- Renseignement humain
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Le renseignement humain est un renseignement dont la source d'information est un individu, ou plus globalement une information dont la collecte provient d'interactions humaines.
Par extension, le renseignement humain désigne l'ensemble des activités de traitement de ce type d'information (collecte, évaluation, analyse, diffusion)
Le renseignement humain se distingue du renseignement technique (renseignement électromagnétique, renseignement image), et du renseignement de sources ouvertes.
Sommaire
Termes et définitions
Dans la doctrine militaire française, ce type de renseignement est désigné comme renseignement d'origine humaine (ROHUM). D'après cette définition, ce renseignement comprend deux formes :
- le renseignement d'origine humaine conversationnel (ROHUM-C), où un capteur humain interroge une source humaine
- le renseignement d'origine humaine de reconnaissance (ROHUM-R), où un capteur humain collecte l'information par observation de l'adversaire sans contact
Selon cette définition, il est plus juste de définir le ROHUM comme concernant le renseignement dont le capteur (et non la source) est un humain. Le terme anglo-saxon Human Intelligence (HUMINT) ne correspond qu'au ROHUM-C et non pas à la totalité du ROHUM[1].
Description
La théorisation du mode de recrutement et de traitement de sources humaines a d'abord conduit à identifier quatre « leviers », dit MICE :
- Money (argent) : acheter les renseignements,
- Ideology (idéologie) : profiter des convictions, notamment politiques, d'un individu,
- Compromise/Coercion (compromission/contrainte) : contraindre la personne (chantage, sexe, torture, etc.),
- Ego : exploiter les frustrations et la vanité des personnes.
Puis une description plus détaillée des ressorts qui peuvent conduire une source à communiquer les informations utiles a conduit à la typologie suivante, dite SANSOUCIS :
- Solitude
- Argent
- Nouveauté
- Sexe
- Orgueil
- Utilité
- Contrainte
- Idéologie
- Suffisance
Le KGB, et aujourd'hui les services russes, ont la réputation de privilégier la compromission/coercition en matière de renseignement humain.[réf. nécessaire]
Historique
Depuis la Seconde Guerre mondiale, la CIA s'appuyait beaucoup sur le renseignement électromagnétique (SIGINT), cela dans le but de minimiser les pertes humaines sur le terrain.[réf. nécessaire] Cependant, depuis la disparition de l'URSS et toute une série d'erreurs de renseignements survenues au cours des années 1990 et 2000 (les attentats du 11 septembre 2001 en tête), le HUMINT est redevenu prioritaire pour la CIA.
L'une des raisons invoquées est que certains agents du terrorisme mondial sont dispersés et qu'il est plutôt difficile de tracer un portrait de la situation en se fiant au SIGINT seulement. En effet, ces organisations échangent peu via les réseaux de télécommunications, privilégiant la transmission orale d'informations d'agent à agent, ne présentent pratiquement aucune base fixe, mais disposent d'hommes dans le monde entier, faisant fi des frontières.
Aux États-Unis, la collecte du renseignement d'origine humaine est principalement confiée à la CIA, la NSA étant chargée du renseignement d'origine électromagnétique et le National Reconnaissance Office et la National Geospatial-Intelligence Agency du renseignement image. Cette compartimentation de l'information et le manque de coopération entre les agences de renseignement (plus ou moins en concurrence) furent responsables de nombreuses erreurs stratégiques.
C'est pourquoi, la politique américaine a été revue pour intégrer chaque renseignement dans un ensemble plus vaste et recouper les différentes sources. Ainsi, les informations d'origine humaine (HUMINT) doivent recouper celles d'origine électromagnétique SIGINT, et de plus en plus celles obtenues en sources ouvertes. De plus, les informations obtenues par SIGINT doivent souvent être mises en contexte, ce que permet le HUMINT.
Notes et références
- Emmanuel Poucet, « Le renseignement de source humaine, espoirs et problèmes », dans Doctrine Tactique, no 9, juin 2006, p. 74-77 (ISSN 2105-0643) [texte intégral [[PDF]] (page consultée le 9 août 2010)]
Bibliographie
- Frédéric Caramello, Renseignement humain, Edition Lavauzelle, 2008, ISBN 978-2-7025-1087-2.
- Gerard Desmaretz, Le renseignement humain, Edition Chiron, 2004, ISBN 2-7027-0987-7.
- Dale Carnegie, Comment se faire des amis, Edition Hachette, 1938.
Voir aussi
Wikimedia Foundation. 2010.