Marius Hurard

Marius Hurard
Marius Hurard

Parlementaire français
Date de naissance 14 octobre 1848
Date de décès 8 mai 1902
Mandat Député 1881-1893
Circonscription Martinique
IIIe République

Marius Hurard (14 octobre 1848 à Saint-Pierre - 8 mai 1902 à Saint-Pierre) est un avocat et homme politique martiniquais. Il fut député de la Martinique de 1881 à 1893.

Sommaire

Marius Hurard, le républicain

Marius Hurard, membre du "Parti républicain" est une figure politique marquante de la Martinique à la fin du XIXe siècle. Il fut à la fois député de la première circonscription de 1881 à 1893 et président du Conseil Général en 1880. À partir de 1848, date de labolition de lesclavage, le parti républicain animé par la petite et moyenne bourgeoisie de couleur alliée à quelques républicains blancs, eut donc la prépondérance dans les affaires politiques de la Martinique et plus particulièrement à Saint-Pierre. Lobjectif du parti républicain consistait à transformer le statut de la Martinique de colonie en département français. En effet, les Martiniquais devaient jouir des mêmes droits et devoirs que les Français et être soumis aux même lois. À cette époque lidéologie politique dominante en Martinique est lassimilation complète et totale à la France. En janvier 1878, Marius Hurard fonde Les Colonies, organe de presse au service des idées républicaines.

Son combat pour lécole laïque en Martinique

Marius Hurard et la plupart des républicains de lépoque étaient animés par un idéal dune société laïque. Leurs adversaires, conservateurs et descendants des anciens colons blancs, haïssaient la République et rêvaient du rétablissement de lancien ordre esclavagiste [réfnécessaire] .

La question de lécole laïque fut l'une des principales pommes de discorde entre républicains et conservateurs. Pour les républicains, linstruction était un levier de promotion sociale et démancipation humaine. Elle devait donc être publique, laïque, accessible à tous et indépendante de toute religion. En revanche, pour les conservateurs de « laristocratie blanche », lécole devait être lapanage des couches aisées et être sous la houlette du clergé [réfnécessaire] .

Jusqualors en Martinique, les écoles étaient tenues par des religieux, les frères de Ploërmel pour les garçons et par les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny pour les filles. Mais Marius Hurard et les républicains, qui étaient majoritaires au conseil général, votèrent des crédits pour que des écoles laïques soient ouverte dans la plupart des communes de lîle et ce avant l'application de la loi Ferry sur l'école laïque, publique et obligatoire.

Ainsi, le 21 juillet 1881, le lycée de Saint-Pierre fut inauguré [réfnécessaire] . En 1884, un pensionnat colonial de jeunes filles ouvrit ses portes à Saint-Pierre [réfnécessaire] . Face aux réticences du pouvoir central [réfnécessaire] , Marius Hurard se rendit à ses frais en métropole pour recruter des enseignants pour le nouveau lycée de Saint-Pierre. Malgré la résistance des conservateurs et dune partie de la population, lécole laïque simposa sur toute la Martinique. L'ouverture d'écoles laïques en Martinique fut possible grâce à lopiniâtreté de Marius Hurard et de quelques élus du conseil général de l'époque tels que Ernest Deproge, Clavius Marius, Eugène Agricole et Auguste Waddy.

Marius Hurard et lautonomie

En 1885, en pleine campagne des législatives, une scission est intervenue au sein du parti républicain entre ses deux grandes figures, le député Ernest Deproge et Marius Hurard. La raison de la rupture portait sur une question importante : fallait-il poursuivre ou non la politique dassimilation complète de la Martinique à la France ? Ernest Deproge et ses partisans étaient favorables. En revanche, le clan de Marius Hurard était contre. Chaque tendance créa son journal LIndépendant de Marius Hurard et La Petite France, favorable à Ernest Deproge.

La position dHurard suscitait lintérêt du clan Béké qui voyait loccasion rêvée de refaire surface sur le plan politique depuis son éviction en 1848. Marius Hurard, ses partisans et un groupe de Békés républicains créaient un nouveau parti politique, le Parti Républicain Progressiste ou Parti nouveau. Alors que lidéologie politique dominante à la fin du XIXe siècle est lassimilation complète, ce nouveau parti va prôner lautonomie pour défendre les intérêts économiques de l'oligarchie Béké en Martinique. Pour Marius Hurard et ses partisans, lassimilation complète entraînerait lapplication des lois sociales métropolitaines en Martinique. Ce qui entraînerait un surcoût financier pour les usines et les plantations. Ils étaient également hostiles au fait que lassimilation complète réduirait les pouvoirs du Conseil Général, qu'ils contrôlaient. En conséquence, elle renforcerait la centralisation des pouvoirs et les tutelles ministérielles à Paris. Pour certains historiens, la conception que Marius Hurard avait de lautonomie était très différente de celle dAimé Césaire lorsquil créa en 1958 le Parti progressiste martiniquais. Chez Marius Hurard, lautonomie était un instrument qui permettait de préserver les intérêts économiques et politiques de la ploutocratie Béké et de la bourgeoisie mulâtre de lépoque et non un moyen permettant lémancipation du peuple martiniquais. Contrairement à Césaire, l'affirmation de l'identité martiniquaise est quasiment inexistante dans les discours et écrits de Marius Hurard, à l'époque. Cest la grande différence entre lautonomie revendiquée par Marius Hurard à la fin du XIXe siècle et celle revendiquée par Aimé Césaire. (Je crois que nous martiniquais nous avons une personnalité, une personnalité qui n'est pas absolument une personnalité française, qui n'est pas non plus la personnalité africaine, une personnalité qui est une personnalité propre, une personnalité martiniquaise et je crois que cette personnalité, il nous faut la préserver, il nous faut la cultiver, il nous faut la développer... déclarait Aimé Césaire [1].

La déchéance politique

Marius Hurard, parallèlement à son métier d'avocat, était aussi négociant. Versé dans le commerce il devient l'un des négociants les plus aisés de Saint-Pierre [réfnécessaire] . Son origine modeste lui vaut une grande popularité dans sa ville.

Mais en 1895, Marius Hurard, à la suite dune faillite commerciale, fut condamné à de la prison et son recours en grâce fut rejeté [réfnécessaire] .

Ses amis lancèrent en vain une pétition pour éviter son emprisonnement [réfnécessaire] .

Celui à qui tout semblait réussir, sa carrière politique, ses activités professionnelles connut la déchéance. En 1896, ce fut la déroute électorale pour les hurardistes qui obtinrent seulement 10 sièges sur 36 au conseil général. Aux municipales, ils perdaient les deux principales villes de l'île, Saint-Pierre et Fort-de-France.

Après sêtre retiré de la vie politique, Marius Hurard meurt le 8 mai 1902 à 54 ans lors de léruption de la montagne Pelée à Saint-Pierre.

Depuis 2008, l'école élémentaire de la Pointe des Nègres (ex IUFM) à Fort-de-France est nommée du nom de Marius Hurard en hommage à son activité politique.

Sources

  • Armand Nicolas, Histoire de la Martinique. Tome 2, De 1848 à 1939
  • Albanie Burand, La vie politique à Saint-Pierre de la Martinique de 1848 à 1902
  1. Extrait du discours sur la Savane - 1946-1996 Cinquante ans de départementalisation Outre-Mer - auteurs: Fred Constant et Justin Daniel - Editions L'Harmattan

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Marius Hurard de Wikipédia en français (auteurs)

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