Sándor Márai

Sándor Márai
Sándor Márai
Portrait de Sándor Márai par Lajos Tihanyi, 1924
Portrait de Sándor Márai par Lajos Tihanyi, 1924

Nom de naissance Sándor Grosschmied de Mára
Activités écrivain, journaliste
Naissance 11 avril 1900
Košice, Drapeau d'Autriche-Hongrie Autriche-Hongrie
Décès 22 février 1989
San Diego, Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue d'écriture hongrois

Sándor Márai, né le 11 avril 1900 à Kassa alors partie de l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui Košice, en Slovaquie) et mort le 22 février 1989 à San Diego aux États-Unis, est un écrivain et journaliste hongrois.

Sommaire

Biographie

Les succès dans la Hongrie de l'entre-deux-guerres

Maison natale de Sándor Márai à Košice

Sándor Márai naît dans une famille bourgeoise de quatre enfants dont il est l'aîné. Il est attiré très tôt par l'écriture. Il publie en effet son premier recueil de poésies à 18 ans et, tout en poursuivant des études d'art à l'Université de Budapest, il collabore régulièrement au quotidien Magyarország. Une contribution à un journal communiste lors de l'éphémère République des Conseils, régime dictatorial dirigé par Béla Kun (21 mars - 1er août 1919) incite ses parents, à la chute de ce régime, à le presser de partir quelque temps à l'étranger car ils craignent pour leur fils la "Terreur blanche", la répression organisée contre les communistes par l'armée roumaine qui était entrée en Hongrie et par les contre-révolutionnaires hongrois. Márai part donc en Allemagne pour entamer des études de journalisme à l'Université de Leipzig et des études de philosophie aux Universités de Francfort et de Berlin tout en écrivant des articles pour les journaux et les magazines. C'est à Berlin qu'il rencontre par hasard dans un café Lola Matzner qu'il avait connue à Kassa. Ils se marient quelques mois plus tard en 1923. Le jeune couple s'installe d'abord à Paris où Sándor Márai travaille comme correspondant de la Frankfurter Zeitung, le journal de la bourgeoisie libérale allemande, dont il est devenu l'une des prestigieuses signatures. Il envisage pendant un temps d'écrire en allemand, mais il choisit finalement sa langue maternelle, le hongrois. Sándor Márai et sa jeune épouse décident de rentrer à Budapest en 1928.

Journaliste, poète, auteur dramatique, traducteur littéraire, cet écrivain brillant connaîtra dès ses premiers romans le succès avec Les Révoltés (1930), Un Chien de caractère (1932) et surtout Les Confessions d'un bourgeois (1934), écrits dans un style clair et réaliste. Encensé et adulé, il fait paraître Divorce à Buda (1935) et L'Héritage d'Esther (1939) qui sont autant de chefs d'œuvre. Il est l'un des premiers à découvrir Kafka. En 1939, Sándor Márai et son épouse perdent leur fils, Kristóf, quelques semaines seulement après sa naissance. Ils n'auront pas d'autre enfant, mais ils adoptent János. Sándor Márai se tient à l'écart des chapelles littéraires et observe avec inquiétude la montée des régimes totalitaires.

La Deuxième Guerre mondiale

Le destin de Sándor Márai est lié aux soubresauts de l'histoire de son pays. La Hongrie se trouve dans le camp des vaincus à la fin de la première guerre mondiale et le Traité de Trianon en 1920, qui lui a enlevé les deux tiers de son territoire et plus de la moitié de sa population, est ressenti comme une injustice par les Hongrois.Toute la politique de la Hongrie conduite par l'amiral Horthy sera dès lors centrée sur la récupération des territoires perdus. Le régime autoritaire et conservateur du régent Horthy s'allie aux régimes fascistes européens. Sándor Márai, antifasciste dans une Hongrie alliée de l'Allemagne nazie est non seulement un grand romancier, mais aussi un homme courageux. Il poursuit son travail d'écrivain pendant toute la Deuxième Guerre mondiale, car son pays ne sera envahi par l'Allemagne que le 19 mars 1944. Il fait paraître notamment deux superbes romans, La Conversation de Bolzano (1940) et Les Braises (1942), qui devient un véritable bestseller. En 1945, il est élu membre de l'Académie hongroise des sciences.

Mais la guerre se rapproche, et les Márai, en raison de l'origine juive d'Ilona, doivent se cacher à Leányfalu, un village situé à 25 km au nord de Budapest, pour échapper aux rafles. Ils espèrent également échapper aux exactions, viols et pillages de l'Armée rouge. C'est le sujet du très beau livre intitulé Mémoires de Hongrie de Márai qui y observe l'arrivée des soldats soviétiques et les premières années de l'installation du pouvoir communiste par la force.

L'arrivée des communistes au pouvoir

L'Armée rouge encercle Budapest le 29 décembre 1944 et le siège prend fin le 13 février 1945. Dans son roman Libération, qui ne sera publié qu'en 2000, Márai raconte les derniers jours du siège de la capitale à travers l'analyse du comportement des habitants terrés dans les caves d'un immeuble pendant ces heures interminables d'attente de l'issue des combats. Écrit quelques mois après la "libération" de la ville, il transforme un épisode douloureux de la vie de la population en une œuvre littéraire. Budapest est en ruines et lui-même ne retrouve dans les décombres de sa maison qu'un chapeau haut de forme et une photo de Tolstoï. L'histoire de son pays bascule avec l'arrivée de l'Armée rouge et des nouvelles autorités.

Sándor Márai assistera avec tristesse à l'installation progressive et forcée du régime communiste dans son pays avec l'appui des troupes d'occupation. Sévèrement critiqué comme étant un "auteur bourgeois" par le philosophe marxiste György Lukács, son dernier livre est mis au pilon. (Bien plus tard, dans "Mémoires de Hongrie", il racontera ses années de disgrâce - avant son départ en exil - sous le nouveau régime dans lequel il est considéré comme un ennemi de classe. Dans ce récit autobiographique des années 1944 à 1948, il montre l'asservissement de son pays, l'écrasement des libertés tant politiques, culturelles que spirituelles, la bassesse de ses élites, la terreur qu'inspire le pouvoir). Au vu des pressions qui s'exercent sur lui, Sándor Márai est contraint de s'exiler en 1948. "L'écrivain, comme le note son éditeur français, doit se résigner à l'évidence : l'humanisme est assassiné, on assiste au triomphe d'une nouvelle barbarie à laquelle, une fois de plus, le peuple se soumet". Isolé et impuissant, Márai décide de quitter son pays : "Pour la première fois de ma vie, j'éprouvai un terrible sentiment d'angoisse. Je venais de comprendre que j'étais libre. Je fus saisi de peur." écrit-il la nuit de son départ en 1948. Il sera totalement ignoré par les instances littéraires de son pays pendant toutes les années du communisme. Ses livres resteront interdits et ne seront pas édités jusqu'à la chute du régime.

L'exil

Après quelques semaines passées en Suisse il s'installe à Naples dans le quartier de Pausilippe où il situera son roman Le miracle de San Gennaro (publié en allemand en 1957, puis en hongrois en 1965). En 1952 il s'installe à New York. Il devient collaborateur de la Radio Free Europe de Munich. Il y était l'un des premiers journalistes des programmes hongrois et y avait une émission littéraire Sunday Letters. En 1968, il se retire avec sa femme Lola à Salerno, près de Naples. Dernier départ en 1980 pour les États-Unis dont il a acquis la nationalité, pour vivre à proximité de leur fils Janos à San Diego en Californie. Pendant ses 41 années d'exil, il poursuivra l'écriture d'une œuvre immense, en hongrois, qui comprend des romans - dont Paix à Ithaque ! (1952) et Les Métamorphoses d'un Mariage (1980), l'important récit autobiographique, Mémoires de Hongrie (1972), des pièces de théâtres, des poèmes et des journaux intimes (de 1943 à 1983). Ses livres ne sont publiés que par les maisons d'édition hongroises en exil et ne peuvent circuler en Hongrie que sous le manteau. Son œuvre est régulièrement traduite en langues étrangères mais sans pour autant rencontrer un grand succès. Le 4 janvier 1986, son épouse Lola, qui était devenue aveugle, meurt d'un cancer. Une année plus tard, son fils János décède également, à l'âge de 46 ans. Brisé par la disparition de ses proches et vivant dans un isolement de plus en plus complet, Márai se donne la mort à San Diego le 22 février 1989, huit mois seulement avant la fin de la République populaire de Hongrie proclamée le 23 octobre 1989. Un an avant sa disparition, un de ses amis s'était rendu dans une librairie à Budapest pour acheter ses livres et s'était entendu dire : "Il n'y a pas d'écrivain au nom de Márai".

La reconnaissance d'un immense écrivain européen

La statue de Sándor Márai à Košice

Pendant son exil, Márai est resté largement oublié en Europe, à l'exception notable de quelques traductions en espagnol et en allemand. Márai ne sera redécouvert qu'après sa mort, au début des années 1990 et de manière spectaculaire, grâce aux éditions Albin Michel, qui le publient dans la collection « Les Grandes traductions » dirigée alors par Ibolya Virag, l'éditrice à qui l'on doit en France un grand nombre de découvertes en matière de littérature hongroise. Le succès français de Márai est considérable. Il attire l'attention des éditeurs du monde entier. Son œuvre est désormais traduite en italien, en anglais, en allemand, en espagnol, en portugais, etc. Newsweek peut intituler un article consacré à Sándor Márai en janvier 2005 : Sauvé de l'oubli : l'étonnante résurrection de Márai.

L'œuvre de Sándor Márai est maintenant considérée comme faisant partie du patrimoine littéraire européen et jouit d'une réputation semblable à celles de Stefan Zweig, de Joseph Roth et d'Arthur Schnitzler. Comme eux, il est un des grands écrivains du XXe siècle, l'un des derniers représentants de la culture brillante et cosmopolite de la Mitteleuropa emportée par la défaite de l'Empire austro-hongrois et par les totalitarismes. Cet intellectuel idéaliste écrivait dans Les Confessions d'un bourgeois : « Tant qu'on me laissera écrire, je montrerai qu'il fut une époque où l'on croyait en la victoire de la morale sur les instincts, en la force de l'esprit et en sa capacité de maîtriser les pulsions meurtrières de la horde. ».

En 1990, Sándor Márai a reçu le Prix Kossuth, la plus haute distinction hongroise, à titre posthume. Le Petőfi Irodalmi Múzeum, musée dédié à la littérature hongroise à Budapest, conserve les documents lui appartenant. C'est le centre de recherche le plus important consacré à la vie et à l'œuvre du grand écrivain.

Œuvres traduites en français

  • Les Révoltés (Zendülők,1930) Albin Michel, 1992
  • La Conversation de Bolzano (Vendégjáték Bolzanóban, 1940) Albin Michel, 1992
  • Les Confessions d'un bourgeois (Egy polgár vallomásai, 1934) Albin Michel, 1993
  • Les Braises (A gyertyák csonkig égnek, 1942) Albin Michel, 1995
  • L'Héritage d'Esther (Eszter hagyatéka, 1939) Albin Michel, 2001
  • Divorce à Buda (Válás Budán, 1935) Albin Michel, 2002
  • Un chien de caractère (Csutora, 1932) Albin Michel, 2003
  • Mémoires de Hongrie (Föld, föld!..., 1972) Albin Michel, 2004
  • Paix à Ithaque ! (Béke Ithakában, 1952) Livre de Poche 2005
  • Métamorphoses d'un mariage (Az igazi, Judit... és az utóhang, 1980) Albin Michel, 2006
  • Libération (Szabadulás, 2000) Albin Michel, 2007
  • Le premier amour, Albin Michel, 2008
  • Le Miracle de San Gennaro, Albin Michel, 2009
  • L'étrangère, Albin Michel, 2010
  • La sœur, Albin Michel, 2011

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Sándor Márai de Wikipédia en français (auteurs)

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