- Combat de Fougeres
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Bataille de Fougères
La bataille de Fougères se déroula pendant la Virée de Galerne lors de la guerre de Vendée.
Sommaire
Prélude
Les Vendéens et les Chouans venaient de prendre Mayenne la veille et se décidaient à marcher sur Saint-Malo pour prendre contact avec les Britanniques. Les Vendéens, récemment rejoints par des Chouans, marchèrent donc sur Fougères, situé sur la route de Saint-Malo.
Article détaillé : Virée de Galerne.Les Républicains, conscients du danger, mirent la ville en état de défense, l'adjudant général Brière rassembla 6 000 gardes nationaux et soldats de ligne, le chateau fut mis en défense, les murailles de la ville furent inspectées. Bon nombre d’administrateurs choisirent de quitter la ville et de fuir vers Rennes, à l’exception de quelques-uns, dont le maire Lesueur, qui choisit de rester.
La bataille
Dès le 2 novembre, à la Pellerine, à une quinzaine de kilomètres de Fougères, un bataillon de chasseurs à cheval fut mis en déroute par les Blancs, qui y gagnèrent trois canons supplémentaires. Le 3 novembre, à 15 heures, le 19e régiment d'infanterie légère se porta, sur l'ordre de l'Adjudant général Brière, à la rencontre des vendéens. Composé d'un millier d'homme seulement, ils attaquèrent l'avant-garde ennemie qui se replia. Les Bleus les poursuivirent, mais il s'agissait d'un piège, à La Chaudronneraie, près d'Ernée, ils furent enveloppés sur leurs flancs et mit en déroute, perdant les 2/3 de leurs effectifs.
Vers 18 heures, à la nuit tombante, les Vendéens et les Chouans étaient aux portes de Fougères. Le siège ne dura pas longtemps, les soldats républicains placés devant la porte Saint-Léonard (située devant l’église du même nom) furent balayés et la porte fut brisée à coup de canons, les Vendéens entrèrent ensuite dans la ville mais les républicains tenaient bon. Pendant ce temps, la cavalerie vendéenne commandée par Talmont attaqua depuis l'autre côté de la ville. Guidée par Boisguy, natif de la ville, elle emprunta des chemins de traverse dans les faubourgs et entra dans la ville en passant par la porte Notre-Dame que Brière n'avait pas cru bon de faire défendre. La cavalerie vendéenne se rendit maître du château par surprise, les républicains qui s'y trouvaient mirent bas les armes sans opposer de résistance. 300 prisonniers royalistes condamnés à mort étaient enfermés dans le château, ils furent délivrés et se joignirent aux vendéens. La nouvelle de la prise du château gagna rapidement les républicains postés à la porte Saint-Léonard et provoqua une véritable panique dans leurs rangs et ce fut un sauve-qui-peut général. Les prisonniers délivrés, ivres de vengeance se livrèrent à des exécutions sommaires dans les rues de la ville. Fougères était prise; environ 200 soldats républicains et 15 civils avaient été tués pendant le siège.
Après la bataille
Après leur victoire, les Vendéens pillèrent des habitations de patriotes pendant la nuit, des maisons furent incendiées, des vivres furent réquisitionnées. Le maire Lesueur, qui avait eu le courage de rester à son poste fut jugé puis fusillé le 5 novembre au château, contre le mur de la tour Raoul paraît-il, on ne sait s'il fut exécuté seul ou avec d'autres prisonniers, quelques captifs républicains, reconnus pour avoir trahi leur serment de ne plus combattre à l'Ouest auraient également été fusillés, il semblerait qu'ils furent au nombre d'une dizaine. Les autres prisonniers, au nombre de plusieurs centaines durent prêter le serment de ne plus combattre les royalistes, leurs cheveux furent ensuite coupés afin que l'on puisse les reconnaître s'ils trahissaient leur serment, ils furent ensuite libérés. D'Obenheim, officier du génie, passa dans les rangs vendéens, il changea toutefois de nouveau de camps à la fin de la guerre. De son côté, le général vendéen Lescure était mort le 3 novembre à la Pelerine, ses hommes, craignant que les républicains n’exhument son corps comme ils l’avaient fait de Bonchamps, l’enterrèrent en cachette. Après quatre jours de repos l’armée vendéenne sortit de la ville et au lieu de marcher sur Saint-Malo comme le plan le prévoyait initialement, elle changea sa route et se dirigea vers Granville.
Massacre des blessés
Le 18 novembre, Les généraux républicains Christian Joseph Hammel, François Pierre Amey et Simon Canuel, à la tête des "Mayençais", entrèrent dans Fougères. Ils trouvèrent dans les hôpitaux les malades et blessés vendéens, des groupes de soldats mayençais les massacrèrent tous, parmi lesquels beaucoup de femmes, ils épargnèrent toutefois les religieuses qui les soignaient. La Mère Sainte-Catherine fit le récit suivant:
« Ils ôtèrent à ces malheureux quelques reste de vie de la manière la plus barbare. Notre R.Mère et l'hospitalière firent des efforts les plus généreux, allant au-devant de ces hommes altérés de sang pour apaiser leur fureur. Les raisons les plus touchantes, les plus capables d'émouvoir des coeurs sensibles à l'humanité, à l'honneur, ne firent qu'augmenter leur férocité. Ils menacèrent de les tuer elles-mêmes si elles ne se retiraient pas promptement. Elles n'avaient pas d'autre parti à prendre. Leur vie n'eut pas protégé celle de ces malheureuses victimes. Aussitôt ces cruels bourreaux se jetèrent sur leur proie avec la plus violente impétuosité. Avec la pointe de leur sabre, ils rouvraient leurs blessures avant de leur donner la mort ; ils faisaient même enter des cuillers dont les infortunés se servaient ; ils leur arrachèrent les yeux et commirent des horreurs si atroces qu'une domestique de l'hôpital, qu'ils forcèrent d'assister à cet affreux spectacle, ne voulut pas nous en faire le détail. Cette pauvre fille en fut tellement effrayée, qu'aussitôt elle fut frappée de maladie dont elle mourut peu de jours après. Pendant cette inhumaine expédition, nous étions dans la plus vive consternation ; nous ignorions même si nous allions être l'objet de leur barbarie. Dieu nous réservait encore les maux les plus amers et les plus sensibles. Ils se bornèrent à ces infortunés ; ils passèrent le reste de leur rage à dévaster l'hôpital. Les dommages qu'ils firent furent évalués à 10 000 livres. »Le médecin Gainou écrivit à un de ses confère à Rennes:
« Il faut te dire que des soldats indisciplinés, pas susceptible de la moindre réflexion, se sont porté dans les hôpitaux de Fougères, y ont égorgés les blessés des brigands dans leurs lits. Plusieurs femmes des brigands y étaient malades, ils leur ont arraché les poils et les ont égorgées après, sans qu'ils eussent reçu aucun ordre, ni des représentants, ni des généraux. J'ai vu parmi ces horreurs un beau trait : une de ces femmes, elle pouvait avoir vingt ans et assez jolie, pria un capitaine de canonniers de vouloir la tuer. Lui, plein de générosité et d'humanité, défit sa redingote et la lui mit sur le corps, car on lui avait pris ses jupes. Ils l'ont sortie de l'hôpital le sabre à la main et lui ont sauvé la vie. »Les victimes étaient au nombre de 2 000 selon les Républicains, nombre probablement exagéré.
Le 24 novembre les Vendéens revinrent à Fougères. L’abbé Étienne-Alexandre Bernier célébra un te deum à l’église Saint-Léonard pour célébrer la Victoire de Dol-de-Bretagne, mais, cette fois, les Vendéens, ne restèrent pas longtemps à Fougères, leur état devenait désastreux, la victoire ne leur avait assuré qu'un sursis.Plus tard, les autorités civiles qui avaient fui retournèrent à Fougères, mais de nouveaux problèmes apparurent. Conformément à un décret voté par l’assemblée nationale, le gouvernement parisien ordonna que Fougères soit incendiée. Le décret indiquait que toute ville qui tomberait aux mains des Vendéens sans avoir employé le maximum de ses ressources serait détruite. En réaction, les élus fougerais firent circuler une pétition pour tenter de convaincre le gouvernement de revenir sur sa décision. On ne sait comment se déroulèrent la suite des négociations, mais, finalement, Fougères ne fut pas brûlée.
Bibliographie
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissemnet de Fougères, 1989
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Editions, 1894
- Colonel Gillot, Fougères ville d'art, édition Arthaud
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