Vol 007 korean airlines

Vol 007 korean airlines

Vol 007 Korean Airlines

Image de synthèse représentant le 747 HL7442 en perdition.
Diagramme des trajectoires prévue (tireté) et réelle (trait plein).
Un intercepteur soviétique Soukhoï Su-15 Flagon.

Le vol Korean Airlines 007 (plus connu sous l’abréviation KAL 007 ou KE007) désigne un vol régulier de la compagnie sud-coréenne Korean Airlines, qui fut abattu par un chasseur soviétique le 1er septembre 1983 à l’ouest de l’île de Sakhaline. L'avion de ligne transportait 269 passagers et membres d’équipage, dont le député conservateur américain Lawrence McDonald. Il n’y eut aucun survivant.

Sommaire

Reconstitution du vol

Le vol KAL 007 était assuré par un avion de type Boeing 747-200 (immatriculation HL7442) reliant la ville de New York (aux États-Unis d’Amérique) à Séoul en Corée du Sud. Il avait décollé de l’aéroport international John F. Kennedy le 31 août avec 240 passagers et 29 membres d’équipage à son bord. Après avoir refait le plein de carburant à l'Aéroport international d'Anchorage en Alaska, il redécolla en direction de Séoul à 13 heures UTC (3 h 00 heure locale) le 1er septembre.

Le vol KAL 007 se dirigea d’abord vers l’ouest puis infléchit sa trajectoire vers le sud en direction de Gimpo, l’aéroport de Séoul, ce qui le faisait passer beaucoup plus à l’ouest que les vols habituels (suivant prétendument un cap magnétique de 245°), survolant la presqu’île du Kamtchatka puis la mer d’Okhotsk en direction de l’île de Sakhaline, violant ainsi une portion importante de l’espace aérien soviétique.

Un vol KAL avait déjà violé l’espace soviétique précédemment : en avril 1978, un chasseur soviétique avait tiré sur un avion coréen (Vol Korean Air Lines 902) qui avait survolé la presqu’île de Kola et l’avait forcé à faire un atterrissage en catastrophe sur un lac gelé. L’étude des causes de cet incident avait été compliquée suite au refus des soviétiques de remettre les boîtes noires de l’appareil. D’autres avions commerciaux avaient déjà commis des erreurs de cet ordre de grandeur mais pas dans l'espace aérien soviétique.

Alors que le vol KAL 007 survolait le territoire soviétique, ceux-ci envoyèrent des chasseurs Su-15 Flagon et MiG-23 Flogger de l'armée de l'air soviétique pour l'intercepter. À 18:26 UTC, l'un des deux Su-15 de la base aérienne de Dolinsk-Sokol abat l'avion de ligne avec deux missiles air-air. Après l'explosion des missiles, l'équipage effectua une descente d'urgence en spirale, en raison de la dépressurisation rapide de la cabine de passagers (au moment de l'attaque, l'avion volait à une altitude de 10 600 mètres environ). L'appareil s'écrase finalement dans la mer à environ 55 km au large de l'île Moneron, tuant tous les passagers à bord. Les premiers rapports selon lesquels l'avion aurait été forcé d'atterrir sur l'île de Sakhaline furent rapidement discrédités.

Nationalités des victimes

Nationalité Passagers Equipage Total
Australie Australie 2 0 2
Canada Canada 8 0 8
Hong Kong Hong Kong 12 0 12
République dominicaine République dominicaine 1 0 1
Inde Inde 1 0 1
Iran Iran 1 0 1
Japon Japon 28 0 28
Corée du Sud Corée du Sud 76 29 105
Malaisie Malaisie 1 0 1
Philippines Philippines 16 0 16
Suède Suède 1 0 1
Taïwan Taïwan 23 0 23
Flag of Thailand.svg Thaïlande 5 0 5
Royaume-Uni Royaume-Uni 2 0 2
États-Unis États-Unis 62 0 62
Total 240 29 269

Enquêtes

L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a conduit deux enquêtes sur l'incident : la première juste après et la seconde en 1991, après que l'administration Eltsine eut remis les boîtes noires du Boeing. Les deux ont conclu que la violation de l'espace aérien soviétique était accidentelle. Le pilote automatique avait été paramétré sur sa limite ouest en mode guidage ou était passé en guidage inertiel lorsqu'il était hors de portée du verrouillage. C'est pourquoi l'appareil est resté sur le guidage magnétique constant choisi lorsque l'avion avait quitté Anchorage. Il a été déterminé que l'équipage n'a pas remarqué cette erreur ou effectué par la suite les vérifications qui l'auraient révélée, en raison d'un « manque de conscience de la situation et de coordination dans le poste de pilotage »[1].

Conséquences

Réponses politiques

Le président des États-Unis Ronald Reagan a condamné l'attaque le 5 septembre 1983, la qualifiant de « massacre de la Korean Airlines », de « crime contre l'humanité [qui] ne doit jamais être oublié » et d'« acte de barbarie… [d'une] brutalité inhumaine. » Le jour suivant, l’Union soviétique admit avoir abattu le vol KAL 007, affirmant que les pilotes ne savaient pas qu'il s'agissait d'un avion civil lorsqu'il viola l'espace aérien soviétique.

L'attaque jeta un nouveau froid sur les relations entre les États-Unis et l'Union soviétique. Le 15 septembre, le président Reagan ordonna à la Federal Aviation Administration (FAA) de révoquer la licence de l'Aeroflot Soviet Airlines pour les vols depuis et vers les États-Unis. Par conséquence, les vols Aeroflot vers l'Amérique du Nord n'étaient plus disponibles que vers le Canada ou le Mexique. Le service de l'Aeroflot vers les États-Unis ne fut pas rétabli avant le 29 avril 1986.

L'ambassadeur américain auprès de l'Organisation des Nations unies,(ONU) Jeane Kirkpatrick commissionna une présentation audiovisuelle au Conseil de Sécurité utilisant les enregistrements des conversations radio soviétiques et une carte de la route de l'avion pour décrire l'attaque comme sauvage et injustifiée. Alvin A. Snyder, producteur de la vidéo, révéla plus tard[2] qu'on ne lui avait fourni que des portions choisies de l'enregistrement de la conversation entre les militaires soviétiques. Des versions non-éditées de la bande révélèrent plus tard à Snyder que les Soviétiques pensaient sincèrement que l'avion était un Boeing RC-135 américain de reconnaissance et qu'ils avaient envoyé à l'avion des signaux d'avertissement internationalement reconnus (tirs de semonce mais avec des projectiles classiques invisibles la nuit). Snyder écrit : « J'ai dit au monde que les Soviétiques l'avaient abattu de sang-froid, mais c'était faux. »

Conséquences diplomatiques

Cet incident arriva en pleine crise des Euromissiles, au moment précis où les premiers missiles de croisière américains devaient être installés en Grande-Bretagne. La réponse maladroite des soviétiques, notamment le refus de laisser les Américains d'enquêter sur place ou de leur transmettre les boîtes noires, laissa croire à une mauvaise foi de leur part ; d'autre part, cela prouvait que la direction de l'Union Soviétique ne fonctionnait pas convenablement à cause de la maladie de Iouri Andropov qui allait mourir en février 1984. Ce refus et ce flottement furent habilement exploités par le Président Reagan pour lui permettre d'accabler l'Union Soviétique et de justifier la fermeté occidentale dans les rapports Est-Ouest.

En 1984, le Maréchal Ogarkov sera destitué de ses fonctions de Chef d'état-major, parce qu'il symbolisait la confrontation avec les États-Unis.

Changements techniques

Suite à cet incident, Ronald Reagan annonça que la technologie GPS serait ouverte pour des usages civils.

La route aérienne R20 (que le vol Korean Air 007 était supposé suivre) fut fermée après l'accident car jugée trop près de l'espace aérien soviétique (28 km au point le plus proche). Les vols furent redirigés vers la route R80, qui, elle, ne passait pas à moins de 280 km. La route R20 fut cependant rouverte un mois plus tard.

Des radars militaires furent utilisés pour étendre la zone de surveillance des vols à partir d'Anchorage, et pouvoir ainsi prévenir un avion qui dériverait trop de sa route prévue ou entrerait dans l'espace aérien soviétique.

Hypothèses et théories

Comme à l'occasion de tout désastre sérieux, de nombreuses théories ont émergé, en désaccord avec les explications officielles. Les principales questions sont de savoir pourquoi l'appareil était hors de sa trajectoire normale et même de savoir s'il s'est vraiment écrasé.

Théorie de la confusion avec un RC-135

Un Boeing RC-135

Selon cette théorie, le vol KAL 007 a été confondu avec un Boeing RC-135 de l'USAF qui effectuait une mission de routine de renseignement électronique au nord-est du Kamtchatka à peu près au même moment. Les systèmes radars soviétiques à longue portée n'étaient pas opérationnels à l'époque, donc lorsque le RC-135 prit sa "route", il apparut sur l'écran, fit demi-tour avant de disparaître à nouveau. Cela s'est reproduit plusieurs fois jusqu'à ce que le vol 007 réapparaisse sur le radar sur une route située à seulement 112 kilomètres du couloir emprunté par le RC-135 à peu près au moment même où ce dernier aurait dû réapparaître sur leurs radars. Cette fois, le signal radar ne sortit pas de l'écran, donnant aux Soviétiques l'opportunité de l'intercepter.

Les Soviétiques utilisèrent cet argument, qui fut présenté en détail par le Maréchal Nikolai V. Ogarkov, Chef d'état-major de l'Armée Soviétique, dans une conférence de presse donnée le 9 septembre 1983 et couverte par la presse du monde entier. Parlant devant une immense carte montrant l'intrusion du vol KAL 007 dans l'espace aérien soviétique, Ogarkov affirma sans ménagement que c'« était une opération délibérée et entièrement planifiée par les services des renseignements ».

Le président Reagan qualifia ces théories de propagande soviétique. Cependant, des chercheurs indépendants ont publié des livres qui semblaient donner substance à certains détails des allégations, comme le fait que la route suivie par le KAL 007 « traverse des zones de tests de missiles soviétiques, survole plusieurs grands radars à commande de phase, et passe à proximité des bases sous-marines Soviétiques à Petropavlovsk » (David Pearson) et que, à quinze minutes derrière le vol KAL 007, se trouvait un autre avion civil (le vol KAL 015) qui relayait les messages du KAL 007 à la tour de contrôle. D'autres ont analysé les parties du plan de vol qui ont été rendues publiques et ont conclu que l'avion a dû effectuer des manœuvres délibérées, ce qui discrédite la théorie selon laquelle l'avion serait resté sur pilote automatique (James Gollin et Robert Allardyce).

Théorie de la survie des passagers et de l'équipage

Certaines personnes[Qui ?] pensent que la totalité ou la plupart des passagers et équipage du vol KAL 007 ont survécu après l'atterrissage de leur avion endommagé sur une piste de l'île de Sakhaline, et ont alors été placés dans des camps de travail soviétiques (Goulag), prisons ou orphelinats dans le cas des nombreux enfants.

Bert Schlossberg, Directeur du Comité International pour le Sauvetage des Survivants[3] du vol KAL 007, soutient que les communications militaires soviétiques de l'attaque, remises par la fédération russe, montrent qu'en dépit du fait que le vol KAL 007 ait été endommagé par un missile, il a été capable de ralentir sa descente à 5 000 mètres et a maintenu son altitude pendant quatre minutes (18:31 UTC à 18:35 UTC) pour commencer une lente descente en spirale vers la seule étendue de terre disponible dans le détroit de Tartarie, à savoir l'île Moneron. Ceci indiquait que les pilotes disposaient encore d'un bon contrôle de l'avion endommagé et étaient à la recherche d'un endroit pour atterrir ou amerrir en sécurité.

Par ailleurs, pour soutenir la thèse de l'amerrisage, une écoute des enregistrements de la boîte noire montre qu'aucun des quatre moteurs du KAL 007 n'était endommagé : à 18:26:06, le commandant de bord s'écrie « Que s'est-il passé ? », le co-pilote répond : « Comment ? », deux secondes plus tard, le commandant ordonne « Réduisez les gaz. » et son second répond « Les moteurs fonctionnent, commandant. »

Certains théoriciens[Qui ?] trouvent également suspects le nombre et le type de débris retrouvés sur les lieux de l'accident, sans parler du fait que les soviétiques ont interdit aux américains et aux japonais de s'approcher ou de pénétrer dans leurs eaux territoriales où le KAL 007 était censé être tombé. Une comparaison avec des catastrophes aériennes similaires montrerait en effet la complète contradiction entre le nombre de cadavres qui auraient pu être retrouvés et l'absence de restes humains dans le cas du KAL 007.

Culture populaire

Deux téléfilms furent produits traitant de l'accident :

  • Shootdown (1988), joué par Angela Lansbury, John Cullum, et Kyle Secor, est basé sur le livre du même nom écrit par R. W. Johnson, au sujet des efforts de Nan Moore (Lansbury), la mère d'un passager, pour obtenir des réponses de la part des gouvernements américain et soviétique.
  • le docu-fiction Britannique de Granada Television Coded Hostile (1989 - intitulé Tailspin aux États-Unis) détaille les enquêtes militaires et gouvernementales américaines.

Les deux films ont été produits avant que la chute de l'Union Soviétique ne permette un accès aux archives mais, alors que Shootdown reflète les soupçons américains, Coded Hostile est plus objectif, soulignant la probable confusion du vol 007 avec le USAF RC-135 dans le contexte de missions de routine américaines SIGINT/COMINT dans la zone. Une version mise à jour de Coded Hostile fut tournée au Royaume-Uni en 1993, incorporant les détails de l'enquête de l'ONU en 1992.

Le titre de l'un des poèmes du recueil de l'auteur Janet McAdams The Island of Lost Luggage (L'Île des bagages perdus) fait référence à l'accident.

Le musicien Gary Moore a composé un titre Murder in the Skies (Meurtre dans les cieux), inclus dans son album de 1983 Victims of the Future (Victimes du futur), qui décrit de manière lyrique cette tragédie. Les Jazz Butcher ont également une chanson dans leur album de 1984 Scandal in Bohemia au sujet du vol KAL 007, intitulée President Reagan's Birthday Present (Le cadeau d'anniversaire du Président Reagan).

La chaîne History Channel a également diffusé une série, intitulée Secrets of the Black Box qui relatait cet incident et d'autres.

Le polar S.A.S. Le Vol 007 ne répond plus fait également référence à l'accident.

Dans le film de 1991, True Colors, John Cusack joue un personnage qui affirme que ses parents étaient à bord du vol KAL 007 (« cet avion coréen qui a été abattu »).

Voir aussi

Références et lectures complémentaires

  1. (en) http://www.icao.int/cgi/goto_m.pl?icao/en/trivia/kal_flight_007.htm Summary of the 1993 second ICAO report of KAL 007 shoot down.
  2. Article du 1er septembre 1996 dans le Washington Post
  3. http://www.rescue007.org/book.htm
  • Bert Schlossberg, Rescue 007: The Untold Story of KAL 007 and Its Survivors, ISBN 0-7388-5775-0 (Trade Paperback), ISBN 0-7388-5774-2 (Hardback), ISBN 0-7388-5776-9 (eBook)
  • Michel Brun et Robert Bononno (Translator), Incident at Sakhalin: The True Mission of KAL Flight 007, Four Walls Eight Windows, 1996, ISBN 1-56858-054-1.
  • William P. Grady, Understanding the Times - Volume One: How Satan Turned America From God, Grady Publications, 2005, Chap. 15, "KAL 007", pp. 504-570, ISBN 0-9628809-3-0.
  • Seymour M. Hersh, "The Target Is Destroyed": What Really Happened to Flight 007 and What America Knew About It, Vintage, 1987, ISBN 0-394-75527-8.
  • Jeffrey St. John, Day of the Cobra: The True Story of KAL Flight 007, T. Nelson, 1984, ISBN 0-8407-5381-0.
  • David E. Pearson, KAL 007: The Cover-Up, Simon & Schuster, 1987, ISBN 0-671-55716-5.
  • James Gollin, and Robert Allardyce, Desired Track, American Vision Publishing, 1994, ISBN 1-883868-01-7
  • R.W. Johnson, Shootdown: Flight 007 and the American Connexion, Viking Penguin, 1986, ISBN 0-670-81209-9
  • Alexander Dallin, Black Box, University of California Press, 1985, ISBN 0-520-05515-2
  • Alvin Snyder, Warriors of Disinformation, Arcade Publishing, 1995, ISBN 1-55970-389-X
  • Oliver Clubb, KAL Flight 007: The Hidden Story, The Permanent Press, 1985, ISBN 0-932966-59-4
  • James Bamford, The Puzzle Palace, Penguin Books, 1983, ISBN 0-14-006748-5
  • Secrets of the Black Box: KAL 007. The History Channel, 2006.

Liens externes

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