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Traité de Turin (1860)
Pour les articles homonymes, voir Traité de Turin.Histoire de la Savoie - La Savoie de 1792 à 1815
- La Savoie de 1815 à 1860
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- Liste d'articles en rapport
Chronologie de la Savoie
Le traité de Turin du 24 mars 1860 officialise l'acte par lequel le Duché de Savoie et le Comté de Nice sont réunis ou annexés à la France.Sommaire
Le contexte
Le 21 juillet 1858, le président du Conseil du royaume de Sardaigne Camillo Cavour rencontre secrètement l'empereur des Français Napoléon III, alors en cure à Plombières-les-Bains (Vosges)[1]. Lors de cette entrevue secrète, Napoléon III accepte d'aider le Piémont-Sardaigne à unifier l'Italie, à condition que le pape reste maître de Rome et que le comté de Nice et le duché de Savoie soient cédés à la France.
En avril 1859, l'Empire d'Autriche déclare la guerre au royaume de Piémont-Sardaigne qui fournit des armes aux Lombards. Les sardes sont vainqueurs à Palestro et Montebello, mais les alliés français l'emportent difficilement à Magenta (4 juin 1859) et à Solferino (24 juin 1859). Inquiet, Napoléon III signe l'armistice de Villafranca (8 juillet). Cavour démissionne et la cession du duché de Savoie et de Nice ne paraît plus être à l'ordre du jour.
Le 25 juillet 1859, une délégation d'une trentaine de notables chambériens menée par le docteur Gaspar Dénarié et le journaliste Berthier, pose une adresse au roi Victor-Emmanuel II de Savoie lui demandant de prendre en compte les vœux de la province ducale[2]. Toutefois, l'opinion commence à s'agiter face à cet avenir français. Plusieurs scénarios sont envisagés : le maintien de la province dans le royaume sarde, le rattachement à la Suisse de tout ou partie du territoire savoisien. Une pétition circulant dans le duché de Savoie a réuni environ 13 651 signatures, principalement dans la partie nord : 60 communes du Faucigny, 23 du Chablais savoisien et 13 aux environs de Saint-Julien-en-Genevois [3], très rarement une autonomie.
Le projet du rattachement à la Suisse reçoit également le soutien favorable de l'Angleterre. Face à ces idées de partition, notamment l'entrée dans la Confédération helvétique, la diplomatie s'organise.
Le traité
Le 24 mars 1860, le traité de Turin est signé. Le duché de Savoie se trouve désormais réuni selon l'article 1 du traité (appelée « Annexion » ou depuis les années 1960 « Rattachement ») à la France, mais sous certaines conditions et sous réserve de l'adhésion des populations (exigences des chancelleries helvétique et britannique). Les troupes sardes quittent le duché de Savoie durant le mois de mars.
Le 1er avril, le roi Victor-Emmanuel II délie ses sujets savoisiens de leur serment de fidélité (renonciation royale). On décide d'une date pour le plébiscite, le 22 avril. Afin d'éviter les tensions dans les territoires septentrionaux du duché de Savoie (partisans d'un rattachement à la Suisse), il est décidé d'éditer un bulletin spécial « OUI ET ZONE » qui correspond à la ratification du traité de Turin, accompagné de la création d'une Grande Zone franche au Nord d'une ligne Saint-Genix-sur-Guiers, Le Châtelard, Faverges, Les Contamines-Montjoie. Ce vote est organisé par Napoléon III sur le modèle de suffrage français (hommes ayant atteint la majorité) ; en outre aucune autre option n'est proposée lors de ce plébiscite au peuple savoisien.
Cette zone a été réduite par la France à l'issue de la Première Guerre mondiale par le Traité de Versailles. La France est condamnée en 1932 pour le non respect de ces zones et des tensions se sont maintenues à propos des contrôles douaniers sur la frontière officielle entre la Savoie et la Suisse.
Petite chronologie des événements
Chronologie établie à partir de l'article de Jacques Lovie dans la Revue de Savoie, citée en annexes, ainsi que la chronologie de Sabaudia.org[4] :
- 21 juillet 1858 : Entrevue secrète de Plombières entre Napoléon III et Camille Benso, comte de Cavour, Président du Conseil du Royaume de Piémont-Sardaigne durant laquelle se décide l'aide française au royaume dans sa lutte contre l'Empire autrichien, en échange des territoires savoisiens et niçois. Un traité secret sera signé le 26 janvier 1859.
- 7 juillet 1859 : Signature de l'armistice de Villafranca, à la suite de laquelle Napoléon III renonce au duché de Savoie et Cavour abandonne le pouvoir.
- 25 juillet 1859 : Trente personnalités savoisiennes, menées par Gaspard Dénarié, posent une adresse au roi Victor-Emmanuel II lui demandant d'aviser « aux intérêts de la Savoie d'une manière conforme à ses voeux. »
- 28 juillet 1859 : Douze députés savoisiens demandent au gouvernement de se préoccuper du sort matériel de la province savoisienne.
- 3 août 1859 : Le Courrier des Alpes, hostile à la France, est suspendu pour avoir réclamé pour le duché de Savoie les mêmes droits de vote de nationalité que les populations de l'Italie centrale (reprise des parutions le 1er décembre)
- Fin décembre/janvier 1860 : envois d'émissaires secrets français pour tâter l'opinion locale.
- 16 janvier 1860 : Retour de Cavour au pouvoir.
- Février/Mars : Positionnements en Chablais et Faucigny pour un rattachement à la Suisse. Réaction des conservateurs pour le maintien de l'unité savoisienne.
- 26 février 1860 : Le gouvernement français repousse l'idée d'un duché de Savoie indépendant.
- 1er mars 1860 : Napoléon III annonce au Corps législatif son intention de « réclamer les versants français des montagnes ».
- 8 mars 1860 : Vœu des conseils divisionnaires réunis à Chambéry en faveur du maintien de l'unité savoisienne.
- 12 mars 1860 : Signature à Turin de la convention préliminaire secrète reconnaissant la cession du duché de Savoie et de Nice à la France. On retient le principe de consultation des populations.
- 21 mars 1860 : Une délégation de 41 savoisiens est reçue solennellement aux Tuileries par l'Empereur (Voir Annexion de la Savoie).
- 24 mars 1860 : Signature et publication du traité d'Annexion, dit Traité de Turin.
- avril 1860 : Des émissaires français parcourent le Chablais et le Faucigny. Début de la mission du sénateur Armand-François-Rupert Laity (4 au 28 avril) en vue de la préparation du plébiscite.
- 22-23 avril 1860 : Plébiscite.
- 29 avril 1860 : Proclamation des résultats officiels du plébiscite par la Cour d'Appel de Savoie (Chambéry). À la question « La Savoie veut-elle être réunie à la France? ». 130 533 voix sur 130 839 exprimés (135 449 inscrits) ont répondu « oui ».
Le plébiscite
La consultation populaire - ou plébiscite - a lieu au mois d'avril :
Plébiscite avril 1860 Territoire Date Inscrits Votants Favorable au rattachement Votant « Oui et Zone Franche » Contre l'annexion Abstention Nuls (dont pro-helvétique) Armée Comté de Nice 15/16 avril 30 712 25 933 25 743 - 160 4 779 30 - Savoie 22/23 avril 135 449 130 839 130 533 47 000 235 env. 600 71 6 033 sur
6 350Sources : D’après H. Ménabréa/P. Guichonnet pour les chiffres de la Savoie/Conseil Général des Alpes-Maritimes pour le Comté de Nice
L'issue du plébiscite était nécessairement connue d'avance, les accords entre Victor-Emmanuel II et Napoléon III ayant été scellés antérieurement. En effet, le plébiscite n'a été mis en place que pour accompagner une décision princière, devant laisser penser à une volonté populaire savoisienne[5].Contestation du Traité
Quelques Savoyards ont défendu, et défendent, la thèse de la caducité du traité de Turin. Parmi ceux qui ont obtenu une véritable audience, la Ligue savoisienne,[6] mouvement indépendantiste qui, depuis 1994, reprenant le discours de mouvements antérieurs (notamment Savoie Libre, apparu dans les années soixante-dix), fait reposer la légitimité de son mouvement sur la dénonciation de points du traité qui n'ont ou n'auraient pas été respectés, notamment :
- la ratification peu représentative par le parlement de Turin — conformité discutée de l'article 7 du traité de Turin, selon eux seuls 3 députés savoisiens sur 18 se seraient alors déplacés pour cette ratification : l'argument est employé de façon assez fallacieuse, le traité a malgré ce possible manque d'enthousiasme été ratifié le 29 mai 1860 par les chambres piémontaises[7] ;
- le non-respect de la neutralité en Savoie du nord pendant la Première Guerre mondiale ;
- la suppression de la zone neutre et de la zone franche en 1919 ;
- non-respect des clauses fixant les modalités de remise en vigueur du traité de Turin en 1947 à la suite de sa suspension pendant la seconde guerre mondiale.
Cette utilisation stratégique, dans leur discours, a permis de sensibiliser essentiellement des adhérents, puis un électorat, dans les provinces du Faucigny (« vallée du décolletage »), du Chablais (finistère savoyard) et de la zone frontalière avec Genève.
Parallèlement, à Nice, un mouvement séparatiste inspiré de la Ligue savoisienne, la Ligue pour la restauration des libertés niçoises, considère ce traité comme une « annexion scélérate »[8].
Notes et références
- ↑ Paul Guichonnet, Histoire de l'annexion de la Savoie à la France : les véritables dossiers secrets de l'annexion, La Fontaine de Siloé, 1998, revue et augmentée en 1999, 2003 (ISBN 2842061136, 9782842061135)
- ↑ Henri Ménabréa, Histoire de la Savoie, Ed. Bernard Grasset, 1933, p. 339
- ↑ Paul Guichonnet, Henri Baud, Histoire de l'annexion de la Savoie à la France, Le Messager - Horvath, 1982, p. 166.
- ↑ Chronologie sur le site Sabaudia.org
- ↑ (en) The Times, April 28 1860, Universal Suffrage In Savoy
- ↑ Ouvrage de J. de Pingon, cité en bibliographie.
- ↑ Amandine Lacharme, La Savoie au miroir de son rattachement à la France, IEP Lyon, 2000, en ligne [1], notes 148 et 149
- ↑ Ouvrage de Alain Roullier, cité en bibliographie, chapitre n°6, p.114
Annexes
À lire
Voir la bibliographie générale sur l'article de l'Histoire de la Savoie :
- Luc Monnier, 1932, L'annexion de la Savoie à la France et la politique suisse
- Geneviève Dardel, 1960, Et la Savoie devint française, Ed. Fayard
- Jacques Lovie :
- 1960, Grande et petite histoire du rattachement de la Savoie à la France, Presses des imprimeries réunies de Chambéry
- Article « Petit calendrier raisonné de l'Annexion », pp.5-9, dans Revue de Savoie, n°1-2, 1er & 2e trimestre 1860, « numéro spécial du Centenaire 1860-1960 », 300 pages
- Thèse : paru en 1963, La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875, PUF
Démontrant que durant cette période les Savoyards ont déchanté de l'Annexion de la Savoie.
- Paul Guichonnet :
- 1960, « Théorie des frontières naturelles et principe des nationalités dans l'annexion de la Savoie à la France : 1858-1860 », dans Revue des Travaux de l'Académie des Sciences morales & politiques, Sirey
- 1982, Histoire de l'annexion de la Savoie à la France et ses dossiers secrets, Le Messager : Horvath
- 1998, Histoire de l'annexion de la Savoie à la France : les véritables dossiers secrets de l'annexion, la Fontaine de Siloé (éd. revue et augmentée en 1999, 2003)
Ouvrages contestant le Traité :
- Jean de Pingon, 1996, Savoie française, Histoire d'un pays annexé (éd. Cabédita)
Fondateur de la Ligue savoisienne
- Alain Roullier, 2003, Nice, Demain l'indépendance, France Europe Edition
Fondateur de la Ligue pour la restauration des libertés niçoises
Articles connexes
- Histoire de la Savoie ; Chronologie de la Savoie
- Entrevue de Plombières ; Annexion de la Savoie
- Nationalisme niçois
- Nationalisme savoyard
- Texte du traité
Liens externes
- Bibliographie sur le site de la Salévienne, Société savante de Savoie
- Thèse sur le Centenaire de l'Annexion, rappel historique.
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