Mandragora officinarum

Mandragora officinarum

Mandragore

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Mandragore officinale
 Fruits
Fruits
Classification classique
Règne Plantae
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Ordre Solanales
Famille Solanaceae
Genre Mandragora
Nom binominal
Mandragora officinarum
L., 1753
Classification phylogénétique
Ordre Solanales
Famille Solanaceae
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La mandragore , Atropa Mandragora , est une espèce de plante herbacée vivace des pays du pourtour méditerranéen, appartenant à la famille des solanacées, voisine de la belladone. Cette plante riche en alcaloïdes, qui lui donnent des propriétés mydriatiques et hallucinogènes, est entourée de nombreuses légendes, les Anciens lui attribuant des vertus magiques extraordinaires.

Nom scientifique : Mandragora officinarum, nom commun « Mandragore Blanche », L (synonymes : Mandragora autumnalis, nom commun Mandragore Noire Bertol. Mandragora vernalis Bertol.)

Le genre Mandragora regroupe quelques espèces de l'ancien monde, dont Mandragora caulescens C. B. Clarke, originaire de l'Himalaya et Mandragora turcomanica Mizg., originaire du Turkménistan.

Sommaire

Description

Son nom lui vient du grec mandra « étable », et agauros « nuisible ». Elle présente un important contraste entre la touffe et la racine. La plante, haute d'une trentaine de centimètres, dégage une odeur très forte. C'est une herbacée banale, à grandes feuilles ovales et molles, au limbe entier à bord sinueux, étalées en rosette sur le sol. Au Maroc pousse la variété Mandragora autumnalis dont les feuilles sont velues et ondulées.

Les fleurs, dont la corolle formée de cinq pétales soudés à la base est de couleur blanche verdâtre, bleutée ou pourpre suivant les variétés, apparaissent au printemps au centre de la touffe.

Elles donnent naissance à des baies jaunes ou rouges à maturité de trois à quatre centimètres de diamètre.

La racine, brune à l'extérieur, blanche à l'intérieur, est du type pivotant, souvent lignifiée et peut atteindre après plusieurs années des dimensions impressionnantes (jusqu'à 60 à 80 centimètres et plusieurs kilogrammes). Sa forme souvent anthropomorphe (ses ramifications lui donnant une vague apparence humaine, avec un tronc, des jambes et même - en étant imaginatif - une tête et un sexe), est à l'origine de nombreuses légendes. On parlait autrefois de racines « mâles » et « femelles » mais cela n'a aucun sens sur le plan botanique, les pieds étant tous monoïques et produisant tous des fruits. Les vieux sujets s'enfoncent profondément dans la terre (plus d'un mètre) d'où la difficulté de les arracher.

Distribution

La mandragore est originaire du bassin méditerranéen : Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie), Europe méridionale (Italie, Grèce, ex-Yougoslavie, Espagne, Portugal), et Moyen-Orient (Israël, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie).

Cette plante est devenue très rare, même dans son aire d'origine.

Culture

La mandragore demande pour se développer un sol profond, non pierreux, frais mais pas excessivement humide. Le sol doit être extrêmement riche, utilisez un compost de feuilles et de fumier très décomposé. L'exposition doit être ensoleillée.

Les semis se font en automne (prévoir des pots assez hauts), le substrat doit rester frais, et la germination, pas toujours facile, a lieu en mars l'année d'après. La plante rentre en repos en juin et juillet, toutes les feuilles disparaissent alors (il faut impérativement marquer l'emplacement des plantes dans le cas d'une plantation en pleine terre)

Un moyen efficace de faire germer les graines consiste à les placer dans le bac à légumes d'un réfrigérateur trois jours avant le semis. Cela permet aussi de les semer en début d'année avec pratiquement 100 % de germination.

Propriétés pharmacologiques

La Matière Médicale, le « Corpus Hippocraticum » comprend plus de 230 drogues : la mandragore y figure parmi les narcotiques (Mandragore, Jusquiame, Belladone, Opium) . elle figure aussi parmi les plantes citées par Théophraste. Elle sert d' anesthesique à l'époque de Pline. Flavius Josèphe l'appelle Baaras et explique que son odeur fait fuir les démons. [1].

La plante est riche en alcaloïdes délirogènes (environ 0,4 % d'alcaloïdes totaux) et autres composants nocifs. Ces substances parasympatholytiques entraînent notamment une mydriase et des hallucinations suivies d'une narcose. Il s'agit d'atropine, de scopolamine (premier sérum de vérité), et surtout d'hyosciamine. En théorie, ces molécules peuvent être à l'origine d'une intoxication mortelle.

Diverses présentations sont décrites pour l'utilisation de cette plante. Le suc est extrait de la tige, des feuilles ou du fruit ; la racine est débitée en rondelles et présentée sous forme d'alcoolat dans du vin de miel ; les fruits peuvent être consommés séchés.

De multiples vertus thérapeutiques lui sont attribuées. Par sa composition chimique, elle est notamment sédative, antispasmodique, anti-inflammatoire (en cataplasme), hypnotique et hallucinogène. Elle présenterait également des propriétés aphrodisiaques lui conférant une vertu fertilisante.

Les effets hallucinogènes remarquables de la plante, ainsi que la capacité qu'ont ses principes actifs de pouvoir aisément traverser la peau et de passer dans la circulation sanguine, explique certainement pourquoi les sorcières du Moyen Âge, qui s'enduisaient les muqueuses et les aisselles à l'aide d'un onguent à base de mandragore, entraient en transe. La plante était également utilisée par les guérisseuses, notamment pour faciliter les accouchements, mais aussi contre les morsures de vipère.

Ésotérisme

Mandragores mâle et femelle. Manuscrit Dioscurides neapolitanus, Biblioteca Nazionale di Napoli, début du VIIe siècle.

Cette racine humanisée, de nos jours peu courante (un mythe pour beaucoup), source d'envie mais aussi de crainte révérencieuse, fait l'objet, essentiellement au Moyen Âge (de l'Antiquité jusqu'à la Renaissance), d'un culte macabre, d'ailleurs interdit par l'Église.

Les Grecs la nommèrent « plante de Circé la magicienne ». Symbole de fécondité, elle pouvait aussi révéler l'avenir ou rendre riche son propriétaire et lui porter chance. Dans la traduction du Bestiaire d'Oxford (manuscrit du Moyen Âge), la mandragore serait « l'arbre de la connaissance » dont Adam et Ève mangèrent le fruit. Dans le trentième chapitre de la Genèse, il est fait mention de mandragores (ou pommes d'amour selon les traductions). Léa, la première épouse de Jacob, avait cessé d'enfanter. Ruben, leur fils aîné, rapporte à sa mère des mandragores. Rachel, sœur de Léa, seconde épouse et la préférée de Jacob, demande à sa sœur de les lui donner. Celle-ci n'accepte qu'en échange de passer la nuit avec Jacob, ce à quoi Rachel consent. Léa concevra cette nuit-là et donnera plus tard naissance à Issacar en disant: "Dieu m'a donné mon salaire" (Genèse 30:14-18).

Les précautions lors de la cueillette sont classiquement énoncées dans les écrits de Paracelse (1493-1541) dont il existe diverses variantes décrites, mais figurent dans des manuscrits plus anciens, tels que ceux de Josèphe (37 à 90) ou Théophraste. Pour se procurer la racine de mandragore si dangereuse, il fallait des rituels magiques. Celui qui arrache la mandragore sans précaution, s'il ne devient pas fou en entendant les hurlements de la plante, sera poursuivi par sa malédiction...

Arrachage d'une mandragore. Manuscrit Tacuinum Sanitatis, Bibliothèque nationale de Vienne, v. 1390.

Selon les divers écrits décrivant les rituels, on sait qu'ils se déroulaient les nuits de pleine lune. Les mandragores qui poussaient au pied des gibets étaient très prisées car on les disait fécondées par le sperme des pendus, leur apportant vitalité, mais celles des places de supplice ou de crémation faisaient aussi parfaitement l'affaire. Des « prêtres » traçaient avec un poignard rituel trois cercles autour de la mandragore et creusaient ensuite pour dégager la racine, le cérémonial étant accompagné de prières et litanies. Une jeune fille était placée à côté de la plante pour lui tenir compagnie. On passait également une corde autour de la racine et on attachait l'autre extrémité au cou d'un chien noir affamé que l'on excitait au son du cor. Les prêtres appelaient alors au loin le chien pour qu'en tirant sur la corde il arrache la plante. La plante émettait lors de l'arrachage un cri d'agonie insoutenable, tuant l'animal et l'homme non éloigné aux oreilles non bouchées de cire. La racine devenait magique après lavage, macération et maturation en linceul ; elle représentait l'ébauche de l'homme, « petit homme planté » ou homonculus. Ainsi choyée, elle restait éternellement fidèle à son maître et procurait à son possesseur, prospérité prodigieuse, abondance de biens, et fécondité. Elle était vendue très cher en raison du risque à la cueillette, et ce d'autant plus que la forme était humaine, de préférence sexuée par la présence de touffes judicieusement disposées.
La Mandragore est aussi utilisée dans certaines formes de Vaudou.

Bibliographie

  • La Mandragore magique Gustave le Rouge.

Notes et références

  1. Guerre de Juifs : Livre VI, chapitre VII.

Voir aussi

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