François-Joseph Heim

François-Joseph Heim
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La Bataille de Rocroi par Heim, 1834.

François-Joseph Heim, le 16 janvier 1787 à Belfort et mort à Paris le 30 septembre 1865, est un peintre français.

Biographie

Le père de Heim, qui enseignait le dessin au collège de Belfort et qui était originaire du village de Gueberschwihr, avait épousé à Belfort Marguerite Gérard. Le nouveau- eut pour parrain Jean-Baptiste Kléber, alors architecte et inspecteur des bâtiments publics de larrondissement, qui devait plus tard sillustrer sur les champs de bataille.

Heim ne demeura que deux années à Belfort, son père étant allé se fixer à Strasbourg. Cest sous sa direction quil apprit les premières notions du dessin, quil compléta à lécole centrale de cette ville, il obtint à lâge de onze ans le premier prix de dessin. Ses parents voulaient en faire un mathématicien pour le pousser dans larme du génie, mais Heim résista et la passion de lart fut la plus forte.

En 1803, il se rendit à Paris pour étudier la peinture dans latelier de François-André Vincent, il eut Jean Alaux, François-Édouard Picot, Horace Vernet pour camarades datelier. Il se mit au travail avec ardeur. On raconte quà cette époque, Heim ayant fait un tableau influencé par les impressionnalistes dalors, il le montra à Vincent. Celui-ci, après lavoir examiné, lui dit : « Cest donc vous êtes arrivé ! si vous continuez dans cette voie, vous êtes perdu ! » La secousse ressentie par le jeune homme à ces paroles fut terrible. Il sortit, sans trop savoir il allait ; arrivé au milieu du pont des Arts, il sarrêta brusquement, jeta son tableau par-dessus le parapet et courut dans latelier dun de ses amis. , il se regarda dans la glace : sa figure bouleversée exprimait le chagrin, la honte. Alors, sans dire un mot, saisissant une toile, un pinceau et une palette, il fit son propre portrait qui, dit-on, est une de ses meilleures œuvres et fut retrouvée dans une vente publique à la fin du XIXe siècle.

Heim ne tarda pas à mériter que Vincent change son jugement à son sujet. En 1806, il concourut pour le prix de Rome contre Boisselier laîné, dessinateur plein de fougue et dinvention, qui lemporta. Heim, qui neut que le second prix avec son Retour de lEnfant prodigue, fut plus heureux lannée suivante. Le premier prix lui fut décerné par acclamation pour son tableau sur le sujet de Thésée vainqueur du Minotaure.

Heim avait à peine vingt ans, lorsquau mois de janvier 1808 il se rendit, en qualité de pensionnaire de lÉtat, compléter ses études à Rome. Il se passionna pour Michel-Ange et fit de ses fresques de superbes copies. Les ouvrages quil envoya de Rome firent sensation ; lun, représentant un Berger buvant à une fontaine, se trouvait au musée de Strasbourg avant sa destruction en 1870.

De retour à Paris, Heim obtint en 1812 une médaille dor de première classe pour son tableau intitulé lArrivée de Jacob en Mésopotamie, qui appartient au musée de Bordeaux. Il exposa ensuite Saint Jean (1814). Au Salon de 1817, il envoya Ptolémée Philopator saisi de crainte en voulant entrer de force dans le temple de Jérusalem et entraîné par ses amis (Fontainebleau) ; Jacob arrivant chez Laban (musée de Bordeaux) ; Faustulus apportant à sa femme Romulus et Rémus (ancienne collection Brackenhoffer, maire de Strasbourg) ; Jacob recevant la robe de Joseph (musée de Lyon). En 1819, il connut un grand succès avec son Martyre de Saint Cyr et de Sainte Juliette, sa mère, qui lui valut une nouvelle médaille de première classe et qui se trouve dans léglise Saint-Gervais à Paris. Au même Salon, Heim exposa la Résurrection de Lazare, la Clémence de Titus, Vespasien distribuant des secours au peuple. Cest à partir de cette époque que data sa réputation.

Vers la même époque, Heim fit paraître le Martyre de Saint Hippolyte, qui est à Notre-Dame de Paris, et Saint Hyacinthe ressuscitant un jeune homme qui sest noyé (même église) ; en 1824, Sainte Adélaïde et Saint Arnould, évêque de Metz. Ces peintures furent dautant plus remarquées quelles contrastaient avec celles de cette époque, qui traitaient généralement des sujets mythologiques.

Heim exposa encore, en 1824, la Prise du temple de Jérusalem par les Romains, connue aussi sous le titre de Massacre des Juifs par Titus. Cette œuvre eut un succès extraordinaire et valut à lartiste dêtre décoré de la propre main du roi devant son œuvre même. Au Salon de 1827, Heim avait exposé une toile dun tout autre caractère : Charles X distribuant des récompenses aux artistes exposants du salon de 1824 au Louvre, le 15 janvier 1825. Il y a résolu un thème presque inabordable à force de difficultés ; les groupes de personnages officiels et de membres de lInstitut ont du relief, malgré la monotonie des uniformes académiques, et se meuvent librement, malgré lespèce de cohue dont ils font partie. Chaque tête est un portrait finement peint, plein dexpression, et la scène entière se détache sur le fond du salon carré du Louvre. Dans la même manière, Heim a peint une Andrieux faisant une lecture dans le foyer de la Comédie-Française, composition présentant les portraits dun grand nombre dartistes dramatiques célèbres à cette époque (1847). Mais le même mérite ne fut pas reconnu aux grandes toiles peintes pour les galeries de Versailles : Louis-Philippe recevant les députés qui lui défèrent la couronne (1834), le Champ de Mai de 1815 (1836), la Bataille de Rocroi en 1643, la Défense du château de Burgos en 1812.

En 1824, Heim fut chargé de décorer la huitième salle du musée Charles X, au Louvre, qui renfermait une partie des antiquités grecques et romaines. Il peignit sur le grand plafond, de 35 pieds sur 18, le Vésuve personnifié reçoit de Jupiter le feu qui doit consumer les villes dHerculanum, de Pompéi et de Stabies. On y voit ces villes implorant le maître des dieux et Minerve, protectrice des arts, intercédant pour elles, tandis quÉole tient les vents enchaînés et attend lordre de Jupiter. Les voussures du plafond sont ornées de six tableaux ; quatre représentent des scènes de désolation ; le cinquième, la mort de Pline l'Ancien ; le sixième, Pline le jeune écrivant ses lettres. Dans la même salle Heim peignit huit ronds à fonds dor, sur lesquels il représenta des génies sauvant les objets dart. On a reproché une certaine mollesse aux figures de ce plafond, qui est néanmoins est un des meilleurs parmi ceux de la galerie Charles X.

La résurrection de Lazare par François-Joseph Heim (vers 1820, cathédrale Saint-Lazare d'Autun, Autun)

Renfermant les tableaux de lÉcole française, la cinquième salle fut également décorée par Heim. Le plafond représente, sous une forme allégorique, la Renaissance des arts en France. La France, accompagnée du génie des arts, offre ses trésors à ceux-ci qui accourent au bruit de la Renommée. La gloire leur présente des couronnes. Les voussures renferment huit tableaux, dont les sujets sont tirés de lhistoire de France à partir du règne de Charles VIII jusqu'au règne de Henri II. Ces sujets sont le Pérugin faisant le portrait de Charles VIII ; lEntrée triomphante de Charles VIII à Naples ; la Clémence de Louis XII ; François Ier visitant latelier de Benvenuto Cellini à lhôtel de Nesle ; Léonard de Vinci à son lit de mort ; le Camp du drap dor ; la Mort de Bayard ; le Tournoi de 1559, dans lequel Henri II fut blessé par Montgommery.

Les grandes compositions religieuses ou historiques de Heim, qui respirent la correction et la fermeté du dessin, la puissance du modelé, la solidité du coloris, beaucoup délan et de mouvement, alliés à lobservation, à la grâce et à la finesse, devaient lui faire obtenir plusieurs distinctions. En 1829, ses pairs lélirent membre de lAcadémie des beaux-arts, en remplacement de Jean-Baptiste Regnault ; plus tard, le 19 août 1831, il devint professeur à lÉcole des beaux-arts ; enfin, en 1853, président de lAcadémie des beaux-arts. À la suite dune chute quil fit en peignant lun des plafonds du Louvre, Heim se vit condamné à linaction pendant plusieurs années. Après sa guérison, dont il désespérait, il se remit de nouveau au travail.

En 1844, il exécuta les belles peintures de la salle des conférences de la Chambre des députés. Elles se composent de quatre sujets principaux représentant Charlemagne faisant lire au peuple ses capitulaires ; Louis VI, dit le Gros, affranchissant les communes ; Saint-Louis faisant publier ses ordonnances avant son départ pour la Terre-Sainte ; Louis XII organisant définitivement la Chambre des comptes ; puis de quatre figures allégoriques : la Prudence, la Justice, la Force et la Vigilance ; de douze médaillons supportés par des figures en grisaille, sont peints les portraits de labbé Suger, de Jannin, de Mathieu Molé, de Thou, de Sully, de Richelieu, de Montesquieu, de dAguesseau, de lHospital, de Michel Montaigne, de Colbert et de Turgot ; de huit figures allégoriques placées aux quatre angles : lAgriculture, la Marine, les Beaux-Arts, lIndustrie, le Commerce, les Sciences, la Paix et la Guerre ; enfin de quatre écussons portant les inscriptions suivantes : Charte de 1830, Code Napoléon.

Après avoir été pendant bien des années oublié et méconnu, Heim fut réhabilité en 1853 grâce à un tableau représentant la Défaite des Cimbres par Marins, que lempereur Napoléon III donna au musée de Lyon. Lexposition universelle de 1855 fut pour le vieux peintre dhistoire loccasion dun nouveau succès ; il y envoya une esquisse de la bataille de Rocroi et des portraits au crayon, singulièrement vivants, de membres de lInstitut, qui lui valurent la croix dofficier de la Légion dhonneur et la grande médaille dhonneur. Théophile Gautier le proclama un artiste de premier ordre et déclara que, si ses dernières œuvres laissaient à désirer, les anciennes ne seraient pas déplacées à côté des meilleurs tableaux des maîtres bolonais.

Heim exposa de nouveau, en 1859, une série de portraits des membres de lInstitut, aujourdhui au Louvre, respire une jeunesse, une vie, une fermeté quon naurait pas soupçonnées chez le vieux peintre classique. Parmi les autres ouvrages de Heim, on citera : un Saint-Jean (1814), qui a appartenu à Denon ; le Rétablissement des sépultures royales à Saint-Denis (1819) ; la Victoire de Judas Macchabée, pêle-mêle effroyable dhommes et de chevaux rendu avec une grande vigueur ; un tableau sur place à léglise Notre-Dame-de-Lorette ; les peintures de la chapelle des âmes du Purgatoire à léglise Saint-Sulpice, et celles de la chapelle Sainte-Anne à Saint-Sévérin ; le portrait de madame Hersent.

À sa mort, Gérôme lui succéda à lAcadémie des beaux-arts. On a dit de lui qu’« il ne se mêla jamais à ces luttes jalouses, à ces mesquines rivalités décole qui ne viennent que trop souvent troubler lharmonie qui devrait toujours régner dans le poétique domaine des arts. Étranger à tout étroit système, il sinclina devant le Beau partout il le trouva ; aussi, tous ses ouvrages semblent-ils sêtre animés au souffle de la vérité éternelle, de la Perfection. »

Saintin a porté ce jugement sur Heim : « II eût pu être un maître ; il avait lénergie, celle du dessin comme celle de la brosse. Il avait la vigueur du mouvement, il avait lampleur du geste, mais son mauvais sort voulut quil lui manquât je ne sais quelle hardiesse un peu intempérante des vrais maîtres : la confiance dans ses propres yeux, le dédain instinctif des manières favorisées du public, enfin cette indépendance de lesprit qui vient plutôt du tempérament que de léducation. Heim, soit timidité, soit prudence, nosa jamais saffranchir de la tradition académique, si puissante dans sa jeunesse ; jamais il ne trancha résolument les lisières de cette tradition ; et sil recueillit, par des commandes régulières, les bénéfices dune telle sagesse de conduite, il y perdit les meilleures chances de sa gloire. »

« Heim, dit Kaempfen, était de petite taille, sec, nerveux ; les yeux nétaient pas grands, mais vifs et expressifs ; une grande bouche, le nez proéminent, le visage maigre et long, des cheveux abondants, le teint animé, la physionomie sympathique et prodigieusement mobile. Le cœur, chez Heim, valait lintelligence ; nul nétait plus que lui accessible aux jeunes gens, plus disposé à leur donner dutiles conseils. Il aimait à obliger et gardait un souvenir reconnaissant des services rendus à lui ou aux siens Il avait une nature délicate, indépendante et fière, timide aussi. Lorsquil présidait une séance de lInstitut, rien quà prononcer la phrase sacramentelle : « Messieurs, la séance est ouverte », il rougissait jusquaux oreilles. Devant sa toile, le peintre, dont les qualités maitresses étaient la sûreté et la vigueur, nétait guère rassuré non plus. Il avait ces frayeurs, ces hésitations, ces tremblements dont se sent saisi lartiste qui a vraiment lamour et le respect du beau. Cest peut-être parce quil comprenait si bien les difficultés de lart, quil ne reprenait le plus souvent les élèves quavec des ménagements extrêmes et des précautions touchantesDes succès éclatants navaient pas ébloui lartiste et ne lui avaient donné aucune vanité. Sa modestie allait si loin, que sans cesse il seffaçait pour rehausser le mérite des autres. Sa bonhomie, sa gaieté, la cordialité de ses manières, son humeur égale, rendaient son commerce des plus agréables ; aussi tous ceux qui lapprochaient avaient pour lui autant daffection que destime. »

Sources

  • Revue dAlsace, Colmar ; Belfort, Fédération des sociétés dhistoire et darchéologie dAlsace, année 35, 1884, p. 329-36.

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