Jacques Le Majeur

Jacques Le Majeur

Jacques de Zébédée

Statue de Jacques de Zébédée dans la cour de l'Hôpital Saint-Jacques de Besançon.
Peinture de Saint Jacques par Albrecht Dürer en 1516
Peinture de Saint Jacques publiée par Rembrandt en 1661.
À l'intérieur de la Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, meuble de culte à Jacques de Zébédée.

Jacques de Zébédée ou Jacques le Majeur ou Saint Jacques est l'un des douze apôtres de Jésus Christ. Il est nommé « Jacques, fils de Zébédée » dans le Nouveau Testament

Sommaire

Biographie

Fils de Marie Salomé. Saint Jacques est appelé le Majeur : cette épithète lui venant de sa qualité d'aîné, car il est le frère aîné de l'apôtre Jean, et tous deux sont surnommés Boanerges, c'est-à-dire « fils du tonnerre » (Mc 3. 17). Cela permet aussi de le distinguer de l'autre apôtre « Jacques, fils d'Alphée ».

Saint Jacques est l'un des tout premiers disciples à suivre Jésus, et il est un de ses plus proches. Il participe, avec Pierre et Jean, à des événements importants : la Transfiguration, l'agonie de Jésus au Mont des Oliviers. Ce même groupe de trois apôtres est le seul à le suivre lorsqu'il va ressusciter la fille du chef de la synagogue. Enfin Jacques est cité parmi les témoins de la troisième apparition de Jésus après sa mort, sur les bords du lac de Tibériade (épisode de la pêche miraculeuse rapporté par saint Jean).

Jacques est le seul apôtre dont la mort est rapportée dans le Nouveau Testament : « Il (Hérode) fit périr par le glaive Jacques, frère de Jean. » (Actes, XII:2)

Il est fêté le 25 juillet

Il y a trois personnages nommés Jacques dans le Nouveau Testament:

Il faut y ajouter le Jacques, rédacteur de l'Épître de Jacques qui selon l'exégèse contemporaine n'est aucun de ces trois (ce pourrait être un anonyme avec un prénom d'emprunt). Mais pour la Chrétienté médiévale et pour Compostelle en particulier, il n'y avait qu'un seul Jacques, apôtre et rédacteur de l'Epître.

Saint Jacques et l'Espagne

Selon la tradition chrétienne, le tombeau de saint Jacques reposerait en Galice, dans la ville de Compostelle, mais les historiens considèrent qu'il n'y a pas de preuves pour avancer une telle affirmation.

Toujours est-il que la tradition fait voyager les reliques de saint Jacques le Majeur en Espagne où elles furent retrouvées à Compostelle. D'après les récits, saint Jacques partit du Proche-Orient prêcher dans la péninsule Ibérique ainsi sous entendues les rives africaines, Maurétanie, Numidie, Carthage, puis retourna à Jérusalem où il fut décapité. Ses compagnons transportèrent ses reliques en Galice et le tombeau aurait été retrouvé quelques centaines d'années plus tard, au IXe siècle par l'ermite Pelayo (ou Pelagius) qui eut une révélation dans son sommeil. Théodomir, évêque d'Iria Flavia (aujourd'hui une paroisse rurale près de Padrón) reconnut ce tombeau comme étant celui de saint Jacques au IXe siècle. Le roi Alphonse II y fit édifier une église. Le pape Léon XIII officialisa la reconnaissance du tombeau de saint Jacques par l'Église en 1884.

L’apôtre saint Jacques, jusqu’aux confins de la Terre selon saint Isidore de Séville.

Dans le De Ortu et Obitu Sanctorum Patrum, Isidore de Séville écrit : « Jacques, fils de Zébédée et frère de Jean [...] prêcha l'Évangile en Hispanie, dans les régions occidentales, et diffusa la lumière de sa prédication aux confins de la Terre. Il succomba sous le coup de l'épée du tétrarque Hérode. Il fut enseveli à Achaia Marmarica. … »

C'est à cette époque (vers 650) que commence à circuler une traduction latine des catalogues apostoliques grecs qui présente comme particularité remarquable de faire prêcher à Jacques l'Evangile « en Espagne et dans les régions de l'Occident» (au lieu de Jérusalem). Comme lieu de sépulture, le texte latin nomme uniquement la Marmarique.

L'ouvrage le plus ancien qui contienne ce texte est le Brevarium apostolarum, « l’abrégé » ou « bréviaire des Apôtres. »

Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle devint l'un des plus importants au Moyen Âge. De nombreux chemins menaient à Compostelle depuis toute l'Europe occidentale, jalonnés d'hospices dédiés au saint. Les pèlerins avaient pour coutume de rapporter comme témoignage de leur voyage des coquilles de pectens, qu'ils fixaient à leur manteau ou à leur chapeau, d'où le nom de coquilles Saint-Jacques donné par la suite à ces mollusques. Aujourd'hui encore, des dizaines de milliers de pèlerins continuent de se rendre à Compostelle chaque année.

Lors de la Reconquista, saint Jacques serait apparu miraculeusement et serait intervenu aux côtés des chrétiens et aurait reçu pour cette raison le surnom de Matamoros, « tueur de Maures ».

Un ordre militaire lui a été dédié, l'ordre de Santiago (Santiago qui est la contraction de Sant et Iago et qui peut se traduire par saint Jacques).

Santiago Matamoros

Peinture montrant Saint Jacques combattant les Maures. Elle a été réalisée par un membre de l'École de Cuzco.

Saint Jacques, réputé être le plus « bouillant » des apôtres du Christ, est souvent représenté en Espagne sous l'aspect du matamore, c'est-à-dire le « tueur de Maures ». Sa statue le montre alors monté sur un cheval blanc, frappant de son épée un ou plusieurs guerriers musulmans.

Cette figure de saint Jacques Matamore date de la bataille de Clavijo, qui opposa en 844 le roi des Asturies Ramiro Ier à l'émir de Cordoue Abd el Rahman II.

L'histoire raconte que, au plus fort de la mêlée, apparut un cavalier chevauchant un blanc destrier, portant un étendard blanc frappé d'une croix rouge, qui fendit littéralement de son épée les Maures qu'il trouvait sur son passage. Toujours selon cette histoire, la fougueuse apparition donna l'avantage aux combattants chrétiens, qui reconnurent en elle saint Jacques.

On voit dans cet épisode légendaire l'origine du fameux cri de guerre « ¡Santiago, cierra España! », équivalent Espagnol du « Montjoie, saint Denis ! » Français ou du « Prény, Prény » Lorrain...

Saint Jacques allait être durant toute la Reconquista le symbole et le saint patron de la lutte contre l'Infidèle. Un ordre de moines guerriers, les chevaliers de Santiago, allait même porter son nom.

La statue de saint Jacques Matamore a récemment fait l'objet d'une polémique concernant un éventuel retrait de la nef de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle et un transfert au musée attenant. La commission culturelle du sanctuaire voulait éviter de « risquer de heurter la sensibilité d'autres groupes religieux ».

Le terme matamores, dont la racine espagnole est matamoros, est porteur de racisme. En effet, lors de la reconquista, l'acte d'élimination des maures (maghrébins) était grandement valorisé, et par la suite, dans le théâtre, notamment espagnol, le personnage participait à la dévalorisation des maghrébins. Ces sentiments étaient réciproques et se retrouvent à toutes les époques lors des guerres (par exemple, en France, il y avait des chansons populaires ouvertement germanophobes pendant la Belle Epoque).

Représentations et symboles

L'apôtre est souvent représenté en trois façons :

  • en majesté, assis : c'est la figure auréolée du saint qui trône sur le maître autel de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle ;
  • en pèlerin, debout : à partir du XIIIe siècle, sous l’influence du pèlerinage de Compostelle, il porte la tenue traditionnelle du jacquet, avec le bourdon (bâton de pèlerin), la besace, la calebasse (gourde), le mantelet (grande cape) et le chapeau de feutre à larges bords orné d'une coquille Saint-Jacques. Cependant, si cette représentation inclut un chien, il s'agit non de saint Jacques mais de saint Roch.
  • en tueur de maures, armé d'une épée sur un cheval blanc.

Les symboles qui le représentent et qui permettent de le reconnaître sur les peintures et les sculptures :

Bibliographie

  • Denise Péricard-Méa, Compostelle et cultes de saint Jacques au Moyen Age, PUF, Paris, 2002 (ISBN 9-782130-5108-26) 
  • Bernard Gicquel, La Légende de Compostelle, Le Livre de Jacques, Tallandier, Paris, 2003 (ISBN 9-782847-3402-97) 
  • Denise Péricard-Méa, Brève histoire du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, Gavaudun, PUF, 2003 (ISBN 9-782910-6853-31) 
  • Denise Péricard-Méa, Les Routes de Compostelle, Gisserot, Paris, 2002 (réimpr. 2006) (ISBN 9 782877 476720) 
  • Louis Mollaret et Denise Péricard-Méa, Dictionnaire de saint Jacques et Compostelle, Gisserot, Paris, 2006 (ISBN 9-782877-4788-47) 
  • Père Georges Berson, Avec saint Jacques à Compostelle (ISBN 2-220-05603-1)
  • Ferdinand Soler, Guide pratique du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle (ISBN 2-84454-334-0)

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

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