- Frederic Rosing Bull
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Histoire de Bull de 1919 à 1932
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Fredrik Rosing Bull
Fredrik Rosing Bull (1882-1925) est ingénieur à la société d'assurances Storebrand en Norvège. Le 31 juillet 1919, il dépose un brevet de « trieuse-enregistreuse-additionneuse combinée à cartes perforées ». En août 1921, son prototype est présenté au conseil d'administration de sa compagnie, qui l'adopte.
Il entreprend alors la production de nouveaux exemplaires de sa machine à statistiques électromécanique, en leur apportant des perfectionnements successifs, suite à la manifestation d'intérêts d'autres compagnies d'assurance au Danemark. Il signe un contrat avec la société Oka, qui prend en charge les frais de fabrication et de commercialisation ; cette société est dirigée par Reidar Knutsen, et la production est assurée par un atelier de précision d'Oslo (Ormestad).
C'est un succès, la machine reçoit de la bonne publicité. Il est dû à la fois aux qualités techniques de la machine (sa simplicité), et à son apport par rapport au système alors présent de Herman Hollerith (IBM), donnant un choix aux clients et faisant baisser les prix. Les utilisateurs échappent au monopole d'IBM, ils peuvent acheter leurs équipements plutôt que de les louer (c'était la formule imposée par IBM).
Fredrik Rosing Bull dépose ses brevets dans 16 pays industriels (incluant Amérique et Japon). Il décède du cancer le 7 juin 1925. Il avait demandé la même année à Knut Andreas Knutsen ("KAK"), frère du directeur d'Oka, de continuer son œuvre.
Knut Andreas Knutsen
Knut Andreas Knutsen (1888, Oslo - 1983, Paris) est à l'origine un ingénieur hydro électricien. Il a aidé Bull à installer et mettre en route les machines vendues par Oka. À partir de 1925, il se consacre à l'amélioration, au perfectionnement, et à l'installation des machines Bull. Il organise le service après-vente, la formation des utilisateurs. Il étudie les brevets concurrents en détail. Il tire de ses trajets dans le Nord de l'Europe pour réparer les machines des idées d'amélioration : trieuse horizontale en 1929, dispositif d'impression en 1930.
Implantation de Bull en France en 1931
Un docteur suisse
Le docteur Marchand, après une rencontre avec Fredrik Rosing Bull à Oslo, achète pour une société suisse d'assurances, une tabulatrice et une trieuse Bull livrée en 1926. Il voit plus large et pense que la construction de machines à cartes perforées est le moyen de doter la Suisse d'une industrie moderne, et de ne plus être tributaire de l'Amérique dans ce domaine. Il contacte Oscar Bannwath, directeur de la société H.W. Egli, connue pour ses calculatrices Madas et Millionnaire, et lui suggère de construire des machines Bull.
Fabrication en Suisse
Oscar Bannwath consulte à ce sujet Emile Genon, qui vend des machines à calculer Elliott-Fisher et Underwood. Emile Genon, de nationalité belge, achète en 1927 les droits relatifs des brevets Bull dans 10 pays d'Europe. Il entraîne par la suite H.W. Egli, dans un premier temps hésitante, à acquérir en 1928, les droits industriels concernant les brevets de Fr. R. Bull et K. A. Knutsen, hors de la zone des pays scandinaves. La première machine fabriquée à Zurich est livrée en décembre 1929 aux laboratoires Sandoz. Il est nécessaire alors d'implanter la société dans un pays européen au potentiel plus large que celui de la Suisse.
Le choix de la France, la société H.W. Egli Bull
La France est choisie par rapport à l'Allemagne pour plusieurs raisons : goût personnel de K. A. Knutsen et Emile Genon, la situation de la concurrence et le droit des brevets peuvent avantager Bull sur ses rivaux, la France reste un marché à prendre pour l'industrie mécanographique (malgré la présence d'IBM depuis 1914, et de Samas-Powers), réduction du prix de revient (depuis Poincaré, l'argent, la main d'œuvre, les matières premières, et les frais de transaction sont bon marché). La société H.W. Egli Bull est fondée en mars 1931 à Paris. Elle est de droit français mais à majorité suisse, elle comporte trois partenaires : - la société suisse H.W. Egli, la société Bull A.G. (fondée en 1930 par Emile Genon, et qui apporte son début de réseau commerciale et des brevets nouveaux acquis de K. A. Knutsen), l'ATEIC (Association Technique d'Etudes Industrielles et Comptables). La dernière société qui distribuait auparavant des machines comptables américaines est dirigée par l'industriel belge Henri Vindevoghel. Elle vendra les machines Bull en France. Elle apporte aussi à la société l'atelier Atemata de 900 m², situé 92 bis, avenue Gambetta à Paris dont la reconversion est décidée : fabrication de tabulatrices, de trieuses, de poinçonneuses en utilisant son parc moderne de machines-outils, et en y regroupant les machines de fabrications situés à Zurich. En mars 1931, une cinquantaine de personnes de la société H.W. Egli Bull s'installe dans ce bâtiment, qui sera le siège de la Compagnie Bull, jusqu'en 1983.
L'ancrage en France (1932)
La deuxième étape de l'ancrage en France a lieu en 1932. Elle est provoquée par une offensive de Remington Rand, propriétaire de Powers. Dès avril 1931, M. Rand avait engagé des pourparlers avec la société H.W. Egli en vue de lui racheter ses droits sur les machines Bull ; des dirigeants de Remington visitent en juillet les ateliers parisiens et, en novembre 1931, deux négociateurs américains se rendent en mission à Zurich. Or, depuis 1930, un groupe de Français cherche à établir, lui aussi, une industrie de machines à cartes perforées en France. Ses éléments les plus actifs sont deux polytechniciens, Elle Doury, vendeur de machines Powers, et Georges Vieillard, qui utilise ces mêmes machines à la banque d'Alsace-Lorraine. L'idée de base du projet est d'assurer le financement de l'opération par un groupement d'utilisateurs au sein d'un syndicat. Nos deux polytechniciens rencontrent Émile Genon qui est, lui, à la recherche de capitaux pour assurer le développement de H.W. Egli Bull : l'accord se fait rapidement. Mais il faut d'abord écarter Remington Rand. Le bateau qui ramène aux USA les représentants de Remington Rand, arrivera le 7 décembre. Les Français disposent donc pour agir de la durée de la traversée. Le 2 décembre, G. Vieillard téléphone au président de H.W. Egli, lui propose de lui racheter la moitié de sa participation dans le capital d'H.W. Egli-Bull, et lui précise qu'il enverra, le soir même, 50 000 F à titre d'avance (tout ce dont G. Vieillard et E. Doury disposent alors). Pour respecter l'engagement pris, il faut maintenant une structure juridique et des fonds. Dans la même journée du 2 décembre 1931, une société anonyme au capital de 55 000 F, " Le syndicat des utilisants de matériel de mécanographie " est définie dans ses statuts ; la première assemblée générale et constituante se tient avec les sept personnes légalement nécessaires ; les 50 000 F promis sont envoyés à H.W. Egli.
Le 11 décembre, Remington Rand câble l'accord de prise de participation dans le capital de la société H.W. Egli Bull, dont le directeur suggère à Georges Vieillard de retirer son offre. Ce dernier refuse. Et le 20 décembre 1931, le conseil d'administration exprime son intention d'augmenter son capital en attribuant un droit de préférence au syndicat des utilisants. Ce syndicat retire progressivement à H.W. Egli le contrôle de la société, pour devenir bientôt majoritaire. En avril 1932, c'est chose faite huit Français, deux Belges, un Suisse et un Norvégien siègent désormais au conseil. Le président est le colonel Émile Rimailho (1864-1954), célèbre officier d'artillerie qui avait participé à la conception du canon de 75, puis était passé dans l'industrie, où il était devenu un spécialiste de l'organisation scientifique du travail. En 1933, la société H.W. Egli Bull prend le nom de Compagnie des Machines Bull, qu'elle conservera désormais.
Cet article contient des extraits d'un ouvrage de Pierre Mounier-Kuhn, CNRS et Centre de recherches en Histoire de l'Innovation, Université Paris-Sorbonne. Reproduction sous GFDL avec son autorisation (OTRS #2006021810004841).
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