Claus von Stauffenberg

Claus von Stauffenberg
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Claus von Stauffenberg
Le colonel Claus von Stauffenberg
Le colonel Claus von Stauffenberg

Naissance 15 novembre 1907
Jettingen-Scheppach, Allemagne
Décès 20 juillet 1944 (à 36 ans)
Berlin, Allemagne
Origine Allemand
Allégeance Flag of Germany.svg République de Weimar
Flag of the NSDAP (1920–1945).svg Troisième Reich
Proposed German National Flag 1944.svg Résistance allemande
Arme Flag of Weimar Republic (war).svg Reichswehr
Balkenkreuz.svg Wehrmacht
Grade Oberst (Colonel)
Années de service 1926 - 1944
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Campagne de Pologne
Guerre du désert
Résistance allemande au nazisme
Opération Walkyrie
Distinctions Croix de fer (2e et 1re classe)
Médaille du Souvenir du 1er octobre 1938
Insigne des blessés
Croix allemande

Claus Philip Maria Schenk, comte von Stauffenberg (né le 15 novembre 1907 à Jettingen-Scheppach — mort le 21 juillet 1944 à Berlin) était un officier de la Wehrmacht. Il est l'une des figures centrales de la résistance militaire contre le national-socialisme.

En tant que chef d'état-major auprès du commandant de l'Armée de Réserve (Ersatzheer), Stauffenberg a fomenté un complot contre Adolf Hitler, organisant personnellement l'attentat du 20 juillet 1944, coup d'État militaire avorté, connu aussi sous le nom d'opération Walkyrie.

Stauffenberg avait tout d'abord montré sa sympathie pour différents aspects du nazisme, comme le nationalisme ou le révisionnisme concernant le Traité de Versailles, jusqu'à ce que le caractère criminel du régime le pousse dès 1941 à la résistance (Hoffman, Knopp)[Quoi ?].

Sommaire

Jeunesse et formation

Stauffenberg est né à Jettingen-Scheppach en Souabe, entre Augsbourg et Ulm en Bavière, dans l'une des plus anciennes et plus distinguées familles catholiques de l’Allemagne du sud dont il est le troisième et plus jeune fils. Ses parents étaient Alfred Schenk, comte von Stauffenberg (1860–1936) et Caroline née von Üxküll-Gyllenband (1875–1957). Son père était le dernier « premier maréchal de la cour » (Oberhofmarschall) du royaume de Wurtemberg. Du côté de sa mère, Stauffenberg compte parmi ses ancêtres plusieurs Prussiens célèbres, dont le réformateur de l'armée prussienne August Neidhardt von Gneisenau. Son oncle Nikolaus von Üxküll-Gyllenband a influencé sa future participation à la résistance. Sa tante Alexandrine von Üxküll-Gyllenband, qui était infirmière en chef à la Croix-Rouge allemande, était également une personnalité reconnue.

Stauffenberg passe son enfance essentiellement à Stuttgart et au Château Lautlingen, la résidence d'été de la famille à Albstadt-Lautlingen (aujourd'hui un musée) avec ses deux frères jumeaux aînés Berthold et Alexander. Claus Stauffenberg a eu lui aussi un jumeau, Konrad Maria, mort à la naissance.

Après des études au Eberhard-Ludwigs-Gymnasium de Stuttgart, il entre au mouvement scout des Neupfadfinder où il est influencé par le mysticisme du Reich (Reichsmystizismus). Par la suite, il fait partie avec ses frères du cercle d'amis de Stefan George et de son Opposition conservatrice. Ayant reçu une éducation choisie, il s'intéresse à la littérature, mais opte pour une carrière militaire malgré une santé fragile : en 1926, il s'enrôle dans le régiment familial à Bamberg (Bavière), le Reiter und Kavallerieregiment 17 (17e régiment de cavalerie et de reîtres).

Parcours militaire

Claus von Stauffenberg au 17e régiment de cavalerie de Bamberg en 1926

Après le bac, Stauffenberg s'engage dans la Reichswehr le 5 mars 1926. Il commence son service au 17e régiment de cavalerie de Bamberg où il est incorporé comme Fahnenjunker. Après un an de service, il est envoyé à l'école d'infanterie de Dresde où tous les aspirants officiers doivent suivre une formation d'un an. En 1928, il est muté à l'école de cavalerie de Hanovre puis retourne à son régiment de Bamberg où il devient lieutenant le 1er janvier 1930 après être reçu à l'examen en sortant major de promotion.

Vers la fin de la République de Weimar, Stauffenberg, tout comme son frère Berthold, est proche des cercles de la Révolution conservatrice. Même s'il montre du mépris pour le parti nazi qui monte, de nombreux points de cette pensée politique l'intéressent : « L'idée d'un Führer ... associée à celle d'une communauté nationale, le principe selon lequel le bien commun passe avant le bien privé et le combat contre la corruption, le combat contre l'esprit des grandes villes, l'idée de races et la volonté d'un nouvel ordre juridique allemand nous apparaît comme sain et porteur d'avenir »[1]

Lors de l'élection présidentielle de 1932, Stauffenberg se prononce alors contre le président en exercice, le conservateur et monarchiste Paul von Hindenburg et pour Adolf Hitler dont il salue clairement la nomination au poste de chancelier du Reich le 30 janvier 1933. Stauffenberg participe à la formation militaire des membres des SA et organise la remise de dépôts d'armes à la Reichswehr.

Le 26 septembre 1933, il épouse à Bamberg Nina von Lerchenfeld avec qui il aura cinq enfants : Berthold, Heimeran, Franz-Ludwig, Valerie et Konstanze. Sa femme Nina meurt le 2 avril 2006 à l'âge de quatre-vingt-douze ans, à Kirchlauter, près de Bamberg.

Carrière sous le régime nazi

Stauffenberg le 15 juillet 1944 avec Adolf Hitler et Wilhelm Keitel à la Wolfsschanze

En 1934, Stauffenberg est muté à l'école de cavalerie de Hanovre en tant que Bereiter-Offizier (officier qui s'occupe des chevaux). À Hanovre, il se qualifie grâce à ses études sur les armes modernes (char et troupes aéroportées). Par la suite, il s'intéresse toutefois à l'utilisation militaire du cheval. Le 1er octobre 1936, il est envoyé à l'académie militaire de Berlin-Moabit pour y suivre une formation au sein de l'état-major général. Le 1er janvier 1937, il est promu Rittmeister. En juin de l'année suivante, il sert comme deuxième officier d'état-major général à l'état-major de la Ie division légère à Wuppertal sous les ordres du lieutenant-général Erich Hoepner avec lequel il prend part à l'occupation des Sudètes la même année.

Avec le début de la Seconde Guerre mondiale que le soldat Stauffenberg accueille comme une « rédemption », il est incorporé à la Ire division légère (plus tard VIe division de blindés de la Wehrmacht) dans la Campagne de Pologne en 1939. De là-bas, il écrit à sa femme : « La population est une incroyable populace, très nombreux Juifs et très nombreuses personnes qui ne sont pas de race pure. Un peuple qui ne se sent bien que sous le knout. Les milliers de prisonniers vont faire vraiment du bien à notre économie agricole. En Allemagne ils pourront sûrement être bien utilisés, vaillants, obéissants et qui se contentent de peu »[2].

L'historien Heinrich August Winkler cite cette lettre afin de prouver qu'à cette époque, Stauffenberg acquiesce à la politique raciale des nazis, pour ne pas dire qu'il la souhaite. Même l'historien israélien Saul Friedländer suppose que l'attitude de Stauffenberg envers les Juifs ne se distingue de l'antisémitisme nazi que graduellement, et non sur le principe[3]. Le biographe de Stauffenberg, Peter Hoffmann, réfute par contre le terme d'antisémite pour Stauffenberg. Pour lui, la méthode d'interprétation de la lettre comme antisémite est insuffisante : « On doit analyser les propos et voir le contexte. En tant qu'historien, j'ai le devoir d'analyser le contexte et de rechercher, et non de donner des morceaux d'information »[4].

Peter Yorck von Wartenburg, un parent éloigné, et Ulrich Wilhelm Schwerin von Schwanenfeld demandent à Stauffenberg de se faire nommer adjudant du commandant en chef de l'armée Walther von Brauchitsch, pour pouvoir prendre part à une tentative de renversement. Stauffenberg refuse. En 1940, il participe, en tant qu'officier d'état-major général, à la bataille de France. Le 31 mai 1940, il reçoit la croix de fer de première classe. Il est ensuite muté à la section d'organisation du Commandement suprême de l'armée de terre. En décembre 1941, Stauffenberg approuve qu'Hitler réunisse dans ses mains le commandement suprême de l'armée de terre et de la Wehrmacht.

En tant que chef du Groupe II de la division d'organisation au sein du commandement suprême de l'armée de terre, Stauffenberg fait partie des officiers importants qui ont consciemment travaillé à un changement de politique dans les territoires occupés. Il s'occupe de la question des volontaires dans la Légion de l'Est, en particulier lors des opérations militaires du Groupe A dans le Caucase. Il s'agit alors de rallier des prisonniers libérés et des déserteurs à la cause allemande. Sa division donne des directives, le 2 juin 1942, concernant le traitement des soldats du Turkestan et du Caucase, et commande, en août 1942, l'organisation et le déploiement des légions de l'Est.

À la mi-novembre 1942, la Xe division de blindés prend encore part à l'occupation de la zone française jusque là restée libre. Immédiatement après, la division est envoyée à Tunis. Entre temps, Stauffenberg est incorporé à l'état-major de l'armée et est promu Oberstleutnant à l'état-major général le 1er janvier 1943. En mars 1943, il est muté en tant que premier officier d'état-major général à la Xe division de blindés, qui doit alors couvrir la retraite de l'armée du maréchal Erwin Rommel contre les Alliés qui viennent de débarquer en Afrique du Nord. Pendant une mission de reconnaissance, son véhicule est mitraillé par un chasseur bombardier allié. Il est sévèrement blessé. Il passe trois mois à l'hôpital, où il est opéré par le célèbre chirurgien Ferdinand Sauerbruch et perd son œil gauche, sa main droite, ainsi que les 4e et 5e doigts de sa main gauche — il en plaisantera prétendant qu'il ne se souvenait pas de ce qu'il faisait de ses dix doigts quand il les avait. Sa convalescence se déroule à Lautlingen.

Son dernier grade dans l'armée est colonel dans l'état-major général.

Éloignement par rapport à Hitler

Article détaillé : Résistance allemande au nazisme.

« Il est temps que maintenant quelque chose soit fait. Toutefois, celui qui ose faire quelque chose doit être conscient que c'est bien en tant que traître qu'il entrera dans l'Histoire allemande. Cependant, s'il s'abstient d'agir, il serait alors un traître face à sa propre conscience[5]. »

— Claus Schenk Graf von Stauffenberg

Stauffenberg est conscient que seule la Wehrmacht possède les moyens nécessaires au renversement, puisqu'elle est peu infiltrée par la Gestapo et par le Sicherheitsdienst. Comme beaucoup d'autres militaires, il se sent lié à Hitler par son serment de fidélité. Avec son frère Berthold et les membres du Cercle de Kreisau, il prend part à la rédaction des déclarations gouvernementales censées être prononcées après le renversement. Les conjurés visent la fin de la guerre et de la persécution des juifs et le rétablissement d'un État de droit comme avant 1933. Ils ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la forme que prendra le nouveau régime. Une grande partie des conjurés venant des cercles conservateurs de la bourgeoisie, de la noblesse et de l'armée, dont Stauffenberg, refusent la démocratie parlementaire. D'un autre côté, Stauffenberg exige la présence de sociaux-démocrates comme Julius Leber dans le futur gouvernement. Par l'intermédiaire de son cousin Peter Yorck von Wartenburg, Stauffenberg avait fait la connaissance de Leber et il s'était alors établi entre eux un rapport de confiance mutuelle[6]. Après l'arrestation de Leber au début de juillet 1944, Stauffenberg ne cesse de répéter à Adam von Trott zu Solz : « Je vais le sortir de là ». Aucun prix ne semblait trop élevé pour sauver Leber[7]. Il finit par penser que le plus important était la disparition du régime nazi.

D'après le conjuré Hans Bernd Gisevius, le cercle étroit formé autour de Stauffenberg visait à partir de 1944 une alliance avec les communistes[8]. Julius Leber, le confident de Stauffenberg, avait été arrêté par la Gestapo en raison d'une rencontre avec les dirigeants du parti communiste allemand. Il était alors très proche de Fritz-Dietlof von der Schulenburg. En juillet 1944, Stauffenberg formule avec son frère Berthold un serment qui essaie de traduire le consensus entre tous les participants au coup d'État. On peut y lire entre autres : « Nous nous réclamons, intellectuellement et pratiquement, des grandes traditions de notre peuple qui, par la fusion dans l'être allemand des racines hellénique et chrétienne, ont donné naissance à la civilisation occidentale. Nous voulons un ordre nouveau, qui fasse de tous les Allemands des détenteurs de l'État, et leur garantisse droit et justice, mais nous méprisons les mensonges égalitaristes et revendiquons la reconnaissance des rangs accordés par la nature. Nous voulons un peuple qui enracine les pouvoirs naturels dans la terre de la patrie, qui trouve son bonheur et sa satisfaction dans l'action des cycles de vie donnés, et surmonte d'une fierté libre les bas instincts d'envie et de jalousie. »[9].

À cause de cette attitude élitaire et nationaliste qui trouve son origine dans la pensée réactionnaire du George-Kreis[10], l'historien britannique Richard J. Evans croit que Stauffenberg n'avait « rien à offrir » pour le futur en matière d'idées politiques. Il était « mal approprié en tant que modèle pour des générations futures »[11].

L'opération Walkyrie

Planification

Le fait de survivre à ses graves blessures renforce en Stauffenberg la conviction qu'il doit faire quelque chose pour préserver l'Allemagne de la catastrophe définitive. Bien qu'il ne puisse plus servir dans l'armée, il cherche à jouer encore un rôle. À l'automne 1943 , il se manifeste une nouvelle fois à Berlin et y cherche des contacts parmi les adversaires d'Hitler réunis autour du général Friedrich Olbricht et du général de brigade Henning von Tresckow.

Avec le général Friedrich Olbricht, le colonel Albrecht Mertz von Quirnheim et Henning von Tresckow, Stauffenberg travaille aux plans de l'opération Walkyrie. Officiellement, le plan doit servir à réprimer de possibles révoltes intérieures comme celle des nombreux travailleurs étrangers. Stauffenberg et Tresckow ajoutent des ordres supplémentaires au projet et font de l'opération Walkyrie un plan d'opération pour le coup d'État. Celui-ci prévoit d'accuser un groupe de fonctionnaires du parti de l'assassinat d'Hitler, afin de pouvoir par la suite procéder à l'arrestation des membres du Parti national-socialiste des travailleurs allemands, de la SS, du Sicherheitsdienst et de la Gestapo. Les commandants des différentes divisions militaires allemandes doivent recevoir les ordres correspondants après le déclenchement de l'opération et l'armée doit prendre en main les rênes du pouvoir. Stauffenberg devait recevoir le poste de secrétaire d'État au sein du ministère de la guerre du Reich.

Stauffenberg est nommé chef d'état-major au Bendlerblock à Berlin où il a alors accès à ce qui se dit au quartier général du Führer sur la situation. Il est sous les ordres d'Olbricht qui l'encourage à construire un réseau militaire d'opposition. Stauffenberg coordonne les plans d'attentat avec Carl Friedrich Goerdeler et le général de corps d'armée Ludwig Beck et reste en contact avec la résistance civile comme Julius Leber, Wilhelm Leuschner ou les membres du Cercle de Kreisau auquel appartient son cousin Peter Yorck von Wartenburg. Après l'arrestation de Helmuth James von Moltke en janvier 1944, le Cercle de Kreisau ne se réunit plus. La majorité des membres se met à la disposition de Stauffenberg, malgré les réticences de Moltke sur le fait de tuer Hitler.

Le 1er juillet 1944, Stauffenberg devient chef de l'état-major auprès du commandant de l'Ersatzheer, le général Friedrich Fromm. Avec Olbricht et Mertz von Quirnheim, il est dans le centre de commandement de l'opération Walkyrie. Un des points délicats du plan est le fait qu'il doit exécuter l'attentat et mener le coup d'État de Berlin. Le 11 juillet sur l'Obersalzberg et le 15 juillet au quartier général de la Wolfsschanze déjà, Stauffenberg essaie de tuer Adolf Hitler. Il stoppe les deux tentatives à cause de l'absence soit d'Heinrich Himmler et/ou d'Hermann Göring. L'attentat ne pouvait pas être repoussé une troisième fois.

Attentat et coup d'État

Article détaillé : Attentat du 20 juillet 1944.
Position des différents protagonistes lors de l'attentat du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler

L'ultime tentative débute par hasard le 18 juillet lorsque Stauffenberg est appelé à venir au quartier général du Führer pour parler de nouveaux déploiements de troupes. Le groupe de résistance a alors déjà détaillé les membres du nouveau gouvernement et il ne reste plus qu'à exécuter Hitler. Stauffenberg prend un avion à Rangsdorf près de Berlin le 20 juillet à 7 heures avec Werner von Haeften pour se rendre à la Wolfsschanze (la « tanière du Loup ») près de Rastenburg en Prusse-Orientale.

L'entretien étant inopinément avancé d'une demi-heure en raison d'une visite prévue de Benito Mussolini, Stauffenberg n'arrive à amorcer qu'une seule des deux charges explosives avec deux détonateurs chimiques-mécaniques britanniques, à l'aide d'une pince spécialement conçue pour lui (il ne reste que trois doigts à la main gauche). Il emporte donc la seconde charge, pour s'en débarrasser discrètement ensuite[12]. De plus, à cause de travaux dans le Führerbunker habituel, l'entretien a lieu dans un cabanon en bois[13]. Stauffenberg pose la mallette à portée létale d'Hitler, mais elle est déplacée par un officier, qui ignore ce qu'elle contient, derrière un des pieds (en bois massif) de la table, ce qui allait protéger Hitler de l'essentiel des effets de l'explosion. Stauffenberg quitte la pièce sous le prétexte de devoir téléphoner. Si Rudolf-Christoph von Gersdorff avait tenté de faire exploser une bombe qu'il portait sur lui en se tenant le plus près possible d'Adolf Hitler, Stauffenberg ne peut se sacrifier, puisqu'il joue un rôle crucial dans le coup d'État qui doit suivre l'assassinat.

La charge explosive détonne à 12h 42 dans la baraque où sont réunies vingt-quatre personnes. Mais Hitler et dix-neuf autres personnes présentes survivent à la détonation. D'un abri proche, Stauffenberg attend que l'explosion ravage l'intérieur du cabanon. Puis, convaincu que personne ne peut avoir survécu à une telle déflagration, Stauffenberg et son aide de camp, le lieutenant Werner von Haeften, quittent rapidement les lieux pour rejoindre Berlin à bord d'un Heinkel He 111. À Berlin, les conjurés hésitent à mettre en place le plan du putsch car ils ne reçoivent aucune nouvelle claire de la mort d'Hitler. À 15 h, Stauffenberg informe Olbricht, depuis l'aérodrome de Rangsdorf, qu'Hitler est mort et part le voir au Bendlerblock. Ce n'est qu'à ce moment, plus de deux heures après l'attentat, que l'opération Walkyrie est déclenchée. Georg et Philipp von Boeselager se tiennent prêts à marcher sur Berlin avec leurs régiments. Stauffenberg, Olbricht, Mertz von Quirnheim et Haeften font arrêter Fromm qui les avait couverts jusqu'alors mais qui ne veut plus rien entendre d'une tentative de putsch, les informations restant floues.

Vers 18 h, le coup d'État semble avoir réussi. Dans certaines divisions militaires, les opérations se mettent en place. Tard dans la soirée, Hitler prend la parole à la radio. Les téléscripts contenant les indications des conjurés et arrivant dans les centres de commandement ne sont plus suivis. La plupart des officiers temporisent alors face aux informations contradictoires qui leur sont communiquées. Le coup d'État échoue. Stauffenberg et son aide de camp étant en fuite, l'ordre de les abattre est lancé par le quartier général du Führer, mais il arrive chez un membre de la conspiration, Friedrich Georgi, officier de l'état-major de l'Air, et n'est pas transmis.

Fin du coup d'État

Vers 22 h 30, un groupe d'officiers restés fidèles au régime auquel appartient Otto-Ernst Remer arrête Stauffenberg et les conjurés. Appliquant les décisions d'une prétendue cour martiale[14], le général Fromm donne le soir même du 20 juillet l'ordre de fusiller Stauffenberg, Werner von Haeften, Albrecht Ritter Mertz von Quirnheim et Friedrich Olbricht[15]. L'exécution a lieu dans la cour du Bendlerblock[16],[17]. Les derniers mots de Stauffenberg auraient été « Vive l'Allemagne sacrée ! »[18]. Le lendemain, les corps des fusillés sont enterrés avec leurs uniformes et médailles au Alter St.-Matthäus-Kirchhof de Berlin. Hitler les fait exhumer et donne l'ordre de les brûler. Leurs cendres sont dispersées au-dessus d'un champ d'épandage de Berlin.

Conséquences pour les familles

Hitler a envisagé de faire assassiner les familles des conjurés et d'effacer leur nom de famille : « La famille Stauffenberg sera détruite jusqu'au dernier membre »[19]. La vengeance envisagée dans les premiers temps est rejetée au profit d'une Sippenhaft. L'épouse de Stauffenberg alors enceinte est déportée au camp de Ravensbrück où elle accouche du cinquième enfant de la famille, Konstanze, en 1945. Les enfants sont envoyés dans un orphelinat à Bad Sachsa. On projette de les faire adopter par des familles nazies. Ils perdent le nom Stauffenberg et obtiennent le nouveau nom de Meister. Ils y restent jusque la fin de la guerre. La femme de Stauffenberg meurt en 2006.

Hommages posthumes

Mémorial de la rue Bendler (Berlin)
Buste de von Stauffenberg

De nos jours, Claus von Stauffenberg est célébré comme un héros et un symbole de la résistance allemande au régime nazi mais son personnage reste mal connu du grand public en général. Comme le ministère de la Guerre (Bendlerblock) est devenu un mémorial de cette résistance, le nom de la rue fut officiellement changé en Stauffenbergstraße et expose 5 000 photographies et documents présentant les diverses organisations. Dans la cour, une plaque présente un jeune homme avec ses mains symboliquement attachées.

  • La caserne de la Bundeswehr située à Sigmaringen porte le nom de Stauffenberg depuis le 20 juillet 1961. On y dévoile une pierre commémorative en 1964.
  • Le Gymnasium d'Osnabrück porte le nom de Stauffenberg depuis 1967.
  • À Stuttgart, en 2006, il est décidé que le vieux château abriterait un premier lieu de mémoire. L'aîné des enfants de Stauffenberg, Berthold Maria von Stauffenberg, devenu général dans la Bundeswehr participe à la cérémonie d'ouverture du mémorial.
  • À l'occasion du centenaire de la naissance de Stauffenberg, un défilé militaire de la 10e division blindée de la Bundeswehr a lieu à Jettingen-Scheppach[20]
  • Dans l'ancien château des Stauffenberg à Lautlingen a été ouvert un nouveau lieu de mémoire le 15 novembre 2007.
  • Le 3 avril 2000, un buste de Stauffenberg est dévoilé dans la Ruhmeshalle de Munich.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Peter Hoffmann, Claus Schenk Graf von Stauffenberg und seine Brüder, Stuttgart, 1992.
  • Andrzej Brycht, Dancing au quartier général d'Hitler (roman), Gallimard, 1980 (Dancing w kwaterze Hitlera, 1966)
  • Claus Schenk, Graf von Stauffenberg. La biographie, Paris, éd. Panthéon, 2007.
  • Peter Steinbach, Claus von Stauffenberg, un témoin au cœur de l'incendie, éd. DRW, 2007.
  • Jean-Louis Thiériot, Stauffenberg, ed. Perrin, 2009.
  • Ian Kershaw, La chance du diable : Le récit de l'opération Walkyrie, Flammarion, 2009.

Filmographie

Film qui retrace fort exactement le document présent... sauf sur un détail : le modèle de l'avion qui transporte Von Stauffenberg est un trimoteur Junkers 52 dans le film alors que c'est en réalité un bimoteur Heinkel He 111.!


Liens externes

Notes et références

  1. (de)« Der Gedanke des Führertums … verbunden mit dem einer Volksgemeinschaft, der Grundsatz 'Gemeinnutz geht vor Eigennutz' und der Kampf gegen die Korruption, der Kampf gegen den Geist der Großstädte, der Rassegedanke und der Wille zu einer neuen deutschbestimmten Rechtsordnung erscheinen uns gesund und zukunftsträchtig. » Dans : Steven Krolak, Der Weg zum Neuen Reich. Die politischen Vorstellungen von Claus Stauffenberg. Ein Beitrag zur Geistesgeschichte des deutschen Widerstandes. Dans : Jürgen Schmädeke/Peter Steinbach (Éd.), Der Widerstand gegen den Nationalsozialismus. Die deutsche Gesellschaft und der Widerstand gegen Hitler, Piper Verlag, Munich, 1986, p.550.
  2. (de)« Die Bevölkerung ist ein unglaublicher Pöbel, sehr viele Juden und sehr viel Mischvolk. Ein Volk, welches sich nur unter der Knute wohlfühlt. Die Tausenden von Gefangenen werden unserer Landwirtschaft recht gut tun. In Deutschland sind sie sicher gut zu gebrauchen, arbeitsam, willig und genügsam. » Cité dans : Heinrich August Winkler, Der lange Weg nach Westen, volume 2 : Deutsche Geschichte vom „Dritten Reich“ bis zur Wiedervereinigung, Beck, 2000, p.103.
  3. (de)Saul Friedländer, Das Dritte Reich und die Juden. Bd. 2: Die Jahre der Vernichtung 1933–1945, Bonn, 2006, p.664 f.
  4. (de)« Man muss die Aussage analysieren und im Zusammenhang sehen. Als Historiker habe ich die Aufgabe, den Zusammenhang zu ermitteln und zu vermitteln, und nicht Informationsfetzen von mir zu geben. » Interview avec le biographe de Stauffenberg, Peter Hoffmann (Magazine online Telepolis).
  5. « Es ist Zeit, daß jetzt etwas getan wird. Derjenige allerdings, der etwas zu tun wagt, muß sich bewußt sein, daß er wohl als Verräter in die deutsche Geschichte eingehen wird. Unterläßt er jedoch die Tat, dann wäre er ein Verräter vor seinem eigenen Gewissen. »
  6. (de)Marion Yorck von Wartenburg, Die Stärke der Stille. Erinnerungen an ein Leben im Widerstand, Moers, 1998, p.61.
  7. (de)« Ich hole ihn heraus » Dans : Clarita von Trott zu Solz, Adam von Trott zu Solz. Eine Lebensbeschreibung, Berlin: Gedenkstätte Deutscher Widerstand, 1994, p.194.
  8. (de)Hans Bernd Gisevius, Bis zum bittern Ende, volume 2, Zürich: Fretz & Wasmuth, 1946, p.279.
  9. (de)«  Wir bekennen uns im Geist und in der Tat zu den großen Überlieferungen unseres Volkes, die durch die Verschmelzung hellenischer und christlicher Ursprünge in germanischem Wesen das abendländische Menschentum schufen. Wir wollen eine Neue Ordnung, die alle Deutschen zu Trägern des Staates macht und ihnen Recht und Gerechtigkeit verbürgt, verachten aber die Gleichheitslüge und fordern die Anerkennung der naturgegebenen Ränge. Wir wollen ein Volk, das in der Erde der Heimat verwurzelt den natürlichen Mächten nahebleibt, das im Wirken in den gegebenen Lebenskreisen sein Glück und sein Genüge findet und in freiem Stolze die niederen Triebe des Neides und der Mißgunst überwindet. » Cité dans Eberhard Zeller, Geist der Freiheit. Der 20. Juli., Munich, 1963, p.489 f.
  10. (de)Steven Krolak, Der Weg zum Neuen Reich. Die politischen Vorstellungen von Claus Stauffenberg. Ein Beitrag zur Geistesgeschichte des deutschen Widerstandes. In: Jürgen Schmädeke/Peter Steinbach (Éd.), Der Widerstand gegen den Nationalsozialismus. Die deutsche Gesellschaft und der Widerstand gegen Hitler, Piper Verlag, Munich, 1986, p.555f.
  11. (de)« Als Vorbild für künftige Generationen [...] schlecht geeignet » Dans Richard J. Evans, Sein wahres Gesicht, dans : Süddeutsche Zeitung Magazin, Heft 04 (2009), p.9 ff.
  12. . Ironiquement, des expériences ont démontré que si Stauffenberg avait simplement laissé la seconde charge dans la mallette, la première explosion aurait joué le rôle de détonateur de manière suffisamment efficace pour provoquer une explosion bien plus puissante qui, à en juger par les dégâts occasionnés sur les mannequins, aurait tué Hitler. Dans : Discovery Channel, Unsolved History, épisode Killing Hitler
  13. . Une construction plus solide aurait confiné l'effet de l'explosif à l'intérieur.
  14. (de)Hans-Adolf Jacobsen (Éd.), „Spiegelbild einer Verschwörung“. Die Opposition gegen Hitler und der Staatsstreich vom 20. Juli 1944 in der SD-Berichterstattung. Geheime Dokumente aus dem ehemaligen Reichssicherheitshauptamt, 2 Bde., Seewald, Stuttgart-Degerloch 1984, ISBN 3-512-00657-4, p.757.
  15. (de)Heinrich August Winkler, Der lange Weg nach Westen, Bd. 2: Deutsche Geschichte vom „Dritten Reich“ bis zur Wiedervereinigung, Munich 2000, p.103.
  16. Heinrich August Winkler, Der lange Weg nach Westen, Bd. 2: Deutsche Geschichte vom „Dritten Reich“ bis zur Wiedervereinigung, Munich, 2000, p.103.
  17. (de)Wolfgang Benz: Der militärische Widerstand – 20. Juli 1944. Informationen zur politischen Bildung (Heft 243), Bundeszentrale für politische Bildung
  18. D'autres sources disent : « Vive la Sainte Allemagne ! », ou « Vive l'Allemagne » ou encore « Vive notre Allemagne sainte ».
  19. (de)« Die Familie Graf Stauffenberg wird ausgelöscht werden bis ins letzte Glied. » (Le protocole consigne les applaudissements des auditeurs) Discours d'Himmler devant les Gauleiter à Posen le 3 août 1944. Imprimé dans : Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte 1 (1953), H. 4, p.357–394, ici : p.385 (Dans le document pdf : p.105).
  20. Page web du Markt Jettingen-Scheppach
  21. Début de polémique à la première du film "Valkyrie" sur www.france24.com. Consulté le 20 mai 2009


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