Contre utopie

Contre utopie

Dystopie

Une dystopie est un récit de fiction, parfois raccordé à la science-fiction, se déroulant dans une société imaginaire, inventée par les écrivains, afin d'exagérer et ainsi montrer des conséquences probables. La dystopie s'oppose à l'utopie : au lieu de présenter un monde parfait, la dystopie propose le pire qui soit. La différence entre dystopie et utopie tient moins au contenu (car après examen, nombre d'utopies positives peuvent se révéler effrayantes) qu'à la forme littéraire et à l'intention de son auteur.

Cette forme littéraire a été rendue célèbre par Le Meilleur des Mondes (1932) d'Aldous Huxley, 1984 (1948) de George Orwell, Fahrenheit 451 (1954) de Ray Bradbury, et, dans une moindre mesure, par Nous Autres (1920) de Ievgueni Zamiatine ou Les Fils de l'homme (1992) de Phyllis Dorothy James.

Les mondes parfois terrifiants décrits dans ces romans ont laissé à penser qu'une dystopie était, par définition, la description d'une dictature sans égard pour les libertés fondamentales. L'impact que ces romans ont eu sur la science-fiction a souvent amené à qualifier de dystopie tout texte d'anticipation sociale décrivant un avenir sombre.

Sommaire

Définition du champ spécifique de la dystopie

Dystopie et science-fiction

Les contre-utopies sont généralement des textes de fiction de forme narrative. Elles sont le plus souvent considérées comme un sous-genre de la science-fiction mais il y a une certaine différence entre contre-utopie et science-fiction. En effet, le champ spéculatif de la science-fiction est, par définition, la science. La science-fiction imagine des découvertes scientifiques ou technologiques, les met en scène ou s'interroge sur leurs conséquences virtuelles telles que :

Elle peut également postuler l'existence de phénomènes physiques non prouvés tels que :

La science-fiction se rapproche parfois dans ces cas du fantastique.

Le champ spéculatif de la dystopie est, en revanche et comme l'utopie, celui des conséquences possibles de changements d'ordre politique. Dans une contre-utopie, l'évolution technologique n'est pas un facteur déterminant : les trouvailles technologiques (télécrans dans 1984, méthodes de clonage et de manipulation des fœtus dans Le Meilleur des Mondes) ne sont pas des phénomènes dont on analyse les conséquences, ils sont les conséquences d'une volonté politique (volonté de surveillance dans 1984, volonté de modeler l'homme aux besoins de la société dans Le Meilleur des Mondes). D’ailleurs, les innovations technologiques présentées dans les plus célèbres des contre-utopies sont peu impressionnantes et se sont, avec le temps, montrées parfaitement réalisables (la télésurveillance est aujourd'hui possible, comme le clonage animal qui laisse présager du clonage humain). Quant aux postulats scientifiques surnaturels, ils n'ont tout simplement pas leur place dans la contre-utopie. Si celle-ci, en prenant pour cadre un futur plus ou moins proche, s'inscrit dans le cadre du texte d'anticipation, son objet spécifique la distingue de la science-fiction classique. Les auteurs des premières contre-utopies ne sont d'ailleurs pas des auteurs de science-fiction.

Il faut cependant remarquer que, la science-fiction tendant de plus en plus à se préoccuper de problèmes politiques et sociaux, les thèmes issus des contre-utopies y sont maintenant fréquents.

Dystopie et monde futuriste sombre

Il convient, pour saisir la signification du terme de contre-utopie de revenir au sens de l'utopie. Une utopie, c'est-à-dire une société idéale, n'est pas le fruit d'un concours de circonstances mais le résultat d'un plan réfléchi. Les sociétés utopiques, comme celle de Thomas More, sont « parfaites » parce que voulues comme telles. De même, une contre-utopie n’est pas simplement la description d'un monde effrayant : elle est la description d'un monde rendu effrayant par la réalisation raisonnée et consciente d'un projet politique. Les mondes de 1984, de Nous Autres ou du Meilleur des Mondes sont des contre-utopies en ce sens qu'ils sont, de même que les mondes « parfaits » des utopies, des créations visant à réaliser sur Terre un certain idéal.

Il apparaît donc abusif de qualifier de contre-utopie toute création littéraire visant à décrire un avenir terrifiant. Les univers décrits par la littérature cyberpunk, la plupart des mondes post-apocalyptiques et, en général, les récits de science-fiction anticipant sur les dérives de notre société ne peuvent être qualifiés de contre-utopiques (même s'ils ont des points communs avec la contre-utopie) car ces mondes ne sont pas le fruit d'un projet politique précis.

La dystopie : une mise en perspective de l'utopie

Points communs entre utopie et dystopie

Les univers utopiques et contre-utopiques ont en commun de ne pas être simplement des mondes imaginaires. Ils sont le résultat d'un projet politique. Ce projet vise à rendre possible un idéal : idéal d'égalité dans l'utopie collectiviste de Thomas More ou dans celle de Campanella, idéal de pouvoir absolu dans 1984, idéal d'ordre et de rationalité dans Nous Autres. L'idéal de bonheur est peut-être un peu plus ambigu. Il est défini comme la suppression de toute souffrance dans Le Meilleur des Mondes, et comme la sécurité et la stabilité dans Un bonheur insoutenable d'Ira Levin.
Les sociétés décrites dans les utopies aussi bien que dans les contre-utopies ont pour caractéristique d'être « parfaites ».

« Certes, ce Taylor était le plus génial des anciens. Il est vrai, malgré tout, qu'il n'a pas su penser son idée jusqu'au bout et étendre son système à toute la vie, à chaque pas, à chaque mouvement. »

— Zamiatine, Nous autres, p. 64

Leur perfection tient en ce que d'une part, elles réalisent parfaitement l'idéal qu'elles se sont assignées (égalité parfaite chez More, oppression parfaite chez Orwell et bonheur parfait chez Huxley) et que, d'autre part, elles sont inaltérables. En effet, un monde parfait ne saurait être menacé ou provisoire et se doit d'être, d'une manière relative du moins, éternel. Le principal défi posé à l'utopiste consiste, en effet, à empêcher toute possibilité de retour en arrière.

Passage du descriptif au narratif

Les nombreuses utopies créées depuis la Renaissance (La Cité du Soleil de Campanella, L'Utopie de Thomas More, La Nouvelle Atlantide de Francis Bacon et bien d'autres encore) sont des textes de type descriptif, voire philosophique. Ils débutent assez souvent par une courte partie narrative où un voyageur raconte comment il a abordé les terres inconnues qu'il décrit ensuite en détail. Il n'y a pas d'action dans une utopie, ce qui est d'ailleurs bien naturel car que pourrait-il s'y passer[1] ?

À l'inverse, les contre-utopies sont des romans ou des récits. Le monde de 1984 ou de Nous Autres ne nous apparaît qu'au travers d'une intrigue et de personnages. Le plus souvent, la nature réelle de l'univers d'une contre-utopie ainsi que les intentions profondes de ceux qui la dirigent ou l'ont créée n'apparaissent que très progressivement au lecteur.

Le sens de la contre-utopie, en tant que genre s'opposant à l'utopie, réside davantage dans ce changement de type textuel que dans la nature des univers décrits. À l'exception notable de 1984 qui décrit un monde maléfique de par son projet même, les univers contre-utopiques se distinguent assez peu de leurs pendants utopiques : les deux sont également motivés par la recherche du bonheur de tous. Seul le point de vue change.

Passage du collectif à l'individuel

Les utopies classiques portent leur regard sur la construction sociale, politique et culturelle dans son ensemble. Le cas des individus ne trouvant pas leur bonheur dans un tel monde, ou refusant d'en suivre les règles, est considéré comme un problème marginal. Thomas More envisage par exemple l'éventualité que des citoyens de son île refusent de se plier aux règles communes et propose que ceux-ci soient condamnés à l'esclavage. Il ne considère pourtant pas cette impossibilité d'intégrer tout le monde à sa société parfaite comme une faille à l'ensemble de son système.
À l'inverse, les contre-utopies sont des romans dont les personnages principaux sont justement des inadaptés qui refusent ou ne peuvent se fondre dans la société où ils vivent.

La contre-utopie n'est donc pas tant une utopie maléfique qu'une utopie classique vue sous un angle différent : celui de l'individu.

Problématiques soulevées par la dystopie

Les œuvres contre-utopiques portent la marque des préoccupations et des inquiétudes de leur époque. La naissance du régime soviétique (première mise en œuvre à grande échelle d'une société utopique, bien que Marx récuse ce terme) et, plus tard, la menace du totalitarisme offraient des thèmes idéaux à la naissance et au développement de la contre-utopie. Les perspectives nouvelles de prospérité et de bonheur pour tous offertes dès la première moitié du XXe siècle par la société de consommation naissante (permise par le taylorisme) aux États-Unis offrent quant à elles la matière première du Meilleur des Mondes de Huxley.

Dystopie et communisme

Joseph Staline, modèle de Big Brother ?

L'histoire de l'utopie et de son prolongement en contre-utopie est étroitement liée à celle du communisme au sens le plus large du terme. Plusieurs siècles avant la parution du Manifeste du Parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels, les utopies de la Renaissance proposent des modèles de sociétés collectivistes.

Thomas More, qui compatit au sort misérable des paysans sans terre de l'Angleterre du XVIe siècle, et voit dans la propriété privée la principale cause des malheurs de son époque, invente une société, l’Utopie, dont la principale caractéristique est d'ignorer totalement toute possession individuelle. La Cité du Soleil de Campanella fonctionne également sur un mode collectiviste.

Au XIXe siècle, l'utopie prend une tournure plus pratique. Les utopistes ne sont plus simplement des théoriciens mais des militants. On parle alors de socialisme utopique pour qualifier les œuvres d'auteurs tels que Saint-Simon, Robert Owen ou Charles Fourier. Des créations de micro-sociétés utopiques sont tentées (la secte des Shakers aux États-Unis, les phalanstères fouriéristes), avec un succès limité à ces micro-sociétés.

Les dystopies voient le jour au XXe siècle, alors même que des régimes se réclamant du socialisme, du communisme et du marxisme s'établissent pour la première fois en Europe et ailleurs. Nous Autres de Ievgueni Zamiatine est écrit en Russie en 1920, c'est-à-dire au lendemain de la Révolution soviétique. Alors même que le régime soviétique n'en est qu'à ses balbutiements, Zamiatine dénonce les risques de la société qui se dessine en Russie : au nom de l'égalité et de la rationalité, l'État décrit dans Nous Autres organise et contrôle méticuleusement les moindres aspects de l'existence de ses citoyens ; la vie privée est abolie. Nous Autres n'est pas une critique visant spécifiquement le marxisme, Zamiatine critique la volonté de vouloir planifier et rationaliser tous les aspects de l'existence et de refuser à l'homme le droit à toute fantaisie.

Le roman 1984 s'attaque lui aussi à un régime communiste, le régime stalinien. Il serait cependant exagéré d'en faire une critique de la doctrine marxiste. Le monde de 1984 ne ressemble en effet en rien à une société égalitariste. Ce que dénonce Orwell dans son roman, c'est le totalitarisme principalement incarné à l'époque (1948) par le régime de Joseph Staline en Union soviétique. Écrivain engagé à gauche, Orwell souhaitait par ce roman combattre la fascination qu'exerçait sur un certain nombre d'intellectuels britanniques de l'époque le régime soviétique. Le monde de 1984 n'est pas l'URSS (il est bien pire) mais de nombreux détails font allusion à l'Union Soviétique : l'Océania est dirigé par un parti (nommé simplement « le Parti »), la doctrine officielle s'appelle « angsoc » (« socialisme anglais ») et le visage de Big Brother rappelle celui de Staline.

Dystopie et conditionnement

Dans Le Meilleur des Mondes, le conditionnement commence avant la naissance

Les utopies de la Renaissance puis de l'âge classique ne sont pas des sociétés paradisiaques offrant à l'homme un cadre de vie répondant à tous ses besoins et ses désirs. Thomas More, le premier, voit dans l'égoïsme et la cupidité les causes de l'injustice de toutes les sociétés existantes et son utopie est un projet d'amélioration morale de l'homme. Les sociétés idéales ne le sont que parce qu'elles ont su faire de l'homme un être meilleur, plus civilisé et capable de servir sa communauté avant ses propres intérêts. Or, dès la naissance des utopies, leurs auteurs n'ont pu parvenir à ces résultats qu'en imposant un certain nombre de lois contraignantes : l'égoïsme et l'avidité sont empêchés, dans l'utopie de More, par l'interdiction absolue de toute propriété privée.

Les contre-utopies dénoncent dans les utopies l'incapacité de celles-ci à changer véritablement l'homme pour en faire un être heureux et digne de bonheur. Les œuvres de Huxley, Orwell, Zamiatine ou Silverberg soulignent le caractère superficiel des changements que les États contemporains ont pu imposer à la nature humaine. Ceux-ci n'ont pas su changer l’homme en profondeur et n'ont pu agir que sur son comportement.

Ainsi :

  • Dans 1984, l'État entend modifier l'esprit humain par l'usage du « novlangue » et de la « doublepensée ». Le novlangue est une langue volontairement appauvrie dont le but est d'empêcher ses locuteurs de formuler des pensées complexes et d'exercer leur esprit critique. La doublepensée est une sorte de gymnastique mentale consistant à accepter comme également vraies des propositions contradictoires. Son but est également de détruire chez l'individu tout sens logique. Ces procédés ne réussissent pourtant pas à faire accepter aux habitants de l'Océania leurs conditions de vie. Orwell insiste sur le fait que, même dépourvus de tous moyens intellectuels de contester l'ordre en place, les personnages de son roman n'en continuent pas moins de ressentir instinctivement que leur vie est inacceptable. Les méthodes du Parti n'ont pas pu venir à bout des besoins et des goûts de l'homme et n'ont su que les refouler comme en témoigne l'exemple du personnage de Parsons, fervent supporter du régime qui insulte pourtant Big Brother contre son propre gré durant son sommeil.
  • Dans Le Meilleur des mondes, les individus sont conditionnés dès leur plus jeune âge par l'écoute durant leur sommeil de slogans et d'aphorismes censés s'imprimer pour la vie dans leur esprit et visant à leur dicter le comportement à adopter dans toutes les situations. Les personnages du roman de Huxley sont ainsi dispensés d'avoir jamais à penser et échappent aux tourments qui pourraient en résulter. Ils sont également façonnés de manière à toujours se comporter conformément aux attentes de leur société. Cependant, tout comme leurs homologues de 1984, ils n'échappent pas à l'angoisse, angoisse renforcée par leur incapacité à mettre des mots sur ce qu'ils peuvent éprouver. D'où le recours régulier à une drogue (nommée « soma ») sans laquelle leur vie ne saurait être supportable. Ici encore, l'utopie n'a pas réussi à faire un homme nouveau.

Les contre-utopies dénoncent donc la prétention utopique à changer l'homme par conditionnement.

« [Les prêtres] apportent tous leurs soins à instiller dans les âmes encore tendres et dociles des enfants les saines doctrines qui sont la sauvegarde de l'État. Si elles y ont profondément pénétré, elles accompagnent l'homme sa vie entière et contribueront grandement au salut public, lequel n'est menacé que par les vices issus de principes erronés »

— Thomas More, L'utopie, p. 222

Prétention qui n'aboutit qu'à l'aliénation, le refoulement et la névrose.

Quelques textes précurseurs de la dystopie

Les récits de voyage satiriques

Les voyages de Gulliver

La mise en parallèle de deux univers, l'univers réel et un univers fictif, permet souvent à un auteur d'exercer ses talents de satiriste. La satire peut s'exercer de deux manières différentes :

  • L'univers imaginaire est une satire de l'univers réel. Les travers du monde fictif sont une exagération de ceux du monde réel et ont pour but de les dénoncer. Ce procédé, largement utilisé dans Le Meilleur des mondes (critique de la société de consommation) mais aussi dans 1984 (caricature de l'ancien régime soviétique) se retrouve dans de nombreux récits de voyages fantaisistes des XVIIe et XVIIIe siècles tels que l’Histoire comique des Estats et empires de la Lune et l'Histoire comique des Estats et Empires du Soleil de Cyrano de Bergerac, ou Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift.
  • La critique du monde réel se fait par la voix des habitants du monde fictif. Huxley joue également sur ce tableau, car si le monde qu'il nous décrit peut nous sembler repoussant, il évoque aussi régulièrement au cours de son roman le dégoût que notre monde inspire à ses personnages. L'Utopie de Thomas More faisait déjà usage de ce procédé et on peut voir dans ce texte davantage une critique indirecte de l'Angleterre, par contraste avec le monde de justice de l'Utopie, qu'un véritable programme politique. More fait également référence à l’effroi et à l'étonnement que suscitent chez les Utopiens les mœurs européennes. Les Lettres persanes de Montesquieu utilisent la voix d'étrangers (de Persans, en l’occurrence) pour dénoncer les défauts de la France du XVIIIe siècle.

Le roman d'anticipation

L'héritage de la thématique dystopique

Le nombre d'œuvres relevant de la contre-utopie au sens strict du terme est assez restreint. Les contre-utopies les plus célèbres ont cependant créé une thématique dont l'influence a été très importante sur la science-fiction actuelle. On retrouve dans nombre de romans de science-fiction les thèmes suivants :

  • la solitude du personnage qui refuse d'adhérer aux valeurs unanimement partagées par la société où il vit. Motif central de toutes les contre-utopies classiques, elle se retrouve également dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury ;
  • l'utilisation de moyens médicaux pour contrôler les individus violents, contestataires ou plus simplement pour endormir l'angoisse est l'un des piliers du Meilleur des mondes. L'Orange mécanique d'Anthony Burgess reprend cette idée de manière plus brutale dans le traitement infligé à Alex pour supprimer en lui toute possibilité de se montrer violent ;
  • le contrôle et la surveillance totale de tous, au cœur de 1984 et de Nous autres est le thème d’Un bonheur insoutenable ;
  • la suppression de toute liberté au nom de la sécurité et du bonheur de tous (Globalia) ;
  • le thème d'une société très organisée, refermée sur elle-même et séparée par des murs d'un monde chaotique (Wang), (Les Monades urbaines) ;
  • le thème plus large d'un futur non plus radieux, mais inquiétant et sans espoir, et celui d'une concentration de tout le pouvoir entre les mains d'une petite élite.

Hormis les romans de science-fiction, une grande partie de la bande dessinée (notamment les mangas), du cinéma, et du jeu vidéo a intégré ces thèmes.

Quelques exemples de dystopies

Dystopies

(ordre chronologique)

La société socialiste utopique, voire naturaliste, des Galligènes, ce peuple antipodal tirant son origine des Français, voit progressivement son idéal social se saper à la base, transformant le discours du roman en une contre-utopie.

Ce roman décrit une société égalitaire et totalement centralisée où l'État gère et planifie les moindres aspects de la vie des citoyens. Ceux-ci vivent dans des maisons de verre ne leur permettant d'échapper à aucun moment au regard des autres. Ce texte, qui est probablement la première véritable contre-utopie, a été composé en 1920 en Union soviétique et a très largement inspiré 1984 de George Orwell.

Toute valeur morale est remplacée par l'économie. La science est au service du conditionnement des hommes. Mais tout ce qui est imaginaire renvoie à l'univers de référence du lecteur (électrochocs, montée du nazisme). La contre-utopie est planétaire.

La création d'un monde imaginaire terrifiant permet à l'auteur de montrer ce que risque de devenir notre société. Dans la contre-utopie, l'auteur utilise le code de la littérature fantastique.

Un monde où règnent la surpopulation, l'eugénisme et le terrorisme dans Tous à Zanzibar (1968), la violence, la haine raciale et le complexe militaro-industriel dans L'orbite déchiquetée (1969), la pollution, l'activisme écologique et les toutes-puissantes corporations dans Le troupeau aveugle (1972), les réseaux informatiques, les virus et la manipulation de l'information dans Sur l'onde de choc (1974).

Dans le monde décrit par Ira Levin, le bonheur est imposé. Chacun est porteur d'un bracelet qui permet à l'ordinateur central de gérer la vie du porteur : du choix de son métier à celui de son (sa) conjoint(e), tout est géré par une énorme machine. Le héros essaie alors de sortir de ce système, mais se rend bien vite compte de la complexité de la chose.

Une utopie principalement axée sur la procréation obligatoire et la libération sexuelle la plus complète à rapprocher de celle de Huxley.

Une société future caractérisée par une oppression douce librement consentie par ses habitants, allégorie visionnaire de l'aboutissement ultime du système capitaliste avancé, de la pensée unique et de la mondialisation.

Une société future où les robots pourvoient au bonheur de l'Homme en lui fournissant tout ce dont il a besoin : nourriture, confort, sexe et drogues et en gérant toutes les facettes de l'humanité jusqu'au contrôle des naissances.

Dans une société ultra-conservatrice dominée par les Commandants, la plupart des femmes sont devenues stériles. Les Epouses tiennent les maisons, où les Marthas sont des bonnes, tandis que les Servantes écarlates, comme la narratrice Defred sont chargées des relations charnelles avec les Commandants.

Textes d'inspiration dystopique

Il s'agit de fictions reprenant des thèmes ou des problématiques typiquement contre-utopiques. Ils ne peuvent pourtant être tout à fait qualifiés de contre-utopies, car le monde où ils se déroulent n'est soit décrit que sommairement, soit n'est pas de nature vraiment utopique.

  • Fahrenheit 451 de Ray Bradbury : Dans le futur décrit par Bradbury, les pompiers brûlent les livres, les gens sont invités à dénoncer leurs voisins, leurs amis et même leurs parents lorsqu'ils les surprennent à lire. Un roman qui dénonce l'inculture à travers l'exemple marquant de l'autodafé.
  • Fœtus-Party de Pierre Pelot : Dans un monde surpeuplé et envahi par le béton, les humains n'essayent même plus d'échapper à leur sort et attendent la mort comme un soulagement. Un livre noir, sans espoir sur l'avenir de l'Humanité.
  • Neuromancien de William Gibson : Considéré comme le roman fondateur du mouvement Cyberpunk. Un réseau central (sorte d'internet) est la cible de tous les pirates et autre passionnés du cyber-espace qui s'y connectent grâce à de puissantes connexions neurales.
  • Qui veut la mort d'Internet ? de Yannick Chatelain : Une conférence réunit 230 gouvernants qui projettent l’instauration d’un nouvel ordre mondial de l’Internet, à travers la description d’une société du futur post onze septembre, ce livre dénonce l’évolution totalitaire de nos sociétés actuelles.
  • Volet souvent méconnu de son oeuvre, les romans et nouvelles dystopiques de Jack London tels Le Talon de Fer, Le Peuple de l'Abîme ou La Peste Rouge , écrits au début du XXème siècle. Le plupart de ces textes, préfacés par Francis Lacassin, ont été publiés en français dans la collection 10/18 sous les titres Histoires des siècles futurs , Les Temps maudits , Le Talon de Fer et Le peuple de l'Abîme

Au cinéma

(par ordre alphabétique)

Voir aussi

Notes et références

  1. « L'idéal, c'est clair, sera atteint lorsque rien n'arrivera plus. » Zamiatine, Nous autres, p. 36.
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