenne.

Géologiquement, la Touraine fait partie du Bassin parisien.

Un Parc naturel régional ne concerne qu'en partie l'ancienne province de Touraine : le Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine, situé entre Tours et Angers (dans le Maine-et-Loire).

La construction de la ligne TGV, qui relie Tours à Paris en moins d'une heure, en a fait un lieu de résidence pour des personnes travaillant dans la capitale en quête de qualité de vie provinciale.

Histoire

La Touraine est peuplée depuis le Paléolithique. La province tire son nom de la tribu des Turones ou Turoni sans qu'il soit possible d'affirmer qu'il s'agissait du peuple autochtone héritier de la culture du Grand-Pressigny, ou s'il s'agissait d'une immigration postérieure à la fin du Néolithique d'origine rhénane. Politiquement organisés, les Turons ont comme voisins les Andecavi occupant l'Anjou, les Pictones ou Pictavi du Poitou, les Bituriges Cubi du Berry, les Carnute de la région de Chartres et Aulerci Cenomani de la région du Mans. Epousant une logique d'intérêt nautique, les Turones sont proches des Andecavi et des petits peuples de la Loire. Les accords avec les Aulerques et les Bituriges, difficiles, s'imposent pour maintenir l'ancienne voie marchande de l'étain.

Une terre de Gaule romaine

Ces peuples se soumettent aux légions de Crassus, lieutenant de César, toutefois la soumission est de courte durée car les bagaudes perdureront jusqu'à la chute de l'empire romain.

Des cités gallo-romaines sont fondées, prenant le relais des anciens peuples. Caesarodunum correspond à la première dénomination de Tours comme Juliomagus et Angers, Autricum et Chartres, Cenabum et Orléans, Limonum et Poitiers, Avaricum et Bourges,Vicus ambaciensis et Amboise... La cité des Turones est promue capitale de la troisième Lyonnaise, une grande entité de l'administration impériale comportant Bretagne, Maine, Anjou et Touraine. Ce reliquat d'entité romaine du second Empire est préservé par l'influence de l'archevêché de Tours jusqu'en 1859.

Le moine Martin fonde Marmoutier et accède à l'épiscopat de Tours. La pleine récupération de l'héritage martinien et probablement aussi des reliques de l'apôtre des Gaules par l'évêque de Tours Perpetuus vers 450 se concrétise par l'instauration d'un grand pèlerinage saint Martin qui draine les premières foules chrétiennes de Gaule[1]. Petit à petit, une martinopole apparaît à côté de la vieille cité de Tours et commence à se couvrir d'églises et de sanctuaires. Les médecins travaillant auprès des moines de Marmoutier sont très tôt renommés. Les propriétaires de grands domaines gallo-romains, parmi lesquels l'évêque, dominent la Touraine.

Dans son Histoire des Francs, Saint Martin évoque l'athéisme qui reste ancré dans la population. Le dogme chrétien n'atteint que les couches aristocratiques romaines, gallo-romaines et franques, c'est sur elles que l'église va s'appuyer pour se protéger des exactions.

L'arrivée des Francs de Clovis sur la Loire et les rixes incessantes avec les prestigieux wisigoths, maîtres de guerre qui décident aussi avec brutalité de la conformité religieuse en imposant leurs conceptions ariennes, rendent le pays de moins en moins sûr et fréquenté. Les choix tourangeaux sont faits, il préfère le roi des Francs chrétiens aux potentats ariens qui règnent sur l'Aquitaine. La victoire des hommes du Nord est un soulagement, une délivrance. Le roi victorieux dédie son succès à saint Martin de Tours. La Touraine devient une terre de Neustrie aux confins de l'Aquitaine. Tours reste une des capitales du regnum francorum, si ce n'est d'un des royaumes mérovingiens. L'essor du culte et du pèlerinage peut reprendre.

Tours est capitale du missaticum toronicum. Sous Louis le Débonnaire, la vieille Gaule n'est divisée administrativement en dix missatica. Mais les Carolingiens en décadence ne protègent plus les axes de circulation de la contrée. La remontée de la Loire et de ses affluents profite aux marchands et pillards de la mer de Nord, voire aux armées prêtes à piller les riches sanctuaires. Le pouvoir central en dépit de forts sursauts s'effondre.

Sous la coupe des grandes maisons féodales

Au centre de la stratégie capétienne naissante, la Touraine isolée sous forme de comté ou de vicomté ne parvient ensuite plus à unir ses intérêts. Elle devient la proie des deux maisons aristocrates vassales qui ont reçu charge de vicomté du domaine capétien sur la Loire, respectivement en aval et en amont. Toutefois Tours et surtout ses sanctuaires demeurent sous suzeraineté royale. Cette raison suffisante justifie l'intervention capétienne après la restauration d'une puissante autorité royale sous Philippe Auguste.

En 940, Thibaud le Tricheur happe le comté de Tours, de Chartres et de Blois. Le fondateur de la maison de Blois possède aussi les places fortes de Chinon, Montaigu, Vierzon, Sancerre et Saumur. Son fils Eudes Ier lutte contre les comtes d'Anjou, en particulier Foulque Nerra, qui essaie de s'infiltrer entre ses terres, alléché par la Touraine. L'issue de la guerre après de longues rixes est profitable à la maison d'Anjou.

Une lutte haineuse entre les deux maisons se poursuit en Touraine, cœur de conflit, et chaque camp installe châteaux et hommes d'armes, non sans effusion violente. Thibaut III de Blois refuse l'hommage au roi de France, Henri Ier. Outré, ce dernier qui n'a nullement les moyens de venger l'affront politique décharge la maison de Blois de son comté de Touraine, et l'a donne à son vassal théorique Geoffroy II Martel, à charge pour lui de la conquérir. En 1043, Geoffroy Martel met le siège devant Tours et bat les renforts blèsois. La capitulation de Tours survient après dix-huit mois de siège. Thibaut cède la Touraine à titre de fief au comte d'Anjou en 1044[2].

La Touraine est possédée par la maison d'Anjou, qui, par sa branche aînée Plantagenêt, va cumuler les terres sous l'imperium du royaume d'Angleterre. Henri II se révêle, d'après les archives, un bienfaiteur pour la Touraine. Partout, une administration régulière et mesurée entreprend d'étendre, de consolider ou d'agrandir les levées, n'hésite pas à construire les ponts nécessaires en pierre. Le souverain protège et développe Tours. Ses enfants, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, vivent une époque troublée, accablée de guerres. Le dernier tue le duc Artus Ier de Bretagne, allié de la France à qui devait revenir la Touraine. Victorieux sur la maison d'Anjou-Plantagenêt, le roi de France, Philippe Auguste, impose une occupation militaire au terme des conquêtes, nommant en 1204, Guillaume des Roches, seigneur de Rochecorbon, sénéchal héréditaire de Touraine. Il faut attendre le traité de Chinon, en 1214, pour que Jean sans Terre abandonne ses droits.

Touraine enfin françoise

En 1312, la sénéchaussée héréditaire, acquise par Amaury de Crau, est cédée au roi de France. Désormais, la Touraine est devenue duché. Elle est donnée en apanage au fils de la maison de France, en 1360 à Louis Ier d'Anjou. Cette attribution n'empêche nullement la province d'attirer la cour. Après 1440, elle devient quasiment le siège de la royauté capétienne. Charles VII y réside, ce roi de Bourges est ainsi appelé par dérision d'historiens peu aptes à saisir sa puissance, ils auraient pu tout aussi bien le dénommer roi de Touraine par ses résidences, le parlement n'ayant qu'un temps bref été replié à Bourges. Le roi l'apprécie et décide la rédaction des coutumes des coutumes entre 1453 et 1461. La Touraine est déjà un véritable laboratoire, tant par l'escriture administrative que par l'art de vivre et de bâtir, un modèle proposé ensuite aux autres provinces.

Louis XI aime la province. Le souverain réside dans son château de Plessiz-les-Tours. Il comble de faveur Tours et met tout en œuvre pour la doter d'équipements dispendieux. Les rois Valois continue d'y résider. Mais après les Guerres de Religion, le ressort est brisé, la cour happée par le renouveau centralisme au pouvoir délié, c'est-à-dire "absolu" regagne Paris. La Touraine prend la couleur anonyme d'une vieille province paysanne qui semble ne briller que par le passé, si l'on se désintéresse de la vie des petits pays fascinants qui la composent.

Limite de l'Anjou et de la Touraine de part et d'autre de la Loire au XVIIIesiècle
(Bourgueil faisait partie de la sénéchaussée de Saumur et de l'Anjou.)

Le jardin de France

Surnommée "le jardin de la France" depuis la fin du XVesiècle, le séjour des rois Plantagenêt au XIIesiècle, puis des rois de France durant la guerre de Cent Ans et la Renaissance, la Touraine est célèbre par ses nombreux châteaux.

Du Moyen Âge on peut citer quatre forteresses royales : Chinon, Langeais, Loches, Amboise, ainsi que les très nombreux châteaux et abbayes célèbres au total plus d'une centaine d'édifices importants élevés par la famille de Foulque III d'Anjou dit "Foulque Nerra", comte d'Anjou dont la légende est violente et cruelle, à l'image des dominants d'après l'an mil. L'œuvre de cette maison comtale d'Anjou, dont descendent les souverains Plantagenêts d'Angleterre est incontournable pour comprendre la mise en valeur et l'architecture médiévale du XIe et XIIe de la Touraine.

Loches, Langeais, Chinon muent dans leur cadre initialement austère et deviennent de superbes résidences de la fin du quattrocento.

A la Renaissance, le climat doux, les forêts giboyeuses et les beaux paysages jardinées attirent les résidences princières et royales. Les rois Valois placent ainsi la Touraine au coeur de l'histoire de France par :

Trois villages sont membres de l'Association des Plus Beaux Villages de France :

Les territoires départementaux

À la Révolution française, l'organisation des intendances provinciales française disparaît avec la création des départements, la Touraine se répartit dorénavant sur trois départements :

  • l'Indre-et-Loire reprend le cœur et la grande part de la province, tout en s'étendant un peu à l'est vers l'Anjou, prenant sa frange occidentale correspondant au pays de Bourgueil et à celui de Château-la-Vallière, constituant l'Indre-et-Loire angevin dite Touraine angevine en raison du nom de la préfecture départementale.
  • le Loir-et-Cher happe quelques zones du nord-est de la Touraine, souvent maintenant assimilées à l'Orléanais.
  • l'Indre a incorporé le sud-est de la Touraine souvent assimilé au Bas-Berry.

Il faut noter que la gâtine de Montrésor, constamment tourangelle, apparaît aux folkloristes lucides des années 1860-1900 en marge du Berry. La vie rurale typique de Touraine a été préservée dans les années 1930 dans le cœur de l'arrondissement de Loches, dans les contrées environnant Ligueil, au sud des bas plateaux de Sainte-Maure.

Économie

Agriculture et viticulture

La Touraine est une importante région viticole, produisant plusieurs vins classés AOC ainsi que de nombreux vins locaux de grande qualité.

Article détaillé : Vignoble de Touraine.

Industries et services

Tourisme

« La mollesse de l'air, la beauté du climat, une certaine facilité d'existence et la bonhommie des mœurs y étouffent bientôt le sentiment des arts, y rétrécissent le plus vaste cœur, y corrodent la plus tenace des volontés »

— Honoré de Balzac, L'Illustre Gaudissart, 1832

La région du val de Loire avec ses châteaux, ses paysages et son vignoble est une région très touristique. En 2000, l'Unesco a fait du Val de Loire un espace majeur du patrimoine de l’humanité en l’inscrivant, au titre des paysages culturels. Sur près de 250 kilomètres est en effet constitué un ensemble unique, mélange de richesses naturelles et d’intervention humaine.

La Touraine présente un important patrimoine historique grâce à sa riche histoire : dynastie des rois franco-anglais Plantagenêt, Renaissance importée d’Italie, échanges commerciaux tous azimuts portés par le cours de la Loire… La richesse architecturale couvre une période courant du Moyen Âge, dont la plus parfaite illustration est la présence des forteresses de Loches et Chinon, jusqu’à l’entre deux guerres (Château de Candé à Monts, siège en 1937 du mariage d'Édouard VIII et de Wallis Simpson), en passant par le témoignage de la Renaissance que constituent les châteaux d'Amboise, Chenonceau ou Azay-le-Rideau.

Article détaillé : Châteaux de la Loire.

La Loire offre des lieux aux lignes en mouvement continu, des îles et des bancs de sable aux reliefs changeant qui donnent l’impression d’un tableau en perpétuelle évolution. Sa lumière si particulière a attiré des peintres dont William Turner. Les abords du fleuve ont été spécialement aménagés pour accueillir l'itinéraire "La Loire à Vélo" (section du tronçon complet Euro Vélo 6). Pour naviguer sur le fleuve, deux possibilités existent : bateaux-promenades (notamment des gabares) et canoë-kayak.

  1. Saint Perpet sauve la vieille cité bien trop enclavé pour croître par un simple essor marchand. Tours est toujours un lieu de rencontre polyvalent.
  2. La dynastie de Blois part ensuite conquérir les terres plus à l'ouest, la Champagne.

Personnages célèbres

par ordre chronologique

Article détaillé : Tourangeaux célèbres.

Jumelages


Bibliographie

  • Pierre Leveel, Jacques-Marie Rougé, Emile Dacier, Jacques Guignard, Visages de la Touraine, Paris, éd. des Horizons de France, Paris, 1948, 216 p.
  • Jacques-Marie Rougé, "Le Folklore de la Touraine, Tours, Arrault et Cie , 1931, 328 p.
  • Daniel Schweitz, "Aux origines de la France des pays : Histoire des identités de pays en Touraine (XVIe-XXe siècle)", Paris, L’Harmattan, 2001, préface de Daniel Nordman, directeur de recherche au CNRS, 463-p.-XXVII p. de pl.
  • Kilien Stengel et Patrick Prieur, "La Touraine en questions", Éditions Alan Sutton, 2011. (ISBN 978-2813803603)

Articles connexes

Liens externes


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