- Shiv'ah
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Shiv'ah (שבעה héb. pour "sept") est le nom de la période de deuil observée dans le judaïsme par sept catégories de personnes pendant une semaine à dater du décès d'une personne auquel ces personnes sont apparentées au premier degré.
Sommaire
Les apparentés au premier degré
Il s'agit :
- du père,
- de la mère,
- du fils,
- de la fille,
- du frère,
- de la sœur,
- du conjoint
de la personne disparue.
Il existe beaucoup de règles concernant la Shiv'ah, créant une grande interruption dans la routine quotidienne. Leur but est d'honorer le mort, d'une part, et d'autre part, de permettre à l'endeuillé de vivre son traumatisme dans toute sa dimension, afin de lui permettre de surmonter cette perte par la suite.Règles de la Shiv'ah
Une fois retournés de l'enterrement, les apparentés au premier degré prennent le statut d'"Avelim" . Ce statut dure pendant sept jours (si l'endeuillé retourne chez lui avant le coucher du soleil, ce jour est considéré comme le premier des sept jours), au cours desquels les membres de la famille se rassemblent dans une maison, et reçoivent les visiteurs, passant ces jours assis à même le sol ou sur des chaises inconfortablement basses à pleurer leur défunt : trois jours pour le pleurer, quatre jours pour remémorer ses mérites en ce monde.
Les activités suivantes sont interdites :- Ils ne peuvent réaliser aucune forme de travail sauf la cuisine et le nettoyage de la maison (et dans le seul cas où personne d'autre ne peut le faire). Cela inclut naturellement les occupations, les engagements, etc. professionnels.
- Ils ne peuvent porter de chaussures en cuir.
- Ils ne peuvent avoir de rapport sexuel.
- Ils ne peuvent pas étudier la Torah, sauf pour apprendre les lois du deuil, réciter des psaumes, lire le livre de Job ou le Livre des Lamentations.
- Ils ne peuvent saluer personne ("bonjour", "au revoir", et surtout pas "shalom"), mais après les trois premiers jours, ils peuvent répondre à ceux qui leur demandent des nouvelles de leur santé.
- Ils ne lavent pas leurs vêtements, ne les repassent pas, et ne portent pas d'habits propres.
- Ils ne peuvent s'asseoir que sur des coussins, des matelas ou des chaises de moins de 30 cm de haut.
- Ils ne peuvent quitter la maison, sauf pour se rendre à la synagogue à Shabbat ou quitter leur maison tard la nuit (s'ils ont du mal à dormir dans le lieu où se tient la Shiv'ah).
- Ils ne peuvent se raser, se couper les cheveux, ni les ongles pendant 30 jours (y inclus les sept jours de la Shiv'ah).
- Ils ne peuvent prendre part à des occasions joyeuses pendant 30 jours, ou 12 mois si c'est l'un de leurs parents qu'ils ont perdus. Toutefois, ils sont autorisés à assister au mariage ou à une Brit milah de leur propre enfant, y compris durant la Shiv'ah.
Aux funérailles, les endeuillés réalisent traditionnellement une déchirure dans un vêtement extérieur (qeri'ah), qui n'est pas réparée pendant la durée de la shiv'ah. Une alternative chez les Juifs non-orthodoxes est de s'épingler un ruban noir, déchiré et porté toute la période. Dans certaines communautés, il est de coutume de couvrir les miroirs dans la maison pendant la période de Shiv'ah.
Shabbat et jours saints
La Shiv'ah dure une semaine, il est donc obligatoire qu'un Shabbat y soit inclus. À Shabbat, la Shiv'ah continue, mais sur un mode plus privé, supprimant les signes externes par respect pour le saint jour : les endeuillés peuvent porter des vêtements propres, des chaussures de cuir, consommer de la viande et du vin et occuper leur place habituelle à la synagogue. Néanmoins, ils ne peuvent pas se laver, lire la Torah, ou avoir des rapports conjugaux.
Par ailleurs, si le décès survient à Shabbat, l'inhumation est repoussée au dimanche, ainsi que le début du deuil.Contrairement au Shabbat, l'entrée d'une fête met fin à la période de deuil de la Shiv'ah : si quelqu'un décède et est enterré avant Rosh Hashana, Yom Kippour, Soukkot, Pessa'h ou Shavouot, l'entrée de la fête met fin à cette première période de deuil, comme si l'endeuillé avait respecté la Shiv'ah. Il est toutefois permis d'émettre quelques manifestations discrètes : par exemple, les endeuillés ne se revêteront pas de blanc à Pessa'h. Si l'enterrement se passe pendant un festival, le début de la période de deuil attend la fin du festival. Dans les communautés de la Diaspora, où le dernier jour du festival est un second jour de Yom Tov supplémentaire, ce jour compte comme le premier jour de Shiv'ah, même si le deuil en public ne commence pas avant la fin du Yom Tov.
'Hanoukka, Pourim et 'Hol HaMoëd ne sont pas considérés comme jours de fête. En revanche, ils ont un statut équivalent au Shabbat, en ce que les manifestations extérieures du deuil sont atténuées.
Coutumes pour les amis des endeuillés
Le soutien aux endeuillés est considéré non seulement comme un acte de 'hessed (générosité, amour,...) mais aussi comme une très grande mitzvah (littéralement "prescription", mais ici, "acte agréable à l'Éternel), plus grande encore que la visite aux malades, car elle permet d'honorer à la fois le mort et les vivants.
Après l'enterrement, il est de coutume que les amis et voisins préparent une Seoudat Havra'ah pour les Avelim. Ce repas, habituellement fait de pain, oeufs bouillis, etc., est le premier qu'ils mangent de la Shiv'ah.
Au cours des sept jours suivants, la mitzvah s'étend à visiter les endeuillés. Cependant, il est préférable de le faire après le troisième jour : le chagrin des endeuillés est si intense les trois premiers jours qu'ils ne peuvent réellement être confortés, sinon par le noyau d'amis et famille très proches.
Beaucoup de communautés s'arrangent avec une hevra kaddisha pour que ses membres organisent les repas pour les endeuillés et servent des rafraîchissements aux visiteurs. Si des offices de prière sont organisés dans la maison de deuil, il est de coutume qu'un endeuillé adulte officie la prière lorsqu'il en est capable (dans les communautés orthodoxes, cette obligation et honneur ne revient qu'aux hommes adultes).Lors de la visite, on ne salue pas en premier l'endeuillé. On doit attendre que celui-ci entame la conversation. Il n'y a rien de "conseillé" ou "déconseillé" à dire, mais il vaut souvent mieux, plutôt que de parler, encourager l'endeuillé à parler, il en ressent souvent le besoin. Il ne faut pas absolument lui faire part de faits, dût on les trouver importants ("Ton père n'a jamais voulu t'en parler, mais il aurait voulu te dire etc.", "Un peu avant sa mort, ton frère m'a fait part de...", "Elle m'avait demandé d'attendre son décès pour te dire que...).
On lui parle souvent du disparu, d'expériences passées, de récits de sa vie, dont il n'est ni interdit ni conseillé qu'ils soient amusants. Toutefois, il ne faut pas relativiser le deuil ("il ne souffre plus", "il ne voudrait pas te voir comme ça" etc.) ou le faire oublier ("pense aux vivants à présent : pense à ta femme, tes enfants,...), simplement de faire savoir qu'on est là pour eux en cas de besoin, et surtout, s'en tenir aix promesses que l'on fait.
Au cours de la visite, il faut aussi savoir partir lorsqu'on sent que l'endeuillé a besoin d'être seul.
Il ne faut jamais dire à un endeuillé de "s'asseoir", c'est un rappel de son état de deuil, qu'il passe précisément assis.
Lorsqu'on part, il vaut mieux éviter les formules de salutations, et leur préférer la formule de consolation : HaMaqom yena'hem etkhem betokh she'ar avelei Tzion vi'Y[e]roushlayim (Puisse le Lieu vous consoler au sein des endeuillés de Sion et Jérusalem) .Au septième jour de la Shiv'ah, après un instant de deuil, l'on dit aux endeuillés de "se lever", signe pour eux que la Shiv'ah est terminée. Ils peuvent désormais se laver, changer leurs vêtements et doivent "recommencer à vivre".
Après la Shiv'ah
La shiv'ah achevée, les activités reviennent graduellement à la normale. Les endeuillés continuent de réciter le kaddish des endeuillés lors des offices synagogaux pendant 1 mois (11 pour un parent), et il existe des restrictions par rapport aux festivités et occasions joyeuses, en particulier où de la musique est jouée.
En beaucoup de communautés orthodoxes, seuls les hommes sont encouragés à réciter le kaddish des endeuillés, et s'il n'y a pas de parents mâles de l'endeuillé, on fait appel à un homme non-apparenté (mais en aucun cas à une femme). Toutefois, cette pratique (de faire appel à un homme non-apparenté) est découragée non seulement dans les communautés non-orthodoxes, mais dans un nombre croissant de communautés orthodoxes elles-mêmes.Il est traditionnel de visiter la tombe au septième jour de la Shiv'ah, ainsi qu'au trentième jour. Des éloges funèbres (hesped) y sont dites. Si le septième jour de la Shiv'ah tombe un Shabbat, on attend le lendemain pour visiter la tombe.
Sources
- Grand Rabbin Jacques Ouaknin,"L'âme immortelle. Précis des lois et coutumes du deuil dans le judaïsme", éditions Bibliophane-Daniel Radford 2002, publié avec le concours du Consistoire de Paris ISBN 2-86970-059-8
- Rav Alfred J. Kolatch,"Le Livre Juif du Pourquoi?", traduit par le Dr A. Kokos, Collection Savoir,
- Tome I éditions MJR 1990 ISBN 2-88321-002-0
- Tome II éditions MJR 1996 ISBN 2-88321-018-7
- Sitting Shiv'ah in the Judaica Guide
Catégorie :- Rite funéraire juif
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