Espionnage extérieur politique soviétique et russe

Espionnage extérieur politique soviétique et russe
Le badge commémoratif: 85 ans INO de la -Tché-Ka--Gué-Ou du KGB-SVR

Le service de lespionnage extérieur politique soviétique et russe existe administrativement depuis le printemps 1920 jusquà nos jours. Il se différencie de lespionnage extérieur militaire qui est considéré comme service rival. Lespionnage extérieur politique soviétique et russe est profondément idéologique et extrêmement corporatiste, dont lidéologie fondatrice est le tchéquisme bolchevik. Il rend un hommage particulier à Félix Dzerjinskison père créateur et idéologue initial.

Sommaire

Historique des noms et daffiliations de lespionnage politique soviétique et russe

Au cours de son existence le service de lespionnage politique extérieur soviétique et russe a changé son nom et allégeance à plusieurs reprises[1],[2].

Du printemps 1920 à février 1922

Fondateur de la Tchéka

Selon le mythe des tchékistes, le 20 décembre 1920 a été créé le Département étranger (INO) de la -Tché-Ka (du russe "Commission Panrusse Extraordinaire" celle-ci ayant été fondée en décembre 1917 pour lutter contre la résistance "bourgeoise" à la Révolution dOctobre) près le Soviet des commissaires du peuple (SNK) – gouvernement de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR).

Les opérations à caractère d'espionnage ont déjà été pratiquées par la Tchéka, mais la création officielle de lINO a donné à lespionnage politique au sein de la -Tché-Ka de Félix Dzerjinski une existence administrative.

En vérité lINO a été créé non pas le 20 décembre 1920, mais dès le printemps 1920[3], dabord au sein du Département spécial de la -Tché-Ka. En été 1920 il fonctionnait déjà, mais son travail était jugé insuffisant par le Politburo (décision du septembre 1920). Une réorganisation a commencé dès septembre. Une commission a été créée pour cela. Le 12 décembre 1920 Dzerjinski signe le premier ordre de réorganisation. Cest la date de son deuxième ordre n°169 du 20 décembre 1920 que les mythologues tchékistes ont retenu comme le jour de naissance de lespionnage politique soviétique.

En décembre 1920 Iyakov Davtian est reconduit dans ses fonctions du chef de lINO. En même temps, sous le nom de Davydov, il occupe le poste du chef du Département des pays baltes au Commissariat populaire des affaires étrangères de la RSFSR (en 1938 il sera fusillé comme ennemi du peuple)[4].

En dirigeant lINO encore quelques semaines, Davtian va réorganiser les structures administratives et opérationnelles de lINO, réassigner les personnels et faire adopter les nouveaux documents secrets normatifs donnant une nouvelle base juridique bolchevique aux activités dites « despionnage politique » en RFSFR.

Après le départ de Davtian du poste du chef de lINO, encore deux personnes vont se succéder restant quelques mois chacune.

Les tâches de lINO ne sont pas celles dun service despionnage. Le Département étranger (INO) de la -Tché-Ka a pour mission le renforcement de lactivité de renseignement hors des frontières du pays, principalement visant lémigration russe qui comploterait de l'étranger contre le nouveau pouvoir bolchevik et voudrait la restauration monarchique, ainsi que contre « limpérialisme mondial » qui voudrait asphyxier la Russie communiste. LINO commence alors à mettre en place dans certains pays étrangers les premiers réseaux de renseignement organisés professionnellement. Il joue également le rôle de la police secrète politique contre ses propres membres.

Assez longtemps lINO reste une petite structure sans importance, plutôt technique. En 1920 il compte une trentaine de personnes parmi ses personnels. Lannée suivante ses effectifs sont doublés, principalement pour renforcer la présence opérationnelle dans les premières antennes à létranger. Mais à lépoque les effectifs de ladministration centrale de la -Tché-Ka (Gué--Ou) excèdent les 2200 personnes, se sont quelque 70 officiers qui font leur service à lINO.

De février 1922 à novembre 1923

Le 6 février 1922 le Département étranger (INO) est placé sous lautorité de la Direction politique dÉtat (Gué--Ou) - une nouvelle structure administrative qui remplace la Tcheka au sein du NKVD de la RSFSR.

Celui qui va diriger lINO assez longtemps - de mai 1922 à octobre 1929 - est Mikhaïl Trillisser (en 1938, lui aussi, sera fusillé comme ennemi du peuple)[5].

De novembre 1923 à juin 1934

Le 2 novembre 1922 le Département étranger (INO) est placé sous lautorité de la Direction générale politique dÉtat (O-Gué--Ou) près le Soviet des commissaires du peuple (SNK) – gouvernement de lURSS.

A partir de 1926 le chef de lINO est le Directeur général adjoint de lO-Gué--Ou.

De juin 1934 à décembre 1936

Le 10 juillet le Département étranger (INO) est placé sous lautorité de la Direction générale de la sécurité dÉtat (GUGB) du NKVD de lURSS.

Le chef de lINO pendant cette période Arthur Frautchi (dit Artousov) remplit également les responsabilités du chef adjoint de la Direction des renseignements de lArmée rouge - de lespionnage soviétique militaire) [6].

En 1936-1939, à lépoque des grandes purges, 7 personnes vont se succéder à la tête de lespionnage politique extérieur soviétique. Seulement deux parmi elles vont mourir dune mort naturelle, les 5 autres seront fusillées ou empoisonnées, immédiatement ou après une détention plus ou moins longue[7].

De décembre 1936 à juillet 1938

Le 25 décembre 1936 le Département étranger (INO) est baptisé le 7e Département de la Direction générale de la sécurité dÉtat (GUGB) du NKVD de lURSS.

De juin à septembre 1938

Le 9 juin 1938 la Direction générale de la sécurité dÉtat (GUGB) est rebaptisée la Première direction et son ancien 7e Département devient le 5e Département de la Première direction du NKVD de lURSS.

De septembre 1938 à février 1941

Le 29 septembre 1938 la Première direction redevient la Direction générale de la sécurité dÉtat (GUGB) mais le 5e Département ne change plus de numéro en devenant le 5e Département de la Direction générale de la sécurité dÉtat (GUGB) du NKVD de lURSS.

En 1939 pratiquement tout le personnel opérationnel et/ou dirigeant du 5e Département de la GUGB du NKVD de lURSS est fusillé, sinon arrêté. Pour remplacer durgence le personnel manquant, on va créer lÉcole à destination spéciale (en russe : Школа особого назначения qui par la suite deviendra lÉcole n°101, puis lInstitut du KGB décoré du Drapeau rouge et enfin lAcadémie des renseignements extérieurs du SVR actuel).

Une seule personne ne va jamais être arrêtée à cette époque trouble cest Pavel Fitine qui dirigera lespionnage politique soviétique de 1939 à 1946 et qui, à son tour, sera seulement limogé, mais réussira à rester en vie et à devenir après 1951 un petit fonctionnaire civil sans histoires[8].

De février à juillet 1941

Le 26 février 1941 la Direction générale de la sécurité dÉtat (GUGB) du NKVD de lURSS donne naissance au nouveau Commissariat populaire de la sécurité dÉtat (NKGB) de lURSS et son ancien 5e Département devient la Première direction chargée de lespionnage politique extérieur.

De juillet 1941 à avril 1943

Le 31 juillet 1941 les unités tchékistes du Commissariat populaire de la sécurité dÉtat (NKGB) réintègrent le NKVD de lURSS. Lancienne Première direction du NKGB prend sa place au sein du NKVD comme première direction chargée de lespionnage politique extérieur.

Davril 1943 à mai 1946

Le 14 avril 1943 les directions de sécurité dÉtat du NKVD de lURSS retrouvent leur autonomie administrative et redeviennent un organisme à part - le Commissariat populaire de la sécurité dÉtat (NKGB) de lURSS avec la Première direction chargée de lespionnage politique extérieur.

De mars (ou mai) 1946 à mai 1947

Le 4 mai (ou mars) 1946 sur la base de lancien Commissariat populaire de la sécurité dÉtat (NKGB) de lURSS est créé le nouveau Ministère de la sécurité dÉtat de lURSS et lespionnage politique passe à sa Première direction générale (-Gué-Ou) (ou à se Première direction tout cour, selon dautres sources).

De mai 1947 à février 1949

Le 30 mai 1947 lespionnage extérieur politique (-Gué-Ou du MGB de lURSS) et lespionnage extérieur militaire (Direction générale des renseignements de lÉtat-major des Forces armées de lURSS) sont réunis au sein du Comité n°4 (Comité dinformation) près le Conseil des ministres de lURSS.

En décembre 1948 lespionnage extérieur militaire est séparé du Comité dinformation près le Conseil des ministres de lURSS et réintègre lÉtat-major des forces armées de lURSS.

De février 1949 à novembre 1951

En février 1949 le Comité dinformation, qui ne pratique depuis décembre 1948 que lespionnage extérieur politique, quitte la tutelle du Conseil des ministres de lURSS et se voit placé sous la tutelle du Ministère des affaires étrangères (MID) de lURSS.

De novembre 1951 à mars 1953

Le 2 novembre 1951 les unités de lespionnage politique extérieur quittent administrativement le sein du Comité dinformation près le Ministère des affaires étrangères de lURSS et redeviennent la Première direction générale (-Gué-Ou) du Ministère de la sécurité dÉtat (MGB) de lURSS.

Par la même occasion, le Comité dinformation du MID de lURSS cesse dêtre un service despionnage et par la suite, en 1958, est rebaptisé la Direction de linformation politique extérieure du MID de lURSS.

De mars 1953 à mars 1954

Lors de la courte période transitoire après la mort de Staline à partir du 5 mars 1953, lespionnage politique tchékiste provisoirement devient la deuxième direction générale (-Gué-Ou) du nouveau super ministère de lintérieur de lURSS agrandi par la fusion des MVD et MGB anciens.

De mars 1954 à juillet 1978

Le 13 mars 1954 sur la base de toutes les unités opérationnelles et techniques tchékistes du MVD a été créé un organisme administratif à part - le Comité de sécurité dÉtat (le fameux KGB) auprès du Conseil des ministres de lURSS.

Lancien premier adjoint du ministre de lintérieur (MVD) de lURSS, le général-colonel Ivan Sérov devient le premier président de la corporation professionnelle tchékiste placée sous le strict contrôle idéologique du Comité central du PCUS dirigé par son nouveau premier secrétaire Nikita Khrouchtchev.

Par l'ordre du 18 mars 1954 du président du KGB nouvellement créé, lespionnage extérieur politique devient la Première direction générale (-Gué-Ou) du KGB près le Conseil des ministres de lURSS au sein de laquelle il va rester pendant 37,5 ans jusquen octobre 1991[9].

Le premier chef de la -Gué-Ou est Alexandre Panuchkine - un des hauts dirigeants de la -Gué-Ou du MVD[10],[11] qui sest fait remarqué par la plus haute hiérarchie du Kremlin encore dans la période des grands nettoyages de 1938-1939 il avait dirigé le troisième département spécial de la Direction générale de la sécurité dÉtat (GUGB) du NKVD de lURSS chargé des opérations secrètes, dont les filatures et arrestations des "ennemis du peuple". Ensuite il a été le Rézidiente et ambassadeur en Chine et aux États-Unis à lépoque la diplomatie et lespionnage soviétiques ne faisaient quun. Après la Deuxième Guerre mondiale Panuchkine était déjà un des grands patrons de lespionnage extérieur soviétique qui sappelait le Comité dinformation (près le Conseil des ministres et ensuite près le Ministère des affaires étrangères de lURSS).

Alexandre Panuchkine nest resté à la tête de la -Gué-Ou quune année. Lorsqu'il est devenu haut fonctionnaire dans lappareil du Comité central du Parti communiste, cétait son premier adjoint, un autre espion professionnel, le général Alexandre Sakharovskiy qui a été dabord pendant un an chef par intérim puis, en 1956, prend définitivement la direction de lespionnage politique. Sakharovsky va rester 16 ans en tout à la tête de la -Gué-Ou du KGB[12],[13].

De juillet 1978 à octobre 1991

Devenu plus puissant sous limpulsion de Youri Andropov, ancien haut fonctionnaire du Parti nommé son président en 1968, le KGB change radicalement de statut le 5 juillet 1978. Il est libéré de la tutelle du Conseil des ministres de lURSS et devient le KGB de lURSSespèce dun super ministère indépendant, dont le Président est membre de droit du Politburo du Comité central du PCUS.

Par la même occasion, grandit le statut de lespionnage politique au sein de la Première direction générale (-Gué-Ou) du KGB de lURSS dont le chef depuis 1974 Vladimir Krioutchkov devient à partir du novembre 1978 ladjoint (de droit) du Président du KGB de lURSS. Krioutchkov est resté à la tête de la -Gué-Ou pendant 14 ans pour sasseoir à son tour en 1988 dans le fauteuil du Président du KGB et membre du Politburo ayant appartenu à son ancien patron Youri Andropov[14],[15]

Une pâle mais fidèle ombre dAndropov, ne voulant pas de concurrents et espérant mettre fin à linfluence corporatiste des anciens espions émérites de la guerre froide, Vladimir Krioutchkov qui en quittant la direction de Première direction générale (-Gué-Ou) du KGB de lURSS avait le rang militaire de général darmée, hésite pendant un an avant de mettre comme son remplaçant à Iassénévo Léonid Chebarchine, à lépoquesimple général-major. Lidée de Krioutchkov est primitive : le nouveau patron de lespionnage du KGB sera à sa botte car il na pas assez de carrure pour faire de lombre même à une ombre lamentable dAndropov, doit tout à son bienfaiteur et na aucun savoir-faire des intrigues du Kremlin[16],[17]

De toute façon, les jours de lancienne Union soviétique sont déjà comptés et avec elledu KGB et de son espionnage politique, pense-t-on à lépoque. Comme suite au Putsch de Moscou daoût 1991, coup d'État manqué à la fin de la pérestroïka en URSS, le renseignement extérieur (espionnage) politique de l'Union soviétique cesse dêtre une constituante administrative du KGB.

Doctobre à décembre 1991

Un homme de lextérieur, Vadim Bakatine est nommé à la tête du KGB par le président de lURSS Mikhaïl Gorbatchev dans un seul et unique butcasser définitivement la machine monstrueuse tchékiste en la faisant éclater en morceaux.

Le liquidateur du KGB propose Ievgueni Primakov, un civil, l'académicien arabisant, le président de la chambre haute du parlement de lURSS et candidat aux membres du Politburo[18] à la tête de la -Gué-Ou afin de casser à son tour la corporation fermée des espions.

Le 24 octobre 1991 la -Gué-Ou est administrativement séparée du KGB et devient un organisme autonome qui est baptisé le Service central de renseignement de l'URSS.

Par la loi de lURSS du 3 décembre 1991 le Service central de renseignement de l'URSS est rebaptisé le Service inter républicain des renseignements.

De décembre 1991 à la période actuelle

Boris Eltsine, premier président de la Fédération de Russie post soviétique et fondateur du SVR actuel

Boris Eltsine, Stanislaw Chouchkievitch et Leonid Kravtchouk, présidents des républiques de Russie, de Biélorussie et dUkraine, se regroupent près de Minsk et, constatant que le temps de lUnion des républiques socialistes soviétiques (URSS) est terminé, dénoncent le traité de lUnion datant de 1921 et donne naissance à la Communauté des États indépendants (CEI).

Suite à cette dissolution de lURSS le président de la RSFSR Boris Eltsine par son Oukase n°293 du 18 décembre 1991 crée officiellement le Service des renseignements extérieurs de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR).

Par son Oukase n°316 du 26.12.1991 Boris Eltsine nomme Yevguéniy Primakov comme le premier directeur du SVR post-soviétique qui en espace d'une semaine devait présenter au président ses propositions en ce qui concerne les statuts du service nouvellement créé, sa structure et ses effectifs.

Par loukase n°15 du 13.01.1992 a été nommée la première équipe dirigeante du SVR nouvellement créé qui se composait dun premier adjoint du directeur et de 5 adjoints.

Selon la vision officielle du SVR actuel[19], le 18 décembre 1991 Boris Eltsine n'a pas créé un nouveau service spécial de la RSFSR, mais tout simplement le Service central de renseignement de l'URSS a été rebaptisé en SVR de Russie.

Le SVR de la RSFSR a été ensuite réorganisé et rebaptisé encore à plusieurs reprises : en juillet 1992 en Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie, le 30 septembre 1992en Service fédéral des renseignements extérieurs de Russie[20], le 7 octobre 1992en SVR auprès du Président de Russie[21], et ensuite en Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie (service fédéral) sous sa forme actuelle.

Idéologie

Lespionnage extérieur politique soviétique et russe est profondément idéologique et extrêmement corporatiste, dont lidéologie fondatrice est le tchéquisme bolchevik. Il rend un hommage particulier à Félix Dzerjinskison père créateur et idéologue initial.

La fameuse Tchéka (du russe « Commission Extraordinaire ») et ces successeurs staliniens Guépéou-NKVD-MGB sont accusés de crimes contre les millions de citoyens soviétiques et étrangers[22].

Le SVR russe actuel proclame avec fierté et dune manière parfaitement officielle son hérédité directe et immuable des services spéciaux communistes, dont le KGB)[23].

Le président Vladimir Poutine a considéré que le SVR russe était lun des services secrets les plus efficaces au monde et il sest enorgueilli davoir associé une partie de sa vie au KGB. « Le SVR, tout comme son prédécesseur le service de renseignement soviétique, est lun des services secrets les plus performants au monde. Il est respecté par ses amis et aussi ses ennemis », a-t-il dit dans lallocution quil a prononcée à lassemblée solennelle consacrée au 85ème anniversaire du SVR le 20.12.2005 au QG de Iassénévo. Vladimir Poutine a estimé quun grand mérite revient aux générations précédentes des éléments opérationnels de renseignement et aux vétérans daujourdhui.

« Je voudrais leur adresser des paroles de reconnaissance, les saluer chaleureusement et leur souhaiter bonne santé et vigueur morale », a dit Vladimir Poutine. « Je suis fier quune partie de ma vie ait été liée au renseignement, aux gens remarquables, aux véritables professionnels qui travaillent dans ce département ». Le président a relevé que depuis la création du service étranger de la -Tché-Ka (Commission extraordinaire panrusse) ses employés ont invariablement et honorablement œuvré à la consolidation du pays, au renforcement de sa sécurité et de sa puissance. En prononçant ces paroles, M. Poutine a pu heurter les opposants au régime officiel de l'URSS qui ont été victimes autrefois.

Beria avec Staline et la fille de celui-ci, Svetlana

Les dirigeants actuels russes tentent de passer l'activité d'espionnage politique soviétique, somme toute, pour une simple tâche administrativement technique en occultant son caractère hautement idéologique d'autrefois. La vérité historique, qui est souvent oubliée dans la Russie d'aujourd'hui, est que le service de renseignement extérieur soviétique était considéré comme «le bras armé du Parti communiste de l'URSS et le détachement militaire d'avant-garde de la lutte mondiale du PCUS contre l'impérialisme international jusquà la victoire universelle du communisme».

Il est donc assez compréhensible de noter que ces déclarations ne se font plus dans un sens idéologique, puisque l'idéologie du communisme international est pratiquement morte et que la Russie d'aujourd'hui semblerait lui avoir tourné le dos ; mais il serait kafkaïen de se réclamer de lhéritage bolchevik. Il est évident que si la Fédération de Russie ne pourrait se passer d'un service d'espionnage, encore faut-il lui donner un nouveau départ. Mais se positionner officiellement comme l'héritier de la Tchéka et accrocher les portraits de Félix Dzerjinski sur les murs des bureaux du Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie peut difficilement être considéré comme une rupture idéologique avec le passé controversé de Tchéka-Guépéou-NKVD-MGB-KGB.

Comme suite au Putsch de Moscou daoût 1991, coup d'État manqué à la fin de la pérestroïka en URSS, le renseignement extérieur (espionnage) politique de l'Union soviétique cesse dêtre une constituante administrative du KGB.

Un homme de lextérieur, Vadim Bakatine est nommé à la tête du KGB par le président de lURSS Mikhaïl Gorbatchev dans un seul et unique butcasser définitivement la machine monstrueuse tchékiste en la faisant éclater en morceaux. Le liquidateur du KGB propose un civil, académicien arabisant, président de la chambre haute du parlement de lURSS et candidat aux membres du Politburo Ievgueni Primakov à la tête de la Première direction générale du KGB afin de casser à son tour la corporation fermée des espions.

Contrairement aux ordres reçus de Gorbatchev, le nouveau directeur civil du SVR non seulement ne casse pas la corporation tchékiste de lespionnage, mais la préserve autant que possible, la renforce et lui donne une impulsion quelle na pas connue depuis le bon vieux temps de Youri Andropov.

Références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

En français

  • Christopher Andrew, Oleg Gordievsky, Le KGB dans le monde, 1917-1990 (KGB: The Inside Story), Fayard, 1990. (ISBN 2213026009)
  • Christopher Andrew, Vassili Mitrokhine, Le KGB contre l'Ouest : 1917-1991 , Fayard , 2000. ISBN : 2213607443
  • John Barron, Enquête sur le KGB, Fayard, 1984.
  • Hélène Blanc, KGB Connexion : Le système Poutine, Hors Commerce, 2004. ISBN : 2915286159
  • Brian Freemantle, Le KGB, 1986. ISBN : 2259014348
  • Jean-Louis Loubet del Bayle, Police et politique. Une approche sociologique, L'Harmattan, 2006.
  • Roumiana Ougartchinska, KGB & Cie à l'assaut de l'Europe, Éditions Anne Carrére, 2005. ISBN : 2843372887
  • Nadine Marie-Schwartzenberg, Le KGB, PUF, Que sais-je ? n°2757, 1993.
  • Ronald Seth, SMERSH, Stock, 1970.
  • Thierry Wolton, Le KGB en France, Editions Grasset, 1986.
  • Kim Philby, Ma guerre silencieuse, Editions Robert Laffont, 1968. Les mémoires du célèbre agent double (MI6-KGB).

En anglais

  • Christopher Andrew, Oleg Gordievsky, Instructions from the Centre: Top Secret Files on KGB Foreign Operations, 1975-85, Hodder & Stoughton, 1991 (ISBN 0-340-56650-7)
  • Christopher Andrew, Oleg Gordievsky, More Instructions from the Centre: Top Secret Files on KGB Foreign Operations, 1975-85, Frank Cass Publishers, 1992 (ISBN 0-7146-3475-1)
  • Oleg Gordievsky, Next Stop Execution (autobiographie), Londres, Macmillan, 1995 (ISBN 0-333-62086-0)
  • Jakob Andersen, Oleg Gordievsky, De Røde Spioner - KGB's operationer i Danmark fra Stalin til Jeltsin, fra Stauning til Nyrup, Copenhagen, Høst & Søn, 2002. (ISBN 8-7142-9856-2)

En russe

  • Le recueil Les Essais sur lhistoire du renseignement extérieur russe en 6 volumes, ISBN 5-7133-0859-6 (общ.), ISBN 5-7133-1000-0 (т.1-6), Editions "Relations internationales".
  • Алексушин Г. В. "История правоохранительных органов", Самара, Издательство АНО «ИА ВВС» и АНО «Ретроспектива», 2005.
  • Рыбников В. В., Алексушин Г. В. "История правоохранительных органов Отечества. Учебное пособие для вузов", М., Издательство «Щит-М», 2007, ISBN 978-5-93004-254-2
  • Север А., "История КГБ", М., издательство "Алгоритм", 2008, 336 pages, série "Щит и меч. К 90-летию ВЧК", ISBN 978-5-9265-0545-7, tirage 5 mille ex.
  • Север А., "Спецназ КГБ. Гриф секретности снят!", M., издательство "Яуза Эксмо", 2008, 800 pages, ISBN 978-5-699-30397-7, tirage 5 mille ex.
  • А. Н. Яковлев, "Лубянка. Органы ВЧК-ОГПУ-НКГБ-МГБ-МВД-КГБ. 19171991", Справочник. М., 2003


En allemand

Liens externes


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