Khanat De Djaghataï

Khanat De Djaghataï

Khanat de Djaghataï

Khanat de Djaghatai, fin XIIIe siècle

La khanat de Djaghataï ou khanat de Tchaghataï, et l'un des quatre khanats mongols (avec la Chine des Yuan, le domaine des Ilkhans de Perse et la Horde d'Or des steppes russes) constituant l'Empire mongol aux XIIIe et XIVe siècles.

Il tire son nom de son fondateur Djaghataï ou Tchaghataï, deuxième fils de Gengis Khan et recouvrait l'Asie centrale au sens large. Ses khans forment la dynastie des Djaghataïdes.

Sommaire

Formation

Vers 1220, Djaghataï reçoit de Gengis Khan un oulous correspondant à l’ancien empire de Kara Khitaï. Les Mongols nomades qui s’installent alors dans la vallée du Tchou et du Talas trouvent des conditions qui leur permettent de conserver leur mode de vie ancestral. Ils refusent de s’établir dans les villes du Turkestan oriental ou occidental. Ils finissent cependant par s’assimiler à la population autochtone et à la fin du XIVe siècle la langue turque du Turkestan oriental portera le nom de la dynastie, le tchaghataï.

Les successeurs de Djaghataï

Les divisions de l'empire mongol

A la mort de Djaghataï en 1242 son petit-fils Kara Hülegü lui succède et règne sous la tutelle de sa mère Ebuskune. Mais à son avènement en 1246 le grand khan Güyük désigne son ami personnel Yissu Mangu, fils puîné de Djaghataï, qui remplace son neveu Kara Hülegü comme khan de Djaghataï. Après la mort de Güyüken 1252, le Yissu Mangu est destitué à son tour par Möngke pour avoir appuyé la branche d’Ögödei contre sa candidature. Kara Hülegü retrouve le pouvoir, mais il meurt la même année. S’est sa veuve Orghana Katun qui dirige le khanat de Djaghataï jusqu’en 1261. Yissu Mangu est exécuté.

En 1260, le khanat de Djaghataï reçoit la région de Kachgar et le territoire de l’ancien khanat ouïgour, Bechbalik, Tourfan et Koutcha, anciens domaines du grand khan. En 1261, Ariq-bögè, maître des territoires mongols de l'empire en guerre avec son frère Kubilai Khan, dépossède Orghana Qatun et fait nommer khan le petit-fils de Djaghataï, Alghu, le chargeant de marcher avec son armée sur l’Amou-Daria pour empêcher que le khan mongol de Perse, Houlagou, ne vienne au secours de Kubilai. Alghu profite des hostilités entre les deux prétendants pour renforcer son indépendance. Ariq-bögè exige de plus en plus de tribut du khanat de Djaghataï pour financer la guerre contre son frère. Alghu, qui en a assez, fait exécuter les collecteurs d’Ariq-bögè et se range aux côtés de Kubilai à la fin de l’année 1262. Ariq-bögè est contraint de faire la guerre sur deux fronts. Alghu remporte quelques victoires contre son ancien allié, mais est obligé plus tard de céder du terrain et à se replier sur Samarkand (1262-1263). Ariq-bögè, emporté par la colère, se met à massacrer la population, si bien que ses troupes se rallient à Alghu, et qu’il est contraint de lui demander la paix. Le khan de la Horde d'Or, Berké, qui s’est rangé du côté d’Ariq-bögè contre Kubilai, entre en guerre avec Alghu (1262-1265). Après son échec, il perd le Khârezm, Otrar et les territoires à l’est de l’Aral.

En 1263, Orghana Qatun se rend à la cour d’Ariq-bögè, à Almaligh, pour protester contre sa destitution et la nomination d’Alghu à la tête du khanat de Djaghataï. Ariq-bögè l’envoie comme messagère auprès d’Alghu, à Samarkand. Orghana plait à Alghu, qui l’épouse. L’économe d’Orghana, Mahmoud Yalawatch trouve alors le moyen de lever des tributs dans les grandes villes du Turkestan occidental. Alghu réussit à repousser l’attaque de Qaïdu, puis participe à la chute d’Ariq-bögè en 1264. Plus tard, il remporte de nouvelles victoires contre le khan de la Horde d'Or, Berké. Il lui enlève Otrar et le Khârezm.

Le khanat djagathaïde devient de plus en plus indépendant vis-à-vis de Karakorum. Les grandes villes du Turkestan occidental, comme Boukhara et Samarkand, ne payent désormais tribut qu’aux khans djagathaïdes.

A la mort d’Alghu en mars 1266, Orghana met sur le trône Mubarak Shah, fils qu’elle avait eu de Kara Hülegü. Kubilai Khan, offensé par le fait qu’il n’a pas été consulté, dépose Mubarak et investit Barak, arrière-petit-fils de Djaghataï (septembre 1266). Une fois installé, Barak, qui s’est emparé de l’armée de son prédécesseur, proclame l’indépendance du khanat de Djaghataï et met en fuite les troupes de Kubilai Khan.

Qaïdu, qui règne aux environs du fleuve Imil et des montagnes Tarbagataï, se tourne d’abord vers la maison de Djaghataï. De 1267 à 1269, avec l’aide du khan Kiptchak Mangu Timur, il vainc Barak et le chasse de l’Ili et de la région de Kachgar. Son pouvoir consolidé, il prend le titre d’empereur, puis en 1269 fait des ouvertures de paix à Barak. Ce dernier reçoit la Transoxiane et reconnaît la suzeraineté de Qaïdu, qui fonde son empire dans la vallée de l’Ili et au Turkestan oriental. Qaïdu envoie son nouveau vassal combattre Abaqa, il-qan d’Iran. Après avoir rançonné les villes de Transoxiane, Barak entreprend une campagne contre la Perse et l’Afghanistan au début de l’année 1270. En mai, il incendie Nichapur et rançonne Herat, mais il est battu et mis en déroute par Abaqa près de Herat (juillet). Blessé lors d’une chute de cheval il demande secours à Qaïdu. Il meurt dans des circonstances mystérieuses avant que ce dernier n’ait pu intervenir en août 1271. Sa mort provoque une grande confusion. Ses quatre fils et les fils d’Alghu se liguent contre Qaïdu pour recouvrir l’indépendance de la Transoxiane. Qaïdu attribue le pays à une autre prince djagathaïde, Nikpaï Oghoul, qui le trahit et se retourne contre lui. Qaïdu le vainc le fait exécuter et met Togatemur sur le trône de Transoxiane (1272). À sa mort en 1274, Qaïdu met Douwa, fils de Barak, sur le trône de Transoxiane. Douwa soutient son suzerain dans ses prétentions au titre de grand khan. En 1275, ils partent en campagne contre le souverain ouïgour (idikout), vassal fidèle de Kubilai. L’intervention de ce dernier les met en déroute. Qaïdou, finalement vaincu par Témur Khan, meurt en 1301. Douwa persuadera son fils Djeper de reconnaître la suzeraineté de la dynastie Yuan. Il forme un empire djagathaïde indépendant comprenant la Transoxiane, le Turkestan oriental et la riche vallée de l’Ili.

Les Djaghataïdes organisent des raids réguliers en Inde (1297, 1299-1300, 1303, 1304, 1327). En 1303, une armée djagathaïde de 120 000 hommes dirigée par Turgaï marche contre Delhi qu’elle assiège pendant plusieurs mois. Ne pouvant démolir les murailles de la ville, les Mongols se retirent, après avoir saccagé toute la région et le Pendjab.

Douwa meurt en 1306 et son fils Koundjounk lui succède. Il ne règne qu'un an et à sa mort en 1307, un gengiskhanide âgé, Talikou, monte sur le trône. Devenu musulman dans sa vieillesse, il propage l’islam parmi les Mongols. Talikou est assassiné en 1309 sur ordre de parents de Douwa. Le fils cadet de Douwa, Kebek, monte alors sur le trône. Djeper, dernier khan de la branche d’Ogodeï, est battu par le khan Kebek et se réfugie à Pékin. Après la victoire de Kebek, le quriltay de 1309 décide de donner le trône à un autre fils de Douwa, Esén-bouka. Cependant, celui-ci meurt la même année et une nouveau quriltay est obligé de remettre Kebek sur le trône.

Pendant les premières décennies du XIVe siècle, les khans de Djaghataï se heurtent avec les il-qan d’Iran pour la possession de l’Afghanistan oriental. Kebek meurt en 1326 et ses frères Eldjigidei et Douwa-Timur lui succèdent. Leur règne commun ne dure que quelques mois, et après leur mort, le troisième frère de Kebek, Tarmachirin, monte sur le trône. En 1327 il envahit le Pendjab sans véritable succès. En 1333 il se convertit à la religion musulmane. Il contribue ainsi à la scission de l’empire djaghataïde. Les nomades de la région de l’Issyk-koul et de l’Ili voient dans son acte une trahison à l’égard des traditions gengiskhanides et des principes du Djasag.

La division et la perte de la Transoxiane

Au début du XIVe siècle, le khanat est constitué de deux groupes ethniques vivant dans des conditions économiques et culturelles différentes. Les habitants du Turkestan oriental, de la vallée de l’Ili, de la Kachgarie et du pays des Ouïgours, bouddhistes, nestoriens, pratiquent essentiellement l’agriculture, très peu d’élevage, et n’entretiennent guère de relations avec la population musulmane de Transoxiane, surtout commerçante, appartenant à la civilisation arabo-persane. L’unité est toute nominative, dans le cadre de l’empire djaghataïde. L’affaiblissement de la dynastie distend les liens économique et sociaux entre les deux régions. En 1334 les habitants de la région de l’Issyk-koul et de l’Ili se révoltent. Le khanat se scinde en deux : au nord-est le khanat de Mogholistan, au sud-ouest celui de Transoxiane. Bouzoun, neveu de Tarmachirin, règne sur le Mogholistan jusqu'en 1338, suivit par Yisuntémur (1338-1339) et Mohammed (1339). Après le règne de Mohammed, il est difficile de trouver un djagathaïde pour monter sur le trône du Mogholistan. Les seigneurs féodaux, divisé, las des querelles dynastiques, cherchent à faire monter sur le trône un prince gengiskhanide pour parer aux tentatives d’annexion de la Transoxiane. Le gengiskhanide Tughluk Timur (en) devient khan entre 1347 et 1363 et se convertit à l’Islam. Il se fait reconnaître de l’émir turc de Transoxiane Kazgan et consolide le Mogholistan.

Le djaghataïde Kazan règne en Transoxiane en 1343. Il devient le jouet de la classe dirigeante turque. Le pouvoir de fait est entre les mains de l’émir Kazgan, dont les fiefs s’étendent au nord de l’Amou-Daria. Celui-ci se révolte contre Kazan, jugé peu loyal, et le tue en 1346. Il attribue le trône à un descendant d’Ogodeï, Dânich-mendiya, puis le détrône en 1348 et le remplace par le petit-fils de Douwa, le djagathaïde Bouyankouli. Kazgan restaure le pouvoir des seigneurs féodaux turcs. Kazgan, au faite de son pouvoir, est assassiné par ses adversaires à l’issue de dissensions féodales en 1357. Son fils, l’impuissant Mirzâ Abdallâh, connait le même sort l’année suivante. La Transoxiane sombre dans l’anarchie. En 1360, Tughluk Timur intervient en Transoxiane et chasse du pouvoir les émirs et les membres de la noblesse turque locale. Il place son fils Ilyas Khodja comme gouverneur et restaure pour un temps l’unité du Djaghataï. En 1361, Timur Lang, chef des Barlas, entre au service de Ilyas Khodja comme conseiller. Il rompt avec Tughluk Timur qui meurt et 1363 et se rend maître de la Transoxiane. Il se proclame émir à Samarkand en 1369 et fonde la dynastie des Timourides, tout en reconnaissant l'autorité nominale du khan de Djaghataï.

Les derniers Djaghataïdes au Mogholistan

Des princes Djaghataïdes continuent à régner sur le Mogholistan, (bassins du Tarim et de l’Ili). Esen Buqa II (en) Vais Khan règne entre 1418 et 1428, suivit par Esen Buqa II (en) (1429-1462) et Yunus Khan (en) (1462-1486). Ce-dernier, avec l’appui du timouride Abu Saïd, prend Kachgar, Sairam et Tachkent. Ahmad Alaq (en) (1486-1503) et Mahmud Khan  (en) (1487-1508) se partagent le royaume Djaghataïde en lui gardant sa cohésion. Saïd (en) (1514-1533) et Mansur Khan  (en) (1482/3-1543) lancent des expéditions contre la Chine à Dunhuang et au Gansu. Chah khan (1545-1570) doit affronter des révoltes qui livrent le bassin du Tarim au chaos. Deux familles opposées, les Ak-Taghlik et les Kara-Taghlik dominent une mosaïque de principautés. La situation perdure jusqu'aux années 1670 quand les Ak-Taghlik font appel aux Dzoungars qui finissent par annexer la région.

Liens internes

Les trois khanats issus de la dislocation du Khanat de Djaghataï :

Source

Liens externes

La généalogie de Gengis Khan

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