- Neant
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Néant
La notion de néant est directement et indissociablement liée à la notion d'existence. Évoquer le néant revient à révoquer l'existence et réciproquement.
Le néant est un substantif définissant, selon l'usage, soit un état soit un caractère, l'article suivant s'attache à expliquer ces deux aspects.
Définitions
- Le néant est la non-existence, c'est-à-dire le non-être. Il s'agit d'un état d'inexistence.
- Le néant est le caractère de ce qui n'existe pas, du non-être ou de ce qui est inexistant.
Étymologie : néant vient du latin populaire negens tiré lui-même de ne gentem qui signifie « personne ».
Différence entre le néant et le vide
Il ne faut pas confondre le néant et le vide qui sont deux notions complètement différentes.
Le néant n'est pas le vide et réciproquement. Les physiciens parlent notamment de l'énergie du vide, que l'on explique par le principe d'incertitude (ou d'indétermination) d'Heisenberg.
Il est à cet égard intéressant de faire un parallèle avec le concept de vacuité développé dans le Bouddhisme.
La notion de néant est indissociable de celle d'existence cependant le lien avec la matière n'est pas évident.
La matière existe : elle est présente dans l'intégralité de l'univers, même dans le vide intersidéral, sous forme de particules. L'essentiel (environ les trois quarts[1],[2]) de la masse de l'univers serait constituée de matière inconnue, dite sombre, car les détecteurs ne peuvent la mettre en évidence. De même que le zéro absolu (0 K = –273,15 °C) est inaccessible, le vide total est une spéculation qui, en soi, est fausse : il s'agit d'un modèle approchant un idéal théorique avec des marges d'erreurs si infimes qu'elles sont négligeables.
Le modèle admis et vérifié « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (Anaxagore de Clazomènes repris par Lavoisier) permet de mieux appréhender le néant comme un état, à un instant donné d'un sujet déterminé individuel et unique. Ce qui vient du néant et retournera au néant, cela est d'ailleurs souvent représenté par l'adage « Tu étais poussière et tu redeviendras poussière » (La Bible) ou « Des cendres aux cendres ».
Du néant et de l'absence
Le néant peut être considéré comme une absence d'existence ou comme une présence d'inexistence, ainsi le non-être est présent : il n'est donc pas rien. Cependant, l'absence d'existence peut être considérée comme un rien existentiel. La nuance repose donc sur la qualification, positive ou négative, opérée sur la notion de néant. Le non-être étant, par définition, inexistence, le modèle adapté le plus approprié est la qualification positive c'est-à-dire la présence d'inexistence. Ce qui tend à différencier le néant du rien par la notion de présence. En outre, le modèle adoptant une qualification négative du néant, c'est-à-dire l'absence d'existence, force le parallèle avec la notion de « rien » en la soumettant à une condition sine qua non qui est d'évoquer alors un « rien existentiel », ce qui peut prêter à confusion.
En conclusion, le néant n'est donc pas rien, en revanche, le « rien existentiel » peut être appréhendé comme le néant.
Modélisation dimensionnelle du néant
Comprendre la notion de néant repose sur une capacité d'abstraction, développée de manière à rendre moins occulte cette notion ; il est nécessaire de développer une modélisation représentative de ce qu'est le néant.
Domaine d'évolution du néant
Le néant en tant qu'état de non-existence est une notion pondérée dans le temps ; ainsi, pour tout sujet, il est possible de définir trois périodes :
- L'avant-existence ;
- L'existence ;
- L'après-existence.
Les périodes d'avant et d'après-existences représentent le néant du sujet : il n'existait pas, il n'existe plus. L'existence représente la période pendant laquelle le sujet est, il n'est pas néant.
Conformément à la maxime de Lavoisier (« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »), l'avant-existence de tout sujet lambda est l'existence d'un sujet gamma qui est l'après-existence d'un sujet epsilon ; tout comme l'existence du sujet lambda est l'après-existence d'un sujet gamma et l'avant-existence d'un sujet iota ; tout comme l'après-existence du sujet lambda est l'avant-existence d'un sujet alpha et l'existence d'un sujet iota.
Il est donc possible d'imaginer le néant comme une dimension de non-existence où tout sujet y trouve sa place à un instant donné. Chaque sujet vient du néant ; il le quitte lorsqu'il est, puis retourne au néant.
Dimension du néant
Le néant pour un sujet déterminé est le domaine d'inexistence de ce sujet. Le néant en tant que dimension de non-existence est l'ensemble des domaines d'inexistence qui sans cesse évoluent, ainsi la dimension du néant est en perpétuel mouvement. Tel un objet fractal, la dimension du néant est subdivisible en une infinité de sous-dimensions, ou domaines, d'inexistence. Le néant est l'expression de l'imbroglio mouvant qui représente l'inexistence des choses au fil du temps. Il s'agit d'une dimension temporelle.
La dimension du néant est une mémoire de tout ce qui fut, de tout ce qui n'est plus et, de même, il est l'origine de ce qui n'est pas encore, de ce qui sera.
Par analogie, l'état de néant peut être comparé à une dimension temporelle, un terreau nourricier qui est l'origine et la fin de tout ce qui, à un instant, fut et sera.
Le néant et l'être
Êtres humains
La notion de néant liée avec des sujets humains conscients est difficile à cerner. L'analyse de l'être humain et du néant est un sujet d'étude philosophique récurrent. Plusieurs théories sont envisageables selon le postulat choisi.
Analyse cartésienne
D'après Descartes, la seule et unique vérité première, universelle, est : Je pense donc je suis (en latin cogito ergo sum). L'être, selon Descartes est indissociable de sa pensée : pour penser, il faut être, car si l'on n'est pas, il nous est impossible de penser.
S'il n'est pas, il appartient au néant.
Analyse physique
D'après les lois de la physique un corps humain mort met un certain temps avant de se décomposer entièrement et, de même, la gestation correspond à un certain temps avant l'élaboration complète du nouveau-né. Ainsi, en considérant un postulat d'existence physique, l'être existe tant qu'il existe encore des traces de la matière qui le composait. Ainsi, le domaine de non-être physique est borné de manière moins large :
- L'être humain est réduit à néant un certain temps après sa mort.
- L'être humain est sorti du néant après la gestation lors de l'accouchement.
Cette analyse se heurte cependant à une autre notion, celle de la définition physique de l'embryon ou du fœtus. Pour la médecine, l'être humain n'est pas reconnu avant plusieurs mois de gestation, ce qui permet d'ailleurs la distinction entre avortement et assassinat. Cela diffère d'un pays à l'autre, donc cela n'a rien d'universel : il faut alors faire attention à bien préciser le postulat pour définir l'état de non-être.
En France, il sera donc plus judicieux de borner le domaine d'avant-existence à trois mois de gestation puisque, selon le droit français, l'être humain n'est pas reconnu en tant que tel avant trois mois de gestation.
Analyse nihiliste et « négativité du néant »
Le néant est si proche du rien qu'il affecte aisément les conceptions humaines d'être et de sens luttant ainsi contre toute pensée ordonnée. Cela étant certains philosophes eurent recours à la problématisation de la « négativité du néant » pour tenter d'appréhender, par la pensée, la notion de néant.
Le néant est ainsi mis en scène, il est pour une chose la négation des champs d’applications de cette chose dans le réel. Il s’agit d’un point de vue négationniste qui repousse chaque chose dans les retranchements du « presque-rien ». C’est-à-dire que la « négativité du néant » induit un mouvement, une évolution ou un devenir au sein du réel.
Selon Bergson le néant ne serait qu'un pseudo-concept sans essence ou une simple contre-possibilité de l'être affirmé. Cette prise de position conteste radicalement l'identité affirmée, par l'être humain, de toutes choses y compris lui-même et engendre ainsi un mouvement d'évolution amenant à un devenir. Par cette négation qui est opérée sur les champs d'applications dans le réel de toutes choses Bergson met en évidence, au sein de l'être la présence polymorphe de la mort ; au sein d'un discours l'hypothèse contraire ; au sein de l'action l'exigence de limitation. Ceci relativise toute chose directement d’après son fondement d’être et semble amener à la modélisation d’un double états des choses, à la fois existantes tel qu’elles et à la fois négations d’elle-même, inexistantes ou étant en devenir d’existence.
Hegel suggère que la « négativité du néant » se manifeste de façons multiples relativement aux plans de la réalité où elle s'inscrit comme un mouvement d'évolution. Cette « néantification » stoppe toute évolution continue des identités, des certitudes et des engagements. L’œuvre de négation de Hegel ne repousse pas pour autant toutes choses dans un absolu vide, elle peut porter, au contraire jusqu'à un surcroît de vie, de sens ou de créativité par transformation. La perte radicale d'une chose ne pouvant survenir que par la suppression de la « négativité du néant » par elle-même.
Ce qui semble s'effacer par l'opération de « négativité du néant » se conserve par transformation et se redessine sous une autre forme, différente. La « négativité du néant » pousse les choses, elle défriche les sentiers du devenir et inaugure la voie du renouveau.
Le néant contenu dans cette opération de négativité reste relatif pour rester une force de négation sans s'évaporer dans l'absence d'existence, cette relativité est directement inhérente au fond de l’être qui ne peut être effacé, ce qui est là sous nos yeux est ardu à réfuter. En conclusion, le « néant de la négativité » n'est pas un néant radical d'impossibilité, en s'exerçant sur une chose il engendre une évolution qui amène la chose à son devenir qui, cependant, ne lui garantit nullement une protection contre un égarement décisif.
Ce « néant de la relativité » est un germe de non-être qui amène l'être à son devenir, c'est avec lui que la vie croît, que le discours s'enrichit et que l'action s'intensifie. La négativité ne néantifie que pour mieux recréer. Dans la toile dense du réel la « négativité du néant » instaure le procès de l’histoire dialectique.
En dépassant la négativité l’humain amène la notion de « travail du négatif » à parfois s‘égarer dans les dédales du nihilisme. Ce dernier est un mouvement de destruction mortelle contre toute expression du réel, rien ne réchappe à sa logique néantisante qui déstructure toute construction de notre planète.
Le nihilisme apparaît comme une volonté supérieure de néant pour l’homme qui s’affirme comme anéantissement devant la profusion et la richesse des choses. Des figures emblématiques de ce nihilisme furent évoquées au cours des temps notamment par Céline, Bakounine, Bataille, Gorgias et Netchaïev. Il est rassurant de savoir que même si, tel les Huns, l’herbe ne repousse jamais là où il passe, le nihilisme n’existe que par ce qu’il déstructure et anéantit révélant ainsi l’impossibilité d’existence d’un monde parfait.
De ce nihilisme décidé il est important de différencier le nihilisme du désespoir que Nietzsche a étudié et dont il a révélé le caractère perfide et décadent au cœur de la civilisation occidentale dépourvue de ses fondements théologiques. Tel est pour Nietzsche le nihilisme de la décadence et de la ruine des valeurs qui asphyxie l’énergie créatrice de l’humanité, tel est pour lui le pire des nihilisme, suicidaire qui laisse entre-apercevoir dans l’humanité le coté obscur du néant. Ce néant issu du désespoir collectif agit comme un vecteur eschatologique, communiquant aux choses un mouvement qui les amènent à leur fin sans volonté de devenir.
Analyse selon le «néant d'impossibilité»
Le poème de Parménide texte précurseur d’une approche occidentale de la métaphysique, laisse entrevoir le « néant d’impossibilité», qui est une sorte de contre possibilité de l’être s’apparentant au rien dans son absolue négation de toute existence, sans niveau de non-être, sans appréhensions physiques réelles. Ce néant se définit par une impossibilité, pour quiconque, de posséder quelques connaissances ou expériences sur lui (le néant d’impossibilité) car toutes études, pour qu'elle soit possible, devraient s’établir au cœur même du « néant d’impossibilité» qui inéluctablement les annihilerait.
« Le néant d’impossibilité» s’appréhende spirituellement comme un horizon composé des formes reconnues de néant, comme : le vide de l’atomiste, la matière indéterminée dans la philosophie antique, l’imperfection métaphysique de l’être selon Descartes, la limitation de l’être selon Heidegger et Jean-Paul Sartre ; sachant que la conception de ce néant s’établit toujours à partir de ce qui existe.
« Le néant d’impossibilité» s’opère ainsi au cœur de l’ontologie de l’être et non pas à partir de l’extérieur de l’être, ce néant est contingenté dans l’être. L’être n’est jamais, seul, dépourvu de ce néant qui le marque aussi bien dans l’échec que dans la solitude ou la mort.
Analyse néoplatonicienne ou le «néant de transcendance»
Le « néant de transcendance » est une interprétation du néant fondée sur les intervalles humains d'existence, il s'établie sur les laps de temps ou l'humain est ou lorsqu'il existe. Ce sont les néoplatoniciens grecs tels que Plotin, Proclos ou Damascius qui en développant leurs inspirations sur la théologie négative initiée en partie par les Mystiques Rhénans du XIVe siècle et Denys l'Aréopagite imaginèrent un « néant par excès » auquel ils attribuèrent la fonction de Principe absolu de l'être sur le modèle de la théorie de L'Un.
La théorie de L'Un ou L'Un-principe est définis comme le sans nom, l'inexprimable et l'indicible. L'Un-principe infirme tout énoncé qui prétend viser quelque objet de sa nature, il est cependant également l'impensée origine de tout.
Ce principe fondamental qu'est le néant de transcendance est cause de soi et principe de tout, il s'agit d'une énergie de création, il est l'origine de tout ce qui se retourne vers lui pour exister, il est le néant des philosophies de L'Un.
Ce néant de transcendance ne peut pas s'appréhender par le langage et est irréductible à l'existant, il est une image divine ineffable.
Stanislas Breton perçoit ce néant comme : Le néant divin incréé créateur, le néant virginal de l'âme intellectuelle....
Il s'agit contrairement au néant d'impossibilité, horizon au-delà duquel rien n'existe, d'une origine temporelle, d'un mouvement d'énergie créatrice procédant au sein même des origines de l'être.
Analyse stoïcienne
Le vide, selon les Stoïciens, est « ce qui peut être occupé par un existant mais n'est pas occupé » (Sextus Empiricus, Contre les professeurs, X, 3 - 4). Selon Chrysippe (Stobée, I, 161, 8-26), le vide est infini. En effet, le rien n'est pas une limite, et il n'a pas de limite ; il est donc un subsistant (i.e. un incorporel) infini, qui reçoit une limite seulement s'il vient à être occupé.
Les arts
La notion de néant liée à des œuvres artistiques appelle à l'essence même de l'art. L'œuvre d'art est un des meilleurs exemples concrets de la forme dimensionnelle du néant.
Œuvre d'art et néant
Une œuvre d'art est, par définition, unique, tant que l'œuvre n'est pas signée par l'artiste et ainsi élevée au rang d'œuvre, voire de chef-d'œuvre ; alors elle n'existe pas. Le fait que l'œuvre d'art n'existe pas ne signifie pas que rien n'existe ou qu'il s'agit d'un vide ; en effet, prenons l'exemple d'un tableau : avant d'être œuvre d'art, la toile existe, la peinture servant à créer images et motifs existent, les pinceaux existent etc.
La matière qui composera la future œuvre existe ; en revanche, ce qui n'existe pas, c'est l'œuvre finie. L'avant-existence de l'œuvre d'art s'arrête lorsque l'artiste créateur authentifie son œuvre comme achevée. L'après-existence de l'œuvre d'art commence lorsque l'œuvre est détruite (par un incendie par exemple, dans le cas du tableau).
Les découvertes
La découverte est le moyen de mettre en évidence la subjectivité temporelle du néant, c'est-à-dire que le néant en tant que non-existence reste relatif à nos connaissances.
Dimension subjective du néant
Le fait que nos connaissances limitent notre savoir engendre des lacunes, chez chacun, inéluctables. Ce n'est donc pas parce que l'on croit savoir que quelque chose n'existe pas que c'est le cas : peut-être n'est-elle pas encore découverte, peut-être n'existe-elle réellement pas ou sous une autre forme ou expression que celle attendue ou imaginée. Cela met en valeur l'état subjectivement temporel de la dimension du néant. Rien n'y est empirique, stable, fixe, universel et certain. La découverte est l'instant à partir duquel le sujet est défini comme existant et donc, a fortiori, tiré du néant. La notion de néant peut donc se comparer par analogie avec la notion de Dieu, dans le sens où s'il est toujours possible de prouver l'existence de quelque chose, il est fondamentalement impossible de prouver l'inexistence de quelque chose.
Cela ne remet pas en doute l'état de non-existence mais remet bel et bien en doute la certitude de la non-existence d'un sujet.
- Si le sujet existe, alors il est possible de borner les domaines de non-existence antérieure et postérieure pour ce sujet.
- Si le sujet n'existe pas, on croit qu'il n'existe pas et il est alors impossible de certifier qu'il appartient à la dimension du néant. La découverte de ce sujet, son existence, seule permettra de certifier qu'il appartenait au néant et qu'il y appartiendra.
Approche eschatologique du néant
L'eschatologie en tant qu'étude de la fin du monde (communément appelée la fin des temps) s'attache finalement à étudier comment et quand notre civilisation et notre monde retourneront au néant.
Il s'agit d'études poussées axées sur les derniers temps, les derniers jours avant la disparition, c'est-à-dire la frontière entre l'existence et l'après-existence. Les études eschatologiques amènent ainsi à travailler sur les causes et les manifestations qui réduiront notre monde, univers, à néant. Cela revient à étudier les mécanismes ayant pour cause de générer un moment de réduction à néant.
Ainsi, pour vulgariser un peu, l'eschatologue est un explorateur et un chercheur aux portes du néant qui s'attache à tenter de cerner une phase de la dynamique du néant.
L'éternel cycle du retour au néant
Les choses, quelles qu'elles soient, suivent un éternel cycle, tourbillonnant et se répétant à l'infini. Elles passent ainsi d'un état d'avant-existence à un état d'existence puis à un état d'après-existence qui lui-même passe à un état d'avant-existence, etc.
Le caractère de non-être est temporel et mouvant, il est cyclique c'est-à-dire que les choses revêtent un caractère alterné entre la non-existence et l'existence. Dans ce cycle, le caractère dominant est le néant, c'est-à-dire que les choses passent, généralement, plus de temps caractérisées par leur non-existence que par leur existence.
L'existence de toutes choses dépendant de nos sens, la durée de cette existence dépend directement de nos perceptions. Ainsi, la planète Terre existe depuis quelques milliards d'années, nos connaissances et la perception qu'elles nous procurent, nous permettent de dater, avec des marges d'erreur relativement infimes, l'âge de la Terre, c'est-à-dire sa durée d'existence jusqu'à nos jours. De la même manière, nous savons dater avec certes moins de précision l'âge de certaines galaxies et étoiles et, mis en comparaison avec l'âge de notre planète, nous nous rendons compte que le système solaire est très, très jeune. Cela tend à prouver que le caractère de non-existence est majoritaire dans la durée et que le caractère d'existence est, lui, minoritaire dans la durée. Même ce que nous imaginons avoir toujours existé n'est finalement qu'un ersatz d'existence en comparaison avec l'infinité du néant.
Le cycle du retour au néant est d'autant plus court que les choses sont simples et pauvres et d'autant plus long que les choses sont complexes et riches. Ainsi, pour la planète Terre, la durée de son existence est estimée à dix milliards d'années, ce qui, pour nous humains, représente déjà un laps de temps insaisissable. Il est effectivement difficile alors d'imaginer et de saisir la période de non-existence de notre planète, à savoir l'éternité moins dix milliards d'années !
Il est impossible de définir un point de départ au cycle du retour au néant. Nous ne savons pas, car nous ne connaissons quasiment rien des origines de l'univers, et nous ne connaissons quasiment rien non plus de l'univers d'ailleurs. De plus, chaque « quelque chose » est une future autre chose et inversement, tout comme chaque chose était auparavant autre chose.
Ce mouvement perpétuel, cet imbroglio dynamique hypercomplexe d'état des choses et la subdivisibilité fractale de la dimension du néant fait du néant une sorte de zone tampon parallèle à ce qui existe, sans début ni fin, sans taille ni format et dans laquelle vont et viennent en permanence une quantité indéfinissable (égale en fait au complément de la quantité d'existence), puisque toujours en évolution, de choses.
Quelques expressions françaises comportant le mot néant
Attention, les significations fournies ici correspondent au sens commun, usuel par le néophyte, du mot néant. En aucun cas, ce paragraphe n'est une définition du mot néant ni même une définition du sens réel philosophique que comporte ces expressions.
- Réduire quelque chose à néant : couramment utilisée pour signifier détruire totalement ;
- Signes particuliers : néant. Couramment utilisée pour les cartes d'identités françaises afin de signifier que le titulaire n'a aucun signe particulier ; signes particuliers inexistants ;
- Tenir quelque chose (ou quelqu'un) pour néant : considérer quelque chose (ou quelqu'un) comme rien ;
- Tirer quelque chose du néant : couramment utilisée pour signifier créer.
Citations contenant le mot néant
- Que signifie la liberté, sinon le néant, quand elle n'est plus relative à autrui ? - Fatou Diome - Extrait de : Le ventre de l'Atlantique.
- Il ne faut pas moins de capacité pour aller jusqu'au néant que jusqu'au tout. - Blaise Pascal - Extrait des : Pensées sur la religion.
- Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. - Blaise Pascal - Extrait des : Pensées, Section II, paragraphe 72.
- L'être ou le néant, voilà le problème. - Raymond Queneau - Extrait de : Zazie dans le métro.
- Il faut regarder le néant en face pour savoir en triompher - Louis Aragon - Extrait de : Les poètes.
- Une religion parle d'immortalité, mais entend par là quelque chose qui n'exclut pas le néant - Marcel Proust - Extrait de Sodome et Gomorrhe.
- Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ? - Arthur Schopenhauer -
- Le drame de l'homme se joue moins dans la certitude de son néant que dans son entêtement à ne point s'y résigner. - Roland Jaccard - Extrait de : La tentation nihiliste.
- Le néant n'a point de centre et ses limites sont le néant. - Léonard de Vinci - Extrait des : Carnets.
- Je suis comme un milieu entre Dieu et le néant. - René Descartes - Extrait de : Méditation quatrième.
- L'assiette pleine cache une assiette vide, comme l'être cache le néant. - Raymond Queneau - Extrait de : Le chiendent.
- On a toujours quelqu'un au-dessus de soi : par-delà Dieu même s'élève le Néant. - Émil Michel Cioran
Mots de la langue française tirés du mot néant
- Le verbe anéantir qui signifie réduire à néant.
- Le substantif fainéant qui vient de fait et de néant signifie paresseux, qui fait peu.
- Le néologisme néantiser créé par Sartre pour représenter l'action de repousser dans le néant tout ce qui n'appartient pas à la conscience de son point de vue.
Littérature
- Modèle:Aut Die Entdeckung des Nichts, Rowohlt, 1999, (ISBN 3-49960-729-8)
- bild der wissenschaft 10/2006, "Nichts" (S. 40-59)
- The Book of Nothing, John D Barrow
- Being and Nothingness, Jean-Paul Sartre
- The Nothing That Is, Robert Kaplan
- In Search of a Cyclops, Fredrick Schermer
- Zero, Charles Seife
- The Hole in the Universe K. C. Kole
- Church Dogmatics III/3, pp. 389-368, Karl Barth
Voir aussi
- L'ontologie
- L'existence
- L'existentialisme
- Les notions de vide, de rien, de vacuité
- L'être et le néant un essai d'ontologie phénoménologique de Jean-Paul Sartre
Notes et références
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