- David Livingstone
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David Livingstone Naissance 19 mars 1813
Blantyre, ÉcosseDécès 1er mai 1873
Près du lac Bangwelo, ZambieNationalité Britannique Profession Médecin, missionnaire et explorateur David Livingstone (1813-1873) était un médecin, missionnaire protestant et explorateur écossais qui contribua à la fois au développement et à la promotion de l'empire commercial britannique d'une part, à la lutte contre la traite esclavagiste et à l'évangélisation du sud du continent africain d'autre part. Il participa au mouvement d'exploration et de cartographie de l'intérieur du continent africain précédant le « partage de l'Afrique » entre grandes puissances européennes. Il fut notamment le premier Européen à découvrir la vallée du Zambèze et consacra une partie de sa vie à rechercher les sources du Nil.
Livingstone fut l'un des héros britanniques les plus populaires et les plus emblématiques de l'époque victorienne. De par sa volonté d'articuler recension des richesses de l'Afrique dans une perspective commerciale et d'évangélisation, il correspond à un tournant dans la perspective missionnaire. La haute idée qu'il avait de sa culture d'origine et sa volonté de faire « bénéficier » les Africains des avantages de la civilisation britannique en font un précurseur de l'impérialisme colonial européen qui se déploiera après sa mort.
Sa « disparition », suivie de l'expédition de Henry Morton Stanley pour le retrouver ajoutèrent à la glorification et au mythe victorien de cet explorateur majeur de l'Afrique.
Sommaire
Jeunesse
David Livingstone est né le 19 mars 1813 dans une famille pauvre[1] à Blantyre, au sud de Glasgow[2]. Fils de Neil Livingstone (1788-1856) et de sa femme Agnes (1782-1865), il fut élevé dans la religion presbytérienne avant de se convertir au congrégationalisme[3].
Il dut travailler dès l'âge de dix ans dans une fabrique de coton, mais les qualités intellectuelles qu'il révéla dans le cadre des cours du soir qu'il suivait le firent remarquer et lui permirent d'obtenir une bourse[1] pour mener des études de théologie et de médecine à l'université de Glasgow[2]. Il y obtint un doctorat de médecine[1]. Il travailla ensuite à Londres avant de céder à sa fascination de jeunesse pour l'aventure missionnaire et rejoindre la London Missionary Society[3].
Explorateur et missionnaire
En mission dans le sud de l'Afrique
En 1840, après avoir été ordonné pasteur[4], il fut envoyé au Cap puis au Protectorat du Bechuanaland, futur Botswana, près du désert du Kalahari[2] par la London Missionary Society. En 1844, il épousa la fille de Robert Moffat, Mary, qui voyagea quelque temps avec lui, malgré sa grossesse et les injonctions de sa famille[1]. Ultérieurement, elle revint finalement en Angleterre avec leur enfant.
À partir de 1849, en remontant la rivière Botletle, il pensa avoir trouvé la voie d'accès au centre des terres africaines[5] et commença à explorer le centre-sud du continent africain. Il traversa le désert du Kalahari jusqu'au lac Ngami. À partir de 1851-1852, il remonta le Zambèze[2], dont il établit la cartographie, puis rejoignit la côte atlantique à Luanda en Angola. Il découvrit en 1855 les chutes du Zambèze, qu'il baptisa du nom de la reine Victoria[5]. Grâce à cette expédition, il devint le premier européen à avoir traversé l'Afrique d'ouest en est[2], arrivant à l'océan Indien en mai 1856.
Héros de la mission britannique en Afrique
Reçu en héros à son retour au Royaume-Uni, il publia à cette occasion ses Missionary Travels and Researches in South Africa (1857), dont les 12 000 exemplaires de la première édition furent vendus avant même leur parution, ce qui contribua à lui assurer une certaine aisance financière[5]. Le patronage de la Royal Geographical Society, qui avait publié entretemps les rapports que Livingstone lui avait fait parvenir et lui avait décerné dès 1855 sa médaille d'honneur n'y était pas pour rien. Le président de cette institution, Roderick Murchison, auquel l'ouvrage de Livingstone était dédié, se montra soucieux de relayer l'action exploratoire du missionnaire. Une foule importante se pressa aux conférences que Livingstone donna dans tout le pays et il fut en 1858 fait membre de la Royal Society[5].
Dès cette époque, sa célébrité contribua à renforcer le prestige, en métropole, des activités missionnaires. Malgré une efficacité très relative en termes de conversions (il ne réussit à convertir que le chef des Kwena, Sechele), son statut de héros national encouragea les Britanniques à contribuer aux collectes organisées par les sociétés missionnaires en vue de soutenir les missions établies et en ouvrir de nouvelles[6].
David Livingstone est par ailleurs connu pour sa théorie de la colonisation, notamment sa doctrine des « 3 C » : Christianisation, Commerce et Civilisation. Il considérait que la religion chrétienne et le commerce améliorerait la condition des Africains en leur apportant une civilisation largement identifiée à son modèle britannique[7]. Les hommes blancs avaient un devoir : civiliser les races considérées comme inférieures en leur apportant les bienfaits des progrès techniques, de la médecine, de l’alphabétisation et de la religion chrétienne. Chronologiquement, le premier « C », le « commerce légitime » (par opposition à l'« infâme commerce » de l'esclavage interne à l'Afrique ou à destination du monde musulman) devait cependant, selon Livingstone et à l'instar de Thomas Fowell Buxton, précéder les deux autres. L'exploration méthodique des territoires africains inconnus des Européens pour en définir précisément les caractéristiques et les ressources était ainsi un préliminaire indispensable à la christianisation[3]. Cette conception nouvelle des missions évangéliques, centrée sur l'exploration de territoires vierges de toute présence européenne, constitua un tournant dans l'histoire missionnaire en Afrique ; elle contribua à faire de David Livingstone le symbole d'« une certaine agressivité conquérante préfigurant l'impérialisme de la fin du XIXe siècle »[3].
À la recherche des sources du Nil
Livingstone reprit, à partir de 1858 et jusqu'en 1864, ses explorations dans la même région, après avoir démissionné de la London Missionary Society que ses finances fragiles rendaient réticente à financer des activités trop éloignées de la stricte pratique missionnaire. C'est le gouvernement britannique, alléché par les perspectives commerciales de la vallée du Zambèze que laissait entrevoir le récit de Livingstone, qui finança cette expédition. Cette dernière s'avéra cependant coûteuse et décevante, y compris en termes de lutte anti-esclavagiste[5].
Après le décès de sa femme par malaria en 1862, Livingstone repartit dans des conditions plus précaires en 1866[2]. Il établit à cette époque que le système hydrographique de la Lualaba (partie inférieure du fleuve Congo) ne faisait pas partie du système hydrographique du Zambèze comme il l'avait longtemps pensé (notamment par le rapprochement Zambezi / Chambeshi), mais il envisagea alors un lien avec les sources du Nil[8]. Il s'orienta ensuite vers le lac Tanganyika en Tanzanie, dans l'espoir d'y trouver les sources du Nil. Malade et abandonné par ses porteurs, il perdit alors totalement contact avec son pays d'origine. Il se retira à Ujiji, sur les bords du lac Tanganyika.
Henry Morton Stanley, financé par le journal New York Herald en 1869, le retrouva finalement le 10 novembre 1871[2]. Cet évènement est un classique de l'histoire des explorations, notamment dans la mesure où la question initiale de Stanley lors de leur rencontre (« Dr. Livingstone, I presume ? ») est « emblématique d'une certaine communauté de civilisation au coeur de la jungle »[5]. Stanley et Livingstone discutèrent ensuite de ce que ce dernier ignorait du fait de son isolement : le conflit franco-prussien, le percement du canal de Suez, l'établissement d'un câble télégraphique à travers l'Atlantique. Livingstone accompagna Stanley explorer le Nord du lac Tanganyika, mais refusa de le suivre lorsqu'il retourna en Angleterre : leurs routes se séparèrent à Unyanyembe.
Un mythe victorien
David Livingstone mourut le 1er mai 1873[2] de dysenterie sur les bords du lac Bangwelo dans l'actuelle Zambie, toujours à la recherche des sources du Nil. Une expédition rapatria son corps au Royaume-Uni et il fut enterré au milieu de la nef centrale de l'abbaye de Westminster l'année suivante[2], en véritable « saint victorien » qu'il était devenu de par la persévérance de son engagement exploratoire, missionnaire et antiesclavagiste[5]. On relevait aussi fréquemment son extraction modeste pour faire de lui un « exemple de réussite sociale par le travail, la force de caractère et la persévérance »[5], valeurs par excellence de la société victorienne : Livingstone fait ainsi partie des personnages érigés en modèles dans le Self help de Samuel Smiles (1859)[9]. C'est cependant le célèbre récit que Stanley tira de son expédition en 1872 (How I found Livingstone) qui joua un rôle déterminant dans sa « canonisation » en élevant l'explorateur écossais au rang de mythe.
De fait, au cours de sa vie et encore davantage à son issue, Livingstone fut érigé en modèle héroïque d'une civilisation britannique conquérante et dominatrice. Il est d'ailleurs emblématique des ambiguïtés de l'impérialisme victorien notamment dans ses motivations. Car si Livingstone était indéniablement mû par la volonté d'évangéliser les populations africaines comme de les soustraire à la traite (ses rapports seraient par exemple à l'origine du traité imposant en 1873 au sultan de Zanzibar l'interdiction de du trafic d'esclaves), sa volonté de définir préalablement les richesses exploitables des territoires africains encore inconnus des Européens fit de lui le symbole d'un « glissement dans la manière de conquérir l'empire, de plus en plus strictement organisée et plus systématiquement orientée par des fins utilitaires »[7]. Ainsi, lors de l'expédition qu'il mena de 1858 à 1864 sur le Zambèze, il accepta de se conformer à des objectifs, définis par le gouvernement britannique qui le financait, forts éloignés de la perspective missionnaire classique : « étendre les connaissances déjà obtenues sur la géographie et les ressources minérales et agricoles de l'Afrique orientale et centrale [...] en vue de la production de matières premières à exporter vers l'Angleterre en échange de produits industriels britanniques »[10].
L'explorateur a donné son nom à la ville de Livingstone, en Zambie, à proximité des chutes Victoria. La ville fut la première capitale de la Rhodésie du Nord. Elle abrite aujourd'hui le Livingstone Museum, créé en 1934 sous le nom de Rhodes-Livingstone Museum. Il donna aussi son nom aux chutes Livingstone, qui est le nom donné par Stanley à l'ensemble de rapides entre le Pool Malebo et Matadi, sur le Congo inférieur, même si David Livingstone ne s'aventura jamais dans cette partie de l'Afrique.
Notes et références
- Anne Hugon, L'Afrique des explorateurs, p. 69
- David Livingstone (1813 - 1873), Historic Figures sur bbc.co.uk, BBC. Consulté le 20 juillet 2009
- Jacques Carré (dir), Le monde britannique - Religions et cultures, Sedes, 2010, p. 152
- Charles-François Mathis (dir), Le monde britannique (1815-1931), CNED/SEDES, 2009, p. 95
- Charles-François Mathis (dir), Le monde britannique (1815-1931), CNED/SEDES, 2009, p. 96
- Sylvie Aprile et Michel Rapoport (dir), Le monde britannique 1815-(1914)-1931, Atlande, 2010, p. 274
- Charles-François Mathis (dir), Le monde britannique (1815-1931), CNED/SEDES, 2009, p. 97
- Voir pages 276-78 in How I Found Livingstone: Travels Adventures and Discoveres in Central Africa Including an Account (Abridged), Henry M. Stanley, BiblioBazaar, 2007
- Ouvrage qui, jusqu'en 1905, sera vendu à 250 000 exemplaires. Charles-François Mathis (dir), Le monde britannique (1815-1931), CNED/SEDES, 2009, p. 96
- cité par Charles-François Mathis (dir), Le monde britannique (1815-1931), CNED/SEDES, 2009, p. 97
Voir aussi
Bibliographie
- David Livingstone, Dernier Journal, Arléa, 1999
- (en) David Livingstone, Travels and Researches in South Africa, Kessinger, 2004
- (en) Tim Jeal, Livingstone, Yale University, 2001
- (en) John S. Roberts et E. A. Manning, The Life and Explorations of David Livingstone, BiblioBazaar, 2008
- Anne Hugon, L'Afrique des explorateurs : Vers les sources du Nil, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard », 1991, 176 p. (ISBN 2-07-053130-9)
Articles connexes
Lien externe
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