- Sippenhaft
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La Sippenhaft (ou Sippenhaftung, responsabilité du clan, ou de la parenté) était une pratique légale dans l'Allemagne nazie, par laquelle les proches de ceux qui étaient accusés de crimes contre l'État étaient tenus pour responsables à égalité, et pouvaient être arrêtés, voire exécutés.
Aperçu historique
De nombreuses personnes qui n'avaient commis aucun crime furent arrêtées et punies au titre des lois de la Sippenhaft, introduites à la suite de l'échec du complot du 20 juillet 1944 visant à assassiner Adolf Hitler. Une loi de février 1945 menaçait également de mort les familles des chefs militaires qui avaient fait preuve de ce que Hitler considérait comme de la couardise ou du défaitisme face à l'ennemi.
Après l'échec du complot du 20 juillet, le Reichsführer-SS Heinrich Himmler déclara lors d'un rassemblement de Gauleiters à Poznan qu'il voulait « mettre en place une responsabilité absolue de la parenté... une très ancienne coutume pratiquée par nos ancêtres ». Selon lui, cette pratique aurait existé chez les anciens Teutons : « Lorsqu'ils prononçaient le bannissement d'une famille et la déclaraient hors la loi, ou lorsqu'il existait une querelle de sang dans la famille, ils faisaient preuve de cohérence... Cet homme a commis une trahison ; son sang est mauvais ; il y a du sang de traître en lui ; cela doit être anéanti. Et dans la querelle de sang, tout le clan était anéanti jusqu'à son dernier membre. Et de cette façon aussi, la famille du Comte de Stauffenberg sera anéantie jusqu'à son dernier membre[réf. incomplète][1]. »
Et en effet, la famille de Claus von Stauffenberg, qui avait placé la bombe qui rata Hitler, fut frappée par ces mesures. Sa femme, Nina Schenk, comtesse von Stauffenberg, fut envoyée au camp de concentration de Ravensbrück ; elle survécut et décéda en 2006. Son frère Alexander, qui ne savait rien du complot et servait dans l'armée allemande en Grèce, fut également déporté. Des punitions similaires furent infligées aux parents de Carl Goerdeler, Henning von Tresckow, Adam von Trott zu Solz, Walther von Seydlitz-Kurzbach et beaucoup d'autres conspirateurs. Le fait que la plupart de ces familles appartiennent à la vieille aristocratie prussienne, une classe détestée par les Nazis, renforça le zèle avec lequel elles furent persécutées. Les plus jeunes enfants des conjurés arrêtés ne furent pas emprisonnés mais placés dans des orphelinats sous de nouveaux noms : par exemple, les enfants Stauffenberg reçurent le nom de Meister.
Analogies
D'autres régimes souvent qualifiés de « totalitaires » ont utilisé des procédés similaires, sans toutefois ne les avoir codifiés dans une loi. Lors des Grandes Purges de Joseph Staline, dans les années 1930, plusieurs milliers de gens furent arrêtés et exécutés, ou envoyés en camps de travail en tant que « parents des ennemis du peuple ». Un exemple très connu fut Anna Larina, épouse de Nikolaï Boukharine. Des pratiques semblables furent utilisées en République populaire de Chine pendant la Révolution culturelle des années 1960. Deng Pufang, fils de Deng Xiaoping en est un exemple célèbre. Ces pratiques sont aussi monnaie courante en Corée du Nord.
Notes et références
- Joachim Fest, Plotting Hitler's Death, p.303
Catégories :- Loi du Troisième Reich
- Service de renseignements et de police du Troisième Reich
- Expression dans la langue germanique
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