Revolution des Œillets

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Révolution des Œillets

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Histoire du Portugal
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La révolution des Œillets (Revolução dos Cravos en portugais) est le nom donné aux événements d'avril 1974 qui ont entraîné la chute de la dictature salazariste qui dominait le Portugal depuis 1933. La fin de ce qui était appelé l'Estado Novo a permis aux dernières colonies portugaises de prendre leur indépendance et au pays de sortir de son isolement.

Sommaire

Contexte

Monument en azulejos

Au début des années 1970, le régime autoritaire de l'Estado Novo continuait de faire peser une chape de plomb sur le pays depuis les années 1930. Le premier ministre António de Oliveira Salazar, son créateur, avait quitté le pouvoir pour raisons de santé en 1968 et était mort en 1970. Il avait été remplacé à la tête du régime par Marcelo Caetano, dont les tentatives de réforme politique furent annihilées par l'inertie du régime et surtout l'omnipotence de la police secrète et militaire, la PIDE.

Or le régime était vieillissant, paraissant ankylosé dans un monde occidental en pleine mutation culturelle et intellectuelle. Les colonies africaines - le Mozambique, l'Angola, la Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe, le Cap-Vert - entraînées par le mouvement de la décolonisation, étaient en révolte depuis le début des années 1960, et forçaient le régime à investir de plus en plus d'énergie dans une vaine guerre de pacification visant à garder la mainmise du Portugal sur les restes de son empire colonial. Une telle guerre était dans la même logique que toutes celles provoquées par les autres puissances coloniales.
La jeunesse, entraînée par la conscription, et les officiers engagés dans cette guerre étaient confrontés par eux-mêmes à l'impasse dans laquelle s'engageait le régime. La guerre coloniale devenait le terreau de la révolution par les dissensions qu'elle créait dans la société civile et militaire.

La révolution

En février 1974, Caetano est obligé par la vieille garde de limoger le général António Spínola et ses soutiens alors qu'il tentait d'infléchir le cours de la politique coloniale portugaise, devenue trop coûteuse pour le pays. Les divisions de l'élite du pouvoir deviennent visibles et c'est le moment qu'un mystérieux Mouvement des forces armées (MFA), mené par Otelo Saraiva de Carvalho, choisit pour mener une révolution. Ce mouvement est né dans le secret en 1973 par la conspiration de quelques officiers de l'armée de tendance marxiste et radicalisés par l'échec de la guerre coloniale et les sacrifices humains.

Le 25 avril[1], la radio diffuse Grândola vila morena, une chanson révolutionnaire de Zeca Afonso évoquant la liberté, la démocratie et le respect. C'est le signal que s'est donné le MFA pour s'emparer des points stratégiques du pouvoir dans le pays. Seize heures plus tard, le régime dictatorial s'effondre.

Malgré les appels réguliers des « capitaines d'avril » (du MFA) à la radio incitant la population à rester chez elle, des milliers de Portugais descendent dans la rue, se mêlant aux militaires insurgés. L'un des points centraux de ce rassemblement est le marché aux fleurs de Lisbonne, alors richement fourni en œillets, dont c'est la saison. Certains militaires insurgés mettront cette fleur dans le canon de leur fusil, et ceci sera à l'origine du nom de cette révolution.

Le premier ministre Marcelo Caetano renversé par la révolution

Caetano s'est réfugié dans la caserne principale de la gendarmerie de Lisbonne. Celle-ci est encerclée par le MFA, ce qui le pousse à accepter de remettre le pouvoir au général Spínola, pour éviter que le pouvoir ne tombe dans la rue. Caetano est alors immédiatement exilé vers le Brésil.

Seule la police politique PIDE oppose une résistance armée, qui occasionne la mort de six personnes, les uniques victimes de cette révolution. Cette résistance de la PIDE est réduite durant la nuit.

La politique des Trois D

Le lendemain, Spínola annonce la formation d'une junte de salut national et lit la proclamation rédigée par le MFA. Cette proclamation affirme que le pouvoir sera remis aux civils à l'issue de la tenue d'élections libres, et insiste sur la volonté d'une politique dite des Trois D : « démocratiser, décoloniser et développer ».
Les prisonniers politiques sont également libérés.

Les dirigeants des partis politiques en exil peuvent dès lors rentrer triomphalement au Portugal : le socialiste Mário Soares le 29 avril et le communiste Alvaro Cunhal le 30 et le 24 aussi.

Notes et références

  1. Le chanteur Georges Moustaki dans sa chanson Avril au Portugal évoque les "cicatrices d'un 21 avril", mais il fait référence au coup d'État des colonels grecs, le 21 avril 1967, non au 25 avril libérateur du Portugal

Voir aussi

Bibliographie

  • Le Cinquième Empire, par Dominique de Roux, éditions Belfond, 1977. Editions du Rocher, 1997
  • La Guerre sociale au Portugal, par Jaime Semprun, éditions Champ libre, 1975
  • Portugal, l'autre combat, par Charles Reeve, Claude Orsoni et al, éditions Spartacus, 1975
  • La Révolution des œillets, par Yves Léonard, éditions Chandeigne, 2003
  • Les œillets sont coupés, par Charles Reeve, Paris-Méditerranée, 1999

Films

Photographies


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