Finkielkraut

Finkielkraut

Alain Finkielkraut

Alain Finkielkraut est un écrivain, philosophe et essayiste français né à Paris le 30 juin 1949.

Auteur de nombreux ouvrages sur la mémoire, l'amour, la postmodernité et la culture contemporaine, il défend la notion d'identité, l'idée de transmission, l'esprit des humanités et la redécouverte du sens du tragique. Il s'est exprimé sur l'antisémitisme et le racisme, sur le multiculturalisme, sur les failles du système éducatif français qui conduisent à la marginalisation des enfants de l'immigration, ou encore les guerres de Yougoslavie.

Sommaire

Biographie

Alain Finkielkraut est le fils unique d'un maroquinier juif polonais déporté en 1941 à Auschwitz[1],[2]. Après ses études secondaires, il prépare, au lycée Henri-IV, le concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure et il est reçu à l'École normale supérieure de Saint-Cloud en 1969 puis, à l'agrégation de Lettres modernes (1er) en 1972[réf. nécessaire].

En 1974, il est professeur au lycée technique de Beauvais. De 1976 à 1978, il enseigne à Berkeley au French Literature Department. Depuis novembre 1989, il est professeur de culture générale et d' « histoire des idées » au département Humanités et sciences sociales de l'École polytechnique[réf. nécessaire].

Il est membre fondateur, avec Benny Lévy et Bernard-Henri Lévy, de l'Institut d'études lévinassiennes à Jérusalem[réf. nécessaire].

Il anime une émission radiophonique hebdomadaire d'entretiens, Répliques, sur France Culture depuis 1987. Il a aussi animé un temps une émission d'opinion, Qui Vive, sur la Radio de la communauté juive (RCJ) jusqu'en juin 2006.

En 1994, il est fait chevalier de la Légion d'honneur[3]. Il a été promu Officier de la Légion d'honneur le 1er janvier 2009[4].

Travaux

Alain Finkielkraut définit ainsi ses travaux : « Je cherche d'abord à tirer au clair la métaphysique, c'est-à-dire le rapport fondamental à l'être qui se manifeste dans la sensibilité, les façons d'agir, de faire, les mœurs, les habitudes caractéristiques de notre temps. »[réf. nécessaire]

La publication de La Défaite de la pensée en 1987 marque un tournant dans son œuvre et le début d'une critique de la « barbarie du monde moderne », qui s'inscrit dans le droit fil de Hannah Arendt à laquelle il ne cesse de se référer[évasif].

Analyse de l'amour et de l'idéologie de la « révolution sexuelle »

Le Nouveau Désordre amoureux, écrit en 1977 avec Pascal Bruckner, est l'ouvrage qui l'a rendu célèbre. L'ouvrage s'attaque au « mythe de la Révolution sexuelle » qui serait issu de Mai 68 et des théories de Gilles Deleuze et Félix Guattari, de Guy Debord et des situationnistes. Contre Gilles Deleuze et Félix Guattari qui, selon la lecture de Finkielkraut et Bruckner, nient l'amour ou, en tout cas, affirment que l'amour, en tant que valeur abstraite, serait une chose « ignoble » (in Le Nouveau Désordre amoureux), Finkielkraut et Bruckner affirment a contrario l'existence de l'amour et son impossible réforme : « l'amour ne se prête pas à la révolution ». Ils voient les femmes comme les victimes de cette idéologie.

Dans La Sagesse de l'amour (1984), Alain Finkielkraut s'inspire de l'œuvre d'Emmanuel Lévinas et interroge les expériences collectives de notre temps et le rapport à l'autre dans la vie individuelle.

Réhabilitation de Péguy

Le Mécontemporain, Charles Péguy, lecteur du monde moderne (1992) se veut une réhabilitation de Péguy, dont l'œuvre selon Finkielkraut est trop souvent jugée inutile parce que conservatrice. Finkielkraut écrit « L'heure est venue, si nous voulons comprendre notre temps, de lever la quarantaine, de lire Péguy, de réintégrer dans la cité intellectuelle la grande pensée poétique et critique qui annonce "une panmuflerie sans limites" et voit poindre "un monde non seulement qui fait des blagues, mais qui ne fait que des blagues, et qui fait toutes les blagues, qui fait blague de tout"[5] »[6] . En effet Péguy, aux antipodes de cet « universalisme facile » dont parle Jean-Claude Milner, écrit « Je ne veux pas que l'autre soit le même, je veux que l'autre soit autre. C'est à Babel qu'était la confusion, dit Dieu, cette fois que l'homme voulut faire le malin »[7].

Critique de la société, de la culture et des comportements modernes

Le fil qui parcourt toute l'œuvre de Finkielkraut est la critique de la modernité. Finkielkraut qualifie sa position et ses thèses d’« anti-modernes », à cause de sa critique du progressisme, du « droit-de-l'hommisme » et de ce qu'il appelle à la suite d'Émile Durkheim, la « religion de l'humanité », pour laquelle il estime que la compassion immodérée de l'autre altère la réflexion politique.[réf. nécessaire]

Alain Finkielkraut écrit La Défaite de la pensée en 1987. Après Sigmund Freud sous les auspices de qui est écrit ce livre, Finkielkraut analyse le malaise grandissant dans la domaine de la culture[évasif]. « Car la culture, c'est la vie avec la pensée. Et on constate aujourd'hui qu'il est courant de baptiser culturelles des activités où la pensée n'a aucune part. »[8] Alors que Freud voyait dans les contradictions de la civilisation les causes de cet inévitable malaise qui s'abat sur les hommes, Finkielkraut, lui, dénonce[évasif] l'impasse du « tout culturel » qui confond selon lui toute activité avec un fait de culture et la politique du « tout culturel » du Ministre de la culture de l'époque (Jack Lang). Il considère que « l'École suit cette même pente [...] qui la détruit ».

L'Ingratitude, conversation sur notre temps, publié en 1999, est un dialogue avec Antoine Robitaille. « À délier l'être de l'héritage, est-on, comme le croit notre temps, plus lucide, plus ouvert et plus libre ? Voilà la question à laquelle s'efforce de répondre cette conversation silencieuse. »[citation nécessaire] Les thèmes du livre sont selon la présentation qu'en fait l'auteur « les petites nations, le destin des langues, la transmission, l'amour du monde, le multiculturalisme, la mort de l'admiration[réf. souhaitée] ».

Dans une époque d'ingratitude comme la nôtre[évasif] où « Ce qui caractérise notre temps, c'est, comme l'a noté profondément Hans Jonas, la nature quasiment compulsive du progrès », Alain Finkielkraut considère que, obnubilés par l'idéologie du changement, du mouvement, et animés par le fantasme d'une modernité enfin libre et autonome parce que débarrassée du fardeau de ses morts encombrants, les contemporains auraient perdu tout rapport à la tradition, toute notion d'héritage.

L'Humanité écrit que « depuis vingt ans, Alain Finkielkraut, ne cesse d’approfondir la même question, philosophique et politique, de la mémoire et du rapport entre tradition et modernité. Entre l’impossible oubli et l’injonction de commémorer, il se refuse toujours à choisir[réf. souhaitée]. »

L'Imparfait du présent est un échange entre l'observation des événements et la poursuite des préoccupations d'Alain Finkielkraut : la défense de la laïcité ; la défense d'une École républicaine ; une certaine idée de l'école et de la culture où l’idéal de transmission générationnelle, dans le temps, devrait prévaloir sur celui de communication entre contemporains, dans le présent et puis aussi, l’inquiétude – reprise d’un des thèmes-clés de la pensée heideggérienne – suscitée par la prolifération de la technique. Le privilège du présent qui caractérise les sociétés modernes, aussi bien que leur légèreté à ne pas vouloir s'interroger sur les questions de la technique, retrouvent l'interrogation de Finkielkraut sur l'héritage, la transmission, le rapport à la tradition[réf. nécessaire].

L'ouvrage Nous autres, modernes : Quatre leçons, publié en 2005 est ainsi présenté par l'auteur : « À quoi Descartes nous détermine-t-il ? Hier encore, il était possible de répondre : à nous rendre méthodiquement, polytechniquement maîtres de toutes choses pour soulager le sort des hommes et rendre leur vie plus agréable. Mais voici que les réalités nées de la philosophie de l'homme moderne s'ingénient à contredire les ambitions de cette philosophie, à transformer ses promesses en menaces, à fonctionner pour elles-mêmes. Il est devenu difficile d'opposer, sans autre forme de procès, les calculs de la raison aux ténèbres de la superstition car les processus que la raison déchaîne n'ont rien de raisonnable. C'est ce paradoxe, c'est cette surprise philosophique réservée à la philosophie, c'est cet ébranlement de la modernité par elle-même que j'ai voulu inlassablement explorer et interroger dans les leçons qu'on va lire. »[réf. souhaitée] Nous autres, modernes se veut une mise au point sur différents problèmes de l'époque. Dans ces quatre leçons, il examine les divers aspects, positifs ou critiquables, de la modernité. Il met l'accent sur les contradictions de la rationalité technique et de la raison moderne, en tant qu'elles aboutissent à créer « des processus qui n'ont rien de raisonnable ».

Finkielkraut s'est intéressé au retournement intérieur de personnalités très différentes[évasif], Roland Barthes ou Vassili Grossman. Chacun dans son époque et son histoire, soit la France des Trente Glorieuses, pour l'un ou l'Union soviétique stalinienne, pour l'autre, a vécu un moment paradigmatique de la modernité et a fait une expérience de vie également exemplaire[évasif]. Ce sont ces expériences douloureuses, et singulières, – car pour Barthes ce fut celle de la mort de sa mère, et pour Grossman, la découverte des camps –, qui les ont, à travers le traumatisme et la perte, libérés du devoir d'être modernes[réf. nécessaire]. Finkielkraut montre comment ils ont été, à travers des expériences de deuil, rendus à la vérité de leur condition d'êtres humains, par delà la présomption de la modernité à l'égard du passé et par delà la croyance de devoir adhérer à leur temps. Prenant conscience qu'ils étaient des survivants, ils ont ainsi découvert leur responsabilité à l'égard du futur, à travers la prise en charge du passé. Contre la tendance compulsive et si moderne à la liquidation du passé, c'est de sa conservation qu'il en va pour essayer de faire en sorte que les humains que nous sommes puissent encore avoir un monde. Cette notion de monde qui vient de Heidegger, via Hannah Arendt, est synonyme d'un monde vivable pour les humains et afin qu'il ne soit pas l'« immonde » que redoutait et dont parlait Lacan[évasif][réf. nécessaire].

En somme, après les théoriciens de l'École de Francfort auxquels il se rattache par la critique de la raison en tant qu'elle produit de la déraison, après Heidegger et Hannah Arendt dont il reprend les mises en garde au sujet de la destruction du monde, après Leo Strauss retournant aux Anciens, après Nietzsche aussi, dont il partage la critique du nihilisme contemporain, Finkielkraut se classe parmi les penseurs qui poursuivent la « critique de la modernité ».[réf. nécessaire] Il a été considéré[évasif] comme un défenseur de la république, adoptant de ce point de vue la critique de la démocratie de masse, et sa pensée définie comme conservatrice des valeurs de la tradition, comme Hannah Arendt. Les débats à son propos portent sur ce point de savoir comment considérer le rapport entre les deux pôles, soit la critique de la modernité et une position qui pourrait être dite conservatrice[réf. nécessaire].

Cette critique de la modernité se double toujours chez lui d'une défense de la culture, d'une défense de la liberté et de la pensée libre, constitutives de la démocratie et inspirées par la philosophie[réf. nécessaire] (Spinoza, Locke, plus particulièrement) ainsi que de certaines valeurs politiques, républicaines, issues de la tradition philosophique, celle de Jean-Jacques Rousseau en particulier, contre celles de la société de masse en tant qu'elles menacent la démocratie, comme d'autres avant lui l'ont développé de Nietzsche à Leo Strauss et Heidegger en passant par Jacob Talmon, etc. Sa référence à Tocqueville est sur ce point explicite. Sa critique de la modernité s'inscrit dans l'héritage des travaux de Leo Strauss, lui-même élève de Heidegger, comme le fut Hannah Arendt.

Critique de la pensée issue de mai 68

Alain Finkielkraut critique également ce qu'il considère être des illusions de « la pensée issue de 68 » et ceux qui l'accompagnent : Guy Debord et les situationnistes, Gilles Deleuze et Félix Guattari, et plus généralement le progressisme qui façonnerait la vision de la politique et de l'histoire, lointain dérivé de Hegel[réf. nécessaire].

Il s'est opposé avec constance[Quand ?] à la « pensée de la période 68 », pour son aspect libertaire, et également aux versions évolutionniste et économiste du marxisme, ainsi qu'à ce qu'il appelle « l'idéologie du progressisme » dans laquelle il décèle une illusion[réf. nécessaire]. Alain Finkielkraut veut mettre en lumière ce qu'il considère comme des idées reçues et des fausses croyances, sur lesquelles repose selon lui la modernité et dont il entend dénoncer les dangers.

« Le progressisme, c'est l'idée que tout est politique, et qu'en effet on peut accéder à un monde meilleur par un bouleversement radical des institutions, par la révolution ou l'élimination des méchants. La phrase inaugurale du progressisme a été écrite par Jean-Jacques Rousseau: « Je hais la servitude comme la source de tous les maux du genre humain. » Le mal est donc une réalité politique ou économique, ce n'est plus un fait de nature. D'où cette mission inouïe assignée à la politique: en finir avec le mal. Nourrie de cette espérance, la gauche progressiste ne voulait pas voir les horreurs commises en son nom. Et quand elle les voyait et finissait par condamner le communisme soviétique, c'était pour reporter aussitôt son impatience messianique sur Cuba ou sur la Chine. La gauche antitotalitaire, à l'inverse, s'est inspirée de Soljenitsyne et des dissidents pour dénoncer non seulement l'écart entre l'idéal communiste et la réalité, mais aussi le danger d'un idéal d'éradication définitive du mal. On pourrait croire que le mur de Berlin a entraîné dans sa chute les illusions du progressisme. C'est le contraire qui est vrai. L'antitotalitarisme a disparu en même temps que le système totalitaire. »

— Alain Finkielkraut en août 2004[9]

Alain Finkielkraut critique[Où ?][Quand ?] certaines illusions de gauche, c'est-à-dire d'une gauche révolutionnaire avec ce qu'il juge être ses dérives (tiers-mondisme et multiculturalisme menant au relativisme) du point de vue d'une position qui serait celle de la gauche antitotalitaire.

Comme Leo Strauss, il pense que le relativisme mène au nihilisme[réf. nécessaire]. Et, avec Péguy et Arendt, il pense que la destruction de la tradition mène à la destruction de la culture[réf. nécessaire]. Or selon lui, de notre héritage, nous sommes redevables et responsables pour les générations futures, comme l'a également théorisé Hans Jonas[réf. nécessaire]. Et si nous n'avons pas le droit de le détruire, c'est parce que nous n'en sommes que les détenteurs, non les propriétaires.[évasif]

Inspiré par les écrits de Hannah Arendt, Emmanuel Lévinas mais aussi Charles Péguy, Vladimir Jankélévitch, Philippe Muray et Milan Kundera, il analyse les illusions de la modernité et la fragilisation du lien social[évasif][réf. nécessaire]. Il s'en prend régulièrement[Quand ?], notamment dans La défaite de la pensée, au « relativisme » culturel, selon lequel toutes les croyances, mœurs et inventions culturelles se valent.

Réflexions sur les relations internationales

Dans Comment peut-on être Croate ?, publié en 1992, Finkielkraut tente de répondre à une question politique et philosophique : « Pourquoi le cauchemar du XXe siècle a-t-il survécu à la chute du Mur de Berlin ? »

Il collabore à de nombreuses revues dont les revues Arguments et Égards.

Il est parmi les premiers intellectuels à s'engager pour une intervention occidentale en ex-Yougoslavie[réf. nécessaire], dans un climat plutôt hostile[évasif], la position officielle de la France et de son président François Mitterrand étant à l'époque nettement pro-serbe[réf. nécessaire]. Il a défendu également le droit de la Croatie à la sécession contre la Grande Serbie batie sur les ruines de l'ex-Yougoslavie, au nom du principe de la défense des « petites nations » qui sont un gage de liberté.

Travaux sur l'antisémitisme

Dans Le Juif imaginaire (1981), Alain Finkielkraut interroge l'identité des juifs de sa génération, athées et nés après la Guerre, ainsi que l'histoire de cette mémoire qui implique toujours de garder une distance, sans indifférence ni identification[évasif]. Il explique que les descendants des victimes n'ont aucun titre à se présenter eux-mêmes comme des victimes qu'ils ne sont pas, et dans lequel il analyse le problème que constitue la tentation de l'identification[évasif].

Il publie Une voix vient de l'autre rive en 2000 : « Que faire, maintenant que la mémoire d'Auschwitz n'a plus d'ennemis déclarés, pour en soustraire l'exercice à ses amis désinvoltes ou inquiétants ? Que faire pour éviter à la fois la crispation et la manipulation ? » un texte sur la mémoire, dans le fil du Juif imaginaire: comment ne pas oublier, alors que personne n'a le droit de s'identifier (aux victimes), comment transmettre sans s'approprier une tradition qui, universelle, n'appartient à personne en particulier ?

Au nom de l'autre, réflexion sur l'antisémitisme qui vient (2003) est un essai sur ce qu'il perçoit comme la montée d'une nouvelle forme d'antisémitisme. Au nom de l'autre est un appel à la responsabilité et à la prise de conscience de la réalité[évasif] : selon Finkielkraut, les insultes antisémites ne sont pas des faits isolés. Mais l'analyse de l'auteur porte avant tout sur l'évolution de l'antisémitisme : « hier, Céline ou Drumont reprochaient aux Juifs leur cosmopolitisme, leur manque de patrie ; aujourd'hui, c'est leur trop-plein de patrie que les antisémites leur reprochent, leur attachement à une communauté et à un pays[réf. souhaitée] ». Finkielkraut s'inquiète de la résurgence en France d'un antisémitisme « de gauche » et « progressiste ». Ce qui ne l'empêche pas de critiquer les juifs français qui ne se sentent pas français à part entière et n'acceptent pas les règles du jeu républicain.

« Il faut du courage pour porter une kippa dans ces lieux féroces qu'on appelle cités sensibles et dans le métro parisien : le sionisme est criminalisé par toujours plus d'intellectuels, l'enseignement de la Shoah se révèle impossible à l'instant même où il devient obligatoire, la découverte de l'Antiquité livre les Hébreux au chahut des enfants, l'injure "sale juif" a fait sa réapparition (en verlan) dans presque toutes les cours d'école. Les Juifs ont le cœur lourd et, pour la première fois depuis la guerre, ils ont peur. »

— Citation extraite de Au nom de l'autre, réflexion sur l'antisémitisme qui vient[réf. nécessaire]

Après la série d'actes révélant selon lui une "résurgence d'une nouvelle vague d'antisémitisme et d'anti-républicanisme", Alain Finkielkraut écrit :

« Cette fois, ce sont les victimes potentielles de l’exclusion et du racisme qui sont les fers de lance de cet antisémitisme violent. […] Pour la première fois, nous sommes dans le même bateau. C’est une judéophobie qui emprunte son argumentaire à l'antisémitisme apocalyptique de l’Europe des années trente mais qui se nourrit de l’exploitation du conflit israélo-palestinien, comme on l’a vu à Durban. Nous subissons les retombées de ce phénomène dans certaines banlieues dont Ben Laden est explicitement le héros. […] Les professeurs - en tant que représentants de la République, de la France dans ce qu’elle a de meilleur - et les Juifs sont visés en même temps. Il y a une guerre contre les pompiers, une guerre contre les professeurs, une guerre contre les Juifs. Quand il y a un professeur juif, c’est une circonstance aggravante ; il porte deux étoiles jaunes. Mais n’oublions pas qu’il y a une étoile jaune du professeur. Le gouvernement est très coupable de ne pas défendre la République quand elle est attaquée, sous prétexte qu’elle l’est par d’autres gens que ceux dont on a l’habitude. Mais on aurait tort d’isoler complètement les manifestations antisémites d’un mouvement plus vaste dont les Juifs ne sont pas les seules cibles. Ce n’est pas le moment de nous désolidariser de la France en l’accusant puisque la haine dont nous sommes l’objet vise aussi la France[10]. »

La défense de l'école républicaine

Alain Finkielkraut s'est à plusieurs reprises[Quand ?] positionné comme prenant la défense de l'école de la République contre des réformes pédagogiques qu'il juge assez néfastes. Ainsi, il déclare dans une entrevue donnée à l'Express (7 mars 2002): « Lorsque vous vous inquiétez de problèmes d'orthographe dans une classe primaire, l'institutrice vous répond: "Je sais, mais je ne suis pas sûre de terminer le programme à cause des activités d'éveil"! Le prix à payer pour ces activités nouvelles, introduites par la réforme, alors que personne ne les a demandées, est un retard généralisé des apprentissages fondamentaux, tels que la maîtrise de la langue. » Dans ces prises de position, il s'inscrit dans la lignée de Hannah Arendt[évasif] qui s'attaque, dans un essai devenu célèbre, au contexte éducatif américain des années 1960 qui organise selon elle l'échec de l'apprentissage des enfants grâce à des méthodes pédagogiques qu'elle critique très vivement et dont elle démonte les fautes de raisonnement sur lesquelles reposent ces méthodes[11]. Ce sont ces critiques qu'Alain Finkielkraut partage et qu'il cite, pour lutter contre des réformes en France qu’il juge susceptibles de produire les mêmes effets.

Dans l'article « La révolution culturelle à l'école » publié dans le journal Le Monde le 18 mai 2000, il résume ainsi ses positions : « Jaurès voulait que les enfants du peuple reçoivent une culture équivalente à celle que recevaient les enfants de la bourgeoisie. Les parents instruits et avisés de la bourgeoisie rêvent aujourd'hui que leurs enfants bénéficient d'une culture équivalente à celle qu'ils ont reçue et ils sont prêts à y mettre le prix. Ils usent de tous les stratagèmes, de tous les subterfuges et de tous les déménagements pour trouver une école primaire, puis un collège, puis un lycée - privé ou public - où la communication n'a pas détrôné la transmission, où l'émulation n'est pas taboue, où l'idée de mérite est considérée comme un acquis démocratique et non comme un scandale pour la démocratie, où l'on ne s'adosse pas à la misère pour faire honte à la pensée, où d'autres dimensions de la réalité sont prises en compte que l'environnement social et d'autres dimensions du temps que l'actualité, où la différence entre information et connaissance n'est pas tombée dans l'oubli, où la laïcité n'a pas été vaincue par l'idolâtrie des consoles. »

Il a été consulté sur les questions scolaires[Quand ?], par exemple la Commission Thélot[réf. nécessaire]. Sa position sur ce sujet est celle de la défense de la « valeur de l'étude », contre les théories pédagogiques, qu'il dénonce comme jouant un rôle dans l'aggravation des inégalités.

En 2003, il a consacré aux questions de l'enseignement un ouvrage, Enseigner les lettres aujourd'hui, où il se pose en défenseur de l'école républicaine. Selon lui, celle-ci se serait éloignée de ses objectifs originels d'égalité et d'émancipation.

Selon Élisabeth de Fontenay, philosophe proche d'Alain Finkielkraut[réf. nécessaire], sa position est « une passion de cette école à la française, dont il constate avec désespoir qu’elle n’a pas su être offerte aux enfants défavorisés comme une chance réelle d’intégration, et qu’elle ne fonctionne plus correctement que pour les enfants des bourgeois[12]. »

Émissions radiophoniques

Alain Finkielkraut anime chaque semaine une émission sur France Culture, Répliques, dans laquelle il reçoit des invités qu'il fait dialoguer, présentant souvent des oppositions marquées, il introduit une troisième voix, la sienne, en réplique. L'émission a donné lieu à diverses publications aux éditions du Tricorne, avec Mona Ozouf, Pierre Manent, Philippe Meyer, Jacques Julliard, Pascal Bruckner, Jean-Claude Guillebaud, Tzvetan Todorov, Gérard Israël[réf. nécessaire]. Premier volume d’une série, Ce que peut la littérature regroupe une sélection des meilleures émissions Répliques parmi celles consacrées à la littérature. Elles sont rassemblées par la thématique du pouvoir de la littérature : en quel sens les écrivains changent-ils le monde, non plus comme l’entendait Jean-Paul Sartre au sens de l’engagement politique, mais au sens où ils réorganisent notre perception du monde, des êtres, des valeurs, du présent ou de l’avenir ? À travers la littérature, c’est notre existence qui est changée[évasif].

Un autre volume, Enseigner les Lettres aujourd'hui (Tricorne), reprend les émissions sur les questions d'enseignement pour en garder trace, et par ailleurs travaille en complément de celui du collectif Sauver les Lettres, un des plus importants défenseurs, avec Sauver les mathématiques, d'une école égalitaire dont la principale valeur serait l'étude.

Controverses

Polémiques autour de la guerre en Yougoslavie

Pendant les guerres de Yougoslavie, aux côtés de Bernard-Henri Lévy, il est à l'avant-garde d'un front de défense des Croates puis des Bosniaques, sensibilisant l'opinion publique française à leur sort[13]. Il critique le film Underground d'Emir Kusturica, lorsque celui-ci reçoit la palme d’or à Cannes : il dénonce une œuvre pro-serbe et accuse son auteur d'être nostalgique de la Grande Serbie[14]. Il écrit ainsi : « En récompensant Underground, le jury de Cannes a cru distinguer un créateur à l'imagination foisonnante. En fait, il a honoré un illustrateur servile et tape-à-l'œil de clichés criminels ; il a porté aux nues la version rock, postmoderne, décoiffante, branchée, américanisée, et tournée à Belgrade, de la propagande serbe la plus radoteuse et la plus mensongère. »

Il reconnaîtra plus tard qu’il avait porté un jugement général sur la démarche du réalisateur, n'ayant pas encore vu le film[15].

Positions contre le communautarisme et la critique de l'Occident

Dans sa critique de la modernité, Alain Finkielkraut s'en prend au communautarisme, qui menace la société quand l'idéal de l'universalité se délite[évasif]. Ses prises de position fustigent le communautarisme musulman, et un regain d'antisémitisme qu'il y associe, propos qui ont déclenché des controverses[réf. nécessaire]. En 2002, Alain Finkielkraut dit : « Le voilà le vrai choc des civilisations : l'Occident vit sous le régime de la critique, et le monde musulman - élites laïques comprises - sous celui de la paranoïa[16]. » La même année, le sociologue Daniel Lindenberg dans Le Rappel à l'ordre : enquête sur les nouveaux réactionnaires l'accuse d'être un « néo-réactionnaire »[17]. L'ouvrage de Daniel Lindenberg est vivement dénoncé par les personnes qu'il vise[18] ainsi que de nombreux intellectuels qui pointent le manque de rigueur de la notion de « nouveaux réactionnaires » elle-même.

Le 24 mai 2002, Alain Finkielkraut commente l'ouvrage de la journaliste italienne Oriana Fallaci, La Rage et l'Orgueil, au contenu très polémique et hostile aux musulmans, en ces termes :

« Oriana Fallaci a l'insigne mérite de ne pas se laisser intimider par le mensonge vertueux. Elle met les pieds dans le plat, elle s'efforce de regarder la réalité en face. Elle refuse le narcissisme pénitentiel qui rend l'Occident coupable de ce dont il est victime. Elle prend au mot le discours et les actes des adversaires. Mais, comme elle en a gros sur le cœur, elle va trop loin. Elle écrit avec des Pataugas. Elle cède à la généralisation. Elle ne résiste pas à la tentation d'enfermer ceux qu'elle appelle les fils d'Allah dans leur essence mauvaise. C'est ce qui permettra à la vertu de reprendre la main et à Télérama de dénoncer la lepénisation des esprits dans une Europe contaminée par le « virus » populiste. »

La position d'Alain Finkielkraut déclenche une polémique : Le Monde diplomatique l'accuse de faire le lit de l'islamophobie et d'être un « réactionnaire »[19]. Le philosophe précisera ensuite qu'il estime qu'Oriana Fallaci « succombe au racisme » et que lui-même n'est pas l'ennemi des musulmans[20].

En 2003, Alain Finkielkraut a été accusé par Tariq Ramadan de faire preuve de communautarisme identitaire. Ramadan demandait dans un article diffusé par le Forum social européen[21] que les intellectuels juifs "condamnent la politique d'Israël" avec la même fermeté qui est attendue des intellectuels musulmans pour la politique d'États comme l'Arabie Saoudite ou le Pakistan. D'après Tariq Ramadan, Alain Finkielkraut ne serait plus un intellectuel universaliste défendant les droits de l'homme universels, mais développerait des analyses communautaristes, ce qui l'amènerait à prendre des positions contestables. Alain Finkielkraut, qui considère précisément Tariq Ramadan comme le type même du représentant du communautarisme, l'accuse d'avoir rédigé un texte aux relents antisémites (in Le Figaro, 31 octobre 2003). D'autres intellectuels cités dans l'article (Bernard-Henri Lévy ou André Glucksman) ont fait le même reproche à Tariq Ramadan. L'article de Ramadan fut refusé par la presse (Le Monde, Libération) avant de circuler sur Internet[22].

Indépendamment de cette polémique, Éric Hazan, dans l’ouvrage collectif Antisémitisme, l’intolérable chantage, Israël-Palestine, une affaire française (La Découverte 2003), a reproché à Alain Finkielkraut une perte d'objectivité sur ce sujet, et voit en lui « la Star Academy du sionisme français[23] ». Le journal Le Monde Diplomatique est très critique envers Finkielkraut[24]. Il liste ce qu'il considère comme des amalgames et des « dérapages » concernant l'équipe de France de football, les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, les Juifs et le multiculturalisme[25].

Certains journalistes proches de la gauche antilibérale comme Mona Chollet ou Denis Sieffert voient dans les propos d'Alain Finkielkraut « l’histoire d’un naufrage. Le naufrage d’une pensée qui n’en est plus une tant elle perd pied avec ce qui, pourtant, devrait la fonder : la réalité[26]. »

Alain Finkielkraut oppose ses conceptions de nation et de république au multiculturalisme et au métissage, opposant Israël à une certaine « créolité » qu'il présente comme néfaste ou qu'il estime instrumentalisée vis-à-vis d'Israël conçu comme un « état non-métissé »[réf. nécessaire][27].

A s'en prendre au multiculturalisme, Alain Finkielkraut aurait lui-même cédé selon ses détracteurs au communautarisme. Le sociologue Michel Wieviorka a qualifié Alain Finkielkraut de « républicano-communautariste » : « Il prêche l’idée républicaine un jour sur France-Culture et, le lendemain, dans Haaretz ou sur des radios juives, il se présente comme un intellectuel participant au monde juif. » Wieviorkia estime qu'Alain Finkielkraut « fait partie de cet ensemble d'intellectuels qui, depuis 25 ans, ont mis en avant une vision outrée et "républicaniste" de l'idée républicaine. Du coup, ses propos sont devenus de plus en plus incantatoires et éloignés des réalités. Ils ont été démentis par le fonctionnement même des institutions françaises. A force de tenir en permanence un discours vantant les promesses de la République, alors que ces mêmes promesses ne sont pas tenues pour tout le monde, Finkielkraut s'est enfermé dans une logique incantatoire, qui ne peut déboucher que sur des propos extrêmes et sur l'appel à la répression policière[28]. »

Concernant le multiculturalisme, Finkielkraut ne critique non pas essentiellement le déplacement des êtres humains, à ce titre, l'Occident n'a donc rien de moderne, mais plutôt que les États modernes en Occident reconnaissent et institutionnalisent la diversité ethnique pour des raisons principalement de devoir, de justice et de droit.[évasif][réf. nécessaire]

Dans un Entretien avec l'ethnologue Jeanne Favret-Saada, Alain Finkielkraut répond qu'il ne participe pas à "l'enthousiasme" pour le multiculturalisme qui lui paraît relever du « relativisme ». Sa position consiste à défendre le bien-fondé de l'universalisme qui n'a rien d'incompatible avec la reconnaissance de la diversité culturelle. « C'est (...) à cette tare-là du relativisme culturel qu'il faudrait s'attaquer, et non pas, au nom des Droits de l'homme, à tout ce que d'autres sociétés ont pu produire un jour. D'éprouver un attachement viscéral et politique aux Droits de l'homme, ne devrait pas nous rendre incapables de comprendre les sociétés qui ne les ont ni inventés ni pratiqués. » Alain Finkielkraut procède à des corrections consécutives aux polémiques suscitées[29], où il se défend d'avoir eu des thèses racistes.

Polémique liée à l'interview dans le journal Haaretz

À la suite des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, Alain Finkielkraut donne une interview au quotidien israélien Haaretz[30]. Suite à la publication, Alain Finkielkraut a dénoncé le montage de cette interview par "des journalistes qui voulaient lui nuire".[réf. nécessaire] Alain Finkielkraut dit "n'avoir pas contrôlé la formulation de l'article" non plus que sa traduction et affirme que ses propos ont été "déformés par le journaliste"[31]. En 2007, Alain Finkielkraut précise dans sa pensée et revient sur les déformations de ses propos dans une interview[32].

L'article de Haaretz comprend les passages :

  • « En France, on aimerait bien réduire ces émeutes à leur dimension sociale, les voir comme une révolte des jeunes des banlieues contre leur situation, contre la discrimination dont ils souffrent, contre le chômage. Le problème est que la plupart de ces jeunes sont des Noirs ou des Arabes avec une identité musulmane. Regardez ! En France il y a aussi des immigrés dont la situation est difficile — des Chinois, des Vietnamiens, des Portugais — et ils ne prennent pas part aux émeutes. C'est pourquoi il est clair que cette révolte a un caractère ethnique et religieux. »
  • « Les gens disent que l'équipe nationale française est admirée par tous parce qu'elle est black-blanc-beur. En fait, l'équipe de France est aujourd'hui black-black-black, ce qui provoque des ricanements dans toute l'Europe. »

Ses opposants profitent de l'occasion pour le critiquer.[non neutre] Le Mrap annonça qu'il envisage de porter plainte contre des propos qu'il considère comme racistes[33] puis revient sur son annonce. L'Humanité écrit que « Finkielkraut s’abîme dans une diatribe raciste[34] »

Face aux critiques de certains groupes d'opinion, la philosophe Elisabeth de Fontenay dénonce une campagne de calomnie[35]  : « Devant un tel déchaînement de haine, on ne peut que s’inquiéter et demander comment quelques faiseurs d’opinion ont pu en venir à cette terrifiante réduction, à cette promotion d’un choix de paroles fiévreusement prononcées et parfois falsifiées au statut de révélation définitive sur la vérité profonde d’un homme. Sans doute cela tient-il à la place qu’occupe Finkielkraut dans le monde intellectuel. Car cette campagne aura fait éclater le paradoxe permanent qui le constitue. Comment nier en effet que sa capacité à s’émouvoir et à se battre sur tous les fronts, sa manière parfois terrassante d’exposer son point de vue, de brandir sans prudence la dissension, passionnent et épuisent les uns, antagonisent les autres ? A quoi s’ajoute, bien sûr, la réputation de philosophe médiatique qu’on lui a faite. Pourtant, cette trop facile désignation traduit une méconnaissance du lieu philosophique et politique où il se situe. Ce lecteur d’Hannah Arendt, qui s’attache à penser l’événement, ne dédaigne pas d’utiliser, chaque fois qu’il en a la possibilité, les médias de son temps. Mais ce qu’il y apporte, c’est tout sauf un désir de séduire, puisque, développant des thèses aussi hétérodoxes que longuement méditées, il ne craint pas d’affronter l’isolement et la réprobation. »

Finkielkraut considère l'effondrement de l'école comme une des causes principales de ce qui a semblé être un trait des émeutes, leur caractère ethnique. Les pauvres étant massivement les enfants issus de l'immigration, ils sont la manifestation d'un échec de l'école de la République. Elisabeth de Fontenay écrit : « Pour lui, en effet, ce que les émeutes des banlieues ont d’abord manifesté, est l’effondrement de la mission d’égalisation des chances, impartie à l’éducation nationale. Et même si on peut lui reprocher de ne pas rappeler que des diplômés de l’enseignement supérieur trouvent d’autant moins de travail qu’ils sont issus de l’immigration, il aura vraiment fallu une bonne dose de mauvaise foi pour rattacher la brutalité des propos tenus à autre chose qu’à une passion de cette école à la française, dont il constate avec désespoir qu’elle n’a pas su être offerte aux enfants défavorisés comme une chance réelle d’intégration, et qu’elle ne fonctionne plus correctement que pour les enfants des bourgeois[35]. »

Suite à cet article, des collègues de l'Ecole Polytechnique se sont désolidarisés d'Alain Finkielkraut.[36]

Alain Finkielkraut a présenté ses explications et ses excuses : « je présente des excuses à ceux que ce personnage que je ne suis pas a blessé. (...) La leçon, c'est qu'en effet je ne dois plus donner d'interview, notamment à des journaux dont je ne contrôle pas ou je ne peux pas contrôler le destin ou la traduction[37]. » « Je n'ai en moi aucun mépris ou de haine à l'égard de quelque collectivité que ce soit. Je me sens solidaire par vocation des nouveaux immigrés en France et notamment des immigrés de la deuxième ou troisième génération[38]. »

Ses détracteurs critiquent Alain Finkielkraut sur une prétendue propension à tenir des propos "douteux"[évasif] puis à s'en excuser au motif de déformations et de maladresses[39].

Dans son essai Après la démocratie, Emmanuel Todd revient sur cette polémique et écrit « Jamais en France, on n’eut toléré que des émeutiers soient caractérisés par la couleur de leur peau, si ce blasphème antirépublicain n’avait été le fait d’un intellectuel juif, auquel la sacralisation de la Shoah garantit une protection plus sûre que le passé colonial aux jeunes de banlieue. Dans cet entretien comme ailleurs, il a proposé une lecture ethnicisée et raciale des émeutes de banlieue. »[réf. nécessaire]

Critique du nouvel antisémitisme et de Dieudonné

Alain Finkielkraut a épinglé ce qu'il considère être l'antisémitisme de Dieudonné, qui illustre selon lui un « nouvel antisémitisme proféré au nom de l'antiracisme ». Finkielkraut juge Dieudonné plus dangereux que le Front National[40].

Pour lui le nouvel antisémitisme est un « antisémitisme islamo-progressiste » et s'inquiète de ce que le front antiraciste aurait explosé en France : le Mrap ne lutterait plus contre l'antisémitisme, et Dieudonné prônerait l'antisémitisme au nom de la défense des Noirs[41].

Œuvres

Livres

  • Ralentir, mots-valises !, 1979, Seuil
  • Le Nouveau Désordre amoureux (en collaboration avec Pascal Bruckner), Paris, Seuil, 1977 ISBN 2-02-004582-6
  • Au coin de la rue, l'aventure (en collaboration avec Pascal Bruckner), Seuil, 1979
  • Le Juif imaginaire 1981, Seuil
  • L'Avenir d'une négation, 1982, Seuil
  • La Sagesse de l'amour, 1984, Gallimard
  • La Défaite de la pensée, Paris, 1987, Gallimard, coll. Blanche.
  • La Mémoire vaine, du Crime contre l'humanité, 1989, Gallimard
  • Comment peut-on être Croate ?, 1992, Gallimard : L'auteur tente de répondre à une question politique et philosophique : « Pourquoi le cauchemar du XXe siècle a-t-il survécu à la chute du Mur de Berlin ? »
  • L'Humanité perdue, 1996, Paris, Seuil
  • Le Mécontemporain. Charles Péguy, lecteur du monde moderne. Paris, Gallimard, 1992. Coll. Blanche
  • L'Ingratitude. Conversation sur notre temps avec Antoine Robitaille, Paris, Gallimard, 1999, Coll. Blanche
  • Une Voix vient de l'autre rive, Paris, Gallimard, 2000, Coll. Blanche
  • Internet, l’inquiétante extase, Mille et une nuits, 2001 (Écrit avec Paul Soriano)
  • Penser le XXe siècle, Ecole polytechnique, 2000
  • Des hommes et des bêtes, Tricorne, 2000
  • L'imparfait du présent. Pièces brèves, Paris, Gallimard, 2002
  • Enseigner les lettres aujourd'hui, Tricorne , 2003
  • Les Battements du monde, conversation avec Peter Sloterdijk. Paris, Pauvert, 2003
  • Au nom de l'Autre. Réflexions sur l'antisémitisme qui vient. Paris, Gallimard, 2003. : essai sur la montée d’une nouvelle forme d’antisémitisme.
  • Nous autres, modernes : Quatre leçons (Ellipses, 2005) - Prix Guizot-Calvados 2006
  • Ce que peut la littérature de Alain Finkielkraut, avec Mona Ozouf, Pierre Manent, Suzanne Julliard (collectif), éd. Stock, coll. « Les Essais », octobre 2006, 295 p. ISBN 2-234-05914-3
  • Entretiens sur la laïcité. Avec Benny Lévy, Verdier, 2006
  • Petit fictionnaire illustré : les mots qui manquent au dico , Points Seuil, 2006
  • Qu'est-ce que la France (Stock, 2007) : une série d'entretiens avec des intellectuels français sur la France, l'identité française, la question de la nation et de post-national, etc...
  • La Querelle de l'école, Stock, 2007
  • Philosophie et modernité, École Polytechnique, 2008
  • Un cœur intelligent, Stock, 2009

Articles

  • Entretien avec Jeanne Favret-Saada, « Un clip vaut Shakespeare » En Europe, les nations, 17 octobre 1991
  • Les juifs face à la religion de l'humanité. Le Débat.
  • Amour et utopie. Entrevue réalisée par Andrée Fortin (Nuit blanche, no 12, février-mars 1984, p. 46)
  • Le sens de l'héritage. Entretien avec Alain Finkielkraut. Label France, no 38, janvier 2000
  • Promesses et menaces de la science. « Répliques », France-Culture. Transcription de l'émission du 17 février 1996. Alain Finkielkraut reçoit Claude Allègre et François Lurçat (Alliage, no 27, 1996)
  • Hystérie et héritage (Libération, 22-23 février 1997): réflexion à propos de l'affaire des « sans papiers » en France
  • La politique est un risque à courir. Entretien avec Alain Finkielkraut. Réalisée par Valérie Lanctuit. Regards, no 30, décembre 1997
  • Le monde de la haine et des slogans, Le Monde, 12 décembre 1997
  • En finir avec les postures morales. Entretien. Le Figaro Magazine, 10 avril 1998
  • La révolution cuculturelle à l'école, Le Monde, 18 mai 2000
  • La mémoire et son double. Entretien avec Stéphane Floccari. L'Humanité, 18 mai 2000
  • La France grégaire, Le Monde, 6 juin 2000
  • J'avoue tout [à propos de l'« affaire Renaud Camus »], Le Monde, 7 juillet 2000
  • « Esprit Saint contre esprit du temps: un hommage à Joseph Ratzinger », Égards, numéro IX, automne 2005, pp. 15-18.
  • J'assume (propos recueillis Sylvain Cypel et Sylvie Kauffmann) Le Monde, 27 novembre 2005

Émission télévisée

Notes et références

  1. Voir Synopsis de l'émission du 15 septembre 2003 sur le site de France Culture
  2. Voir le portrait paru dans Libération le 19 avril 1999
  3. Décret du 13 juillet 1994 portant promotion et nomination
  4. http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/01/01/01016-20090101ARTFIG00231-simone-veil-zidane-et-lagardere-decores-.php « La Légion d'honneur du Nouvel An »], Le Figaro, 1er janvier 2009.
  5. Voir page 44 in Deuxième élégie XXX, Charles‎ Péguy, NRF Gallimard, 1955
  6. Voir Le Mécontemporain, Charles Péguy, Lecteur du monde moderne, Alain Finkielkraut, Gallimard, 1991
  7. Voir page 1569 in Œuvres poétiques complètes, Charles Péguy, Gallimard, 1975
  8. Alain Finkielkraut, La Défaite de la pensée, Gallimard, 1987, 4e de couverture, ISBN 2 07 070945 0
  9. l'Express, 30 août 2004, à propos de son livre Au nom de l'Autre.
  10. L’Arche. Le mensuel du judaïsme français, N° 527-528, janvier-février 2002, page 36.
  11. Hannah Arendt, « La crise de l’éducation », in La crise de la culture, ed. Gallimard (Bibliothèque des idées), 1972.
  12. Le Monde, 3 février 2006
  13. Alain Finkielkraut, recueil de douze articles sur les Balkans parus dans Le Monde : « Les mots et la guerre », 4 octobre 1991 ; « La fiction », 23 novembre 1991 ; « Crime parfait », 14 octobre 1992 ; « Révisionnisme », 15 janvier 1993 ; « L'inutilité du XXe siècle », 18 mars 1993 ; « L'inavouable frontière », 18 mars 1993 ; « L'injonction de Buchenwald », 15 décembre 1993 ; « Les intellectuels, la politique et la guerre », 16 septembre 1994 ; « L'affaire de tous », 29 novembre 1994 ; « Des anges et des hommes », 21 août 1995 ; « L'amour selon Slobodan Milosevic » (avec Antoine Garapon), 4 août 1998 ; « Mgr Stepinac et les deux douleurs de l'Europe », 7 octobre 1998.
  14. Alain Finkielkraut, « L’imposture Kusturica », Le Monde, 2 juin 1995
  15. Dans un entretien à Libération, il a déclaré « Il n’était pas nécessaire, autrefois, d’avoir vu Le Don paisible ou Le Triomphe de la volonté pour savoir qu’on n’avait pas affaire à des œuvres respectivement antisoviétique et antinazie [...] Maintenant que j’ai pu voir le film , je reconnais que j’ai été injuste avec Emir Kusturica ». « Ce film crée un genre nouveau : la propagande onirique. [...] Mensonges, démesure et citations : les naïfs en prennent plein la vue et les cyniques relèvent la tête ».[1]
  16. « Jamais les juifs ne se sont sentis aussi seuls », propos recueillis par Élisabeth Lévy dans Marianne, 12 au 18 août 2002
  17. Daniel Lindenberg, Le Rappel à l'ordre : enquête sur les nouveaux réactionnaires, éd. Le Seuil
  18. Alain Finkielkraut, Marcel Gauchet, Pierre Manent, Philippe Muray, Pierre-André Taguieff, Shmuel Trigano et Paul Yonnet, L'Express, 28/11/2002
  19. [2] [3].
  20. http://www.monde-diplomatique.fr/2002/11/A/17124>
  21. Tariq Ramadan, Critique des (nouveaux) intellectuels communautaires (lire en ligne)
  22. FRANCE, OCTOBRE 2003 / POLEMIQUE AUTOUR D'UN NOUVEL ANTISEMITISME
  23. Dans un entretien au Point, Rony Brauman, autre participant à l'ouvrage, ne s'est pas désolidarisé de la formule.
  24. "Alain Finkielkraut, bouffon du roi", article du 8 janvier 2007, Le Monde Diplomatique
  25. http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2005-11-23-Qui-a-dit Article du Monde Diplomatique du 23 novembre 2005
  26. L'Humanité, 26 novembre 2005 repris par Périphéries le 4 décembre 2005
  27. http://ancien.lepoint.fr/edito/document.html?did=135552
  28. Le Nouvel Observateur, 25/11/2005
  29. Grioo.com : Alain Finkielkraut se confie à Grioo.com
  30. Haaretz, Interview par Dror Mishani et Aurélia Samothraiz, 18 novembre 2005
  31. Alain Finkielkraut, « Un certain sens de l’honneur » dans L’Arche n° 573, janvier 2006 (lire en ligne
  32. Entretien au site Grioo.com
  33. Le Mrap annonce vouloir porter plainte contre Finkielkraut pour incitation à la haine raciale
  34. Finkielkraut s’abîme dans une diatribe raciste
  35. a  et b Elisabeth de Fontenay dans Le Monde du 3 février 2006
  36. http://www.europalestine.com/spip.php?article2050
  37. interview sur Europe 1
  38. Finkielkraut s'excuse dans L'Express du 25 novembre 2005
  39. Acrimed | Les prédications d'Alain Finkielkraut : « Ma copie corrigée sur les quartiers populaires »
  40. « le principal porte-parole de cette théologie [l'antisémitisme] en France c’est Dieudonné, c’est lui qui est aujourd’hui le vrai patron de l’antisémitisme en France, et non le Front National. Mais en France, au lieu de combattre son discours, on fait précisément ce qu’il demande : on change l’enseignement de l’histoire coloniale et de l’histoire de l’esclavage dans les écoles. On y enseigne aujourd’hui l’histoire coloniale comme une histoire uniquement négative. On n’enseigne plus que le projet colonial voulait aussi éduquer, apporter la civilisation aux sauvages. On ne parle que des tentatives d’exploitation, de domination, et de pillage. Mais en fait qu’est ce que veut Dieudonné ? Il exige une « Shoah » et pour les Arabes et pour les Noirs, mais si l’on met la Shoah et l’esclavage sur le même plan alors on est obligé de mentir, car ce n’était pas une Shoah. Et ce n’était pas un crime contre l’humanité parce que ce n’était pas seulement un crime. C’était quelque chose d’ambivalent. Ainsi en est-il également de l’esclavage. Il a commencé bien avant l’Occident[réf. souhaitée]. »
  41. voir par exemple [4] où il s'explique sur la nation et le multiculturalisme

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