- Thomas (apôtre)
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Thomas l'Apôtre ou saint Thomas est l’un des douze apôtres de Jésus. Il est nommé sur les quatre listes du Nouveau Testament: Mt 10:2-3, Mc 3:16, Lc 6:12 et Ac 1:13). Son nom signifie « jumeau » en araméen, tout comme son surnom Didyme, qui en est la traduction grecque. Il appartiendrait à la tribu d'Issacar, l'une des douze tribus d'Israël.
Doutant de la résurrection du Christ avant de l'avoir vu de ses yeux et touché de son doigt (Jn 20:24ss), il est devenu symbole et image du doute religieux. Liturgiquement, il est célébré le 3 juillet, spécialement en Inde où sa fête a une solennité toute particulière. Il est le patron des chrétiens qui persévèrent dans la foi tout en connaissant le doute.
Apôtre de l'Inde du Sud, il est (suivant une tradition ancienne) mort martyr à Mylapore, près de Chennai. Ses restes (non authentifiés) se trouveraient dans la crypte de la basilique Saint-Thomas à Chennai (Inde).
Sommaire
Dans le Nouveau testament
Dans les évangiles synoptiques, Thomas n'est pas autrement mentionné que dans les listes d'apôtres que l'on trouve en Mt 10:2, Mc 3:16 et Lc 6:12. Dans l'évangile de Jean, il lui est donné une certaine proéminence. Il revèle d'abord fougue et générosité lorsqu'il réagit aux paroles de Jésus qui annonce sa mort: « Allons, nous aussi, et nous mourons avec lui» (Jn 11:16).
On perçoit son esprit critique dans le dialogue qui suit la Cène. A Jésus qui dit «Quant au lieu où je vais, vous en savez le chemin» (Jn 14:4), Thomas répond avec vivacité: «Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas. Comment en connaîtrions-nous le chemin?» (Jn 14:5).
Mais c'est son incrédulité qui lui donne une place unique dans le récit des apparitions de Jésus. Dans le même évangile, Thomas refuse de croire avant d’avoir vu les marques de la Crucifixion. « Thomas, appelé Didyme, l’un des douze, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : “Nous avons vu le Seigneur.” Mais il leur dit : “Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.” Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d’eux, et dit : “La paix soit avec vous !” Puis il dit à Thomas : “Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois.” Thomas lui répondit : “Mon Seigneur et mon Dieu !” Jésus lui dit : “Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !” » (Jn 20, 24-29).
Écrits apocryphes
Les Actes de Thomas
Selon le texte apocryphe des Actes de Thomas, l’apôtre partit évangéliser l’Inde, et arriva à Cranganore au Kerala à la fin de l’an 52, où depuis le VIe siècle av. J.‑C., vivait une communauté juive. Il tenta d’évangéliser les Hébreux, mais il eut plus de succès auprès des autochtones, et baptisa de nombreuses personnes de la haute caste et de la famille royale, qui formèrent le noyau de la première communauté chrétienne en Inde. Il fonda au total sept Églises dans le Kérala. En l’an 72, il fut arrêté alors qu’il priait dans une grotte montagneuse à Mylapore, appelée aujourd'hui 'Mount Saint-Thomas', près de Madras, et tué, transpercé par une lance. La basilique Saint-Thomas (Archidiocèse de Madras-Mylapore) fut construite là où, d'après une ancienne tradition, se trouve le tombeau de Saint Thomas. Ses restes auraient été transférées, en l’an 394, dans la cité d’Édesse en Osroène.
Évangile selon Thomas
On a découvert en 1945 à Nag Hammadi, en Égypte, parmi cinquante-trois manuscrits coptes datant du IVe siècle qui constituaient une bibliothèque gnostique, un recueil de « paroles secrètes » de Jésus dont n’étaient connus auparavant que des fragments d'un original grec et dont la rédaction est attribuée à Thomas.
Article détaillé : Évangile selon Thomas.Dans la littérature moderne
- Régis Moreau soutient une thèse originale à l'encontre de l'apôtre Thomas. Selon lui, Thomas ne désigne pas le nom d'un disciple, mais un surnom attribué à un disciple inconnu dont l'identité peut être retrouvée. Il part de plusieurs constats. Le premier est que "Thomas", au Ier siècle, n'est pas utilisé comme un nom propre. "Thomas" vient de "tomâ" en araméen, et c'est un synonyme de "didumos" en grec, voulant dire "jumeau". Les Évangiles synoptiques utilisent donc un surnom pour désigner l'un des Douze (comme pour Simon, surnommé Pierre ou Képhas), sans jamais donner son identité. Le second constat est que l’Évangile de Jean parle de l'un des Douze se prénommant "Thomas didyme". Là encore, on ne connaît pas l'identité exacte du disciple qui est surnommé le jumeau. En même temps, Jean parle d'un mystérieux disciple aimé par Jésus, mais dont il ne donne pas le nom. L'analyse du texte conduit Régis Moreau à conclure qu'il s'agit de Thomas. Le troisième constat prend en compte les traditions post-apostoliques et celles parallèles aux Évangiles canoniques. Eusèbe de Césarée, dans son Histoire ecclésiastique, écrit ceci : "Après l'ascension de Jésus, Judas, qu'on appelle aussi Thomas..." (13, 11). Dans l'Evangile selon Thomas (dont la date d'écriture fait polémique, mais est située au plus tard aux années 150), on trouve dans l'incipit : "Didyme Judas Thomas les a transcrites"[1]. Enfin, les traditions chrétiennes orientales gardent, elles aussi, le souvenir de la venue d'un disciple qui porte ce nom et ce surnom : "Judas didyme Thomas". Autrement dit, plusieurs traditions différentes se rejoignent finalement pour affirmer que le surnom de jumeau était attribué à Judas. Régis Moreau soutient qu'il s'agit bien de Judas, accusé (à tort) de trahison. Les Évangiles canoniques ont scindé son nom pour créer deux personnages - Judas le traître, et Thomas (Didyme) l'incrédule - tandis que d'autres traditions ont conservé l'entièreté de son identité (Judas Thomas). Mais il s'agit bien du même disciple. Se pose alors deux questions : De qui Judas était-il le jumeau ou l'alter ego (spirituel) ? Pourquoi son nom (Judas Thomas) a-t-il été scindé[2] ?
Quelques traditions
D’après la Légende dorée, saint Thomas fut envoyé par le Seigneur en Inde où il construisit pour le roi un superbe palais. Durant l’absence de ce dernier, il prêcha et donna aux pauvres un trésor que le roi lui avait confié. Celui-ci, à son retour, le fit jeter en prison et le condamna à être écorché et brûlé, mais l’apôtre fut libéré après la résurrection du frère du roi, mort peu avant. Saint Thomas partit alors pour l’Inde supérieure, où il fit de nombreux miracles et convertit même des femmes de la famille royale. Le roi de la région le força alors à adorer une idole, mais lui, continuant de vénérer le Christ, ordonna au démon présent dans l’idole de partir, et celle-ci fondit comme de la cire. Le grand prêtre le transperça alors de son épée pour venger l’insulte faite à son dieu.
Selon une autre tradition (IVe siècle), Thomas annonce l’Évangile aux Parthes et aux Perses et décède en Perse.
À noter aussi la légende de la Sainte Ceinture, ceinture donnée à saint Thomas par la Vierge devant son incrédulité à propos de son Assomption.
Dans la culture populaire
- Dans le sixième épisode de la saison 5 de Lost : Les Disparus, Ben Linus raconte à Jack Shephard l'Évangile selon Jean à propos de l'apôtre Thomas, dont on se souvient par l'incroyable bravoure dont il a fait preuve quand il a insisté pour que les disciples suivent Jésus à Judée, même si ça devait signifier leur mort, mais on s'en souvient aussi pour ses doutes concernant la résurrection du Christ, doutes dissipés en posant ses mains sur les blessures de Jésus.
Notes et références
- Jean-Yves Leloup) « Voici les paroles du secret, Jésus le vivant les a révélées, Didyme Jude Thomas les a transcrites. » (Traduction de
- Régis Moreau, L'affaire Judas: Contre-enquête sur le disciple de Jésus, Paris, Ed. Trajectoire, 2010
Bibliographie
- Régis Moreau, L'affaire Judas: Contre-enquête sur le disciple de Jésus, Paris, Ed. Trajectoire, 2010, (ISBN 2841975274).
- Jacques de Voragine, La Légende dorée, « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 2004, publication sous la direction d’Alain Boureau.
Liens internes
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- Évangile selon Thomas
- Liste des saints de la Légende dorée
- La Santa Cintola (Sainte Ceinture) de Prato
Liens externes
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