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Émile Rimailho
Émile Rimailho (né le 2 mars 1864 à Paris - mort à Pont-Érambourg le 28 septembre 1954) est un artilleur et ingénieur français.
Il apporta divers perfectionnements aux canons en usage dans l'armée française après la défaite de 1870 : limitation du recul, sécurisation de la mise à feu, meilleure mobilité. Ses travaux sont notamment à l'origine du canon de 75 et du canon de 155 court à tir rapide, appelé « rimailho » pendant la Première Guerre mondiale[1]. Il eut une seconde carrière en tant que chef d'entreprise, notamment comme président de la Compagnie des Machines Bull.
Sommaire
Biographie
L'ingénieur
Fils d'un commerçant originaire de Saint-Gaudens, Émile Rimailho entre à l’École Polytechnique en octobre 1884 puis étudie à l’École d'application de l'artillerie. Sous la direction d'Émile Sainte-Claire Deville, il travaille comme capitaine au perfectionnement du canon de 75 imaginé par le colonel Deport à partir de 1895.
Cette première arme étant homologuée par l'armée (1897), il apporte ensuite (à partir de 1898) plusieurs améliorations à l'obusier de 155 mm de De Bange (1881) pour en faire un canon court à tir rapide (le 155 C.T.R. modèle 1904 dit Rimailho) : ce canon équipa cinq régiments durant la Première Guerre mondiale, dont celui du philosophe Alain[2]. Rimailho regrettait les contraintes techniques imposées, pour des raisons de compatibilité avec un matériel plus ancien, à son invention, et qui limitaient la portée de l'arme à 7 000 m.
Voici le jugement d'Alain sur ce canon :
- Je vis arriver les Rimailho, canons de 155 à tir rapide ; j'admirai ces ingénieuses mécaniques ; j'eus ensuite occasion de comprendre que le tir rapide, comme la poudre sans fumée[3], sont des idées de cabinet. Le tir rapide fait qu'on manque bientôt d'obus ; mais surtout il échauffe les pièces et les met hors d'usage. Et j'ajoute que le Rimailho avait une portée ridiculement courte ; c'est pourquoi il fallait bien le rapprocher des lignes. Les gros obusiers allemands portaient à douze kilomètres ; ainsi ils se tenaient à peu près hors d'atteinte...[4]
En 1899, Émile Rimailho est affecté en Afrique, puis au grade de commandant dirige entre 1906 et 1908 une batterie de 155 CTR au Régiment d’Artillerie stationné à Vincennes. Après une formation d’un an au Centre des hautes études militaires, il est promu au grade de lieutenant-colonel en mars 1911.
Le chef d'entreprise
À l'exemple d'autres officiers (les colonels Deport et Louis Filloux), il fait valoir prématurément ses droits à la retraite en février 1913 pour entrer comme directeur de l'usine Châtillon-Commentry de la Compagnie des forges et aciéries de la marine et d'Homécourt, basée à Saint-Chamond, dans la Loire. Comme tout citoyen, Rimailho est mobilisé le 2 août 1914, mais les dirigeants de Marine-Homécourt font promptement comprendre au ministre de la Guerre qu'ils exigent la démobilisation de leur nouvel employé. Rimailho est donc « mis à disposition du ministère » le 12 novembre 1914. De retour à Saint-Chamond, il est nommé directeur technique de la Compagnie en mars 1915, et reprend son activité favorite : la conception et la systématisation des armements.
En juin 1919, il est nommé administrateur de la Compagnie générale de construction et d’entretien du matériel de chemin de fer (CGCEM), poste qu'il occupera pratiquement le reste de sa vie. Il se consacre alors à l'organisation du travail et à la détermination du prix de revient des produits industriels (théorie des sections homogènes).
Albert Caquot lui confie en 1931 un cours d'organisation du travail dans l’École nationale supérieure de l’Aéronautique qui vient d'être créée.
Sous l'Occupation, ce partisan des idées corporatistes et planistes joue un rôle de premier plan dans la création du Service d’étude des nouvelles méthodes de Rémunération du travail (SERT), une institution inspirée du Catholicisme social qui sert la propagande du régime de Vichy et des autorités d'Occupation. Rimailho crée un cabinet d'ingénieurs consultants, la Compagnie d’ingénieurs en organisation, qui relaie les idées de l’ « Organisation à la française », ouvrage publié dix ans plus tôt.
Décorations
- Commandeur de la Légion d'honneur en 1920
Œuvres
- « Rapport sur l'établissement des prix de revient » (1928), CGPF, 107 p., Paris.
- « L’organisation à la Française » (1935), notes du cours de management assuré par Rimailho à l'ENSAE, est un manifeste inspiré du taylorisme
- en coll. avec Hyacinthe Dubreuil. – « Deux hommes parlent du travail » (1939) Éditions Bernard Grasset, Paris. In-16 (21 cm), 337 p.
- « Chacun sa part » (1947, 2 vol.), éd. Delmas, Paris
Notes
Sources
Bibliographie
- Yannick Lemarchand - "Le lieutenant-colonel Rimailho, portrait pluriel pour un itinéraire singulier", Entreprises et Histoire, 1998, n° 20, décembre, p. 9-32.
- Général Challéat - « L'artillerie de terre en France pendant un siècle » (1933)
- Jean Doise et Maurice Vaïsse - « Diplomatie et outil militaire. Politique étrangère de la France : 1871-1991 », Le Seuil, collection Points Histoire, 1992, 749 p.ISBN 2020141590.
Liens externes
- Biographie détaillée par Yannick Lemarchand sur le site de l'Institut de Stratégie Comparée, de la Commission Française d'Histoire Militaire et de l'Institut d'Histoire des Conflits Contemporains
- photos du canon de 155 mm
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