- Pierre-Charles Villeneuve
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Pierre Charles Silvestre de Villeneuve
Pour les articles homonymes, voir Villeneuve.Pierre Charles Silvestre de Villeneuve Naissance 31 décembre 1763
ValensoleDécès 22 avril 1806 (à 42 ans)
RennesOrigine France Grade amiral
Pierre Charles Silvestre de Villeneuve (31 décembre 1763 à Valensole, se suicide le 22 avril 1806[1] à Rennes), amiral français, commandait la flotte franco-espagnole à la bataille de Trafalgar.Sommaire
Biographie
Engagé dans la marine à 16 ans, il participe à la guerre d'Amérique.
Malgré ses origines nobles, il prend fait et cause pour la révolution et choisit de rester en France.
Capitaine de vaisseau en 1793, contre-amiral en 1796, il prend part à l’expédition d'Égypte, sous les ordres de l'amiral Brueys, et commande l'aile droite de la flotte française à la bataille navale d'Aboukir (1er août 1798). Il est un des rares rescapés de ce désastre dont il peut sauver deux vaisseaux de ligne et deux frégates. Il est Commandant en chef des forces navales stationnées aux îles du Vent en 1802.
Vice Amiral en 1804, il remplace Latouche-Tréville à la tête de la flotte de Toulon, avec laquelle Napoléon Bonaparte, compte débarquer au Royaume-Uni. Le plan de l'empereur qui ne convient guère au trop prudent Villeneuve consiste, pour l'escadre de Méditerranée, à passer en Atlantique, d'y récupérer la flotte espagnole (l'Espagne est alors alliée de la France), de s'y concentrer avec ostentation aux Antilles pour y attirer les Britanniques et, retraversant l'Atlantique, de rejoindre à Rochefort et Brest l'escadre de l'Atlantique après quoi l'ensemble entrera dans la Manche et la tiendra le temps que l'armée du Camp de Boulogne effectue la traversée et débarque au Royaume-Uni. Mais, s'il passe facilement le détroit de Gibraltar, il n'ose attaquer la flotte de l'amiral Horatio Nelson à la Martinique.
Revenant vers l'Europe conformément au plan prévu mais sans avoir été rejoint par les escadres de Rochefort et de Brest (celle de Rochefort a vite fait demi-tour et celle de Brest n'a pas osé sortir), il rencontre inopinément une escadre britannique au large du cap Finistère (d'Espagne, non de Bretagne) et lui livre un combat indécis, la bataille des Quinze-Vingt (parce qu'il avait 20 vaisseaux franco-espagnols contre 15 britanniques, mais aussi, paraît-il, parce qu'un épais brouillard en fit une canonnade aveugle, en référence au célèbre hôpital parisien spécialisé). Au lieu de se diriger vers Rochefort ou Brest, il s'enferme dans Cadix le 18 août, où il laisse plusieurs semaines durant se démoraliser ses équipages accablés par la maladie. Napoléon dont les plans sont ruinés, est furieux de cette "conduite infâme", traite l'amiral de lâche. Villeneuve est pourtant un marin courageux, il l'a montré, mais l'incertitude jointe à une prudence excessive le paralysent. Sur les injonctions du ministre Decrès, il se décide à sortir alors que Napoléon, plus réaliste, lui avait envoyé un successeur (l'amiral Rosily, très âgé, qui n'avait pas pris la mer depuis 15 ans et s'occupait du service des cartes à Paris! Napoléon était peut-être doué pour choisir ses maréchaux et généraux, mais il avait incontestablement la main moins heureuse avec les amiraux) ayant consigne de ne rien risquer mais qui arrivera à Cadix 3 jours après la bataille.
Bataille de Trafalgar
Article détaillé : Bataille de Trafalgar.L'amiral de Villeneuve, sortant de Cadix à bord de son vaisseau amiral "le Bucentaure", se heurta aux Britanniques au large du cap Trafalgar, et perdit la bataille.
Bien qu'ayant étudié de longue date comment s'y prendrait Nelson (dont la tactique n'avait rien de bien sorcier : elle consistait à mettre plusieurs vaisseaux contre un seul, le liquider et passer ensuite au suivant ; le système n'était possible qu'avec un adversaire inerte, ce qui avait déjà été le cas à Aboukir), il s'en tient à la formation en ligne classique qui depuis 1702 vaut à la flotte française défaite sur défaite (par suite de l'évidente infériorité des artilleurs, qui tirent moins vite et moins juste, facteurs qui évidemment, quelle que soit l'habileté des plans et manœuvres préalables au combat, rendent l'issue de celui-ci assez prévisible). Il est ainsi battu au large de Cap de Trafalgar, le 21 octobre 1805[2]. C'est très passivement, sans ordonner la moindre manœuvre, qu'il assiste à la destruction de ses navires, y compris le sien. Bien que restant bien en vue sur son pont balayé par la mitraille (comme beaucoup de militaires, il est plus brave sous le feu que face aux décisions à prendre), il a la malchance de ne pas être tué (contrairement à l'amiral espagnol et à Brueys à Aboukir, qui sauvèrent ainsi leur honneur).
La perte de cette bataille navale fut un véritable désastre pour la France et Napoléon, furieux contre Villeneuve, renonça désormais à envahir le Royaume-Uni.
A noter que lors de cette bataille navale, les Britanniques bien que victorieux perdirent leur plus célèbre amiral : l'amiral Nelson.
Captivité et décès
Pierre Charles Sylvestre de Villeneuve est donc capturé par les Britanniques. Libéré quelques mois plus tard mais accablé par les reproches de Napoléon, il se suicide à Rennes, en 1806[3] [4]. On ne sait pas où il fut enterré.
Le château de Villeneuve se situe à Tourrettes-sur-Loup dans les Alpes-Maritimes.
Notes et références
- ↑ Alfred Fierro, André Palluel-Guillard et Jean Tulard, Histoire et dictionnaire du Consulat et de l'Empire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1995 , page 1153 (ISBN 2-221-05858-5) [détail de l’édition]
- ↑ « Avec plus de vigueur au cap Finistère, Villeneuve eût pu rendre l’attaque du Royaume-Uni praticable. Son apparition avait été combinée de très loin avec beaucoup d’art et de calcul, en opposition à la routine des marins qui entouraient Napoléon ; et tout réussit jusqu’au moment décisif ; alors la mollesse de Villeneuve vint tout perdre. » (Las Cases.)
- ↑ « Villeneuve, lorsqu’il fut fait prisonnier par les Britanniques, fut tellement affligé de sa défaite, qu’il étudia l’anatomie pour se détruire lui-même. À cet effet, il acheta plusieurs gravures anatomiques du cœur, et les compara avec son propre corps, pour s’assurer exactement de la position de cet organe. Lors de son arrivée en France, je lui ordonnai de rester à Rennes et de ne pas venir à Paris. Villeneuve craignant d’être jugé par un conseil de guerre, pour avoir désobéi à mes ordres, et conséquemment avoir perdu la flotte (car je lui avais ordonné de ne pas mettre à la voile et de ne pas s’engager avec les Britanniques), résolut de se détruire. En conséquence, il prit ses gravures du cœur, les compara de nouveau avec sa poitrine, fit exactement au centre de la gravure une longue piqûre avec une longue épingle, fixa ensuite cette épingle, autant que possible, à la même place, contre sa poitrine, l’enfonça jusqu’à la tête, pénétra le cœur et expira. Lorsqu’on ouvrit sa chambre, on le trouva mort ; l’épingle était dans sa poitrine, et la marque faite dans la gravure correspondait à la blessure de son sein. Il n’aurait pas dû agir ainsi, c’était un brave, bien qu’il n’eût aucun talent. » (O'Méara.)
- ↑ "Un article de A.V. (Abel-François_Villemain ?) donne une version différente:" A.V., Mort de l'amiral Villeneuve, Revue Française, 1835
Source partielle
« Pierre Charles Silvestre de Villeneuve », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource)
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