- Méthodes de quadrature de Gauss
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Dans le domaine mathématique de l'analyse numérique, les méthodes de quadrature sont des approximations de la valeur numérique d'une intégrale. En général, on remplace le calcul de l'intégrale par une somme pondérée prise en un certain nombre de points du domaine d'intégration (voir calcul numérique d'une intégrale pour plus d'informations). La méthode de quadrature de Gauss, du nom de Carl Friedrich Gauss[1], est une méthode de quadrature exacte pour un polynôme de degré 2n-1 avec n points pris sur le domaine d'intégration. Si ce dernier est (a,b), les méthodes sont de la forme
où est une fonction de pondération, qui peut assurer l'intégrabilité de f. Les ωi sont appelés les coefficients de quadrature (ou poids). Les points xi, ou nœuds, sont réels, distincts, uniques et sont les racines de polynômes orthogonaux pour le produit scalaire . Les poids et les nœuds sont choisis de façon à obtenir des degrés d'exactitude les plus grands possibles.
Les formules de Gauss jouent un rôle fondamental dans la méthode des éléments finis.
Sommaire
Principe général
On souhaite évaluer numériquement l'intégrale
Le domaine d'intégration (a, b) couvre plusieurs cas :
- intervalles bornés : comme [ a, b], [a, b [, etc.
- demi-droite réelle : [ a, +∞ [, ] -∞, b ],
- la droite réelle tout entière : R.
Théorème fondamental
DémonstrationMontrons que si la formule de la quadrature de Gauss marche, alors les nœuds et les poids sont fixés de manière unique. Supposons donc que nous avons des nœuds xi et des poids tels que
- Pour tout polynôme P de degré inférieur ou égal à 2n-1, .
Posons alors . Il vient . Ainsi Pn est orthogonal à tout polynôme de degré inférieur au sien. Il est par conséquent le seul polynôme unitaire de la direction orthogonale aux polynômes de degré , dans l'espace vectoriel des polynômes de degré . L'article sur les polynômes orthogonaux montre alors que Pn a n racines distinctes, ce sont les xi. Les poids ωi s'obtiennent ensuite comme fonctions des xi et de Pn.
Le domaine d'intégration et la fonction de pondération déterminent le type de la quadrature de Gauss. Le tableau suivant résume les situations les plus communes.
Principales configurations de quadrature de Gauss Domaine d'intégration (a,b) Fonction de pondération Famille de polynômes orthogonaux [ − 1,1] 1 Legendre ] − 1,1[ Jacobi ] − 1,1[ Tchebychev (premier type) ] − 1,1[ Tchebychev (second type) e − x Laguerre Hermite Une fois le type de quadrature choisi, la formule à n points s'écrit :
Les nœuds sont déterminés comme les n racines du n ème polynôme orthogonal associé à la formule de quadrature (polynômes de Legendre pour la formule de Gauss-Legendre, etc.).
On définit l'erreur comme E(f) = | I − I(f) | . Le degré d'exactitude d'une formule de quadrature est le degré le plus élevé de la famille des polynômes annulant E(f). On a le résultat suivant : une formule à n points admet un degré d'exactitude de 2n-1.
Généralisation pour un intervalle fermé
Le domaine d'intégration [a, b] doit être changé (au moyen d'un changement de variable) en [-1, 1] avant d'appliquer les méthodes de quadrature de Gauss. Le changement se déroule ainsi :
L'approximation de la valeur de l'intégrale devient :
Méthodes courantes
Méthode de Gauss-Legendre
Pour le problème d'intégration le plus classique, on utilise la méthode de Gauss-Legendre[2]. Il s'agit d'intégrer la fonction f sur le segment [-1,1]. Les n nœuds sont les racines du n ème polynôme de Legendre, Pn(x), et les coefficients sont donnés par l'une ou l'autre égalité :
On peut aussi remarquer que la somme des coefficients est égale à 2. Le tableau suivant donne l'ensemble des informations pour réaliser le calcul approché de I pour les formules à un, deux et trois points.
Nombre de points, n Poids (ωi) Points (xi) Polynôme de Legendre 1 2 0 x 2 1, 1 , 3 5/9, 8/9, 5/9 , 0, Exemple
On cherche à déterminer . On cherche à intégrer un polynôme de degré 2, 2 points suffisent pour obtenir la valeur exacte.
On peut facilement vérifier ce résultat car dans cet exemple, on connaît une primitive de (x + 1)2.
Cet exemple ne représente pas un cas pratique. En règle générale, on n'obtient jamais un résultat exact et bien entendu, on n'applique pas ces méthodes pour les fonctions dont on connaît une primitive.
Méthode de Gauss-Tchebychev
Cette formule est associée au poids sur ]-1,1[. Pour une formule à n points[3], les nœuds sont
et les coefficients :
Méthode de Gauss-Laguerre
Cette formule est associée au poids sur . Les n nœuds sont les n racines du ne polynôme de Laguerre Ln, et les coefficients sont
Les coefficients et les nœuds ne peuvent être calculés que pour n petit[4]. Par exemple, pour n = 2 :
n 2 Maintenant, pour intégrer une fonction sur , il faut remarquer que
Il reste alors à appliquer la formule de quadrature à la fonction .
Méthode de Gauss-Hermite
Sur R, la formule de Gauss-Hermite est caractérisée par la pondération . Pour une formule à n points[5], les xi sont calculés comme les n racines du n ème polynôme d'Hermite Hn ; quant aux pondérations, elles sont obtenues à partir de
Concernant l'intégration de f sur , il suffit d'appliquer la formule de quadrature à la fonction .
Autres méthodes de quadrature de Gauss
Méthodes de Gauss-Lobatto
Pour le cas des méthodes de quadrature de Gauss-Lobatto sur l'intervalle [a,b], on impose parmi les r+1 points de quadrature les deux extrémités de l'intervalle :
Pour un ordre de quadrature r, les points intérieurs de quadrature deviennent alors les zéros du polynôme dérivé du r-1e polynôme orthogonal :
Méthodes de Gauss-Radau
Pour le cas des méthodes de quadrature de Gauss-Radau sur l'intervalle [a,b], on impose parmi les r+1 points de quadrature une des extrémités :
Par symétrie, on peut également fixer b comme point.
Pour un ordre de quadrature r, les points intérieurs de quadrature deviennent alors les zéros du polynôme :
Calcul des points et poids de quadrature
Pour obtenir les points et poids de quadrature pour un ordre élevé, on consultera avec profit l'ouvrage de Abramowitz et Stegun[6].
Notes et références
- Methodus nova integralium valores per approximationem inveniendi, Göttingen, Heinrich Dietrich, 1815. Gauss a publié les principes de cette méthode dans
- (en) Eric W. Weisstein, « Legendre-Gauss quadrature », MathWorld
- (en) Eric W. Weisstein, « Chebyshev-Gauss quadrature », MathWorld
- (en) Eric W. Weisstein, « Laguerre-Gauss quadrature », MathWorld
- (en) Eric W. Weisstein, « Hermite-Gauss quadrature », MathWorld
- (en) Abramowitz and Stegun, Handbook of Mathematical Functions, pages 875 et suivantes
Voir aussi
Wikimedia Foundation. 2010.