- Art moderne
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On considère en général que la période de l'histoire de l'art que l'on désigne sous l'appellation d'art moderne[1] commence en 1907, avec Les Demoiselles d'Avignon de Pablo Picasso, et s'achève au milieu des années 1960, avec l'apparition du mouvement Fluxus et du pop art, deux des racines de l'art et du vocabulaire actuel de l'art dit « contemporain ».
Sommaire
Naissance de l'« art moderne »
L'art moderne se différencie par sa volonté d'autonomie et dans la naissance de la critique d'art. En effet, au même moment, l'art devient sujet d'écriture : la critique est souvent un discours engagé sur l'œuvre. Goethe et Matisse écrivent sur la couleur. De nombreux artistes publient des textes ou des manifestes (dadaïsme, futurisme, surréalisme, etc.[2]).
L'apparition de la photographie exerce une influence sur de nombreux artistes du XIXe siècle, puis du XXe siècle, depuis Degas jusqu'à Picasso, Matisse, Miró, et bien d'autres qui deviendront les figures éminentes de l'art moderne. De ce fait, les artistes se revendiquant de l'art moderne s'exprimeront à travers une multiplicité de médiums : dessin, peinture et sculpture, en premier chef, mais aussi photographie, cinéma, céramique, architecture, arts décoratifs ou arts de la scène. Ainsi, Picasso s'intéresse à tout ce qui relève des arts visuels ; Dalí fait du cinéma avec Luis Buñuel et transpose en sculptures certains de ses thèmes picturaux ; Le Corbusier est également peintre ; Brassaï photographie, mais aussi dessine ; etc.
La notion d'« art moderne »
La notion d'« art moderne » se définit à la fois par le style et le choix des sujets. Elle caractérise en propre l'art de la première moitié du XXe — 1905 est l'année du scandale des Fauves au Salon d'automne —, mais c'est entre 1950 et 1960 que le terme même de « moderne » prend tout son sens et est employé pour cerner une période.
La notion de modernité envahit l'art et les institutions au XXe siècle, mais elle émerge vers 1850 pour désigner les grands changements survenus au XIXe siècle provenant des révolutions techniques et industrielles.
La « modernité » est un mode de pensée, de vie et de création qui se veut résolument nouveau, fondé sur le changement et en réaction (comme c'est toujours le cas lors d'évolutions majeures) aux temps qui l'ont précédé.
Dans Le Peintre de la vie moderne, Baudelaire trouve la beauté dans la rue et il la voit changeante, mobile ; chez l'artiste moderne, il salue l'aptitude à dégager du transitoire du quotidien l'éternel de la beauté.
Chez Walt Whitman, on s'attache à observer l'impressionnant quotidien en perpétuel mouvement.
La beauté n'est plus désormais l'apanage de l'Antique. La culture de masse et le divertissement populaire écrasent et signent la fin de l'exaltation de la morale officielle. On trouve de nouveaux sujets à traiter empreints d'une modernité toute nouvelle, notamment ceux issus de la Révolution industrielle. Ainsi La Gare Saint-Lazare de Monet, où l'on ne trouve guère de regard nostalgique ; c'est là la modernité véritable.
La touche impressionniste, apparente, se distingue de la touche plus lisse qui était auparavant de mise dans les conventions de l'époque. On observe également une plus grande liberté dans les couleurs.
D'un point de vue institutionnel, l'émergence de la modernité ébranle l'Académie dans son pouvoir d'autoriser ou non l'entrée d'une œuvre au Salon. Les jurys des salons commencent à perdre leur crédibilité absolue pour les peintres, l'État et le public.
En 1863, lors du Salon des Refusés, Napoléon III décide de « laisser le public seul juge », et c'est un déchaînement de rires et de sarcasmes qui s'abat sur Le Déjeuner sur l'herbe de Manet ; cela met très nettement en évidence quelle influence le jury exerce sur l'opinion du public.
En 1884, l'Académie ne dirige plus les Beaux-arts et perd ainsi en légitimité aux yeux des artistes ; cette perte d'autorité favorise l'émergence de la création dite « bohème », ainsi qu'un renouveau du marché de l'art dans lequel les galeries deviennent des acteurs de tout premier plan.
Les peintres « hors-académie » refuseront finalement d'être exposés à côté des peintres académiques. C'est la raison de la création en 1885 du Salon des Indépendants, en 1890 du Salon de la Société nationale des Beaux-arts ainsi que du Salon d'automne en 1903.
La notion d'« avant-garde »
La notion d'« avant-garde » est revendiquée par les artistes dans leur priorité à la recherche et à l'innovation, en continuité directe des expositions universelles, dès 1851 et de manière quasi-simultanée. Cette affirmation du nouveau va de pair avec une rupture totale d'avec les conventions : les catégories conventionnelles sont ébranlées (huile sur toile pour la peinture, marbre ou bronze pour la sculpture...) et amènent les artistes du XXe siècle à en créer de nouvelles telles que les collages, les assemblages, les « ready-made », etc. Ce sont les « avant-gardes » (terme issu du vocabulaire militaire et qui désigne une troupe dégagée et envoyée en éclaireur).
L'avant-garde n'est pas le fait d'un artiste isolé, mais plutôt d'un groupe qui s'unit pour défendre sa production, la « lutte » étant un passage obligé pour la diffusion de leur vision nouvelle du monde. Il n'y a donc pas une avant-garde mais plusieurs, constituées de groupes d'artistes plus ou moins organisés.En 1936, Alfred Barr propose au Museum of Modern Art de New York une exposition dans laquelle il met en place une table généalogique de l'art moderne. Elle traite de l'héritage de l'impressionnisme et son classement ne se fait désormais plus par école nationale mais selon l'observation d'un mouvement international durant une période de cinq années de façons successives. La table met clairement en évidence la multiplicité des groupes, leurs substitutions constantes ainsi que leur mouvement perpétuel.
Chronologie des mouvements et artistes de l'art moderne
Avant 1914
- Art nouveau : Gustav Klimt, Alfons Mucha
- Fauvisme : André Derain, Henri Matisse, Maurice de Vlaminck
- Cubisme : Georges Braque, Juan Gris, Fernand Léger, Pablo Picasso
- Futurisme : Giacomo Balla, Umberto Boccioni, Carlo Carrà
- Expressionnisme : James Ensor, Oskar Kokoschka, Edvard Munch, Emil Nolde
- Abstraction : Vassily Kandinsky, Kasimir Malevitch
- De Stijl : Piet Mondrian : (début en 1917)
L'entre-deux-guerres
- Bauhaus : Vassily Kandinsky, Paul Klee
- Constructivisme : Naum Gabo, László Moholy-Nagy
- Dada : Jean Arp, Marcel Duchamp, Max Ernst, Francis Picabia, Kurt Schwitters
- Expressionnisme : Georges Gimel
- Surréalisme : Salvador Dalí, Max Ernst, René Magritte, André Masson, Joan Miró
- Nouvelle Objectivité (« Neue Sachlichkeit ») : Max Beckmann, Otto Dix, George Grosz
- Figuratifs : Bernard Buffet, Jean Carzou, Yves Brayer, Maurice Boitel, Pierre-Henry, Daniel du Janerand, Antoine Martinez, Alice Martinez-Richter Jean Monneret, Gaston Sébire, Louis Vuillermoz, Claude-Max Lochu
- Non figuration : Jean Bazaine, Maurice Estève, Jean Le Moal, Alfred Manessier, François Baron-Renouard
- Art brut : Jean Dubuffet, Gaston Chaissac
L'après-guerre
- Art figuratif : Jeune peinture de l'École de Paris, Bernard Buffet, Jean Carzou, Yves Brayer, Maurice Boitel, Pierre-Henry, Daniel du Janerand, Jean-Pierre Alaux, Jean Monneret, Gaston Sébire, Louis Vuillermoz, André Hambourg, Paul Collomb, Emile Frandsen
- Nouvelle figuration (figuration européenne) : Francis Bacon, Alberto Giacometti, René Iché, Marino Marini, Henry Moore
- École de Londres : Lucian Freud, Francis Bacon, Frank Auerbach, Kossof, Andrews
- L'expressionnisme abstrait ou l'Action Painting : Mark Rothko, Willem de Kooning, Jackson Pollock
- Expressionnisme abstrait américain : Willem de Kooning, Jackson Pollock
- Non figuration - Abstraction (dite, pour certains, « lyrique ») : Jean Bazaine, Roger Bissière, Nicolas de Staël, Jean Dubuffet, Joseph Lacasse, Maurice Estève, Jean Le Moal, Alfred Manessier
- Matiérisme : Jean Dubuffet, Jean Fautrier
- Happening - Fluxus : Allan Kaprow, George Maciunas, Joseph Beuys, Wolf Vostell
- Art video : Nam June Paik, Wolf Vostell, Bill Viola
- Pop Art : Andy Warhol, Tom Wesselmann, Jasper Johns
Notes et références
- période moderne » en Art, amorcée avec la Renaissance du XVe siècle : Ainsi l’art « ancien » de Giotto (maniera vecchia) est opposé à l’art « moderne » de Léonard (maniera moderna), ensuite suivra l'époque contemporaine On ne le confondra pas avec la «
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