- Loge P2
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Propaganda Due
Propaganda Due (P2) est le nom d'une loge maçonnique italienne, interdite suite à sa découverte en 1981. Elle était dirigée par Licio Gelli.
Sommaire
Origines de la Loge P2
La loge P2 tire son nom d'une loge maçonnique créée en 1877 : la Loge Propaganda Massonica. Cette loge n'était pas vraiment secrète car des personnages éminents en faisaient partie comme Zanardelli, ministre de la Justice ou le poète Carducci. La « propagande » de cette loge consistait à diffuser les valeurs maçonniques (progrès, laïcité et liberté) à travers les institutions politiques et citoyennes.
Quand Mussolini interdit la franc-maçonnerie en 1925, les francs-maçons s'exilèrent en France [réf. nécessaire] . La loge Propaganda Massonica fut le pilier de la principale obédience italienne : le Grand Orient d'Italie. La loge « PM » fut donc un des symboles de la République italienne en exil. À la Libération, la loge « PM » initia des hommes qui, officiellement, représentaient l'opposition à la franc-maçonnerie : des communistes, des catholiques et des démocrates chrétiens. Ces hommes étaient attirés par le prestige historique de la franc-maçonnerie mais devaient entrer secrètement dans une loge pour ne pas risquer d'être rejetés par leur mouvement d'appartenance.
La loge « PM » commença à dévier de l'idéal maçonnique avec l'arrivée d'un certain Licio Gelli, qui en devint le secrétaire. Gelli servit le régime fasciste pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui encore, il est difficile d'expliquer ce qui a poussé la Maçonnerie italienne à accepter un tel homme. C'est donc en 1964 que Gelli fut initié, il entra à la loge « PM » quelques années plus tard. En 1975, Licio Gelli devint « vénérable » (c'est-à-dire président) de la loge « PM ». À partir de cette période, la loge fut rebaptisée Propaganda Massonica n°2 ou « P2 ». De 1971 à 1979, le parti communiste italien fut à son apogée en participant à la majorité gouvernementale. Gelli ne pouvait supporter cette situation et milita pour un retour à l'autorité avec des mesures comme le rétablissement de la peine de mort et la limitation du droit de grève dans la fonction publique. Il s'agissait du programme d'un seul homme et absolument pas celui du Grand Orient d'Italie. Les nombreux militaires, dirigeants d'entreprises, politiciens et journalistes qui demandèrent à rejoindre la loge de Gelli comprirent que la « P2 » ne proposait plus un programme maçonnique humaniste mais une philosophie ultra-conservatrice.
« L'affaire P2 »
Le 5 octobre 1980, Il Corriere della Sera publie une interview dans laquelle Gelli expose ses idées et tente de le présenter comme un projet de la franc-maçonnerie. Par cette erreur le Grand Orient d'Italie détient alors la preuve que Gelli avait trahi l'idéal maçonnique. Gelli fut donc exclu du Grand Orient en 1981.
En mai 1981, le gouvernement italien démissionne suite à la divulgation d'une liste : celle des membres de la loge P2 dans laquelle figurent de nombreuses personnalités politiques issues du parti au pouvoir (les démocrates chrétiens), mais aussi du Parti communiste.
Pertini, le Président de la République déclara qu'il licencierait tout employé du Quirinal s'il était maçon.
Aujourd'hui encore, la franc-maçonnerie italienne est considérée comme une « mafia » par un grand nombre d'Italiens. [réf. nécessaire]
Liens avec le régime péroniste en Argentine
Licio Gelli se vantait souvent de liens avec Juan Peron, le caudillo argentin [réf. nécessaire] . De fait, sur la liste des « piduistes » (membres de P2) découverte au début des années 1980, plusieurs membres de la junte de Jorge Videla y étaient cités, entre autres José Lopez Rega, le fondateur de la « Triple A » (« Alliance anticommuniste argentine »), responsable du massacre de l'aéroport d'Ezeiza, lorsque des snipers tirèrent sur la foule de jeunes péronistes de gauche, enclenchant la scission entre la gauche péroniste et la droite péroniste.
Hypothèses sur le rôle de la loge P2
La Loge P2 a été accusée d'avoir participé, aux côtés du réseau Gladio, à la « stratégie de la tension » visant à « empêcher, selon les termes d'un rapport parlementaire rédigé en 2000 par la coalition de l'Olivo, le Parti communiste italien et, dans une moindre mesure, le Parti Socialiste Italien d'accéder au pouvoir exécutif ».
La liste des membres de P2, découverte en 1981 dans une villa de Licio Gelli, comptait de nombreuses personnalités, dont l'intégralité des chefs des différents services secrets italiens (SISMI, etc.), des journalistes, des magistrats, le banquier Roberto Calvi, le mafieux Michele Sindona, José Lopez Rega, le fondateur argentin de la « Triple A » Raúl Alberto Lastiri, et Emilio Eduardo Massera qui participa à la junte de Jorge Rafael Videla.
La loge P2 fut évoquée dans les enquêtes portant sur une série d'affaires (exécutions de magistrats, attentat de la gare de Bologne en 1980, assassinat d'un journaliste). Le rôle de cette loge dans de très nombreuses affaires fait encore l'objet de spéculations souvent conspirationnistes, alimentées par les déclarations de Licio Gelli lui-même.
Certaines théories du complot sur la mort de Jean-Paul I rendent responsable la loge P2[1].
Statut réel par rapport à la franc-maçonnerie
En réalité, la loge P2 n'était pas une loge maçonnique. En effet, pour qu'une loge puisse pratiquer les valeurs qui sont celles de la franc-maçonnerie depuis le XVIIIe siècle (solidarité, tolérance, égalité), il est nécessaire qu'elle limite ses membres à une cinquantaine de frères ou de sœurs. Or la P2 enregistra plus de deux mille membres. De plus, pour que la fraternité lie les membres d'une loge, il faut que ceux-ci se côtoient régulièrement. Ce n'était pas le cas à la loge P2 dont les affiliés ne se connaissaient pas[2].
Enfin, la franc-maçonnerie étant une société initiatique, il est essentiel que chaque frère puisse recevoir l'initiation et l'instruction maçonnique. Tel ne fut pas le cas à la P2 puisque ses membres ne se réunissaient pas et qu'ils étaient « créés maçons » non dans un temple mais dans le bureau de Gelli.
Licio Gelli en s'autoproclamant « Grand-Maître de la loge P2 » s'était, de fait, détaché du Grand Orient d'Italie.
Voir aussi
Notes et références
- ↑ (it) « La banca vaticana e la loggia P2 » sur loggiap2.com.
- ↑ voir CDROM du Monde qui regroupe plusieurs articles à ce sujet au moteur de recherche « titre = loge P2 "
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