Empire colonial portugais

Empire colonial portugais

Empire colonial portugais
Império Português (pt)

1415 – 1999

Drapeau

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L'Empire portugais à son apogée

Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Lisbonne
Langue Portugais
Histoire et évènements
1415 Fondation de l'empire par la conquête de Ceuta.
1500 Découverte du Brésil.
1822 Indépendance du Brésil.
1999 Fin de l'empire par la rétrocession de Macao à la Chine.
Histoire du Portugal
Civilisations pré-ibériques
Préhistoire de la péninsule Ibérique

Protohistoire ibérique et celtique
GallaeciLusitaniens • Celtiques • Coniens
Hispanie
Conquête romaine de la péninsule Ibérique
LusitanieGallaecia
Invasions barbares de la péninsule Ibérique

WisigothsSuèves
Civilisation islamique en al-Andalus
Al-AndalusReconquista
Conquête musulmane de la péninsule Ibérique
Formation du Royaume de Portugal
Royaume des AsturiesRoyaume de León
Comté de PortugalComté de CoimbraRoyaume de Galice
Royaume de Portugal
Indépendance du PortugalRoyaume de Portugal

Crise portugaise de 1383-1385Dynastie d'AvizDynastie de Bragance
Guerre de Restauration (Portugal)Guerre péninsulaire
Tremblement de terre de LisbonneGuerre civile portugaise
Monarchie constitutionnelle (1834-1910)
VilafrancadaAbriladaAccords d'Evora-Monte

Révolte des MaréchauxRévolte de Maria da FontePatuleia
Empire colonial portugais
Découvertes portugaises

Empire colonial portugais

Crise de Succession de 1580 • Union ibériqueGuerre de Restauration
République portugaise
Révolution du 5 octobre 1910 • Proclamation de la République Portugaise

Première République portugaise
1re Guerre mondiale au Portugal Dictature Nationale (1926-33)Estado Novo (Portugal)Guerres coloniales portugaises

Troisième République portugaiseRévolution des Œillets
Histoire par thème
1777-1834 • Militaire • Diplomatique • Culturelle • Économique • Démographie • Linguistique • Sportive • Artistique • Coloniale
Chronologie du Portugal
Portail du Portugal

L'empire portugais désigne les territoires d'outre-mer occupés et administrés par le Portugal entre le début du XVe siècle et le XXe siècle. Ce terme ne fut pourtant jamais employé officiellement. On parlait simplement d’« Outre-mer portugais » (Ultramar Português) avant d'adopter temporairement le terme d’« Empire colonial portugais » entre 1930 et 1951.

Cet ensemble fut le premier empire mondial de l'histoire avec un ensemble de territoires répartis sur les cinq continents, sous souveraineté portugaise, résultat des explorations réalisées à l'époque des découvertes. Cet empire s'étendait sur un territoire inclus aujourd'hui dans 49 états souverains différents. Ce fut aussi le plus long des des empires coloniaux européens modernes; la présence portugaise hors d'Europe s'est étendu sur presque six siècles.

L'Empire fut administré par la Dynastie d'Aviz durant près de 150 ans, puis par la Dynastie des Habsbourg durant 60 ans et enfin celle des Bragance durant 300 ans avant d'être gouverné par la République portugaise à partir de 1910.

Par convention, on fait débuter l'empire en 1415, date de la conquête de Ceuta. Pour ce qui est de sa fin, la date varie selon les critères utilisés: 1975, qui voit la majeure partie des colonies retrouver leur indépendance; 1999, qui voit la fin de l'administration portugaise de Macao, le dernier territoire d'outre-mer à être encore sous administration portugaise ou 2002, date de l'indépendance du Timor Est, dernier territoire d'outre-mer officiellement sous souveraineté portugaise.

Aujourd'hui, les pays de cet ancien empire font partie de la Communauté des pays de langue portugaise.

Sommaire

Les origines

Article détaillé : Conquête de Ceuta.
Portugal en 1415.

Les origines de l'empire portugais, et du Portugal lui-même, s'inscrivent dans la reconquista, reconquête chrétienne de la péninsule ibérique occupée alors par les maures. Après avoir formé un royaume indépendant en 1139, le Portugal termine sa reconquête en 1249 après avoir atteint l'Algarve. Son indépendance continua néanmoins à être menacée par la Castille voisine jusqu'à la Bataille d'Aljubarrota et la signature du traité qui en suivit.

Libéré de cette menace et à l'écart des conflits qui occupent les autres puissances européennes, l'attention du Portugal se porte de l'autre côté de la mer. Ils planifient une expédition militaire directement dans les terres musulmanes du nord de l'Afrique.

La conquête de Ceuta en 1415 par Jean Ier de Portugal amorce le processus des « grandes découvertes» et marque le début de l'expansion territoriale portugaise hors de la péninsule ibérique.

Les raisons de cette première attaque sont multiples: opportunité de poursuivre la croisade chrétienne contre l'Islam; promesse de gloire et de richesse pour la noblesse militaire qu'il faut occuper; opportunité de développer le commerce et l'économie portugais en déclin.

Le choix de Ceuta pour cette première attaque est stratégique: la place située au nord de l'Afrique est un port où aboutissent les caravanes du Sahara transportant de l'or et des esclaves.

Si le Portugal remporte ici un succès militaire, la place devient vite difficile à protéger contre les attaques musulmanes. Elle se révèle impossible à utiliser comme base pour une exploration de l'intérieur des terres, tandis que les caravanes ne tardent pas à dévier leur route.

La conquête se poursuit un temps en terre africaine autour de Ceuta par Alphonse V dit « l'Africain » avec la prise d'Alcácer-Ceguer en 1458 et celles d'Arzila, de Tanger et de Larache en 1471.

Les grandes découvertes

Article détaillé : Grandes découvertes.

Ces places africaines se révèlent vite décevantes et difficile à protéger. La décision est prise de poursuivre l'exploration de la côte africaine. Le personnage-clé de cette période est le prince Henri le Navigateur, gouverneur de l'Ordre du Christ (héritier portugais de l'Ordre du Temple), ayant participé à la prise de Ceuta. Établi à Lagos en Algarve, Henri organise et finance l'exploration systématique de l'Atlantique proche et des côtes africaines.

À cette époque, on ne connaît pas ce qui se trouve au-delà du Cap Bojador. Henri cherche ainsi à savoir jusqu'où s'étend le territoire musulman et imagine peut-être établir un contact avec le mythique royaume chrétien du Prêtre Jean afin de joindre leur forces contre les maures.

Il y a aussi une motivation plus lucrative à cette entreprise: il s'agit de trouver une autre route vers les Indes et le marché des épices. Très vite le commerce très lucratif de l'or, de l'ivoire et des esclaves se substitue à l'esprit de découverte et de croisade.

À l'initiative d'Henri, les marins portugaise découvrent et s'établissent sur les îles Atlantiques: João Gonçalves Zarco découvre Madère en 1419, Diogo de Silves et Diogo de Teive les Açores entre 1427 et 1452. On y produira du blé notamment qui sera exporté vers le continent.

Après une douzaine de tentatives portugaises, Gil Eanes double finalement le cap Bojador, point le plus méridional connu des Occidentaux, en 1434.

En 1443, Henri obtient le monopole de la navigation, de la guerre et du commerce sur les terres découvertes au-delà du Cap Bojador; monopole encore renforcé par les bulles papales, Dum Diversas (1452) et Romanus Pontifex (1455).

L'introduction de la caravelle au milieu du XVe siècle sera déterminante pour la suite des explorations. Grâce à cette nouvelle technologie, les marins progressent vers les latitudes sud à une moyenne d'un degré par année.

Dinis Dias atteint le Cap-Vert en 1444 et Álvaro Fernández le Sénégal en 1445[1].

La première factorerie d'outre-mer est fondée en 1445 sur l'île d'Arguin près de la côte de Mauritanie. Les portugais cherchent à détourner les routes des caravanes d'Afrique du nord à leur profit.

En 1460, à la mort d'Henri, les portugais ont atteint le golfe de Guinée.

Étape par étape, les Portugais contournent le continent africain pour atteindre les Indes, sous-continent aux richesses convoitées, avec lequel les contacts commerciaux terrestres ont été rompus depuis que les Turcs ottomans se sont emparés de Constantinople en 1453. En 1483, Diogo Cao atteint l'embouchure du Congo. En 1488, Bartolomeu Dias, premier Européen à pratiquer la navigation hauturière dans l'Atlantique sud, double le cap de Bonne-Espérance avec une flotte de trois caravelles et pénètre dans l'océan Indien. En 1499, Vasco de Gama revient de son périple vers les Indes avec une cargaison de poivre, marquant le début de la « Carreira da India », liaison maritime entre la métropole et Goa[1].

Entre temps, les Portugais se sont installés dans des archipels atlantiques vierges (Açores, Madère, Cap-Vert, les îles Sao Tome et Principe). En exploitant ces territoires, ils développent un système économique colonial moderne, avec des cultures exotiques (canne à sucre), le début de la traite négrière européenne (La première cargaison d'esclaves, capturés près du cap Blanc, arrive à Lagos en 1444), et des investissements capitalistes élevés pour l'époque. Des contacts commerciaux sont établis avec les populations côtières africaines (pour acquérir esclaves, or ou ivoire), et quelques comptoirs sont alors établis, dont le plus important est celui d'Elmina (actuel Ghana), fondé en 1482. Les Portugais considèrent le commerce et la navigation dans ces zones comme leur monopole absolu et répriment violemment les incursions des navires des autres pays européens.

Entre 1495 et 1498, João Fernandes Lavrador et Pêro de Barcelos naviguent dans l'Atlantique septentrional et touchent le Groenland.

La fondation de l'empire

La sphère armillaire symbolise l'expansion mondiale des Portugais à compter de la Renaissance.

Par le traité d’Alcáçovas (1479), ratifié l'année suivante par le traité de Tolède, qui conclut la guerre pour la succession de la Castille, le Portugal reçoit la possession des terres découvertes et contrôle la région côtière de l'Afrique occidentale (dite Guinée), Madère, les Açores et le Cap-Vert. Le Portugal conserve également l'exclusivité de la conquête du royaume de Fez. Le traité de Tordesillas (1494) règle le partage des terres découvertes entre le Portugal et l'Espagne : les terres situées à 370 lieues à l'ouest du Cap-Vert reviennent au Portugal, celles situées à l'est, à la Castille[1].

Dans la première moitié du XVIe siècle, les Portugais s’assurent le contrôle de l'océan Indien, après avoir vaincu les flottes des États musulmans (Empire ottoman, sultanat mamelouk, sultanat du Gujarat). Entre 1505 et 1511, Francisco de Almeida, le premier vice-roi des Indes, fondateur de l'empire portugais en Asie, établit une série de comptoirs fortifiés et impose ainsi la présence portugaise dans les circuits commerciaux de l'océan Indien, jusqu’alors dominés par les musulmans. Son successeur, Afonso de Albuquerque, s'attaque à faire de l'océan Indien occidental un mare clausum portugais, en s'emparant de trois points qui commandent le passage des marchandises : Ormuz (1507 et 1517) à l'entrée du Golfe Persique, Goa (1510), capitale de l'« Estado da India », pour la côte de Malabar et Cochin, et Malacca (1511) qui commande l'entrée du détroit du même nom[1]. Les Portugais étendent leur domination jusqu'aux Moluques, îles riches en épices. Cette expansion est justement motivée par le commerce très lucratif de telles denrées. Le poivre, les clous de girofle, la noix de muscade, la cannelle, s'arrachent à prix d'or sur les marchés européens.

Au Brésil, découvert officiellement par Pedro Alvares Cabral en 1500, les premiers établissements permanents datent des années 1530. Plusieurs vagues pionnières successives liées à l'exploitation d'une ressource (canne à sucre, or, café, bétail, etc.) accompagnent jusqu'à nos jours l'expansion territoriale. La conquête de l'intérieur du pays est essentiellement le fait d'expéditions des habitants des établissements côtiers (bandeirantes), le plus souvent métis et relativement autonomes vis-à-vis de la métropole.

Jorge Álvares arrive en Chine en 1513 et la première ambassade européenne dans ce pays, conduite par Tomé Pires parvient à Canton en 1517. Ce n'est qu'en 1557 que l'Empire céleste accorde aux Portugais le droit d'établir un comptoir sur la presqu'île de Macao, dans l'estuaire du Xi Jiang. Le Japon est atteint en 1543, à Nagasaki[1].

L'empire oriental connait son apogée sous le gouvernement de João de Castro (1545-1548), grâce aux conquêtes territoriales des années 1535 (Diu, Bassein), aux actions militaires contre les États indiens limitrophes (Bijâpur) et à la maîtrise du commerce des chevaux avec le puissant empire hindou du Sud de l'Inde, le Vijayanagar. Les Portugais parviennent aussi à éloigner les Turcs ottomans de l'Inde et à désamorcer, en 1521 et en 1572, les coalitions formées par les princes musulmans[1].

Le déclin de l'empire

La bataille des Trois Rois.
Amboina (Ambon) - 1724-1726.
Possessions portugaises en Afrique méridionale (1891).

Le déclin de l'empire colonial portugais se révèle inévitable, compte tenu des limites démographiques (un million d'habitants), géographique et économiques de la métropole par rapport à l'étendue de son empire. Les richesses coloniales sont partiellement utilisées pour des constructions de prestige[Note 1] et non investies dans le modernisation des structures économiques du Portugal. La métropole accentue sa confortable dépendance envers les colonies, l'acquisition facile de richesses pervertit les mentalités.

Le 4 août 1578, le jeune roi Sébastien Ier, qui avait gagné le Maroc à la tête d'une armée de 17 000 hommes, disparaît au cours de la bataille des Trois Rois. Avec cette lourde défaite, le Portugal perd « sa noblesse, son armée, son indépendance et sa position mondiale ».

De 1580 à 1640, le Portugal est annexé à la couronne d’Espagne, et les Hollandais, nouvellement indépendants, en profitent pour s'emparer de nombreux comptoirs et colonies portugais. À la fin du XVIe siècle ne restent en Inde que les trois comptoirs de Goa, Diu et Damão[Note 2]. En 1602, les Hollandais fondent la Vereenigde Oostindische Compagnie (Compagnie hollandaise des Indes orientales) ou VOC. Celle-ci s'empare d'Ambon en 1605, qui devient son siège. Les Portugais sont définitivement expulsés des Moluques en 1636. En 1641, les Hollandais de la VOC prennent Malacca.

Dans l'île de Ceylan les Portugais se heurtent à la résistance du royaume de Kandy. De 1593 à 1638, ils tentent de faire tomber le royaume et brûlent et pillent cinq fois Kandy, mais leurs troupes finissent toujours par se faire massacrer. Le roi de Kandy s'allie aux Hollandais pour rejeter les Portugais et, en 1659, Jaffna, la dernière place forte de ces derniers, tombe aux mains des Hollandais. Comme les Portugais, ils s'installent sur l'île pour environ cent cinquante ans.

En 1807, le roi Jean VI dut fuir sa capitale devant l'invasion des armées napoléoniennes pour s'établir à Rio. Lors de son retour au Portugal, il laissa son fils Pierre comme régent et en 1822, celui-ci proclame l'indépendance du Brésil et en devient empereur constitutionnel sous de nom de Pierre Ier.

Par la suite, les possessions africaines (Angola, Mozambique, Guinée-Bissau) sont développées. Dans les années 1960, la dictature de Salazar tente vainement de les préserver malgré des guerres d'indépendance (guerre d'indépendance de l'Angola, guerre d'indépendance du Mozambique), qui s'achèvent en 1975, après la Révolution des œillets : la République populaire d'Angola, la République populaire du Mozambique, la Guinée-Bissau, São Tomé-et-Principe et le Cap-Vert obtiennent tous leur indépendance. Le Timor-Oriental déclare également son indépendance en 1975, mais est aussitôt envahi et annexé par l'Indonésie. Macao est rétrocédée à la République populaire de Chine en 1999.

Notes et références

Références

  1. a, b, c, d, e et f Guides Bleus - Portugal. Hachette tourisme, 2000

Notes

  1. Par exemple l’Igreja de Santa Engrácia de Lisbonne qui devient plus tard le Panteão Nacional
  2. Ces comptoirs sont finalement annexés par l'Union indienne en 1961

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (fr) A. H. de Oliveira Marques, Histoire du Portugal et de son empire colonial (trad. du portugais par Marie-Hélène Baudrillart), Karthala, Paris, 1998 (2e éd.), 615 p. (ISBN 2-86537-844-6)
  • (pt) João Paulo Guerra, Descolonização portuguesa : o regresso das caravelas, Oficina do livro, Lisbonne, 2009, 250 p. (ISBN 978-989-555-472-0)

Liens externes

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