- Combat du Rocher de La Plochais
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Combat du Rocher de La Piochais
Le combat du Rocher de la Piochais fut une embuscade tendue par les Chouans à un convoi républicain en 1795.
Sommaire
Prélude
A la fin du mois de juillet 1795, un convoi sortit de Fougères et se dirigea vers Louvigné-du-désert, il devait y ravitailler la garnison qui manquait des vivres et d'armes; un fourgon parti de Rennes et devant se rendre à Caen se trouvait également dans le convoi qui était défendu par 660 des soldats du bataillon d'infanterie légère de Nantes et d'une compagnie de la garde territoriale de Fougères. Aimé Picquet du Boisguy, prévenu la veille de ce convoi, rassembla ses hommes et s'embusqua au lieu-dit du Rocher de la Plochais, situé entre Louvigné-du-désert et Landéan.
Forces en présence
Les estimations des forces divergent. Selon le colonel chouan Toussaint du Breil de Pontbriand, le convoi républicain était fort de 600 hommes portant le nom de division Nantaise et de 60 gardes territoriaux. Quant au chouans de Boisguy, ils étaient au nombre de 700.
Du côté républicain, un premier rapport évalue le nombre de soldats défendant le convoi à 125 hommes, un deuxième à 140 et porte le nombre des chouans à 1 200, ce qui semble, à cette période, grandement surrévalué. La présence de soldats du premier bataillon d'infanterie légère de Nantes et de gardes territoriaux est attestée.
De son côté, en 1806, l'historien Alphonse de Beauchamp, rapporta que selon les témoignages du pays, les forces des deux camps étaient égales.
Toutefois il est certain que des renforts accoururent de Fougères pour venir en aide au convoi, les effectifs initiaux des républicains étaient donc probablement de l'ordre de 125 à 140 hommes jusqu'à l'arrivée des renforts qui purent porter le nombre de combattants jusqu'à 660.
La bataille
La position des Chouans leur était très favorable ; les Républicains avaient déjà traversés la forêt de Fougères et Landéan, arrivés à Plochais, ils étaient forcés de s'engager sur une route très étroite et resserrée sur les côtés par des marais presque infranchissables. Aimé Picquet du Boisguy commandait le centre des lignes chouannes face aux républicains, le flanc gauche était commandé par Guy Picquet du Boisguy et le flanc droit par Gustave Hay de Bonteville. Il était 8 heures et demie du matin, les Républicains avancèrent jusqu'au milieu des troupes royalistes sans rien soupçonner, ces dernières les accueillirent d'une décharge presque à bout portant. Les Républicains, ne pouvant se mettre en ligne de bataille à cause du terrain, ne purent riposter efficacement. Au bout d'un quart d'heure, l'adjudant général qui commandait la troupe tenta de faire replier ses hommes en bon ordre mais l'avant-garde, prise sous le feu des Chouans, prit la fuite et entraina toutes les autres troupes dans sa déroute. Aussitôt, les Chouans sortirent de leurs couvers et partirent à la poursuite des fuyards. Guy du Boisguy fut le plus rapide et rejoignit un groupe d'une vingtaine de gardes territoriaux et leurs intima l'ordre de se rendre. Mais il se plaça un peu trop en avant de ses hommes : arrivé à un marais, il dut mettre pied à terre et s'y embourba. Quelques soldats républicains le remarquèrent, et, avant que les chouans n'aient pu réagir, ils firent feu sur lui ; un soldat allemand nommé Zemmer l'atteignit de deux ou trois balles. Grievement blessé, Guy du Boisguy fut retiré du marais par ses hommes et conduit au village de la Charbonnais, près de Landéan.
Pendant ce temps, Aimé Picquet du Boisguy continuait la poursuite sur la grande route. Les républicains avaient dépassés Landéan et avaient gagné la forêt de Fougères. Boisguy entra dans Landéan, où 13 de soldats républicains se rendirent et furent enfermés dans le bourg. Boisguy fit ensuite reposer ses hommes. De son côté, Gustave Hay de Bonteville se porta avec l'avant-garde dans la forêt de Fougères talonnant toujours les troupes républicaines, ce fut dans la forêt que la plupart des soldats républicains périrent. Finalement, au bout d'un moment, Hay de Bonteville abandonna la poursuite et s'en retourna vers Landéan.
Au même moment, Aimé du Boisguy apprit à Landéan que son frère avait été grièvement blessé. Il partit donc immédiatement vers la Charbonnais, mais il avait à peine fait 1 km, qu'il entendit une vive fusillade derrière lui qui le fit revenir sur ses pas. En effet les fuyards républicains ayant été rejoints dans la forêt par la Garde nationale de Fougères et des soldats des troupes de ligne arrivés en renforts, ils s'étaient regroupés et contre-attaquaient. Ils atteignirent les troupes de Bonteville près de Landéan. Bonteville fut rapidement rejoint par Aimé du Boisguy, très en colère d'avoir dû faire marche arrière. Le combat qui suivit dura une heure et les Républicains finirent par battre en retraite.
Ce fut pendant cet affrontements que Boisguy ordonna l'exécution des prisonniers. Ayant appris que son frère était mortellement blessé, il aurait été en proie à une sorte rage. Selon les témoignages de blessés et de prisonniers de guerre républicains ayant survécus, Boisguy tua de sa main, à coups de sabres, plusieurs captifs républicains, les gardes territoriaux furent principalement l'objet de sa fureur. Quelques autres furent fusillés par ses soldats.
Aimé du Boisguy, inquiet pour son frère n'ordonna pas la poursuite et regagna Landéan et de là, Charbonnais, ce fut en chemin qu'il apprit que Guy du Boisguy avait succombé à ses blessures au bout de deux heures d'agonie.
Les suites du combat
Pendant la nuit, Guy Picquet du Boisguy fut enterré en secret dans le cimetière de Landéan. À la fin des funérailles, Aimé du Boisguy fut informé d'un autre fait dramatique qui s'était déroulé dans la journée. Alors qu'au début du combat, au Rocher de la Plochais, les Républicains venaient d'être mis en fuite, un groupe de Chouans s'empara d'une voiture qu'ils détournèrent à l'intérieur du pays. Dans cette voiture, se trouvaient deux femmes Mlle Chobé et Mlle Fesselier ; cette dernière devait se marier en Normandie et transportait dans sa voiture une grande somme d'argent qui était en fait sa dot. L'officier chouan présent renvoya ses hommes prétextant qu'il avait des ordres et ne garda que 5 hommes avec lui : ils tuèrent les deux femmes et s'emparèrent de l'argent. Boisguy exigea que les coupables soient retrouvés et pendant la nuit les Chouans vidèrent les lieux.
Le lendemain matin, les troupes républicaines partirent explorer le champ de bataille, il enterrèrent leurs morts ainsi que les corps des deux jeunes femmes qui avaient été retrouvés. Le fourgon avait été presque entièrement vidé, les Chouans s'étaient emparés de son contenu, en revanche, les deux caissons destinés à ravitailler les troupes étaient peu endommagés et purent gagner Louvigné-du-désert.
Le rapport évoque les pertes suivantes:
« La perte résultant du pillage s'élève à des sommes considérables; celles en assignats seulement est estimée à environ un million et demi en y comprenant une somme de 324 420 francs que le receveur du district de Fougères avait chargée pour Paris sur le fourgon. Quinze chevaux ont été tués ou pris et leur valeur excède 200 000 livres. La perte en armes et en munitions n'est pas celle qui mérite le moins d'exciter nos regrets. »Par la suite une garnison de 1 800 hommes fut postée dans les environs, ce qui rendit pendant plusieurs mois la situation calme et peu d'exactions furent commises.
Quelques jours après, l'enquête ordonnée par Boisguy sur le meurtre des deux jeunes femmes porta ses fruits. Le capitaine Boismartel dit Joli-cœur fut arrêté, mais finalement relâché faute de preuves. Deux chouans, nommés Pierre Froustel et Charles Costras, qui n'avaient plus reparut dans leurs compagnies furent arrêtés et comparurent devant un conseil militaire le 12 août à Saint-Brice-en-Coglès. Ils furent tout deux reconnus coupables et fusillés le jour même.
Les pertes
Contrairement à son habitude, le colonel de Pontbriand ne donna pas d'estimation des pertes pour cette bataille, ni pour les chouans, ni pour les républicains. Il rapporte toutefois que 45 soldats républicains furent capturés.
Du côté républicain, un premier rapport donna les pertes suivantes: 80 à 100 morts et 13 prisonniers exécutés pour les républicains. En revanche un deuxième rapport donna les chiffres de 50 morts, 11 blessés, ce qui semble bien faible, et d'une quinzaine de prisonniers exécutés. Toutefois il rapporte aussi que plusieurs prisonniers fusillés furent retrouvés vivants et purent être secourus.
Concernant les chouans, le rapport républicain précise également que les chouans ne perdirent qu'un petit nombre des leurs.
Carte
Bibliographie
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, 1989, p.433-440.
- Toussaint Du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand, 1897, p.175-179.
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Editions, 1894, p.183-188.
Notes et références
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