Abbaye de la Trinité de Fécamp

Abbaye de la Trinité de Fécamp
Abbaye de la Trinité de Fécamp Monument historique
Image illustrative de l'article Abbaye de la Trinité de Fécamp
Présentation
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Rattaché à Diocèse du Havre
Début de la construction 659
Style(s) dominant(s) Gothique
Protection  Classé MH (1840)
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Haute-Normandie
Département Seine-Maritime
Ville Fécamp
Coordonnées 49° 45′ 19″ N 0° 22′ 54″ E / 49.75531, 0.38172449° 45′ 19″ Nord
       0° 22′ 54″ Est
/ 49.75531, 0.381724
  

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Abbaye de la Trinité de Fécamp

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Abbaye de la Trinité de Fécamp

L'abbaye de la Trinité de Fécamp, lieu de pèlerinage du Précieux Sang, est une abbaye bénédictine située à Fécamp dans le département de la Seine-Maritime, en Normandie (France). L'abbaye fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[1].

Sommaire

Géographie

L'abbaye de la Trinité de Fécamp se trouve dans la valleuse de la Valmont, au cœur du Pays de Caux, sur la côte d'Albâtre.

Histoire

Premières traces gallo-romaines

Après l'arrivée des Romains, un camp fut construit sur les hauteurs de la vallée. A l'époque, la vallée était habitée par des Gaulois païens; c'est alors qu'un Romain fut envoyé avec ses compagnons pour convertir la région. Trouvant la vallée agréable, ils décidèrent alors de monter une mission. Après quelques années, le Romain se maria avec une gauloise qu'il avait convertie, appelée Merca. Pour convertir les païens, le Romain installa un tronc d'arbre sous un tumulus, qu'il déclara autel de la Sainte-Trinité. Bozo fit alors construire une petite église au-dessus de l'autel et organisa la christianisation de la région autour de ce lieu de culte.

Légendes fondatrices

Comme c’est le cas dans beaucoup de légendes monastiques, la légende de la fondation de l’abbaye de Fécamp comporte, elle aussi, un épisode dans lequel intervient miraculeusement un grand cerf.

Dans son Histoire de l’abbaye de Fécamp, Léon Fallue nous le relate ainsi :

"Suivant la chronique de l’abbaye de Fécamp, le territoire de cette ville, encore au berceau, fut donné à un comte de race tudesque, nommé Anskise ou Anségise; cet étranger, qui était gouverneur du pays de Caux, faisait ordinairement sa résidence à Fécamp, ce qui porte à croire que cette ville, toute Gallo-Franke, avait succédé à la suprématie de Juliobonna, la romaine.

Anségise ayant découvert, en chassant dans les bois de Fécamp, l’humble oratoire élevé par le Romain, prit la résolution de le remplacer par un édifice plus digne du culte auquel il était destiné. Jusqu’ici, rien de plus naturel ; mais les légendes racontent que ce lieu lui fut indiqué par un cerf blanc, poursuivi par ses chiens, lequel s’arrêta près de cette chapelle, fit face aux chasseurs, sans que ceux-ci, ni leurs chiens, pussent s’en approcher. Elles ajoutent qu’Anségise, surpris de cette nouveauté, mit pied à terre pour étudier les mouvement du cerf, et que cet animal ayant fait à petits pas un cercle autour du lieu où il s’était arrêté, comme pour tracer les fondements d’un édifice, disparut aussitôt à tous les yeux."

Est-ce le grand cerf apparu à Anségise que les bâtisseurs de l’abbatiale ont voulu représenter lorsqu’ils ont sculpté la tête d’un cervidé en surplomb sur la tour lanterne ?

Ou simplement ont-ils voulu représenter cet animal particulièrement mythique dans la pensée médiévale ? En effet, si la symbolique antique du cerf est complexe, il est essentiellement, au Moyen Âge, reconnu comme symbole du Christ ; il serait aussi l’ancêtre mythique des rois de France.

Cette effigie grandeur nature, que le passant attentif peut observer sur la face orientale de la tour, reste mystérieuse, et aucune des études publiées sur l’abbaye ne l’évoque. Son style semble presque naïf, et ses petites cornes font plus penser à celles d’une chèvre ou d’un chamois qu’à la ramure d’un cerf.

La datation de cette sculpture reste elle aussi inconnue. Quatre hypothèses peuvent être formulées :

  • XIIe siècle : de manière bien improbable, compte-tenu de son très bon état de conservation, cette sculpture pourrait être contemporaine de l’édification de la tour, sous l’abbatiat d’Henri de Sully, abbé de 1139 à 1187.
  • XVe siècle : la tête de cerf pourrait avoir été ajoutée à l’occasion de la restauration effectuée en 1460, lorsque la haute flèche de bois de l’époque fut remplacée par la pyramidion recouvert de plomb que nous connaissons aujourd’hui.
  • XVIIe siècle : la sculpture pourrait être plutôt un ajout lors de la campagne de restauration de l’édifice entreprise par les moines Mauristes dans la seconde moitié de ce siècle.
  • XIXe siècle : on sait aussi qu’une autre restauration du clocher fut réalisée en 1889 ; en aurait-on profité pour ajouter cette sculpture ? Mais qui en aurait pris l’initiative, et pour quel motif ?

L'origine de l'abbaye

L'abbaye de Fécamp est née durant la grande vague d'implantations monastiques qui émaillèrent le VIIe siècle (Jumièges, Fontenelle, Noirmoutier, etc.). C'est une communauté de moniales qui s'y installa, afin de parfaire l'évangélisation de la région. La construction du sanctuaire débuta vers 659 autour de la relique du Précieux Sang, confiée selon la légende à la mer par Isaac, fils de Joseph d'Arimathie, et venue s'échouer miraculeusement sur les plages du Pays de Caux. Fécamp se rattache donc à la lignée des sites mythiques intimement liés au Graal. En 665 la première abbatiale est dédicacée.

À partir du IXe siècle les premiers raids Vikings commencent et l'abbaye est dévastée en mai 841.

Tabernacle contenant la relique du précieux sang de Jésus, église abbatiale de Fécamp.

La construction de l'église d'après 990

C'est aux alentours de l'an 1000 que le duc de Normandie Richard Ier, né à Fécamp, décide de réimplanter une présence religieuse. Des chanoines colonisèrent les lieux. Son fils Richard II parvint à convaincre le réformateur Guillaume de Volpiano, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, de l'aider à rétablir une communauté monastique digne de ce nom. Peu après, Volpiano arrivait à Fécamp avec une poignée de moines clunisiens. Volpiano instaura la règle bénédictine et fonda le monastère bénédictin de Fécamp. Il ne reste rien de cette église, néanmoins il reste des textes ayant survécu à la dispersion de la bibliothèque de l'abbaye de 1789. Le récit de la construction de la première église donné par Dudon de Saint-Quentin est incontestablement la source la plus connue. Le chanoine décrit l'édifice comme une église à plusieurs tours, faite en pierre et en brique, voûtée ou pourvues d'arcs en deux endroits, blanchie à l'extérieur et peinte à l'intérieur. D'autres sources indiquent qu'un autel dédié au Sauveur se trouvait derrière le maître-autel dédié à la trinité. D'après la chronique de Saint-Bénigne, écrite entre 1058 et 1066, elle placerait le tombeau de Guillaume de Volpiano devant l'autel Saint-Taurin, alors que certains textes comme la vita willelmi le place au centre de l'église; selon d'autres sources encore, le tombeau aurait été situé sous l'église dans une "crypte". Cependant, des fouilles menés en 1925 confirment par l'intermédiaire de sondages la présence sous les travées deux et trois la présence d'une profonde quantité de remblais constitué de fragment d'enduit peint dans lesquels les fouilleurs virent la confirmation de l'existence des peintures murales mentionnées par Dudon. A partir de ces fouilles et de regroupement de textes, Hans Reinhardt et Etienne Fels puis Annie Renoux arrivèrent à prouver alors que l'autel Saint-Sauveur aurait été situé à l'étage de la construction tandis que l'autel Saint-Taurin et le tombeau de Guillaume de Volpiano étaient situé dans une crypte sous l'église.

Les changement après 1099

L'Abbaye de la trinité à son apogée.

À Pâques de l'année 1066, Guillaume le Conquérant installe sa cour à Fécamp après que l'abbé de Fécamp a financé la conquête de l'Angleterre par Guillaume. En 1106, après que le précieux sang est devenu un grand lieu de pèlerinage, l'abbaye est agrandie avant d'être dévastée par la foudre en 1168. Une nouvelle église gothique fut alors construite par l'abbé Henri de Sully[2] ; elle est achevée au XIIIe siècle.

Installation des Mauristes

Au XVIIIe siècle, les moines de Saint-Maur s'installent et construisent un nouveau portail.

Pillage de l'abbaye en 1789

À la Révolution, le monastère fut totalement dévasté et les derniers religieux partirent peu après.

Histoire moderne

En 1960, un vote est organisé pour savoir si la façade datant du XVIIIe siècle doit être détruite pour mettre au jour la façade du XIIIe siècle.

En 2007, un grand projet de restauration commence qui durera trois ans. La même année voit une grave dégradation sur le tabernacle abritant le Précieux-Sang, la tête de la Vierge présente sur l'acrotère droit étant brisée.

Liste des abbés

Armoiries de l'abbaye

Blason du couvent des Religieux

Les armes de l'abbaye, dans les derniers temps, se composaient de deux écus accolés, réunis par la couronne royale, et surmontés de la mitre et de la crosse. Sur l'un des écus étaient trois mitres, pour rappeler, sans doute, les trois abbayes de Notre-Dame de Bernay, de Sainte-Berthe de Blangy (dans le boulonnais), et celle de Saint-Taurin d'Évreux, qui dépendaient des abbés de Fécamp; sur l'autre, portant le mot pax, on remarquait une fleur de lis en tête, et, en point, les trois elous de la passion, le tout orné d'une couronne d'épines, en mémoire du précieux Sang.

Pour d'Hozier, les armes de l'abbaye sont: d'azur, semé de fleur de lys d'or, à une sainte Trinité dans un tronc ou niche, d'or, doublée de sinople, le Père éternel de carnation, assi, vêtu d'une chape pluviale d'or, la tête couverte d'une tiare, de même, chargé sur la poitrine d'un Saint-Esprit en forme de colombe d'argent, et tenant une croix de sable sur laquelle est attaché le Fils, de carnation, couvert d'argent, et au-dessous deux écussons: l'un à dextre, d'argent, semé de branches d'arbres, de sinople, en pal, et trois mitres d'or, brochantes sur le tout, posées deux et une; l'autre écusson, à senestre, de gueules, chargé de deux léopards d'or; et le grand écusson avec une bordure d'azur, chargée de fleurs de lys d'or, les tiges apointées vers le milieu.

Il existe aussi un blason pour le « couvent des Religieux »: d'argent à six branches de laurier de sinople, les tiges passées en sautoir, et trois mitres d'or, doublées de gueules, brochantes sur le tout, deux en chef et une en pointe[3].

Architecture

Nef menant au chœur de l'église abbatiale de Fécamp.

L'abbatiale mesure 127 mètres de long contre 125 mètres à Notre-Dame de Paris. Elle possède une façade de style classique qui tranche avec le reste du bâtiment. La porte est encadrée par les statues monumentales des ducs de Normandie Richard Ier et Richard II, les deux bienfaiteurs de l'abbaye qui reposent dans l'abbatiale. La nef est étayée par des contreforts assez massifs et des arcs-boutants. À la croisée du transept culmine un haut clocher gothique de 65 mètres de haut.

On découvre à l'intérieur une immense nef à 10 travées et deux collatéraux. L'élévation des voûtes est impressionnante. Les murs sont percés dans leurs niveaux supérieurs de nombreuses baies qui apportent une grande clarté. La tour-lanterne, véritable puits de lumière, s'envole sous voûtes à 40 mètres. Le chœur possède un déambulatoire desservant plusieurs chapelles rayonnantes. Au nord, on trouve les seuls vestiges datant de l'époque romane. Toutes les chapelles furent fermées au début du XVIe siècle par des clôtures finement sculptées. On y découvre plusieurs gisants remarquables, ainsi que le tombeau de Guillaume de Volpiano. La chapelle axiale est consacrée à Notre Dame et date du XVe siècle. Face à elle, adossé au chœur, se situe le tabernacle du Précieux Sang.

Dans le chœur trône le maître-autel Renaissance, précédé par un autre maître-autel à baldaquin, du XVIIIe siècle cette fois. Un beau reliquaire du XIIe siècle y est également visible. Il était autrefois couvert de polychromie.

Dans le bras sud du transept reposent, sous une dalle, les corps des ducs de Normandie Richard Ier de Normandie et Richard II de Normandie. On contemple, à quelques pas, un bas-relief connu sous le nom de dormition de la Vierge. À côté, figure un reliquaire abritant le « Pas de l'Ange », trace qu'aurait laissée une créature ailée dans la pierre en 943, à l'occasion de la dédicace d'un précédent sanctuaire[4]. Dans le croisillon nord enfin, figure une horloge datée de 1667. Elle indique notamment l'amplitude des marées et les phases de la lune.

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00100659 » sur www.culture.gouv.fr.
  2. Cécile-Anne Sibout, Le Précieux Sang, une relique vénérée et convoitée dans Études normandes n° 2, 2007, (ISSN 00142158), p. 28
  3. Alfred Canel, Armorial de la province des villes de Normandie, Rouen: A. Péron, 1849.
  4. Cécile-Anne Sibout, Le Précieux Sang, une relique vénérée et convoitée dans Études normandes n°2, 2007, (ISSN 00142158), p.30

Photographies

Vues extérieure

Vues intérieures



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