C. Marius

C. Marius

Caius Marius

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Caius Marius
(157 - 86 av. J.-C.)
Marii, gens plébéienne
Pseudo-« Marius », copie d'époque augustéenne, Glyptothèque de Munich (Inv. 319)
Magistratures ordinaires
Questeur en Gaule transalpine (121)
Tribun de la plèbe (119)
Préteur (115)
Consul (107, 104, 103, 102, 101, 100 & 86)
Charges militaires
Tribun militaire - Guerre de Numance (134)
Propréteur en Lusitanie (114)
Légat - Guerre de Jugurtha (109 à 108)
Commandant - Guerre de Jugurtha (107 à 105)
Proconsul en Afrique (106 à 105)
Commandant - Guerre des Cimbres (104 à 101)
Légat - Guerre sociale (91 à 88)
Commandant - Première guerre de Mithridate (88)
Titres et Honneurs
Triomphe (105 & 101)
Famille et descendance
Mariage avec Julia Caesaris (110)
Naissance de Caius Marius « le jeune » (110/108)
Série Rome antique

Caius Marius dit le sage, né en 157 av. J.-C. à Cereatae, près d’Arpinum et mort à Rome en 86 av. J.-C., était un général et homme d’État romain, élu Consul à sept reprises au cours de sa carrière. Il est connu pour avoir drastiquement réformé l'armée romaine, en permettant le recrutement de citoyens qui n'étaient pas propriétaires terriens et en restructurant les légions en plusieurs cohortes. Il épousa Julia Caesaris, tante de Jules César.

Sommaire

L'ascension de Marius

Des origines « humbles »

Le jeune homme d'Arpinum

On a beaucoup insisté sur les origines plébéiennes de Marius, « homme inculte » (selon Cicéron) que « personne ne connaissait[1] ». Lui-même aimait se vanter d’être né hors des cercles de l'aristocratie, gangrenée selon lui par l’arrogance, la corruption et l’hellénisme, s’inscrivant ainsi dans la tradition inaugurée par Caton l'Ancien, prônant un retour à la Rome des origines, jugées plus « pures ».

Il était en effet né à Arpinum[1],[2] en 157 av. J.-C., dans le pays Volsque, qui, même si elle offrait la citoyenneté romaine complète à ses habitants, restait néanmoins une petite ville de second rang, bien qu’elle soit également la ville natale de Cicéron. Il est le fils de Caius Marius et de Fulcinie, « parents obscurs et pauvres, réduits à gagner leur vie du travail de leurs mains[3] ».

La famille de Marius n’avait pas de cognomen[4] (troisième nom dont bénéficient les enfants de l'aristocratie à Rome) et son éducation fut plus militaire qu'intellectuelle[1],[5]. Néanmoins, c’était une famille de rang équestre, et elle était suffisamment importante pour entrer dans la clientèle des Caecilii Metelli[6], l'une des plus grandes familles plébéiennes de Rome.

La guerre de Numance

Il put donc ainsi, à presque vingt-cinq ans, se faire élire au tribunat militaire[1] et servir sous les ordres de Scipion Émilien au siège de Numance[3], en 134/133 av. J.-C. On raconte que celui-ci, impressionné par le talent militaire de son jeune légat, l'aurait, par bravade, désigné à l’assemblée de ses officiers (tous issus de la nobilitas, les familles ayant eu des membres au sénat) comme étant le seul digne de lui succéder[3]. Nombre d’auteurs classiques, comme Valère Maxime[7], attribuent à cette anecdote l'origine de l'ambition sans bornes du personnage.

Des débuts difficiles

Premières magistratures

Fort de son service à Numance et du patronat des Metelli, Marius parvint à se faire élire questeur en 121 av. J.-C. en Gaule transalpine, au moment du coup d’état sénatorial contre Caius Gracchus.

On peut penser que ces événements inspirèrent Marius, qui se fit élire tribun de la plèbe en 119 av. J.-C. grâce au soutien des Metelli[6] et débuta son alliance avec les populares affaiblis. Il s'illustra alors en imposant une nouvelle loi sur les procédures de vote (ou de distribution de blé, selon les sources) contre l’avis du consul Aurelius Cotta, qu'il n’hésita pas à menacer de prison[6]. Il acquit ainsi une réputation d'homme politique résolu et une certaine popularité auprès des pauvres (qu'il s'agisse de vote ou de blé, la mesure était en leur faveur). En revanche, il effraya le Sénat et la nobilitas, rendus frileux par les toutes récentes affaires gracquiennes (il se serait également brouillé avec les Metelli, mais ce fait est contesté), et ils empêchèrent son élection à l'édilité l'année suivante[8].

Préteur

Sa popularité et ses appuis dans le mouvement des populares lui permirent tout de même d'être élu de justesse préteur en 115 av. J.-C., dernier des six magistrats élus[2],[8], mais il dut alors essuyer un procès des optimates pour corruption électorale[2],[8] (qui n'était d’ailleurs pas injustifié, mais aurait pu être intenté à l'ensemble de la classe politique romaine). C'était compter sans les réformes des frères Gracchus (pas encore annulées), composant les tribunaux de chevaliers (le rang équestre, le rang juste en dessous du sénat), qui se firent un plaisir d’innocenter Marius[8].

Peu à l’aise au sein des intrigues de Rome, c’est finalement par le champ de bataille que Marius accéda au pouvoir.

La Guerre de Jugurtha

Marius méditant sur les ruines de Carthage, par John Vanderlyn

Après avoir combattu en Lusitanie comme propréteur en 114 av. J.-C.[9], Marius parti en Afrique combattre Jugurtha aux côtés de son patron Quintus Caecilius Metellus Numidicus, le consul de 109 av. J.-C. (fait qui conteste la thèse de la brouille). Outre ses succès militaires à Muthul, Sicca et Zama, Marius s'illustra par son attitude envers ses hommes. Sévère mais juste, n'hésitant pas à accomplir lui-même les corvées pour donner l'exemple, il développa des relations privilégiées avec eux, valorisant régulièrement ses origines « humbles »[10]. Ces soldats étant les principales sources d'informations à Rome sur le déroulement de la guerre, il y acquit vite une forte popularité[10]. Les populares n'hésitèrent pas à exploiter ce succès en l'opposant systématiquement à Metellus, dont ils noircissaient l'attitude.

Constatant cette popularité, Marius n'hésita pas à demander congé[11], d'abord refusé[12], et à briguer un consulat qu'il obtint, en 106 av. J.-C.[13],[14], devenant un des premiers homo novus (non membre de la nobilitas, n'ayant pas d'ancêtres magistrat) de la République élu à ce poste. S'appuyant sur ses alliés au tribunat, il se fit attribuer le proconsulat en Afrique et le commandement de la guerre de Jugurtha, en Numidie, au détriment de Metellus[14],[15],[16],[17]. Celui-ci dû subir l’affront de voir son ancien client s’approprier ses troupes et remporter une guerre qu'il avait déjà lui-même presque gagnée[15] en repoussant le roi numide aux limites de la Maurétanie[16],[18] (la Numidie correspondant à l'Algérie actuelle et la Maurétanie au Maroc).

Mais Marius ne put tirer pleine gloire de cette victoire, car c'est son questeur, Lucius Cornelius Sulla, qui, après des tractations diplomatiques, captura Jugurtha[15],[18],[19]. De là naquit une haine inaltérable entre les deux hommes. L'année de la victoire de Marius, 105 av. J.-C., fut aussi celle de sa réélection au poste de consul, sans qu’il ait eu besoin, contre toute tradition, de se présenter à Rome. Sa popularité est alors à son comble.

La défaite de Jugurtha fournit deux triomphes : le premier à Metellus, qui reçut le surnom de Numidicus, le second à Marius. Cependant, ce fut devant le char de Marius que marcha Jugurtha chargé de fers, avant d'être étranglé au Tullianum, sur ordre du consul[15].

L'hégémonie de Marius

Les Cimbres et les Teutons

Carte des migrations et des principales batailles des Cimbres et des Teutons.

Les défaites répétées des armées romaines au nord face aux Cimbres et aux Teutons furent l'occasion pour Marius de renouveler sa gloire et de consolider son pouvoir. Les deux peuples avaient en effet remporté, au nord des Pyrénées, une série de victoires contre l’armée romaine, favorisées par les rivalités entre les factions patriciennes, dont la défaite à la bataille d'Arausio (Orange) en 105 av. J.-C. Ces défaites avaient affolé la population romaine, en réveillant le spectre de l’invasion de Rome par les Gaulois au IVe siècle av. J.-C.[20],[21]

C’était l’occasion pour Marius d'affirmer définitivement sa supériorité sur la nobilitas. Avec l’aide des populares, qui formaient désormais à Rome un véritable parti « marianiste », il obtint le commandement contre les deux peuples[21]. Ses succès durant la guerre des Cimbres et sa popularité lui permirent de le prolonger en se faisant réélire (toujours in absentia) consul en 104, 103, 102 et 101 av. J.-C.[21] (créant ainsi un précédent, ce type de réélection en chaîne violant toutes traditions institutionnelles).

Après avoir attendu les Cimbres (victoire sur le "géant" Theutobocus) et les Teutons dans la région d'Arles où il fit creuser, pour des raisons logistiques, un large fossé appelé Fosses Mariennes à l'embouchure du Rhône, il vainquit d'abord les Teutons aux environs d'Aix à Pourrières, en 102 av. J.-C. dans une embuscade sanglante[21],[22], puis écrasa les Cimbres en Gaule cisalpine à la bataille de Vercellae, près de Verceil en 101 av. J.-C. alors qu'ils tentaient de traverser les Alpes[21],[22].

La défaite des Cimbres - par Alexandre-Gabriel Decamps - Musée du Louvre

Triomphant pour la deuxième fois[21], il avait atteint un niveau de gloire encore inégalé et était perçu comme un nouveau Romulus. Sa domination sur la vie politique romaine était devenu incontestable, domination qu’il mettait régulièrement en scène par différentes manifestations : se rendre au sénat en costume triomphal ou se faire accompagner d’une prêtresse syrienne symbolisant ses liens privilégiés avec les Dieux.

La réforme de l'armée

Ces victoires, Marius les doit surtout à la réforme de l'armée qu'il entama pendant l'année 106 av. J.-C. et acheva en 104-103 av. J.-C. avant de partir faire la guerre aux barbares.

L'armement, autrefois, diversifié, fut uniformisé, et son acquisition fut facilitée par une hausse de la solde. Il renforça les effectifs, qui, pour chaque légion, passèrent de 4 000 à 6 000 hommes. La formation en manipule est remplacée par la cohorte. Attentif au fait que les trains des équipages constituaient une tentation pour l'ennemi, intéressé à s'en emparer, Marius décida de le supprimer, chaque légionnaire devant transporter à dos son propre matériel. Enfin, et surtout, il supprima le rôle du cens dans le recrutement des soldats. Avec la hausse du niveau de vie, le service dans l’armée, source importante de profit en ces temps de conquête, était devenu quasiment inaccessible pour les classes inférieures de la société romaine. Il avait même fallu, au cours du siècle, abaisser plusieurs fois le cens. En le supprimant, Marius ouvrit l’armée à une foule de volontaires, désireux d'acquérir gloire et fortune sur le champ de bataille.

Cette prolétarisation de l'armée, même si elle ne constituait pas en soi une innovation (la seconde guerre punique avait même nécessité l’emploi d’esclaves) signifiait, en étant cette fois systématisée sur le long terme, un changement total d'esprit. Comme le montra l'historien Raymond Bloch, d'une armée de riches, nous passons à une armée de pauvres, d’un nivellement par le haut à un nivellement par le bas. L'armée devient une armée de métier, entièrement dévouée au chef qui lui apportera la victoire, capable de le suivre jusque dans l’illégalité. On comprend dès lors mieux pourquoi les auteurs classiques ont autant décrié les réformes de Marius, même s'il s’agit en fait de la conclusion d’une évolution entamée près d’un siècle plus tôt.

Une situation qui dégénère

Réélu pour l'année 101 av. J.-C., Marius devient le premier consul à avoir été élu autant de fois de façon consécutive (le seul autre Romain à avoir été six fois consul est Titus Quinctius Capitolinus Barbatus, qui avait vu 32 ans s'écouler entre son premier et son dernier consulat). Il pouvait sans difficulté imposer ses décisions au Sénat et faire voter des lois agraires en faveur de ses vétérans. Les difficultés vinrent en fait de ses alliés, les populares, en particulier le tribun de la plèbe Lucius Appuleius Saturninus et le magistrat Caius Servilius Glaucia, qui pendant que leur chef combattait au nord, firent régner la terreur à Rome en faisant, notamment, assassiner tous ceux qui tentèrent de se présenter contre eux au tribunat et au consulat.

Le Sénat excédé, décida, en dernier recours, de faire appel à Marius pour ramener l'ordre, par le biais d’un senatus consulte ultimum qui imposait au consul de réprimer les fauteurs de trouble. Marius, inquiété par une situation qui lui échappait, abandonna ses anciens amis et se rangea du côté du Sénat. Saturninus, Glaucia et tous leurs partisans furent exécutés. Bien qu'il conservât des partisans, le meurtre de ses propres alliés laissa Marius très isolé. Après ces désordres à Rome, le premier rang échoit à un patricien ruiné, Sylla, qui entre bientôt en lutte avec Marius.

Les difficultés de la fin de carrière

Guerre sociale et guerre contre Mithridate

Après s’être fait oublié par une ambassade en Orient en 98 av. J.-C. et un retrait prolongé dans sa villa de Misène, Marius crut voir dans la guerre sociale (la révolte des italiens, réclamant le même niveau de citoyenneté que les Romains) un moyen de redorer son image.

Il mobilisa ses clients contre les alliés et remporta même quelques succès contre les Marses. L'ennui était que Marius avait construit une part de sa popularité en soutenant justement la diffusion de la citoyenneté à l’ensemble de l'Italie, et que, bien qu'il fût originaire d'une ville avec citoyenneté, il n'était pas lui-même romain. Encore une fois, il occupait une position contradictoire, prouvant son manque d’aisance avec les intrigues politiques.

Il réussit néanmoins à réactiver l'alliance populares, et obtint du tribun de la plèbe Sulpicius Rufus, en 88 av. J.-C., le commandement de la guerre contre le roi du Pont (de Sinope à Trébizonde, côte nord de la Turquie actuelle) Mithridate VI. Il espérait ainsi une action d'éclat qui lui aurait permis de reprendre les rênes du pouvoir. Cependant il lésait ainsi le consul Lucius Cornelius Sulla, auquel le commandement devait être dévolu.

Sylla contre-attaque

Issu d'une grande famille patricienne déchue, Sylla espérait beaucoup de la Première guerre contre Mithridate, qui lui aurait permis de revaloriser son nom et de s'installer durablement au pouvoir. Il s'était déjà illustré sous les ordres de Marius en Numidie, mais surtout pendant la guerre sociale, où ses exploits, tant comme chef de guerre que comme négociateur, lui permirent d'obtenir le consulat en 88 av. J.-C. Néanmoins, il se heurta, comme nous l’avons vu, aux velléités de Marius, et leurs partisans s'affrontaient violemment dans les rues de Rome. Si le soutien sans faille des Caecilii Metelli (qui n'ont pas pardonné à Marius sa trahison en Numidie) fit espérer un instant la victoire à Sylla, qui se vit confier le commandement de la guerre en tant que consul, c’est finalement le vieux Marius, par un plébiscite (très encadré…) de dernière minute organisé par le tribun Rufus, qui obtint gain de cause.

Sylla, qui avait déjà recruté son armée, fit semblant d’accepter. Mais c'était pour mieux rejoindre ses troupes basées en Campanie, qui attendaient elles aussi beaucoup de la guerre, et marcher avec elles sur Rome. L'acte était d’une illégalité sans précédent (depuis Remus, aucun Romain n’avait osé franchir en armes les limites tracées par Romulus), bien que l'objectif de Sylla fût justement de rétablir la légalité. Après avoir éliminé la majorité des forces populares, il fit voter (par des sénateurs terrorisés) un senatus consulte mettant tous ses adversaires hors-la-loi. Si Rufus fut décapité, Marius parvint à fuir avec une poignée de partisans sur l’île d'Ischia (dans la mer Tyrrhénienne, au large de l'actuelle Naples), puis en Afrique, au terme de rocambolesques aventures (très romancées par Plutarque). Pendant ce temps, Sylla, satisfait, partait avec ses hommes en direction du Pont-Euxin.

Le retour de Marius

Profitant du départ de Sylla, les populares survivants tentèrent de reprendre le pouvoir. Le consul Lucius Cornelius Cinna, pourtant installé par Sylla auquel il jura fidélité jusqu'à ce qu’il partît, proposa dès 87 av. J.-C. de rappeler Marius. Cependant Gnaeus Octavius, l'autre consul, et le sénat traumatisés refusèrent net et le destituèrent.

Il se réfugia alors en Campanie où il leva une nouvelle armée. La population, encore échaudée par la guerre sociale, se laissa facilement recruter, et Cinna alla jusqu'à engager des esclaves. Il fut rejoint par Marius, à la tête d'une cavalerie maure recrutée en Afrique. Les deux hommes marchèrent sur Rome. L'affrontement fut particulièrement sanglant.

Si Sylla s'était efforcé de donner un cadre légal à sa purge, ce qui limita en partie les morts et les destructions, Marius et Cinna se comportèrent intégralement en envahisseurs éliminant leurs adversaires par de nombreuses proscriptions. La ville fut livrée aux populations italiennes ivres de revanche qui se chargèrent de faire payer aux Romains les vicissitudes de la guerre sociale. On raconte que Marius se fit livrer la tête d'Octavius et qu'il s’amusa à l'insulter de la façon la plus ignoble possible. La violence fut telle que Marius et Cinna furent forcés d'engager un commando de Gaulois pour éliminer certaines de leurs troupes devenues trop virulentes. Néanmoins, Marius était revenu au pouvoir. Il s'autoproclama consul avec Cinna, en 86 av. J.-C., réalisant les oracles qui autrefois, en Numidie, lui avaient prédit sept consulats. Il mourut la même année le 17 janvier 86 av. J.-C., pour les uns, par suicide, pour d'autres d'un excès de vin. Cinna et ses partisans conservent le pouvoir pendant quatre ans, jusqu'au retour de Sylla.

Marius laisse un fils adoptif Caius Marius « le jeune », qui partage sa fortune, et qui, après sa mort, se fait élire consul en l’an 82 avec Gnaeus Papirius Carbo. Il renouvelle la guerre contre Sylla ; mais ayant été battu près de Préneste, il se suicide par désespoir.

Marius et la crise de la République Romaine

Il est difficile de situer clairement le début de la crise qui frappa la République romaine et généra la majorité des enjeux qui déclenchèrent son expansion. Certains le situent dès la fin de la seconde Guerre punique, lorsque, pour la première fois, un général charismatique (Scipion l'Africain) concentra entre ses mains, de façon non institutionnelle, la majorité des honneurs et des pouvoirs. D'autres la placent au moment des turpitudes gracquiennes, lorsque des hommes politiques ambitieux (les frères Gracques) commencèrent à utiliser les classes inférieures de la population (ou plutôt les moins supérieures…) pour forcer les cercles très fermés du pouvoir. Enfin, on peut également placer le début de la crise au début du Ier siècle av. J.-C., lorsque Marius utilisa le peuple pour concentrer entre ses mains la majorité des honneurs et des pouvoirs. En étant le premier à être à la foi un imperator (un grand et puissant général) et un populares (un politicien prêt à satisfaire les exigences des moins riches), Marius marque effectivement une nouvelle étape dans la crise de Rome, en créant une figure originale qui sera utilisée ensuite par des hommes comme Pompée, César et finalement Auguste, qui en fera la base de son principat. On comprend mieux dès lors pourquoi les auteurs classiques comme Plutarque ou Salluste ont autant insisté sur l'aspect révolutionnaire du personnage, l'accusant d’être à l'origine de la chute de la République. Néanmoins, comme tout grand personnage historique, il est difficile de dire si Marius innove ou s’il se contente de synthétiser des tendances déjà existantes.

Marius semble a priori avoir ébranlé un certain nombre de cadres dans la vie politique romaine, allant jusqu'à prendre de force la cité. Pourtant, on constate que les initiatives politiques viennent rarement de lui, excepté peut-être au début de sa carrière. Il semble en effet avoir été davantage le jouet des ambitions populares, qui utilisèrent sa gloire pour servir leur cause. Mais Marius ne semble pas avoir clairement eu d’orientation politique précise, comme le montra son attitude en 101 av. J.-C. Il reste avant tout un chef militaire, très efficace au demeurant, dont les principales œuvres restent la capture de Jugurtha, la réforme de l'armée et la victoire contre les Cimbres et les Teutons. Bien qu’il préside au dénouement de la majorité d’entre elles, il ne provoque de lui-même aucune guerre. Par ses capacités inimitables de guerrier, et son action souvent expéditive, il réveille et concentre des dynamiques qu'il est souvent loin de maîtriser, et n’en crée aucune. On peut donc davantage parler d'un détonateur que d’un perturbateur. La situation politique dans laquelle il arriva était déjà d’elle-même particulièrement viciée, et c’est son action qui donna lieu à l’éclatement brutal des tensions. Cela peut se résumer à la formule de Cicéron « Un homme inculte, mais vraiment un homme ! ».

Consulats

Sources

Bibliographie

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  • David, Jean-Michel, La République romaine, Coll. Point, Seuil, Paris, 2000
  • Lucien Jerphagnon, Histoire de la Rome Antique, Tallandier, Saint-Amand-Montront, 2002
  • Van Ooteghem J., Caius Marius, impression de l’académie royale de Belgique, Bruxelles, 1963

Notes

Références

  • Portail de la Rome antique Portail de la Rome antique

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