- Breton Vannetais
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Breton vannetais
Le breton vannetais est la variété de breton parlée dans la partie bretonnante du Morbihan (56), à l’exception des cantons du Faouët et de Gourin (où l’on parle cornouaillais). Le canton finistérien d’Arzano parle aussi vannetais.
Le Pays vannetais est l’autre région de grande tradition littéraire en langue bretonne, avec le Léon. En effet, ce pays correspondait à l'évéché de Vannes (du moins à sa partie bretonnante) et ses prêtres, étant formés au séminaire de cette ville, y apprenaient à lire et écrire le breton local. Qui plus est, nombre de ces prêtres furent également écrivains.
Aujourd’hui, le breton vannetais est parfois ignoré des apprenants et laissé de côté par les professeurs, car il présente des caractéristiques trop spécifiques par rapport aux autres dialectes bretons (plus unis et majoritaires). Cependant plusieurs méthodes (notamment Oulpan de Skol an Emsav et la méthode Assimil de Fanch Morvannou) présentent et le KLT et le vannetais. Enfin, d'autres méthodes, tel Selaou, Selaou de Mona Bouzec présentent entre autres le cornouaillais de la frontière avec le vannetais (de Briec à Gourin et au Faouët), qui partage certains traits avec le vannetais (palatisation de certains sons, chuintement de certains s, ...)
Ce dialecte est très intéressant, pour le linguiste parce qu’il est sans conteste, avec le léonard, l'un des dialectes bretons les plus archaïques pour sa syntaxe, sa morphologie et sa phonologie ; et pour l'amateur de chant populaire ou de conte pour ses caractéristiques musicales et son « esprit », relativement éloigné de ceux du Centre-Bretagne ou du Léon.
Sommaire
Orthographes
Diverses orthographes vannetaises standard se sont succédé jusque dans le milieu du XXe siècle, et il arrive encore que certaines personnes les utilisent. Ensuite sont apparues des graphies-orthographes désireuses d'intégrer le vannetais, notamment l'orthographe unifiée dite peurunvan fondée sur une volonté d'unification du KLT et de l'orthographe vannetaise traditionnelle, et dénommée également KLTG (G pour Gwened = Vannes). Certains pensent que le vannetais et le KLT sont trop différents pour qu’une seule et même orthographe puisse convenir à les noter phonétiquement de manière satisfaisante. Cependant la graphie "skolveurieg" du vannetais est proche de la graphie "skolveurieg" du KLT.
La majorité des écrivains et auteurs vannetais d'aujourd'hui utilisent le peurunvan : Daniel Doujet, François Louis, Daniel Carré, Jorj Belz (a également écrit en orthographe vannetaise traditionnelle), Herri Ar Borgn (a également écrit en interdialectal).
Dialectes
Nombreuses sont les divergences entre vannetais et KLT : les deux ont connu une évolution en partie différente, à partir de l’époque du vieux-breton.
Le vannetais lui-même se divise en trois sous-dialectes :
- le haut-vannetais (Pontivy, Vannes, Baud...),
- le bas-vannetais (entre la frontière avec le Finistère et une ligne reliant Hennebont, Bubry et Cléguérec),
- le vannetais du littoral (qui est une variante du haut-vannetais) (littoral morbihannais, de Vannes à Port-Louis, Auray, Carnac, Quiberon, ainsi que les îles).
Morphologie du breton vannetais
Morphologie verbale
Voici les paradigmes des verbes vannetais, conjugaison marquée (la marque de personne est incluse dans la forme verbale – c’est par exemple la forme qu’on utilise au négatif en général). Les particules verbales (souvent utilisée à l'affirmatif) ne figurent pas dans le tableau. Certaines formes verbales se rencontrent ordinairement avec leur première lettre mutée. La première ligne est en peurunvan, et la deuxième en graphie traditionnelle (quasiment phonétique). L’abréviation BV précède les variantes bas-vannetaises. Attention : seul le vouvoiement est d'usage en bas-vannetais.
Verbe régulier (dire) être avoir aller Présent ponctuel je - on
on / oun (BV)’m eus
’m-es- tu - ous
ous’z peus
’tes- il - eo ; emañ
é ; é maen deus
’nes- elle - eo ; emañ
é ; é mahe deus
’des, ‘nes- nous - omp
ombhor beus, hon eus
hon-es / ni-bes (BV)- vous - oc'h
ohho peus, hoc'h eus
hues / ‘pes (BV)- ils, elles - int
into deus
’nes- Impersonnel - eur
'eureus
es- Présent progressif je on é lâret
on é laret- - on é vonet
on é vonettu ous é lâret
ous é laret- - ous é vonet
ous é vonetil emañ é lâret
é ma é laret- - emañ é vonet
é ma é vonetelle emañ é lâret
é ma é laret- - emañ é vonet
é ma é vonetnous omp é lâret
omb é laret- - omp é vonet
omb é vonetvous oc'h é lâret
oh é laret- - oc'h é vonet
oh é vonetils, elles emaint é lâret
é mant é laret- - emaint é vonet
é mant é vonetImpersonnel eur é lâret
eur é laret- - eur é vonet
eur é vonetPrésent habituel je lâran
laranbe(za)n
vezan, vèn’m bez
’m-béan
antu lârez
larézbe(ze)z
véz’z pez
’téez
ézil lâr
lar / lara (BV)be(z)
’véen devez
’n-devéa
aelle lâr
lar / lara (BV)be(z)
’véhe devez
’n-devéa
anous lâromp
larambbe(zo)mp
’vèmbhor bez
hor-bé / ni-bé (BV)eomp
ambvous lârit
laretbe(ze)c'h
’vèhho pez
’péit
etils, elles lâront
larantbe(zo)nt
’vènt / veint (BV)o devez
’n-devéeont
antImpersonnel lârer
larerbe(ze)r
’vèrbez
’vèeer
èrImparfait je lâret
larenoan
oen’m boa
’moèaen
èntu lâres
laresoas
oes’z poa
’toèaes
èsil lâre
larèoa
oè / oè, oa, ò (BV)en doa
’noèae
èelle lâre
larèoa
oè / oè, oa, ò (BV)he doa
’noèae
ènous lâremp
laremboamp
oembhor boa
hor-boè / ni-boè (BV)aemp
embvous lârec'h
larehoac'h
oehho poa
’poèaec'h
ehils, elles lârent
larentoant
oento doa
’noèaent
entImpersonnel - - - - Futur je lârin
lareinbin
vein’m bo
’moin
eintu lâri
laribi
vi’z po
’toi
iil lâro
larou / larei (BV )bo
[vo]en do
’noay
eielle lâro
larou / larei (BV)bo
vohe do
’noay
einous lârimp
laréemb / larimb (BV)bimp
véemb / vimb (BV)hor bo
hor-bo / ni-bo (BV)imp
éemb / imb (BV)vous lâroc'h, lâreot
laréet / larèh (BV)boc'h, beot
véet / vèh (BV)ho po
’poeoc'h, eot
éet / èh (BV)ils, elles lârint
laréent / lareint (BV)bint
véent / veint (BV)o do
’noaint
éent / eint (BV)Impersonnel - - - - Conditionnel prés. je lârehen
larehenbehen
vehen’m behe
’mehèahen
ehentu lârehes
larehesbehes
vehes’z pehe
’tehèahes
ehesil lârehe
larehèbehe
vehèen dehe
’nehèahe
ehèelle lârehe
larehèbehe
vehèhe dehe
’nehèahe
ehènous lârehemp
larehembbehemp
vehembhor behe
hor-behè / ni-behè (BV)ahemp
ehembvous lârehec'h
larehehbehec'h
vehehho pehe
’pehèahec'h
ehehils, elles lârehent
larehentbehent
vehenten dehe
’nehèahent
ehentImpersonnel - - - - Un temps composé
(passé composé)je ’m eus lâret
’mes lareton bet
on bet / oun pet (BV)’m eus bet
’mes beton aet
on oeittu ’z peus lâret
’tes laret / ‘pes laret (BV)ous bet
ous bet’z peus bet
’tes betous aet
ous oeitil en deus lâret
’nes laretemañ bet
é ma beten deus bet
’nes betemañ aet
é ma oeitelle he deus lâret
’nes laretemañ bet
é ma bethe deus bet
’nes betemañ aet
é ma oeitnous hor beus lâret, hon eus lâret
hon-es laret / ni-bes laret (BV)omp bet
omb bethor beus bet, hon eus bet
hon-es bet / ni-bes pet (BV)omp aet
omb oeitvous ho peus lâret, hoc'h eus lâret
hues laret / ‘pes laret (BV)oc'h bet
oh betho peus bet, hoc'h eus bet
hues bet / ‘pes pet (BV)oc'h aet
oh oeitils, elles o deus lâret
’nes laretint bet
int beto deus bet
’nes betint aet
int oeitImpersonnel - - - - Infinitif lâret
laretbout
bouten devout / kaout
en-dout / kaout (BV)monet
mon(e)tParticipe passé lâret
laretbet
betbet
betaet
oeitSyntaxe du breton vannetais
Du point de vue de la syntaxe, le breton vannetais présente un grand nombre d’archaïsmes, et quelques innovations également.
- Le pronom personnel COD est presque systématiquement (sauf au nord-ouest du bas-vannetais, sous influence du cornouaillais) un adjectif possessif, et n’est jamais remplacé par une périphrase avec une préposition. C’est ce qu’on retrouve dans les autres langues brittoniques (gallois, cornique, plus archaïques) et dans les états plus anciens de la langue (moyen-breton).
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- Me ia d’hou kuélet. (Je vais vous voir. « je vais votre voir »).
- N’hé homprenan ket. (Je ne la comprends pas. « je ne son comprends pas »).
- É mant doh me hlah. (Ils sont en train de me chercher. « ils sont en train de mon chercher »).
- Dans les phrases dans des temps composés, le pronom COD est, à la 3e personne, à la même forme que le pronom COD, et se place juste avant le participe passé.
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- Me em-es hi kleuet. (Je l’ai entendue. « j’ai elle entendu »).
- N’ou-des ket éan guélet. (Ils ne l’ont pas vu. « ils n’ont pas il vu »).
- La mutation adoucissante sur les noms et les adjectifs est moins fréquente en vannetais qu’en KLT.
- L’ordre des mots normal dans les propositions principales ou indépendantes est presque toujours SVO,
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- Me zad en-des cherret ur villeten hanter-hant euro (Mon père a ramassé un billet de 50€).
- É kér, me zad en-des cherret ur villeten hanter-hant euro (En ville, mon père a ramassé un billet de 50€).
- sauf dans les phrases avec le verbe être (où l’on peut commencer par le prédicat, surtout à la 3e personne du singulier, ou par le verbe lui-même, au présent), ou avec le verbe aller (on commence par ce verbe).
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- Chuih é (il est fatigué, « fatigué il-est »)
- Éh on é chonjal (je suis en train de réfléchir)
- Éh an de Uéned (je vais à Vannes)
- Dans les subordonnées cependant, et dans les phrases interrogatives commençant par un mot interrogatif, comme la conjonction ou le mot interrogatif commence obligatoirement la phrase, le verbe suit, et le sujet vient ensuite.
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- Me em-es laret dehè / é tehè Iehann de eih ér (Je leur ai dit / que Jean viendrait à huit heures. « J’ai dit à-eux / que viendrait Jean à huit heures »).
- É-men é kaùéemb avaleu ? (Où trouverons-nous des pommes ? « Où trouverons nous pommes ? »)
Phonologie du breton vannetais
- L’accent tombe sur la dernière syllabe des mots (comme en vieux-breton; en KLT en revanche l'accent tonique s'est déplacé sur l'avant-dernière syllabe. En bas-vannetais, l’accent tonique est plus faible et mobile, et tombe sur la première syllabe des mots de trois syllabes.
- Les anciennes diphtongues ae et ao sont conservées en haut-vannetais, et réduites à è et ô en bas-vannetais. Ex : du lait : HV liah ; BV lèh. Garçon : HV paotr ; BV pôtr.
- Un w étymologique se prononce / ɥ / avant un < e > ou un < i >.
- K et g se palatalisent généralement quand ils sont suivis de < e >, < i > ou < u >. Ki, keu, gué.
- L’accent tonique étant sur la dernière syllabe, les syllabes finales sont conservées (contrairement au KLT), ex. :
- -our : kañnour (KLT kaner),
- -(i)on : soñnerion (HV), soñnerian (BV) (KLT sonerien),
- -aou : koèdeu (HV), koèdaou (BV) (KLT koajoù).
- Le th étymologique (du vieux-breton) se prononce /h/ en vannetais (contre /z/ en KLT). V-breton cath > Vannetais kah.
- Les /h/ étymologiques se prononcent en BV, mais sont muets en HV.
- -ôn- étymologique vieux-breton devient –an- en vannetais (-eun- en KLT). Lon (plein) > lan. (KLT leun)
- Le groupe –nt- perd souvent son –n- en milieu de mot : français fontaine > feutan. V-breton *cintam > ketan.
- Le groupe sk- se prononce généralement /ʃ/ devant < é >, < i >, < u >.
- Le s du groupe –st- est toujours chuinté.
- Le –ô- étymologique vieux-breton devient é en haut-vannetais, reste ô en vannetais du littoral, et devient eu en bas-vannetais. Ex : v-breton brodr (frère) > HV brér, Vlit brôr, BV breur.
- Les < i > accentués sont diphtongués en /ej/ sur le littoral. Ex : Mari > Marei, un ti > un tei, etc.
Vocabulaire du breton vannetais
Voici une liste de quelques mots vannetais emblématiques (en orthographe traditionnelle) que vous pourrez comparer aux mots KLT (et aux mots gallois très proches).
Abréviations : HV= haut-vannetais ; BV = bas-vannetais
Français Vannetais Breton KLT allé oeit aet aller monet (HV) ; monet, mont (BV) mont an blé bloaz arrivé arriù erru(et), arru(et) autre aral (HV) ; erel (BV) (cf. gallois : arall) all avec ; par get gant beaucoup paot-mat (HV) ; ur bochad, é-leih (BV) kalz bois koèd (cf. gallois : coed) koad celui-ci hennen (HV) ; hinna (BV) hemañ, hennañ chaise kadoér (cf. gallois : cadair) kador, kadoar chanson kanen (HV) ; soñnen (BV) kanaouenn, son chaud tuem (HV) ; tchom (BV) (cf. gallois : twym) tomm cheval ; chevaux jao ; ronsed ; marh, kezeg marc’h ; kezeg ; jav comme èl, aval (HV) ; èl, mod (BV) evel contre (emplacement) doh ouzh, oc’h, deus cueillir, récolter cherreh (HV) ; jaerrah (BV) dastum, daspugn, serriñ « de-contre » a-zoh, doh diouzh, dioc’h, deus de (origine) a (HV) ; diar, doh (BV) eus, deus, eus a, a donné reit roet d’où ? a ven ?, a beban ? (HV) ; diar ven ? doh men ? (BV) (d)eus pelec’h ? « en train de + verbe » é é ; o être bout (cf. gallois : bod) bezañ excellent ag er choéj eus an dibab, eus ar c'hentañ faire gobér, gobir, goubir (HV) ; gober (BV) ober fait groeit graet festin, banquet gloé, gloé freill (cf. gallois : gwledd) banvez ar peurzorn, gloez/glez fini achiù echu gens de maison goskor (cf. gallois : gosgordd) mevelien, koskor ils, elles gi (HV) ; hè (BV) i, int, int-i laver golhein (cf. gallois : golchi) gwalc'hiñ, gwelc'hiñ le grand en hani bras an hini bras, an heni bras, an heñi bras mieux guèl gwelloc'h, gwell minuit kreiznoz hanternoz mur magoér (cf. gallois : magwyr), mur moger, magoar où ? é-men ? (HV) ; men ? ba-ven ? (BV) (e) pelec’h ? pire goah (HV) ; goèh (BV) gwashoc’h, gwazh pour aveit, eit, eùit evit quand ? pegourz ? pegoulz ? peur ? pedavare ? quand même ur sort, alkent memestra sans hemb, nemb hep sauf nameit, ‘meit nemet savoir gouiet gouzout, goût, gouvezout sous édan, dizan (HV) ; didand, ba-dan (BV) dindan, indan sur àr (cf. gallois : ar) war tôt kourz abred tout rah ; tout tout, holl venu deit deuet Lexicographie
Turiaw ar Menteg Dastumad gerioù a rannyezhoù ar gevred (Dictionnaire de vannetais breton-français) Hiziv An Deiz, 2007, 253 pages, ISBN 978-2-9516246-1-0.
Lien externe
- Textes en breton vannetais sur le site de François Louis
- Site sur le breton vannetais de Sébastien Le Goff
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