- Shema
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Chema Israël
Chémâ Israël, Chmâ ou Sh'ma Yisroel selon la prononciation ashkénaze (hébreu : שמע ישראל ; "Ecoute, [Ô] Israël") sont les deux premiers mots d'une section de la Bible, devenue la prière centrale des offices matinaux et vespéraux dans le Judaïsme, car elle comporte l'une des affirmations les plus pures et les plus univoques du monothéisme sur lequel s'articule le judaïsme.
La deuxième phrase de cette prière (Béni soit le Nom de l'Honneur de Son règne à jamais) n'est pas directement issue de la Bible, et se dit à voix basse, sauf au Jour du Grand Pardon.
Le Chémâ est considéré comme la profession de foi et l'une des plus importantes prières du judaïsme, à réciter en se levant, en se couchant (sur son lit, mais aussi son lit de mort), sur le chemin, dans son foyer, et à enseigner à ses enfants. Il enjoint à aimer Dieu, le Dieu Un, de tout son cœur, de tout son esprit et de tout son surcroît (c'est-à-dire de se surpasser à chaque instant dans cet amour).
Cette prière a fortement frappé la culture populaire, qui l'associe au judaïsme, un peu comme le Pater Noster l'est au christianisme ou la Fatiha à l'islam.
- Elle est aussi connue par les chrétiens, car le Deutéronome fait partie de l'Ancien Testament. Israël acquiert alors le sens d'Église.[1] Mais aussi, les paroles Écoute Israël ont été prononcées par Jésus dans l'Évangile de Marc (Mc, 12:29 ) et dans l'Évangile de Jean (Jn 10, 30). Cette phrase est aussi prononcée par l'apôtre Paul dans l'épître aux Corinthiens (1 Cor, 8:6).
Selon Shneur Zalman de Liadi, auteur du Tanya, la hassidout ou piété, est le Chema Israël : le mot Chema est composé d'initiales signifiant « levez vos yeux vers le haut » (à ne pas confondre avec lever les yeux vers les cieux), « vers le haut » signifiant toujours plus haut, jusqu'à un niveau qui transcende l'esprit mais est intellectuellement compris par lui.
Sommaire
Histoire
Originellement, le Chémâ, tel que Juda Hanassi le connaissait, ne se constituait que du verset 6:4 du Deutéronome proprement dit (traités Soukka 42a et Berakhot 13b). Il fut également utilisé comme cri de guerre et de ralliement (cf. infra).
Néanmoins, la récitation du Chémâ, telle qu'elle se fait dans la liturgie depuis l'époque des Sages du Talmud, consiste en trois sections : Deutéronome 6:4-9, 11:13-21, et Nombres 15:37-41. Ces trois sections se rapportent à des points fondamentaux de la croyance juive, et contiennent de subtiles références aux Dix Commandements, ainsi que l'indique le Talmud : les Dix Commandements avaient été retirés de la prière à l'ère Michnaïque, et les Sages ultérieurs ne pouvaient le restituer par respect de la hiérarchie. Ils instituèrent donc la lecture des trois sections afin de se remémorer des Dix Commandements.
Les Karaïtes, qui ne respectent pas cette tradition, ne proclament que le verset 6:4, et les Rabbanites eux-mêmes attirent l'attention sur l'importance particulière de ce verset : il est récité les yeux fermés, afin d'éviter à son esprit toute distraction qui proviendrait de l'œil. Dans le souci de préserver cette concentration, et d'éviter tout « accident », Juda Hanassi mettait sa main devant les yeux (traité Berakhot 13a) et, comme souvent, cette coutume est devenue normative chez les Juifs rabbiniques.
Beaucoup interposent également le talit entre la main et les yeux.Traduction et analyse de la prière
1re section: Deutéronome (Devarim) VI 4-9
# Traduction française Transcription Texte original 1 Écoute, Israëla, l'Éternel, notre Dieu, l'Éternel est UN. Chmâ, Israël, Ado-nay Elo-henou, Ado-naï Ehad' שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד. 2 Béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux.b Baroukh chem kevod malkhouto le'olam vaed 3 Tu aimeras l'Éternel ton Dieu, de tout ton cœurc,
de toute ton âme
et de tous tes moyensVeahavta ett Ado-naï Elo-hekha, bekhol levavekha,
ou bekhol nafchekha,
ou bekhol meodekhaוְאָהַבְתָּ, אֵת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ
וּבְכָל-נַפְשְׁךָ,
וּבְכָל-מְאֹדֶךָ.ּ4 Que les commandements que je te prescris aujourd'hui
soient gravés dans ton cœurcVehayou hadevarim ha'ele
acher Anokhi metsavekha hayom al levavekhaוְהָיוּ הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה,
אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוְּךָ הַיּוֹם--עַל-לְבָבֶךָ ּ5 tu les inculqueras à tes enfants, tu en parleras (constamment),
dans ta maison ou en voyage, en te couchant et en te levant.Vechinantam levanekha, vedibarta bam,
bechivtekha beveithekha ouv'lekhtekha baderekh, ou'bchokh'bekha ouv'koumekhaוְשִׁנַּנְתָּם לְבָנֶיךָ, וְדִבַּרְתָּ בָּם, בְּשִׁבְתְּךָ בְּבֵיתֶךָ וּבְלֶכְתְּךָ בַדֶּרֶךְ, וּבְשָׁכְבְּךָ וּבְקוּמֶךָ 6 Attache les en signe sur ta main,
et porte les comme un fronteau entre tes yeuxOukchartam le'ot al yadekha,
vehayou letotafot bein einekhaוּקְשַׁרְתָּם לְאוֹת, עַל-יָדֶךָ; וְהָיוּ לְטֹטָפֹת, בֵּין עֵינֶיך 7 Écris-les sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. Oukhtavtam al mezouzot beithekha ouvicharekha וּכְתַבְתָּם עַל-מְזֻזוֹת בֵּיתֶךָ, וּבִשְׁעָרֶיך Écoute, Israël, l’Éternel notre Dieu est Un
- Qui est Israël ?
- D'après le contexte du verset même, il s'agit du peuple d'Israël, auquel s'adresse Moïse. Chémâ Israël est donc un enseignement : plus tôt dans la Bible (Exode 24:7), le peuple s'est exclamé : Na'asse venichma, « nous ferons et nous écouterons » (voir l'exégèse de ce verset). Israël dans cette prière fait également référence à Jacob / Yaacov (troisième patriarche du Tanakh) qui à la suite de son combat avec un ange est renommé « Israël ». Ce verset fut récité par les douze enfants de Jacob / Yaacov pour le rassurer sur son lit de mort car leur père craignait qu'une fois défunt ils oublient ses enseignements et ne vénèrent les idoles d’Égypte. Yaacov eut cette crainte car avant de mourir, alors qu'il devait leur annoncer la date de l'arrivée du Messie, il eut un trou de mémoire et crut que ses enfants n'étaient pas méritants aux yeux de Dieu. Une fois cette phrase répétée par les enfants du patriarche, le cœur de ce dernier s'apaisa et il répondit dans un dernière souffle de vie : « Béni est à jamais le Nom de Son règne glorieux ».
Cet enseignement, c'est le monothéisme, il est temps de l'écouter, et d'accepter sur soi le joug de la royauté des cieux (kabbalat ol malkhout chamaïm) (Michna Berakhot 2:5). Les Israélites ont été jusque là monothéistes « par tradition », il est temps qu'ils comprennent l'une des notions les plus ardues du judaïsme, et l'une de ses plus fondamentales : l'Éternel, qui Est notre Dieu (Tout-puissant), Est Un.
Non seulement Un Seul (Unique), mais Un : la multiplicité de ses attributs, générosité, justice, miséricorde, etc. est apparente, et due à l'échec de l'homme d'appréhender, dans toute l'étendue de sa finitude, l'infinité dans toute l'étendue de son infinitude. La générosité de Dieu est Sa justice est Sa miséricorde
Cet enseignement est si difficile que Maïmonide commence son Michné Torah par les mots « Sache qu'il existe un Être Premier à la base de tout ». Sache et non Crois (d'après un enseignement oral du Rav Léon Askénazi, dit Manitou - voir La signification morale du monothéisme sur son site et les responsa 11822 et suivants sur cheela.org)-
- On peut aussi interpréter cette proclamation comme proférée par les douze fils du patriarche Israël à leur père, Jacob, qui reçut ce nom d'Israël après avoir combattu un ange.
Rabbi Josué ben Levi (un Amora fortement réputé pour ses enseignements aggadiques) dit : « Jacob, juste avant de mourir, était sur le point de révéler la fin des temps (Fin des Jours) à ses enfants, lorsque la Chekhina (Présence divine) se détourna subitement de lui. Jacob craignit qu'un de ses enfants fût peut-être indigne. Cependant, ils s'exclamèrent tous "Écoute, Ô Israël : le Seigneur notre Dieu, le Seigneur Est Un", ce par quoi ils voulaient dire : "En Dieu nous sommes tous uns (en la croyance de Dieu, nous sommes tous unis)" ; alors Jacob répondit : "Baroukh Chem (Kevod leolam va'ed)". » (traité Pessa'him. 56a ; voir aussi Berechit Rabba 98.).
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- Il peut encore s'agir du peuple d'Israël, auquel s'adressent les nations, lorsqu'elles auront reconnu, selon la prophétie de Sophonie, que Dieu est Un et Son Nom Un.
- Adochem/naï Elok/henou Adoshem/naï Eh'ad
- Le judaïsme enseigne l'ineffabilité du Tétragramme. À « YHVH » est donc substitué Adonaï (Mon Seigneur). Les Juifs pratiquants évitent de prononcer ce Nom en vain, et le remplacent à son tour par « Adochem » (mot-valise d'Adonaï et Hachem), lorsqu'ils ne prient pas. Cependant, certains Juifs, en particulier les Samaritains, le prononçaient de manière plus libérale, en particulier lors de salutations : voir l'ange saluant Gédéon dans Josué ou encore Booz saluant les moissonneurs dans Ruth.
- De même pour Elokim. Toutefois, cette coutume n'est pas aussi universelle, et certains Sages, surtout Sépharades , s'insurgent contre cet usage. Le Rav Shalom Messas za"l, ancien Grand Rabbin de Jérusalem faisait remarquer à ceux qui prononçaient (par exemple) Netanel ou Elhanan "Netankel" et "Kelhanan" que ce "kel" était proche de la racine "lekalkel" ("détruire", en Hébreu).
Béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux
- Pourquoi la seconde ligne, "Baroukh chem kevod, etc.", est-elle écrite en petits caractères, et se prononce-t-elle à voix basse, sauf à Yom Kippour ?
- La question est amplement traitée dans le traité Pessa'him, page 56a (cf, e.a, l'aggada de Rabbi Josué ben Levi supra). Voir les responsa 14355 et suivants sur le site cheela.org pour plus de détail
- le traité Pessa'him 56a rapporte également l'intéressante opinion d'Abbahou, un Amora ayant vécu et prêché en Israël : en Palestine (où les chrétiens étaient assez prévalents et prêchaient la doctrine trinitariste, ou à tout le moins, l'existence de Dieu le Père et Dieu le Fils), il faut le réciter à voix haute, afin d'affirmer haut et fort l'unité de Dieu. Par contre, à Nehardea (ville de Babylone, où les Chrétiens étaient inconnus), il faut le dire à voix basse.
- Rabbi Juda haNassi, préoccupé par ses études, mettait sa main sur ses yeux et répétait le premier verset en silence (Talmud Berakhot 13a).
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- Actuellement, le premier verset est lu à voix haute tant par l'officiant ou le chantre que par la congrégation, qui répond ensuite par le Baroukh Chem silencieusement. Les Ashkénazes lisent ensuite le reste du Chémâ en silence, alors que les Sépharades le lisent à voix haute (à l'exclusion de Baroukh Chem, et de l'avertissement en cas d'idolâtrie, cf. seconde section).
Veahavta (Et tu aimeras)
Le reste de la première section, nommé d'après le premier mot suivant la proclamation du Chémâ dans la Torah, enjoint d'aimer Dieu à tout moment, en tout lieu, et de l'enseigner à ses enfants.
Obligation d'enseigner la Torah ("ces paroles"), le passage contient de subtiles références aux Dix Commandements énumérées dans le Talmud.
Elle contient aussi, selon les Juifs rabbanites, une allusion aux tefilin et aux parchemins à faire figurer dans une mezouzah, devenue par la vertu de ce verset un "signe distinctif" d'une maison juive.
Les Karaïtes ne reconnaissent pas l'usage des tefilin (ils interprètent totafot comme zikaron, "souvenir"), et leurs mezouzot ne comprennent pas ces parchemins (il s'agit de plaques reprenant les Dix Commandements).2e section: Deutéronome (Devarim) XI 13-21
Texte original וְהָיָה, אִם-שָׁמֹעַ תִּשְׁמְעוּ אֶל-מִצְוֹתַי, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם, הַיּוֹם--לְאַהֲבָה אֶת-יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, וּלְעָבְדוֹ, בְּכָל-לְבַבְכֶם, וּבְכָל-נַפְשְׁכֶם.
וְנָתַתִּי מְטַר-אַרְצְכֶם בְּעִתּוֹ, יוֹרֶה וּמַלְקוֹשׁ; וְאָסַפְתָּ דְגָנֶךָ, וְתִירֹשְׁךָ וְיִצְהָרֶךָ.
וְנָתַתִּי עֵשֶׂב בְּשָׂדְךָ, לִבְהֶמְתֶּךָ; וְאָכַלְתָּ, וְשָׂבָעְתָּ.
הִשָּׁמְרוּ לָכֶם, פֶּן יִפְתֶּה לְבַבְכֶם; וְסַרְתֶּם, וַעֲבַדְתֶּם אֱלֹהִים אֲחֵרִים, וְהִשְׁתַּחֲוִיתֶם, לָהֶם.
וְחָרָה אַף-יְהוָה בָּכֶם, וְעָצַר אֶת-הַשָּׁמַיִם וְלֹא-יִהְיֶה מָטָר, וְהָאֲדָמָה, לֹא תִתֵּן אֶת-יְבוּלָהּ; וַאֲבַדְתֶּם מְהֵרָה, מֵעַל הָאָרֶץ הַטֹּבָה, אֲשֶׁר יְהוָה, נֹתֵן לָכֶם.
וְשַׂמְתֶּם אֶת-דְּבָרַי אֵלֶּה, עַל-לְבַבְכֶם וְעַל-נַפְשְׁכֶם; וּקְשַׁרְתֶּם אֹתָם לְאוֹת עַל-יֶדְכֶם, וְהָיוּ לְטוֹטָפֹת בֵּין עֵינֵיכֶם.
וְלִמַּדְתֶּם אֹתָם אֶת-בְּנֵיכֶם, לְדַבֵּר בָּם, בְּשִׁבְתְּךָ בְּבֵיתֶךָ וּבְלֶכְתְּךָ בַדֶּרֶךְ, וּבְשָׁכְבְּךָ וּבְקוּמֶךָ.
וּכְתַבְתָּם עַל-מְזוּזוֹת בֵּיתֶךָ, וּבִשְׁעָרֶיךָ.
לְמַעַן יִרְבּוּ יְמֵיכֶם, וִימֵי בְנֵיכֶם, עַל הָאֲדָמָה, אֲשֶׁר נִשְׁבַּע יְהוָה לַאֲבֹתֵיכֶם לָתֵת לָהֶם--כִּימֵי הַשָּׁמַיִם, עַל-הָאָרֶץ.Transcription 'Vehaya im shamoa tishmeou el-mitzvotaï asher anokhi metzave etkhem hayom le'ahava ett Ado-nay Elo-hekhem ou'leavdo, bekhol levav'khem oubekhol nafshè'hem
Venatati metar-artze'khem be'ito yorè ou malkosh, ve'assafta deganekha, vetirosh'kha ve'yitsarekha
Venatati etsev besadekha liv'hemtekha, ve'akhalta vesavata.
Hishamrou lakhem (à voix basse) pèn yfte levavkhem; vesartem va'avadtem elohim a'herim, vehishta'havitem lahem.
Ve'hara af Ado-nay bakhem, ve'atsar ett hashamaïm, velo yhye matar, va'adama lo titen ett yevoula, va'avadtem mehera me'al haaretz hatova asher Ado-nay noten lakhem (on reprend à voix haute)
Vesam'tem ett devaraï èlè al-levavkhem ve'al nafshekhem; oukshartem otam leot al yadèkhem, vehayou letotafot bein eïnèkhem
Velimadetem otam ett-bènèkhem ledaber bam, beshiv'tekha be'veithekha ou'v'lekhtekha baderekh, ouv'shokhbekha ou'v'koumekha
Ou'khtav'tam al mezouzot beitekha ou vish'areikha
Lema'an yirbou yèmèkhem vèyimè benekhem al hadama, asher nishba Ado-nay la'avotèkhem latèt lahèm, kiyemeï hashamaïm al ha'aretz.'Traduction Si vous exécutez les commandements que je vous prescris aujourd'hui, d'aimer et de servir l'Éternel votre Dieu de tout votre cœur et de toute votre âme.
J'enverrai (dit l'Éternel) à votre pays la pluie en temps utile, la pluie hâtive et la pluie tardive, et vous rentrerez vos grains, vos vins et vos huiles.
Je ferai croître de l'herbe pour vos bestiaux. (Vous aurez donc tout en abondance ; ) vous mangerez, et vous serez rassasiés.
(à voix basse,) Mais gardez bien votre cœur contre la séduction ; ne vous écartez pas (du bon chemin) ; n'allez pas servir d'autres dieux, et ne vous prosternez pas devant eux.
La colère de l'Éternel s'enflammerait contre vous ; il fermerait les réservoirs du ciel, il n'y aurait pas de pluie, la terre ne donnerait pas ses fruits, et vous seriez bientôt bannis de ce bon pays que l'Éternel vous aura donné.(on reprend à voix haute)
Prenez donc mes paroles à cœur, nourrissez-en votre esprit, attachez-les en signe sur votre main, et portez-les comme un fronteau entre les yeux.
Enseignez-les à vos enfants, parlez-en dans vos maisons, en voyage, en vous couchant et en vous levant.
Ecrivez-les sur les poteaux de vos maisons et sur vos portes.
Afin que vous restiez dans le pays que l'Éternel a juré à vos ancêtres de leur donner, aussi longtemps que le ciel sera au-dessus de la terre.Ce passage reprend dans des termes assez similaires les commandements du Chémâ, la proclamation et la transmission du monothéisme, mais y adjoint également l'idée de rétribution, positive ou négative. L'avertissement en cas d'idolâtrie est proféré à voix basse, parce que, outre son aspect rédhibitoire, il marque davantage s'il est récité sur un ton plus bas. De plus, alors que le reste de la prière est dite à voix haute et collectivement, cette "récitation à voix basse" en fait un passage que chaque individu récite personnellement, ce qui accroît encore plus l'attention qu'il y porte.
3e section Nombres (bemidbar) XV 37-41
Texte original וַיֹּאמֶר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר.
דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם, וְעָשׂוּ לָהֶם צִיצִת עַל-כַּנְפֵי בִגְדֵיהֶם, לְדֹרֹתָם; וְנָתְנוּ עַל-צִיצִת הַכָּנָף, פְּתִיל תְּכֵלֶת
וְהָיָה לָכֶם, לְצִיצִת, וּרְאִיתֶם אֹתוֹ וּזְכַרְתֶּם אֶת-כָּל-מִצְוֹת יְהוָה, וַעֲשִׂיתֶם אֹתָם; וְלֹא-תָתוּרוּ אַחֲרֵי לְבַבְכֶם, וְאַחֲרֵי עֵינֵיכֶם, אֲשֶׁר-אַתֶּם זֹנִים, אַחֲרֵיהֶם
לְמַעַן תִּזְכְּרוּ, וַעֲשִׂיתֶם אֶת-כָּל-מִצְוֹתָי; וִהְיִיתֶם קְדֹשִׁים, לֵאלֹהֵיכֶם
אֲנִי יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִי אֶתְכֶם מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם, לִהְיוֹת לָכֶם, לֵאלֹהִים: אֲנִי, יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם.Transcription Vayomer Ado-nay el-Moshe lèmor:
Daber el Beneï Israël, ve'amarta aleihem, ve'assou lahem tzitzit 'al-kanefeï bigdehem ledorotam; venatenou al-Tzitzit hakanaf petil tekhelet
Vehaya lakhem lètzitzit, our'item oto, ou'zekhartem ett-kol-mitzvot Adonay va'assitem otam, vèlo tatourou a'harè levav'khem ve'a'harè eïnekhem asher atem zonim a'harèhem.
lèma'an tizkèrou va'assitèm ett-kol mitzvotaï, vaha'ytem kèdoshim le'Elo-hèkhem.
Ani Adonay Elo-hèkhem, ashère hotseti etkhem mèèretz Mitzrayim, lihyot lahème lèèlo-him.
Ani ado-nay elo'hekhem, Emet.Traduction L'Éternel dit à Moïse en ces termes :
Parle aux enfants d'Israël et dis-leur qu'ils fassent, eux et leurs générations, des Tzitzith aux angles de leurs vêtements, et qu'ils attachent à ces Tzitzith un cordon d'azur.
Ce sera pour vous des Tzitzith (un objet de méditation) ; vous les regarderez, ils vous rappelleront toutes les lois de l'Éternel ; vous les observerez, et vous ne vous écarterez pas pour suivre les mauvais penchants de votre cœur et les égarements de vos yeux.
Afin que vous vous souveniez de Mes prescriptions ; vous les exécuterez, et vous serez consacrés à votre dieu.
Je suis l'Éternel, votre Dieu, qui vous ai délivrés de l'Égypte pour être votre dieu. Je suis l'Éternel, votre Dieu.
La troisième section est thématiquement liée aux précédentes. Elle relate la prescription faite aux Hébreux de tresser aux quatre coins de leurs vêtements (qui, à l'époque, ressemblaient quelque peu à des toges) des franges auxquelles s'attache un fil bleu.
Ces franges sont, comme les totafot, un signe de rappel des lois à observer, ainsi que des inclinations perverses dont il faut se prémunir.
Il est ici appuyé sur le fait que le Dieu qui a donné ces commandements Est Celui qui a fait sortir le peuple d'Israël d'Egypte.
Tant pour les rabbins que les prophètes, l'exode est paradigmatique de la foi Juive en la rédemption opérée par Dieu sur toute forme de domination.En résumé
Tout tourne autour de l'assertion du Dieu E'had? La première section commande de L'aimer de tous les constituants de son être, et de perpétuer ces mots et ces commandements.
Y obéir, dit la seconde section, amène la récompense, y désobéir la punition.
Afin de s'assurer de la réalisation de ces commandements fondamentaux, Dieu prescrit, dans la troisième section, un signe remémorateur, le port de franges aux quatre coins de ses vêtements.La récitation biquotidienne
La prescription de proclamer le Chémâ deux fois par jour est immédiatement tirée de la première section du Chémâ lui-même (Deut 6:7 : "à ton coucher, à ton lever"; voir Talmud de Babylone traité Berakhot 2a).
Sa récitation biquotidienne a été, selon Flavius Josèphe, prescrite par Moïse lui-même ("Antiquités" 6:8), et a de tous temps été considérée comme un commandement divin (cependant, il y a une opinion différente dans le Sifre sur Deut. 31).
Selon le Talmud (Soukkot 42a), dès qu'un enfant commence à parler, il est prescrit à son père de lui apprendre le verset "Torah tsiva lanou Moshe, morasha kehilat Yaakov" (Moïse nous a prescrit une loi, héritage pour la congrégation de Jacob -- Deut 33:4)et de lui apprendre à lire le Chémâ.
Les bénédictions satellites
Les Bénédictions précédant et suivant le Chémâ sont traditionnellement attribuées aux membres de la Grande Assemblée, et ont été incluses dans la liturgie dès l'époque du premier Temple.
Elles sont au nombre de deux avant, le matin (yôçer ha-meôrôt avec la qedushâ, et ahavâ rabâ) et le soir (ma'arîv 'aravîm et ahavat 'ôlam), une après, le matin (birkat geûlâ) et deux après, le soir (èmèt we-émûnâ et hashkîvénû). Le Talmud insiste sur le point qu'une personne ne récitant pas ces prières, ou faisant celles du matin le soir et vice versa ne s'est pas acquitté de l'obligation de la lecture biquotidienne.
Tant le matin que le soir, la première bénédiction suivant le Chémâ commence par le mot Emet ([C'est une] vérité [que...]).
L'usage s'est développé de terminer le Chémâ par ce mot et d'attendre que l'officiant ait fini sa lecture, bien que le Chémâ doive s'arrêter à la fin de Nombres 15:41 (ani H' elok/he'hem).Pour l'anecdote, on demanda un jour à un leader dynastique hassidique quel verset commençait et terminait par ani H' elok/he'hem. Son petit-fils, alors âgé de 3 ans, lui-même futur leader, répondit sans même se retourner "celui où Moïse n'a pas dit Emet".
Le Chémâ du coucher
La première section du Chéma est également récitée avant de se coucher.
Pour Rachi, c'est une coutume instituée afin de bien s'acquitter de la récitation du Chémâ "à ton coucher", car le moment où le Chémâ est proclamé dans les synagogues pour l'office du soir est trop précoce par rapport au moment où les gens vont vraiment se coucher.
Pour d'autres, c'est dérivé du verset 4:4 des Psaumes "Parlez en vos cœurs sur votre couche, puis taisez-vous".
Quoi qu'il en soit, c'est une institution rabbinique et non biblique.Autres mentions du Chémâ dans la tradition juive, le Christianisme et l'Islam et la littérature
- Le Chémâ était le cri de guerre du prêtre, lançant Israël contre l'ennemi (Deutéronome 20:3; Talmud Sotah 42a).
- Il est aussi le dernier mot de ceux qui meurent en croyants, et est devenu celui des martyrs torturés pour leur foi. Bien qu'il y en ait eu beaucoup sous l'Inquisition espagnole, le plus connu est Rabbi Akiva, qui, torturé avec des tenailles de fer et brûlé tandis qu'une éponge est pressée sur sa tête et son cœur afin de rallonger le supplice, meurt en récitant le Chémâ, expire même en prononçant E'had (Un). Une voix se fait alors entendre du ciel : "Heureux qui, comme Rabbi Akiva, meurt en disant E'had" (Talmud Berakhot 61b).
- Primo Levi, Juif survivant du camp de concentration d'Auschwitz, préface ainsi son livre Si c'est un homme, qui retrace son expérience dans les camps (extrait) :
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Ou que votre maison s'écroule,
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants.- Le Chémâ est mentionné à plusieurs reprises dans les Évangiles :
- l'Évangile selon Marc (12:29) mentionne que Jésus considérait l'exhortation du Chémâ comme un de ses deux plus grands commandements:
"Jésus répondit: Voici le premier: Ecoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l'unique Seigneur"
- Évangile selon Jean 10 : 22-31
On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace. C'était l'hiver. Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. Les Juifs l'entourèrent, et lui dirent: Jusques à quand tiendras-tu notre esprit en suspens? Si tu es le Christ, dis-le nous franchement. Jésus leur répondit: Je vous l'ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi. Mais vous ne croyez pas, parce que vous n'êtes pas de mes brebis. Mes brebis entendent ma voix; je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père nous sommes un. (ceci est une allusion au Chémâ, que les Juifs reconnaissent immédiatement)Alors les Juifs prirent de nouveau des pierres pour le lapider.
- l'Évangile selon Marc (12:29) mentionne que Jésus considérait l'exhortation du Chémâ comme un de ses deux plus grands commandements:
- La Chahada, proclamation de foi musulmane, donc "équivalent" du Chémâ Israël, commence par ces mots
-
لا إله إلا الله
(Lâ ilâha illa-llâh) : Il n'y a d'autre dieu que Dieu
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