- Colonisation du Congo
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La colonisation du Congo s'opéra durant la période comprise entre la première exploration du Congo-Kinshasa par Henry Morton Stanley (1867) jusqu'à l'annexion du pays par la prise de possession par le roi Léopold II de Belgique (1885).
Sommaire
Chronologie
1680 : le Portugais Duarte Lopez est le premier occidental à remonter le fleuve Congo.
1874-1877 : exploration du fleuve Congo par Henry Morton Stanley.
1876 : fondation de l’Association Internationale Africaine (AIA) par Léopold II de Belgique.
1879 : retour de Stanley au Congo pour coloniser des terres au travers de l’AIA.
1885 (novembre) à 1886 (février) : conférence de Berlin.
1886 : le roi Léopold II devient roi de l’État Indépendant du Congo (EIC).
1908 : le roi Léopold II cède l’EIC à la Belgique, naissance du Congo belge, charte coloniale pour la gestion du Congo et scandales dans la presse belge.
1940 : entrée en guerre du Congo du côté des alliés..
1959 : émeutes à Léopoldville pour l’indépendance
1960, le 30 juin : indépendance du Congo.Premières explorations européennes
La région du fleuve Congo était la dernière partie d'Afrique qui n'avait pas encore été visitée par les explorateurs européens. Un par un, les mystères de l'Afrique avaient été résolus : les côtes par le portugais Henri le navigateur au XVe siècle; le Nil Bleu par James Bruce en 1773; le haut Niger par Mungo Park en 1796; les limites du Sahara par Laing, Caillié, et Clapperton dans les années 1820; les mangroves marécageuses du bas Niger par les frères Lander en 1830; l'Afrique australe et le Zambèze par Livingstone dans les années 1850; le haut Nil par Burton, Speke, et Baker au cours d'une série d'expéditions entre 1857 et 1868. Bien que le Congo fut l'un des premiers pour lesquels des expéditions aient été menées (Diogo Cão), il demeurait un mystère.
Depuis le XVe siècle, les explorateurs européens ont navigué dans l'estuaire du fleuve Congo, envisageant de remonter les chutes et rapides qui commençaient à seulement quelque 160 kilomètres de l'embouchure, et ensuite voyager sur la rivière jusqu'à sa source inconnue. Tous échouèrent. Les chutes et rapides, pour ce qu'ils en savaient, s'étendaient sur quelque 350 kilomètres vers l'intérieur, et le terrain proche de la rivière était impraticable (et l'est toujours de nos jours). Les tentatives répétées de s'aventurer plus loin restèrent vaines, avec de nombreux incidents. Accidents, conflits avec les indigènes, et surtout les maladies tropicales inconnues, virent d'importantes expéditions bien équipées ne pas progresser de plus de 60 kilomètres et passer les premiers rapides, le légendaire Chaudron de l'enfer.
Exploration de Stanley
La cuvette du Congo ne fut pas explorée avant 1867 par les européens. Ce ne fut pas par l'embouchure du fleuve mais par la côte orientale de l'Afrique que ces premières expéditions furent menées. Partant de Zanzibar, le journaliste américain Henry Morton Stanley devait retrouver le célèbre explorateur Dr. Livingstone. Livingstone n'avait plus donné signe de vie depuis plusieurs années, parcourant les alentours d'une grande rivière continentale navigable, la Lualaba, que Livingstone espérait faire partie du haut bassin du Nil, mais qui s'avéra en fait être le Congo supérieur.
Au cours d'un second voyage, Stanley descendit sur 1 600 kilomètres la Lualaba, jusqu'à un large lac qu'il nomma Stanley Pool (actuellement Pool Malebo), sur les rives duquel se trouvent les actuelles Kinshasa et Brazzaville. De là, plutôt que de se risquer dans la région impénétrable des cascades, Stanley fit un grand détour par le sud, jusqu'à atteindre le comptoir commercial portugais de Boma, sur l'estuaire du fleuve. Il fut le premier Européen à traverser l'Afrique d'est en ouest après Verney Lovett Cameron.
Prélude à la conquête
Quand Stanley retourna en Europe en 1878, il n'avait pas seulement trouvé le docteur Livingstone (une rencontre qui demeure légendaire aujourd'hui), mais il avait résolu le dernier mystère de la découverte de l'Afrique, et s'était ruiné la santé. Il avait aussi ouvert l'Afrique centrale au reste du monde. Ce fut son apport majeur. Stanley fut acclamé en Europe. Il écrivit des articles, apparut à diverses conférences, sollicita sans répit les riches et les puissants. Et son combat était l'exploitation des opportunités commerciales illimitées dans les territoires qu'il avait découvert ou, selon sa propre expression, « pour la civilisation de l'Europe dans la barbarie de l'Afrique ».
C'est à ce moment que le roi Léopold II de Belgique intervint.
En tant que monarque constitutionnel, Léopold avait la charge de ses obligations constitutionnelles régulières d'ouvrir les sessions parlementaires, accueillir les diplomates, et se rendre aux funérailles d'état. Il n'avait pas de pouvoir politique. Mais pendant plus de 20 ans, il se démena pour que la Belgique prenne sa place parmi les grandes puissances coloniales d'Europe. Léopold notait: « Nos frontières ne pourront jamais s'étendre en Europe ». Cependant, il ajoutait : « depuis que l'histoire nous apprend que les colonies sont utiles, qu'elles jouent un grand rôle dans ce qui peut faire la puissance et la prospérité des états, il est temps pour nous d'en avoir une également ».À diverses reprises, il échafauda des projets d'achat d'une province d'Argentine, d'acheter Bornéo aux Pays-Bas, de louer les Philippines à l'Espagne, ou établir des colonies en Chine, Viêt Nam, Japon, ou sur les îles de l'océan Pacifique, en particulier Fidji. Quand les explorateurs des années 1860 focalisèrent leur attention sur l'Afrique, Léopold envisagea de coloniser le Mozambique sur la côte orientale, le Sénégal sur la côte nord-occidentale, et le Congo au centre. Aucun de ces projets ne put être mené à terme : le gouvernement belge résista fermement à toutes ces suggestions, celui-ci voyant l'acquisition d'une colonie comme un moyen de perdre de grandes sommes d'argent en n'en recevant que peu en retour.
La réponse de Léopold a été extraordinaire dans sa simplicité : si le gouvernement belge n'envisageait pas de prendre une colonie, il le ferait simplement en son nom, utilisant son droit de propriété en tant que citoyen ordinaire. Il demanda au Père De Deken (Pater DE DEKEN ) de se rendre en Chine et au Congo afin d'évangéliser et coloniser ces pays.
En 1876, Léopold II organisa une conférence géographique internationale à Bruxelles, invitant des délégations de toutes les socitétés scientifiques de l'Europe entière pour discuter de problèmes scientifiques et philanthropiques tels les méthodes de cartographie, pour prévenir la ré-émergence du trafic d'esclave sur la côte occidentale de l'Afrique, et pour discuter de la meilleure façon de fournir un support médical au continent. A la clôture de la conférence, Léopold proposa l'établissement d'un comité international philanthropique, et il se proposa modestement d'en assurer la présidence. Pour les apparences, il fit tenir une autre conférence l'année suivante, mais dès ce moment, l'Association internationale africaine fut simplement la façade des ambitions de Léopold. Il créa une série d'organisations subsidiaires, dont la plus notoire fut l'Association internationale du Congo, qui n'avait qu'un seul actionnaire : Léopold lui-même.
Peu après que Stanley fut de retour du Congo, Léopold essaya de le recruter. Stanley, toujours en attente d'un intérêt de la part du Royaume-Uni, rejeta ses propositions. Cependant, Léopold insista et Stanley céda. Léopold était, semble-t-il, le seul Européen disposé à financer le rêve de Stanley : la construction d'un chemin de fer à travers les Monts de Cristal de la mer jusqu'au Pool Malebo, à partir duquel des bateaux pourraient remonter le fleuve sur quelque 1 600 kilomètres au cœur de l'Afrique. Stanley, plus habitué aux rigueurs du climat africain et aux complexités des structures sociales africaines que Léopold, le persuada que la première étape devait être la construction d'une voie de chemin de fer et d'une série de postes fortifiés. Léopold fut d'accord, et dans le plus grand secret, Stanley signa un contrat de cinq ans avec un salaire de 1 000 livres par an, et se rendit à Zanzibar sous un nom d'emprunt. Pour éviter la découverte prématurée du projet, le matériel et les travailleurs furent acheminés par différentes routes, et les communications entre Stanley et Léopold furent confiées au Colonel Maximilian Strauch. C'est seulement à ce moment que Stanley fut informé de l'ampleur des ambitions de Léopold : Stanley ne devait pas seulement établir des comptoirs commerciaux, il devait secrètement édifier un État complet. Les instructions étaient directes et claires : « Il est question de créer un nouvel État, aussi étendu que possible, et de l'organiser. Il doit être clairement compris que dans ce projet, il n'est pas question de garantir le moindre pouvoir politique aux populations nègres. Ce serait absurde. »
Ne voyant rien de répréhensible dans les ambitions de Léopold, il se mit à la tâche. Il était indubitablement fait pour ce travail. Pendant trois ans, il s'illustra par sa puissance de travail, sa capacité à tirer parti de la confrontation de deux groupes humains, sa brutalité dans l'usage de la force, sa promptitude à abattre ses opposants, et par-dessus tout sa volonté d'ouvrir la route vers l'amont du Congo.
Au cours des années suivantes, Stanley expliqua que la part la plus horripilante de son travail n'était pas de faire progresser le vaste chantier ou de négocier avec les indigènes, mais de garder le contrôle sur le groupe d'hommes malades qu'il avait emmenés avec lui dans ses expéditions ; il faisait en permanence état de problèmes de rang ou de statut. « A peu près tous », écrivit-il, « réclamaient des biens de toute sorte, incluant notamment (...) du vin, du tabac, des cigares, des habits, des chaussures... et d'autres extravagances sans nom » (en fait, de séduisantes esclaves pour chauffer leur lit).
Épuisé, Stanley retourna en Europe pour rendre compte à Léopold qui lui avait promis par ailleurs un assistant de poids : 'Chinese' Gordon (qui décida finalement de refuser l'offre de Léopold pour d'autres projets à Khartoum). « Il est indispensable », lui notifia Léopold, « que vous achetiez pour le Comité d'Études (c'est-à-dire Léopold lui-même) autant de terres que vous puissiez obtenir ».
Ayant établi un port d'attache dans le Congo inférieur, Stanley décida en 1883 de remonter le fleuve pour étendre le domaine de Léopold, avec ses méthodes habituelles : négociations avec des chefs locaux et achat de leur souveraineté en échange de biens de peu de valeur, jeu sur la rivalité entre les tribus ; et, si nécessaire, assassinat d'un chef récalcitrant et négociation avec son successeur apeuré. Cependant, comme il s'approchait des Stanley Falls, à la jonction entre le Congo lui-même et la Lualaba (à proximité de la région où il avait retrouvé Livingstone six ans plus tôt), il devint clair que les hommes de Stanley n'étaient pas les seuls envahisseurs.
Tippo Tip, le dernier des grands esclavagistes zanzibaris du XIXe siècle, était bien connu de Stanley, du fait du chaos et de la dévastation qu'amenait l'esclavagisme dans la région. C'est cependant avec l'aide de Tippo Tip que Stanley avait retrouvé Livingstone (qui lui-même avait survécu des années dans la région de la Lualaba grâce à la bienveillance de Tippo Tip). Maintenant, Stanley découvrait que les hommes de Tip pénétraient vers l'ouest de la contrée pour s'assurer davantage de population à réduire en esclavage.
Six ans plus tôt, les Zanzibaris qui jugeaient le Congo dangereux et infréquentable avaient conseillé à Stanley de ne pas s'y rendre. Mais quand Tippo Tip apprit à Zanzibar que Stanley avait survécu, il fut prompt à réagir. Les villages de la région furent brûlés et dévastés, les fleuves charrièrent des cadavres. Tippo Tip attaqua 118 villages, tua 4 000 Africains, et, quand Stanley atteignit son camp, il retenait 2 300 esclaves, principalement des jeunes femmes et des enfants, enchaînés et prêts à être expédiés à travers le continent jusqu'aux marchés d'esclaves de Zanzibar.
Se trouvant bloqué par le maître du Congo supérieur, Stanley négocia un accord pour construire sa dernière station fluviale, légèrement en aval des Stanleys Falls, à l'emplacement de l'actuelle Kisangani . Au bout de ses ressources physiques, Stanley retourna en Angleterre, et fut remplacé par le lieutenant-colonel Francis de Winton, officier de l'Armée belge.
Voir aussi
Bibliographie
- De Lannoy, C., L’organisation coloniale belge, Bruxelles, 1913.
- De Schaetzen, A., Origine des missions belges au Congo, Anvers, 1937.
- Deschamps, H., Histoire générale de l’Afrique noire (des origines à 1800), Paris, PUF, t. 1, 1970; t- 2, 1971.
- Desonay, P., Léopold II, ce géant, Tournai, 1936.
Liens internes
- Association internationale africaine
- Empire colonial belge
- Liste des bateaux utilisés pour l'exploration du territoire de l'État indépendant du Congo
- Expéditions préludes à la fondation de l'État indépendant du Congo
- Edmond Hanssens
Liens externes
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