- Élection présidentielle française de 1965
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Élection présidentielle française de 1965 1958 1969
Charles de Gaulle
François MitterrandUNR CIR Résultats du 2nd tour 13 083 699 voix 10 619 735 voix 55,20 % 44,80 % Président sortant
Charles de GaullePrésident élu
Charles de Gaullemodifier L'élection présidentielle française de 1965 est la deuxième élection présidentielle à avoir lieu sous la Ve République, et la deuxième à se dérouler au suffrage universel direct (la première ayant eu lieu le 10 décembre 1848). Charles de Gaulle fut réélu pour sept nouvelles années au poste de président de la République française.
Le premier tour s'est déroulé le 5 décembre 1965 et le second le 19 décembre.
Sommaire
Campagne électorale
Le général de Gaulle choisit pour affiche de campagne une Marianne représentée en petite fille et dessinée par Lefor et Openo avec comme slogan : « J'ai sept ans, laissez-moi grandir », le présentant de fait comme le garant et le défenseur des nouvelles institutions de la Cinquième République.
La campagne montra par ailleurs l'importance de la télévision (la France comptant alors 6 385 000 récepteurs), chaque candidat ayant alors le même temps de parole lors de la campagne officielle. François Mitterrand et Jean Lecanuet avaient tous deux pris en compte le rôle de la télévision dans l'élection présidentielle américaine de 1960 : au cours de cette campagne, le débat télévisé était généralement considéré comme ayant aidé John Fitzgerald Kennedy à l'emporter sur Richard Nixon.
Les candidats
Le président sortant, Charles de Gaulle
Le mode de scrutin ayant été modifié en 1962, Charles de Gaulle avait donc moins de chance d'être élu dès le premier tour. En effet, il fut élu « seulement » au second tour. De Gaulle n'a annoncé sa candidature que tardivement, le 4 novembre par une intervention télévisée à 20 heures : « Que l'adhésion franche et massive des citoyens m'engage à rester en fonctions, l'avenir de la République nouvelle sera décidément assuré. Sinon, personne ne peut douter qu'elle s'écroulera aussitôt[1]. »
Confiant, Charles de Gaulle renonça d'abord à utiliser son temps de parole de campagne à la télévision, avant d'y recourir le 30 novembre et le 3 décembre, face à sa baisse de popularité dans les sondages. Ces prestations n'empêchèrent cependant pas sa mise en ballottage et la tenue d'un second tour. Dans l'entre-deux-tours, il fut alors interrogé par Michel Droit, au cours d'entretiens durant lesquels il usa de son talent oratoire, et surprit le public par sa décontraction et sa liberté de ton.
Le candidat unique de la gauche, François Mitterrand
Face à lui, François Mitterrand, président de la Convention des institutions républicaines (CIR) entre en lice le 9 septembre 1965, suite à l'échec de la candidature de Gaston Defferre, sans solliciter l'avis des grands partis de la gauche parlementaire[2]. Il obtient rapidement l'investiture et le soutien du parti socialiste SFIO, alors même qu'il n'en était pas membre, du Parti radical, du Parti socialiste unifié (PSU) et du Parti communiste français, ce dernier se méfiant de l'élection présidentielle au suffrage universel direct. Attaché à l'idée d'union de la gauche sans exclusive et à une stratégie de fédération de ses différentes organisations, Mitterrand était un des rares hommes de gauche à promouvoir une alliance incluant les communistes[2]. Le député de la Nièvre alors âgé de 49 ans, ancien ministre de la Quatrième République, devient ainsi candidat unique de toute la gauche. Cette alliance de circonstance fit sa force, puisque socialistes et communistes voyaient en lui un candidat présentable, mais sans grande envergure. Opposant de la première heure au général De Gaulle ainsi qu'aux institutions de la Ve République, il mène une campagne vigoureuse, se voulant être celle des opposants sans complexes au gaullisme[3] : il joue de son âge et se présente sur ses affiches comme « un président jeune pour une France moderne ». Le prestige de Mitterrand fut d'avoir mis le Général en ballottage, lui permettant d'asseoir sa stature, et plus encore après l'absence de la gauche au second tour de la présidentielle de 1969. Sous l'impulsion de cette candidature, la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, regroupant socialistes, radicaux et divers autres mouvements de la gauche non-communiste, est fondée en décembre 1965. La FGDS remportera deux ans plus tard un vif succès lors d'élections législatives, mais sera très affaiblie à la suite de la crise de mai 1968 et disparaîtra peu après.
Les autres candidats
Troisième grande figure de la campagne, le président du Mouvement républicain populaire (MRP) et sénateur de Seine-Maritime Jean Lecanuet joua son image de renouveau au centre-droit, face à De Gaulle. Comme Mitterrand, Jean Lecanuet tira un argument de sa jeunesse : peu connu des Français avant l'élection, il se présenta en outre comme un homme neuf. À l'instar également de Mitterrand, il avait étudié le rôle de la télévision dans l'élection présidentielle américaine de 1960 et fit appel à des méthodes modernes incluant sondages, et utilisation d'entreprises de conseils en communication. Ses prestations télévisées, au cours desquelles il fut notamment interrogé par le populaire journaliste Léon Zitrone, furent très suivies et assurèrent en particulier sa notoriété auprès du grand public urbain et des classes moyennes. Lecanuet obtiendra cependant un score relativement décevant d'à peine plus de 15 %, en deçà de son objectif et très loin de Mitterrand. Sa présence contribua néanmoins à la mise en ballottage de Charles de Gaulle. Après l'élection présidentielle, Jean Lecanuet lança le Centre démocrate.
Les autres candidatures eurent un impact plus anecdotique:
- Malgré une tournée des plages très médiatisée, la campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour dirigée par Jean-Marie Le Pen ne décolle pas et il ne fédère guère au-delà de l'électorat traditionnel de l'extrême-droite et des rapatriés d'Algérie.
- Candidat du Parti libéral européen, le sénateur de Charente Pierre Marcilhacy n'a pas une popularité dépassant sa région.
- Marcel Barbu, candidat d'inspiration autogestionnaire, est le candidat surprise de 1965 et se présente comme le défenseur des citoyens ordinaires.
Candidats malheureux à la candidature
D'autres personnalités avaient été pressenties à la candidature, mais ne sont pas présentées :
- Antoine Pinay, président du conseil pendant neuf mois en 1952, reprochait au général son anti-américanisme et sa politique de la chaise vide avec les partenaires européens.
- Gaston Defferre fut présenté comme Monsieur X par l'hebdomadaire l'Express dirigé par Jean-Jacques Servan-Schreiber en septembre 1963[4]. Le maire socialiste de Marseille voulait mener une campagne centriste, en s'efforçant de rassembler des réformateurs venus d'horizons variés, sans tenir compte de leur étiquette politique. Vertement critiqué par le PCF et l'aile gauche de la SFIO, il ne parvient pas à obtenir le soutien du MRP, qui refuse toute référence au socialisme et à la laïcité, indispensables aux yeux de son parti[2]. Il est investi par ce dernier en mai 1965[5] pour former une "grande fédération démocrate et socialiste", allant des socialistes aux démocrates-chrétiens, dans l'objectif de mettre fin aux clivages partisans hérités de la IVe République pour transformer le paysage politique français autour d'un programme politique inédit. Malgré une campagne très active au cours de l'été 1965, son équipe finit par reconnaître son échec par manque de soutiens, et le projet est abandonné en juin[2].
Résultats
Premier tour
le 5 décembre 1965Second tour
le 19 décembre 1965Nombre % des
inscrits% des
votantsNombre % des
inscrits% des
votantsInscrits 28 910 581 28 902 704 Votants 24 502 916 84,75 % 24 371 647 84,32 % suffrages exprimés 24 254 556 98,99 % 23 703 434 97,26 % bulletins blancs ou nuls 248 360 1,01 % 668 213 2,74 % Abstentions 4 407 665 15,25 % 4 531 057 15,68 % Candidat
Parti politiqueVoix % des
exprimésVoix % des
exprimésCharles de Gaulle
Union pour la nouvelle République - Union démocratique du travail10 828 521 44,65 % 13 083 699 55,20 % François Mitterrand
Convention des institutions républicaines, investi par la SFIO, soutenu par le PCF, le Parti radical et le PSU7 694 005 31,72 % 10 619 735 44,80 % Jean Lecanuet
Mouvement républicain populaire, soutenu par le Centre national des indépendants et paysans3 777 120 15,57 % Jean-Louis Tixier-Vignancour
Sans étiquette (extrême droite)1 260 208 5,20 % Pierre Marcilhacy
Parti libéral européen415 017 1,71 % Marcel Barbu
Sans étiquette (gauche)279 685 1,15 % Sources : Site officiel du Conseil constitutionnel : premier tour, second tour Notes et références
- Le Monde, 22 août 2006, page 14. Cité par
- Jean-François Sirinelli, La France de 1914 à nos jours, p. 347
- Jean-François Sirinelli, La France de 1914 à nos jours, p. 348
- Jean-François Sirinelli, La France de 1914 à nos jours, p. 346
- Le Monde, 22 août 2006, page 15
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- L'élection présidentielle française de 1965 (archives de l'INA).
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