Hyperinflation de la République de Weimar

Hyperinflation de la République de Weimar

L'hyperinflation de la République de Weimar est une période d'hyperinflation qui a sévi en Allemagne en 1923.

Sommaire

« L'Allemagne paiera...»

Livraisons allemandes à la France (1920).

Signé le 28 juin 1919, le traité de Versailles sanctionne durement l'Allemagne afin de la contraindre à participer à la reconstruction des pays qu'elle avait envahis. Georges Clemenceau se présenta clairement dans une logique revancharde selon laquelle « le Boche doit payer ». Les pays vainqueurs évaluent ainsi la dette allemande à 132 milliards de marks-or de 1914, dont 52% versés au seul profit de la France, alors que la richesse du pays n'atteint que 3 milliards de marks[réf. nécessaire].

L'économiste John Maynard Keynes, membre de la délégation britannique, préconise quant à lui la somme de 20 milliards de marks-or. Sa proposition ayant été refusée, il critique cette position dans un ouvrage prophétique, Les Conséquences économiques de la paix. Il y écrit ainsi : « Si nous cherchons délibérément à appauvrir, j'ose prédire que la vengeance sera terrible. », ce que confirmera la montée de l'extrémisme nationaliste allemand et le succès du mouvement nazi.

En France, persuadé que l’Allemagne paiera les dommages de guerre, le gouvernement ne juge pas nécessaire d'augmenter les impôts pour rembourser la dette nationale. La dette publique française atteint ainsi 279 milliards de francs en 1924. L'état décide de créer de la monnaie pour permettre la croissance économique du pays et ainsi reconstruire plus aisément la France. Dès lors, en 1926, les prix sont 8,5 fois plus élevés qu'en 1914.

L'inflation allemande, un phénomène de longue date

Selon l'historien Alfred Wahl, l'inflation était significative en Allemagne dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale ; elle a pris un tournant décisif en 1916. Toutefois, jusqu'à la fin 1922, l'économie allemande reste forte (plein emploi, croissance, hausse des salaires)[1], une situation qui contraste avec celle des pays voisins, où sévit une crise économique sérieuse en 1920-1921. L’Allemagne parvient tant bien que mal à redresser ses finances ; cependant les entreprises et les ménages détiennent une quantité de monnaie supérieure au total de la production du marché. Ce déséquilibre entre l'offre et la demande s'aggrave encore quand les acteurs économiques apprennent le montant de la dette et cherchent à dépenser le plus vite possible leur monnaie.

Le Ruhrkampf

Soldats français lors de l'occupation de la Ruhr.
Article détaillé : Occupation de la Ruhr.

Composé le 22 novembre 1922, le cabinet du nouveau chancelier du Reich Wilhelm Cuno réclame un report des échéances du remboursement des réparations pour deux ans en échange d'une tentative de stabilisation monétaire[1]. Cette demande est cependant refusée par les chefs de gouvernements alliés à la fin décembre à Paris. Le calcul de Cuno était de risquer l'affrontement avec la France en espérant que l'opinion publique internationale la ferait plier. Mais la réaction de Paris prend le gouvernement allemand au dépourvu[2].

Le 11 janvier 1923, à l'instigation du président du Conseil français Raymond Poincaré, les armées française et belge envahissent le bassin industriel de la Ruhr. Le prétexte de l'intervention repose sur le fait que l'Allemagne n'avait versé que 75 000 mètres de poteaux télégraphiques sur les 200 000 mètres qu'elle devait et des livraisons insuffisantes en charbon. Selon Ian Kershaw, le manque se montait à 24 millions de marks-or, une bagatelle en comparaison des 1 484 millions des paiements effectués[3]. Le 13 janvier, Cuno réplique en appelant à la « résistance passive »[4] et le 19, il demande aux fonctionnaires de refuser d'obéir aux ordres des occupants[1]...

Les Français tentent de pousser la population au séparatisme : « Les troupes d'occupation agirent de manière autoritaire et avec une franche brutalité. »[5]. La répression est féroce : instauration de l'état de siège, interdiction d'envoyer du charbon vers l'Allemagne non occupée, établissement d'une frontière douanière à l'intérieur même du territoire allemand, expulsion de dizaines de milliers de fonctionnaires et de cheminots, etc[1]. La situation dégénère rapidement et la résistance s'organise sous l'aile bienveillante de la Reichswehr. Les mouvements de droite se réveillent. Même le parti communiste d'Allemagne (KPD) de Karl Radek se détermine pour la résistance[6].

Le 31 mars 1923, treize ouvriers sont tués à Essen par les occupants. En mai, Albert Leo Schlageter est condamné à mort à Düsseldorf pour avoir fait sauter un train.

Hyperinflation

L'hyperinflation allemande résulte d'un ensemble de facteurs consécutifs à la guerre : besoins de reconstruction, nécessité d'importations non couvertes par les exportations, renchérissement des importations suite à la perte de valeur du mark et indexation des salaires sur les prix.

La reconstruction

Le déficit commercial

Après la guerre, le pays était à reconstruire. La production agricole avait diminué d'un tiers. Le bétail avait été décimé. Les besoins d'importation étaient massifs[7]. D'autres importations étaient nécessaires pour la reconstruction. Les capacités exportatrices de l'Allemagne avaient été amputées par la cession à l'étranger des principales provinces exportatrices, Sarre, Alsace, Lorraine, Silésie, etc. Elles représentaient un tiers de la production de charbon, les trois quarts des minerais de fer, 40% des hauts fourneaux et 10% des aciéries[8].

Le financement par l'étranger

Les Alliés ne prêtaient pas à l'Allemagne. L'Allemagne dut recourir au marché monétaire international. Elle n'eut aucun mal à le faire. Selon Laursen et Karsten[9] les spéculateurs avaient confiance dans le redressement de l'Allemagne. Ils prévoyaient un retour du mark à sa valeur-or de 1913. Mais par prudence les capitaux étaient prêtés à court terme. C'est ici que se trouve la source de l'inflation. Les capitaux se retiraient lorsque la situation économique ou politique se détériorait. Ce retrait faisait chuter la valeur du mark et augmentait le coût des importations.

Le déclenchement inflationniste

Entre 1920 et 1922, les mauvaises nouvelles succédaient aux périodes de stabilisation. À chaque mauvaise nouvelle, le mark perdait de sa valeur. La chute se précipite à partir de la mi-1922. En juin 1922 la conférence pour la fourniture d'un prêt par les Alliés échoue. Les prêteurs étrangers perdent totalement confiance. Un dollar valait 420 marks en juillet 1922 et 49 000 en janvier 1923. Pendant l'année 1923, le cours du dollar par rapport au Papiermark augmente ainsi de 5,79 ×  1010. Le prix au détail passe de l'indice 1 en 1913 à 750 000 000 000 en novembre 1923. Les prix des repas servis au restaurant varient selon l'heure de la commande et l'heure à laquelle l'addition est présentée, si bien que les restaurateurs doivent offrir des plats en plus à leurs clients[10], ou leur faire payer l'addition en début de repas. Les ménagères souhaitant faire leurs courses amènent des liasses de billets en landau[réf. nécessaire], les salariés se font payer deux fois par jour.

La vitesse de circulation de la monnaie

La confiance dans la monnaie avait totalement disparu. L'argent brûlait les doigts, donc la monnaie circulait plus vite. Faire circuler plus vite la monnaie a le même effet sur l'économie qu'augmenter sa quantité. Gabriel Galand et Alain Grandjean[8] établissent que c'est la vitesse de circulation de la monnaie et non pas l'émission excessive de monnaie qui a provoqué l'inflation. Ils s'appuient sur les études de Wagemann[11] et sur les travaux de Hugues[12]. En 1920 et 1921, la création monétaire ne sert qu'à fournir les liquidités indispensables aux échanges compte tenu de l'augmentation des prix. Après 1921, c'est-à-dire lorsque l'inflation a commencé à s'amplifier, et surtout au premier semestre 1922 lorsqu'elle s'est accélérée, la quantité de monnaie disponible s'est réduite, preuve que la planche à billets ne fonctionnait pas. La masse monétaire ne représentait alors que 5 jours de dépenses, ce qui est très faible[8]. Les auteurs, citant Castellan[13], signalent que la spéculation a aussi joué un certain rôle dans la dépréciation de la monnaie.

L'indexation des salaires

L'écroulement de l'empire avait ouvert une période prérévolutionnaire à l'instar de la Russie. La République de Weimar était fragile. Elle résultait d'un compromis entre les socialistes et les communistes. L'accord imposait une indexation des salaires sur les prix. Les salaires n'ont pas été à l'origine de l'hyperinflation. Ils suivaient les prix avec retard. Mais leur indexation sur les prix a eu un effet "boule de neige" qui a débouché sur l'hyperinflation. L'hyperinflation est apparue lorsque la confiance dans la monnaie a disparu, d'abord chez les prêteurs étrangers, ensuite chez les Allemands eux-mêmes et qu'il y a eu fuite devant la monnaie.

L'effondrement du Mark

Fluctuation des cours depuis le début de la Première Guerre mondiale[14]
1 Goldmark = Papiermark (nominal) Date Cours du dollar en mark Durée
1 Juillet 1914 4,20 Néant
10 Janvier 1920 41,98 5 1/2 ans
100 3 juillet 1922 420,00 2 1/2 ans
1 000 21 octobre 1922 4 430 110 jours
10 000 31 janvier 1923 49 000 102 jours
100 000 26 juillet 1923 760 000 174 jours
1 000 000 8 août 1923 4 860 000 15 jours
10 000 000 7 septembre 1923 53 000 000 30 jours
100 000 000 3 octobre 1923 440 000 000 26 jours
1 000 000 000 11 octobre 1923 5 060 000 000 8 jours
10 000 000 000 22 octobre 1923 42 000 000 000 11 jours
100 000 000 000 3 novembre 1923 420 000 000 000 12 jours
1 000 000 000 000 20 novembre 1923 4 200 000 000 000 17 jours

Un témoignage d'époque

Lors d'une randonnée à vélo dans la Forêt-Noire à la mi-septembre 1923, Albert Speer, alors étudiant de première année d'architecture à la Technische Hochschule de Karlsruhe, inscrit dans son journal intime :

« Très bon marché ici ! La chambre d'hôtel 400 000 Marks, le dîner [Abendessen] 1 800 000 Marks. Un demi-litre de lait 250 000 Marks.
Six semaines plus tard, peu avant la fin de l'inflation, un déjeuner dans une auberge coûtait entre 10 et 20 milliards de Marks et un repas à la mensa[15] plus d'un milliard, ce qui correspondait à 7 pfennigs-or. Pour une pièce de théâtre, je devais payer 300 à 400 millions. »

— Albert Speer, Au cœur du Troisième Reich, 1969[16]

Speer ajoute que, quelques mois plus tard, la catastrophe financière n'épargne pas sa famille, qui doit liquider la maison de commerce et la fabrique de son grand-père à un Konzern pour une fraction de leur valeur[16].

Stabilisation

Sous la houlette de Hjalmar Schacht, le gouvernement parvient à arrêter l'inflation en mettant en place le Rentenmark le 20 novembre 1923. Le Papiermark se retrouve alors démonétisé et 1 000 milliards de marks représentent un Rentenmark. Cette monnaie retrouve les parités du mark d'avant 1914.

L'instauration du Rentenmark se base sur la richesse de l'Allemagne : ses sols, ses usines, ses immeubles, s'apparentant alors aux assignats de la Révolution française qui n'ont pas pu enrayer la crise. Grâce à cette monnaie, l'État parvient à annuler 99 % des dépôts des caisses d'épargnes, 97,5 % des dettes de l'État et 75 % des emprunts hypothécaires.

Conséquences

Conséquences économiques

Les conséquences économiques de la crise sont contrastées. Si certaines couches de la population se retrouvent ruinées, d’autres s’en tirent sans trop de dommages. La prolétarisation des couches moyennes dont on parle parfois n'aurait pas eu lieu.

« Il est peu aisé de connaître les conséquences de l’hyperinflation sur les différentes couches sociales. L’idée d’une détérioration généralisées des couches moyennes n’est plus partagée. Ces couches étaient trop diverses ; elles ont traversé la période dans des conditions plus variables. Ont perdu : les épargnants, les prêteurs, les détenteurs d’emprunts publics. Par contre, les petits entrepreneurs, les commerçants et les agriculteurs seraient sortis relativement indemnes de l’inflation. »

— Alfred Wahl, L’Allemagne de 1918 à 1945, p. 33

Conséquences politiques

Politiquement, l’hyperinflation et les conditions dans lesquelles elle est apparue ont eu un impact considérable sur la suite des événements en Allemagne.

Le sursaut nationaliste

L’occupation de la Ruhr a d’abord pour effet de donner un nouvel élan au nationalisme et au revanchisme allemands.

L’accroissement de l’instabilité gouvernementale

Outre les difficultés sur le plan international, le cabinet doit aussi faire face à une opposition interne. Lâché par le SPD, Cuno démissionne le 13 août 1923, remplacé le jour même par Gustav Stresemann, qui forme un gouvernement de « Grande coalition » alors que menace la guerre civile[17]. Sa première décision est de mettre fin à la « résistance passive » mise en place par son prédécesseur.

Hitler acquiert une nouvelle dimension

Selon Ian Kershaw, l’hyperinflation de 1923 est un moment-clé dans la carrière du Führer : « La crise, sans laquelle Hitler n’aurait jamais été Hitler, s’aggravait de jour en jour. Dans son sillage, le mouvement nazi s’étoffait à vue d’œil. Quelque trente-cinq mille personnes le rejoignirent entre février et novembre, ce qui porta ses effectifs autour de cinquante-cinq mille militants[18] à la veille du putsch. Les recrues affluèrent de toutes les couches de la société »[19].

Mais hormis l’accroissement démographique significatif du NSDAP, Hitler acquiert également une autre dimension en raison de la posture paradoxale - un véritable coup de poker qui se révélera payante - qu’il adopte dès le début de la crise. Alors que toute la nation allemande paraît soudée dans un même élan spontané de protestation et cherche à retrouver la Burgfrieden (trêve civile) qui avait régné en 1914, Adolf Hitler stupéfie jusqu’à ses plus proches lieutenants en refusant de s’associer au mouvement général. Selon Kershaw, Hitler comprend que l’unité nationale qui se fait jour au début de la crise est un danger et non une chance pour les nazis « La protestation populaire menaçait de leur couper l’herbe sous les pieds »[20]. Ses virulentes thèses antigouvernementales devraient être mises sous le boisseau s’il intégrait le mouvement[21]. Au lieu de cela, il accentue encore ses critiques envers le gouvernement et la république, et refuse de s’associer au mouvement, préférant faire cavalier seul. Il va jusqu’à ordonner l’expulsion des membres du NSDAP qui seraient impliqués dans le mouvement de résistance passive[22].

Billets allemands émis en 1923

Notes et références

  1. a, b, c et d Alfred Wahl, L'Allemagne de 1918 à 1945, p. 33
  2. (de) Hans Mommsen, Aufstieg und Untergang der Republik von Weimar, p. 170
  3. Ian Kershaw, Hitler : 1889-1936, p. 291
  4. Ian Kershaw, Hitler: 1889-1936, p. 292
  5. Peter Gay, Le Suicide d'une république : Weimar 1918-1933, p. 191, Coll Tel, Gallimard, 1993
  6. (de) Hans Mommsen, Aufstieg und Untergang des Republik von Weimar, p. 171
  7. Gabriel Galand et Alain Grandjean,La monnaie dévoilée, L'Harmattan, 1996
  8. a, b et c Galand et Grandjean déjà cité
  9. Laursen et Karsten, The German Inflation, Elsevier, 1964
  10. Histoire de la Monnaie, J-M. Albertini, V. Lecomte-Colin et B. Collin
  11. E. Wagemann, D'où vient tout cet argent, Plon, 1941
  12. (en) Hugues, Paying for the German inflation, 1988
  13. Castellan, L'Allemagne de Weimar 1918-1933, 1968
  14. Entnommen aus: Hermann Bente: Die deutsche Währungspolitik von 1914–1924. In: Weltwirtschaftliches Archiv. 25 (1926) 1, S. 134.
  15. Restaurant universitaire
  16. a et b (de)Albert Speer,Erinnerungen, « Erster Teil, I. Kapital : Herkommen und Jugen » p. 26, Ullstein, Berlin, 1969 (rééd. 1999) (ISBN 978-3-550-07616-9)
  17. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte ; aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Wahl_35.
  18. La plupart dans les SA.
  19. Ian Kershaw, Hitler : 1889-1936,p. 290
  20. Kershaw, p. 293
  21. Ian Kershaw, Hitler : 1889-1936, p. 290-292
  22. Ian Kershaw, Hitler : 1889-1936, p. 293

Annexe

Bibliographie

  • Alfred Wahl, L'Allemagne de 1918 à 1945, Coll. Cursus, Armand Colin, 1999, (ISBN 2-200-25052-5)
  • J-M. Albertini, V. Lecomte-Colin et B. Collin, Histoire de la Monnaie

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