Histoire de Menton

Histoire de Menton

Menton est une ville de la Côte d'Azur, fondée au XIIe siècle et qui a appartenu pendant cinq siècles à la principauté de Monaco.

Sommaire

Fondation de Menton

La zone côtière n'est quasiment plus habitée aux Xe siècle et XIe siècles, à la suite de la modification des équilibres économiques qui s'impose à partir de l'antiquité tardive dans tout l'ouest de la Méditerranée, aux profits de l'arrière-pays et du développement des échanges continentaux par l'intermédiaire du renforcement de voies terrestres, notamment alpines. La désertification côtière est accentuée par la prépondérance maritime exercée par les Arabes sur l'ensemble du bassin méditerranée à partir du IXe siècle ainsi que par les razzias sarrasines.

Le comté de Vintimille mentionné pour la première fois en 962 s'étend sur le bassin de la Roya et de la Bévéra. Le comté englobe vers l'est le bassin de la Nervia jusqu'au Capo Nero (actuellement Sanremo) et vers l'ouest, celui du Careï et vallons adjacents, jusqu'au mont Agel inclus. Cette limite était ancienne puisque Auguste y avait élevé le trophée de La Turbie.

Le comte de Vintimille fonde plusieurs implantations côtières, peuplées par des habitants de l'arrière-pays. La première mention de la seigneurie de Menton date de 1262 même s'il est probable que le château de Puypin (auj. Pépin) (en latin Podium Pinum) ait été fondé auparavant (engagement des comtes de Vintimille à remettre Puypin aux Génois en 1146). Les deux châteaux, celui de Puypin et celui de Menton, dressé en contrebas, sur le site de l'actuel cimetière dit du Vieux-Château, à 77 m au-dessus du niveau de la mer, sont reconnus comme appartenant à Guglielmo Vento, un Génois, par ledit traité entre Charles d'Anjou et Gênes — « Et Podium Pinum et Mentonum q[ue] sunt Guill[elmi] Venti e(t)q(ue) Guill[elmus] Ventus tenet et possidet ».

Il est possible, mais non certain, que le nom de la ville vienne de Mons Ottonis (reconstitué) du nom d'Otton II, comte de Vintimille de 1162-1200.

La seigneurie de Menton est finalement acquise en 1346 par Charles Grimaldi, après des conflits entre Guelfes et Gibelins ayant intéressé toute la région, ayant abouti à la partition définitive du comté de Vintimille. Elle restera sous la suzeraineté de Monaco, moins peuplée, jusqu'en 1848, — soit pendant plus de cinq siècles, avec la seule parenthèse révolutionnaire.

Lire notamment « Menton sous les Vento » de M. Lapasset in Ou Pais' Mentounasc, n° 54, juin 1990, Menton.

Histoire de Monaco

Article détaillé : Histoire de Monaco.

En 1162, Gênes voit son autorité reconnue par l'empereur Frédéric Ier Barberousse sur la côte ligure, depuis Porto Venere jusqu'à Monaco. En 1191, l'empereur Henri VI concède enfin à Gênes le Rocher de Monaco, son port et les terres adjacentes. Les Génois installent une colonie sur le Rocher et construisent un château-fort (1215), qui devient le poste frontière à l'ouest de la République. En 1270, une guerre civile à Gênes met aux prises les Guelfes, partisans du pape et les Gibelins, partisans de l'empereur romain germanique. À la suite d'une victoire de ces derniers, de nombreuses familles guelfes sont exilées parmi lesquelles celle des Grimaldi. Cette puissante famille de patriciens génois, par sa persévérance, s'enracinera sur le Rocher de Monaco au tournant de la société médiévale. En réaction contre l'exil imposé aux Guelfes, le château de Monaco est pris par surprise le 8 janvier 1297 par certains d'entre eux sous la conduite de François Grimaldi dit « Malizia ». Charles Grimaldi, chef des Guelfes, occupe le Rocher le 12 septembre 1331 et ne prend le titre de « Seigneur de Monaco » qu'en 1342. En 1346 et en 1355, les Grimaldi font l'acquisition des seigneuries et fiefs de Menton et Roquebrune. Ce sont ces seigneuries, avec celle de Monaco, qui constitueront le territoire de la Principauté de 1633 à 1861.

Révolution française

Menton fait partie du premier département des Alpes-Maritimes qui dura de 1793 à 1814.

Restauration

En 1814 l'application du principe de légitimité entraîne la reconstitution de la principauté de Monaco dans ses limites d'avant la Révolution (qui englobaient donc Menton). La France en est la puissance protectrice de la même façon qu'avant la Révolution.

En 1815, après les Cent-Jours, la principauté passe sous le protectorat des rois de Sardaigne de la maison de Savoie. Ces mêmes rois annexent aussi en 1815 la république de Gênes, si bien que la principauté se retrouve entourée de toutes parts côté terre par sa nouvelle puissance protectrice.

Le roi de Sardaigne exige et obtient du prince de Monaco un hommage féodal (anachronique au XIXe siècle) non pas pour Monaco proprement dit, mais pour Roquebrune et Menton au motif que ces deux villes ont autrefois fait partie du comté de Nice.

Révolution de 1848

Carte territoriale des "Villes libres de Menton & Roquebrune" en 1848[1]

En 1848, Menton et Roquebrune font sécession de la principauté de Monaco. Devenues Villes libres, elles choisissent pour protecteur le roi de Sardaigne, de la maison de Savoie. Le drapeau qui est alors utilisé dans les Villes libres est un tricolore vert-blanc-rouge (sur le modèle des républiques révolutionnaires italiennes) avec pour mention, en français « MENTON & ROQUEBRUNE - VILLES LIBRES » et deux mains qui se serrent sur le centre du drapeau. Charles Trenca devient président du gouvernement provisoire des Villes libres.

Conséquence de la réalisation de l’unité italienne

Pour réaliser l’unité de l’Italie autour du Piémont, Victor-Emmanuel II fait appel à l’appui français ; Napoléon III ne ménage pas son aide.

Le traité de Turin (signé le 14 mars 1860 et rendu public le 24 mars) prévoit qu’en échange de son soutien au Piémont, la France reçoit le comté de Nice et le duché de Savoie après une consultation des populations. Suite à la signature de ce traité Giuseppe Garibaldi, né à Nice et principal artisan de l'unité italienne, abandonne progressivement son soutien au royaume sarde.

Plébiscite de 1860

Il se déroule le dimanche 15 et lundi 16 avril 1860

Les populations s’expriment par un plébiscite. Le gouvernement sarde a établi pour cette consultation le suffrage universel masculin (comme en France). Menton et Roquebrune sont appelées à se prononcer sur leur avenir en même temps que le comté de Nice. Le vote a lieu pendant deux jours de 9 heures à 16 heures. Le 29 avril 1860, les résultats sont proclamés :

  • Dans les Alpes-Maritimes :
    • Inscrits : 30 712 votants : 25 933 abstentions : 4 779
    • Oui : 25 743
    • Non : 160
    • Nuls : 30
  • À Menton-Roquebrune (un canton) :
    • Inscrits : 1 120
    • Exprimés : 889
    • Oui : 833
    • Non : 54
    • Nuls : 2

Les suites du plébiscite

  • 13 mai - Le vote des militaires parvient à Nice (oui : 1 648 - non : 188 - nuls : 23).
  • 29 mai - La Chambre des députés sarde ratifie le traité de Turin.
  • 11 juin - Le traité de Turin est ratifié par le Sénat sarde.
  • 14 juin - La remise du comté de Nice à la France a lieu à midi au palais du gouverneur. Le drapeau sarde est remplacé par le drapeau français.
  • 23 juin - Une loi recrée le département des Alpes-Maritimes.
  • 2 février 1861 - Le prince de Monaco abandonne ses droits sur Menton et Roquebrune.
  • Mars 1861 - Établissement quasi définitif, avant celui de 1947, de la frontière entre les Alpes-Maritimes et l'Italie.

Seconde Guerre mondiale

Au début de la Seconde Guerre mondiale, alors que l'Italie fasciste subit des revers contre la Grèce en Albanie, les habitants de Menton apposent à la frontière italienne une pancarte : « Grecs, arrêtez votre avance : ici territoire français ». L'Italie voudra « laver l'affront » lorsqu'elle entre en guerre du 10 juin au 25 juin 1940 contre une France alors déjà en déroute par l'invasion allemande.

Menton avait été évacuée dès le 3 juin 1940 : 15 700 habitants sont dirigés vers Antibes et Cannes. Le 7 juin, ils sont conduits dans les Pyrénées-Orientales et répartis dans 83 villages[2], jusqu'à ce qu'une crue catastrophique et meurtrière de la Têt, les 17 et 18 octobre 1940, contraigne un grand nombre de réfugiés à tenter de se rapprocher de leurs foyers, le voyage de retour s'arrêtant pour la plupart d'entre eux dans le département du Var, en raison des dommages de guerre subis par la ville de Menton.

Le 20 juin, les Italiens occupent la baie de Garavan et une partie de la baie ouest de Menton. Ils sont stoppés par le fort du cap Martin.

L'Italie n'obtient (à l'armistice du 24 juin 1940 signé à la villa Incisa près de Rome d'occuper que le terrain réellement conquis par ses troupes, ce qui incluait le village de Fontan (Alpes-Maritimes) et la partie urbanisée de Menton.

À la suite de cet armistice, la ville est annexée par les Italiens, qui détruisent les bornes frontières franco-italiennes (pont Saint-Louis). Une nouvelle frontière est conjointement délimitée et reconnue par les autorités du gouvernement de Vichy.

L'occupation italienne de Menton se transforme en une annexion légale. Des « occupés » récalcitrants sont expulsés tels le maire de Menton Jean Durandy en octobre 1942. La caserne Forti de Menton sert de lieu d'internement.

Les occupants italianisent entièrement la ville. L'italien devient la langue officielle et obligatoire. L'enseignement est donné en italien. La signalisation des rues est en italien. De nouvelles bornes kilométriques indiquent la distance entre Menton et Rome. Les habitants reçoivent une carte d'identité italienne. La lire italienne est introduite comme monnaie légale et les timbres-poste sont désormais italiens. Le journal est Il Nizzardo, imprimé en Italie. Les personnes âgées se souviennent des prêtres envoyés à Menton, pour y enseigner l'italien semble-t-il.

Le recensement du 23 avril 1941 dénombre 6 700 habitants, dont 4 500 Italiens fraîchement installés et 500 autochtones naturalisés Italiens, qui avaient été Français.

L'annexion italienne prend fin le 8 septembre 1943 avec la (première) chute de Benito Mussolini et l’armistice de Cassibile. L'arrivée des Allemands, le 8 septembre 1943, provoque le retour de Menton à la France. Les autorités allemandes, qui restituent à la France du gouvernement de Vichy l'administration de Menton, ré-occupent immédiatement la ville pendant un an exactement, jusqu'au 8 septembre 1944.

Le bord de mer est évacué en février-mars 1944 et une "zone réservée alpestre", dans laquelle Menton est comprise, est créée. Le 29 août 1944, des SS occupent Menton et fusillent six otages. Les Allemands quittent la ville le 6 septembre 1944. Les parachutistes américains et canadiens arrivent le 8. Les Allemands continuent à bombarder la ville pendant plusieurs semaines. La guerre a en définitive endommagé 75 % des immeubles et en a détruit 10 % entièrement.

Bibliographie

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. Ermanno Amicucci. Nizza e l'Italia. Mondadori editore. Milano, 1939.
  2. Jérôme Gautheret et Thomas Wieder, article « Menton sous la botte », 27 juillet 2010, Le Monde, daté du 28 juillet, au sein d'une série titrée « Histoire(s) de l'été 1940 ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Histoire de Menton de Wikipédia en français (auteurs)

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