- Musée d'art et d'archéologie de Senlis
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Musée d'art et d'archéologie
Vue du musée depuis la CathédraleInformations géographiques Pays France Ville Senlis (Oise) Adresse Place Notre-Dame
60300 SenlisCoordonnées Google Maps Informations générales Date d’inauguration 1867 et 1983, réouverture inconnue Collections Beaux-arts, Archéologie Informations visiteurs Site web Musées de Senlis modifier Le Musée d'art et d'archéologie de Senlis est situé dans le centre historique de la ville de Senlis (Oise), à proximité de la Cathédrale de Senlis. Il est situé dans l'ancien palais épiscopal de la ville, classé monument historique depuis 1964[1], et accueille une collection de beaux arts, d'arts décoratifs et d'archéologie locale. Pour la restauration entière du bâtiment à partir du mois de juillet 2007, le musée a dû fermer au public, avec une réouverture prévue initialement pour février 2009[2]. Des découvertes archéologiques ont retardé la progression des travaux, mais en septembre 2009, ils étaient pratiquement terminés, sauf pour la galerie Renaissance et la chambre des anges, dont la rénovation intérieure n'avait pas encore commencé[3]. La réouverture était alors envisagée pour septembre 2010, mais les marchés publics n'ayant pas été passés à temps, des nouveaux retards sont survenus[4], et aucune date d'ouverture précise n'est indiquée pour le moment (mars 2011).
Sommaire
Histoire du musée
Un double début
Comme dans de nombreuses villes françaises, c’est une société savante, le Comité archéologique, créée en 1862, qui prend l’initiative de réunir des collections à caractère historique et archéologique dans l’abbaye Saint-Vincent, où il tient ses réunions pendant les premières années. Il recueille ainsi de nombreux dons et le mobilier de différents chantiers de fouilles, dont les arènes de Senlis et le temple gallo-romain de la forêt d'Halatte[5]. Le noyau initial des collections est transféré en 1867 au palais épiscopal, où le comité loue dans un premier temps la chapelle du chancelier Guérin au 1er étage, et le musée ouvre pour la première fois le 10 juin 1867. Au début, les collections sont encore mal présentées et comme il n'y a pas de surveillance, de nombreux objets disparaissent. Le comité décide alors de n'autoriser la visite que lors de la présence d'un membre du comité. Au fil des ans, les collections ne cessent de prendre de l'ampleur, et dans les années 1920, le musée occupe pratiquement tout le premier étage[6].
En 1876, la municipalité de Senlis décide à son tour de créer un musée. D'après Claude Finon, la raison de la création d'un second musée, au lieu de réunir toutes les collections dans un seul lieu, est d'ordre politique. En effet, le Comité archéologique compte une cinquantaine de châtelains et de nombreux ecclésiastiques et grands propriétaires parmi ses membres, ce qui dissuade certaines personnes à lui faire don d'objets et œuvres d'art : le climat de la Troisième République devient anticlérical. Les collections sont réunies provisoirement dans la salle d’honneur de l’hôtel de ville. Des dépôts de l’État ainsi que des dons de particuliers, notamment de Paul Marmottan et Alphonse de Rothschild, viennent l’enrichir après son transfert dans la chapelle de l'ancien hôpital de la Charité, où il est inauguré le 24 juillet 1887. Le public est accueilli tous les dimanches de 13 h 00 à 17 h 00. Ce nouvel établissement est surtout orienté vers les Beaux-Arts[7],[8].
La fin du premier musée municipal
« Extraordinaire fouillis où voisinaient le meilleur et le pire » selon un guide touristique de 1958[9], le nouveau conservateur Charles-Jean Hallo décide en 1934 de transformer le musée municipal en musée de la Vénerie. Bien introduit dans le milieu de la vènerie, il y suit l'une de ses passions personnelles et parvient à gagner la municipalité pour sa cause. Comme conséquence, les collections historiques sont en grande partie dispersées avec la réorganisation mise en place en 1935. Les pièces les plus intéressantes en rapport avec la ville et sa région, hormis les tableaux, sont confiées à la Société d'Histoire et d'Archéologie pour son musée. Les tableaux sont accrochés à l'Hôtel de ville, au tribunal d'instance, au tribunal de commerce et à la sous-préfecture. Pratiquement tout le reste sert à Charles Hallo de monnaie d'échange pour obtenir des objets en rapport avec le nouveau thème du musée de la part d'autres musées, partout en France. À l'étroit dans la chapelle, où une bonne partie des collections doit rester dans les réserves, le musée de la Vènerie déménage dans le logis du prieur de l'ancien prieuré Saint-Maurice en 1956[10].
Le nouveau musée du logis de l'Haubergier
Le musée du Comité archéologique, rebaptisé Société d’histoire et d’archéologie de Senlis en 1920, doit quitter l'ancien évêché après que le préfet lui a donné congé en 1926. Elle doit définitivement céder la place au tribunal d'instance, qui avait été installé d'urgence en 1914, suite à l'incendie de ses locaux dans l'ancien hôpital de la Charité, et déjà tenté en vain d'expulser le musée en 1917. C'est un coup de fouet pour la Société, qui doit faire un grand effort financier pour assurer la pérennité du musée. En juillet de la même année, la Société signe le bail pour l'hôtel du Haubergier, pour une durée de dix-huit ans, au prix de cinq mille francs par an. Le déménagement et l'installation prennent moins d'un an. L'inauguration solennelle du nouveau musée régional a lieu le 16 juin 1927 avec la présence de nombreuses personnalités, dont le ministre de l'Instruction publique et Paul Vitry, l'un des conservateurs du musée du Louvre. Le musée s'organise comme suit : le lapidarium dans la cour ; des vestiges architecturaux dans la cave voûtée ; la bibliothèque au rez-de-chaussée ; onze vitrines avec les objets les plus précieux au 1er étage (céramique, ferronnerie, poterie, sceaux, dessins de Watteau) ainsi que des sculptures, des tableaux et des gravures accrochés aux murs ; et trois pièces consacrées à l'archéologie au 2e étage, dont deux pièces consacrées aux Arènes et au temple de la forêt d'Halatte respectivement[11].
Avec le début de l'occupation allemande en 1940, la fréquentation du musée baisse sensiblement, et la Société d’Histoire et d’Archéologie ne peut quasiment plus compter sur les recettes que lui procuraient jusque là les droits d'entrée aux arènes et au musée. En même temps, la propriétaire ne veut pas lui accorder les 50 % de réduction de loyer que prévoit la législation alors en vigueur, et les rapports entre les deux partis se dégradent au point d'aboutir sur une procédure de justice interminable. Puis la tour d'escalier au sud du bâtiment est endommagée par un obus allemand en 1940, et la propriétaire réfuse de prendre en charge la reconstruction. Les combles sont désormais inaccessibles, et le musée ferme bientôt après[12].
Le retrait de la Société d’Histoire et d’Archéologie
Après la guerre, la Société d’Histoire et d’Archéologie souhaite rapidement rouvrir le musée du logis de l'Haubergier, mais le litige avec la propriétaire ne prend fin qu'en 1947, et les moyens lui font cruellement défaut. Dans un premier temps, la municipalité accepte de prendre en charge le loyer à partir de 1949, mais le musée reste toujours fermé. Dans un deuxième temps, la Société abandonne toutes ses collections à la ville en 1952, sauf la bibliothèque, n'exigeant en contrepartie que la mise à disposition d'un local pour cette dernière et d'une salle pour les réunions mensuelles. Ce n'est que maintenant que la ville entame la restauration du vieil hôtel pour qu'il retrouve son aspect d'origine, et le musée reste toujours fermé pendant les quatre ans qui suivent. La présentation est réorganisée suivant les techniques de la muséologie moderne. Après sa réouverture partielle en 1955 (cave et rez-de-chaussée), la municipalité se trouve dotée de deux musées : le musée de la Vénerie à la Charité et le musée d’art et d’archéologie dans l’hôtel du Haubergier. Le premier étage n'ouvre qu'en 1961, et le second étage en 1973, soit une trentaine d'années après la fermeture[13].
Le retour dans l'ancien palais épiscopal
Le musée d'art et d'archéologie, parfois appelé musée régional, enrichit ses collections de beaux arts avec des tableaux de deux peintres indissociables de Senlis, Thomas Couture et Séraphine Louis. Or, le logis de l'Haubergier est rélativement exigu, et la municipalité décide donc de racheter l'ancien palais épiscopal auprès du département pour y installer de nouveau le musée. L'occasion se présente avec la construction de la nouvelle cité judiciaire, qui est inaugurée en 1981. Soixante-sept ans d'utilisation comme tribunal prennent fin. L'ancien évêche devient ainsi vacant, et la ville y transfère l'inventaire du musée de l'Haubergier dès 1982, avant la fin des travaux d'aménagement. Grâce aux locaux plus spacieux, une partie des collections qui était réleguée aux réserves peut désormais être présentée au public. Bon nombre de tableaux étaient entreposés depuis 1936 dans le grenier de l'hôtel de ville et des locaux techniques de la ville[14]. Les travaux de rénovation et d'aménagement muséographique prennent plusieurs années, et ce n'est donc qu'en 1989 que le musée d'art et d'archéologie est inauguré officiellement dans l'ancien palais épiscopal, renouant avec le premier musée senlisien né en 1867.
En dépit des travaux de restauration conduits à la fin des années 1920 et pendant les années 1980, la structure du bâtiment n'a encore jamais été réhabilité en profondeur, et de multiples éléments d'un grand intérêt archéologique ne sont pas mis en valeur, voire dissimulés comme conséquence des remaniements successifs. Une nouvelle campagne de travaux peut enfin être mené à partir de 2005, grâce à une importante donation privée de 2001. Elle permet de réhabiliter la chapelle du chancelier Guérin jusqu’alors fermée à la visite, de réviser les toitures en totalité et de faciliter le circuit du public par l’implantation d’un ascenseur. Les travaux en cours depuis juillet 2007 s’achèveront avec la restauration de la galerie d'époque Renaissance et avec la mise en place de la muséographie[15].
Le domicile du musée : l'ancien palais épiscopal
L'histoire du bâtiment jusqu'à la suppression du diocèse de Senlis
Le diocèse de Senlis remonte vraisemblablement à l'empire romain et peut-être à Rieul de Senlis, personnage plus légendaire qu'historique à la biographie quasiment inconnue, comme premier évêque, mort vers 260. Or, la date de l'installation des évêques dans la cité demeure elle aussi inconnue, et il serait hâtif de conclure que le palais épiscopal aurait été fondé à la même époque que le diocèse. Aucun autre bâtiment n'a existé en ce lieu depuis l'édification de l'enceinte gallo-romaine, ce qui laisse les origines en suspens. Il est toutefois probable que le palais soit implanté à son emplacement actuel depuis la fondation de la cathédrale au XIe siècle. En 1120, la « maison de l'évêque » est mentionnée pour la première fois dans un document écrit, à savoir un acte royal de Louis VI. À la fin du XIIe siècle, cette maison se compose pour l'essentiel d'une aula ou grande salle destinée aux assemblées et festins, ainsi que d'une chapelle. L'habitation de l'évêque n'est pas encore mentionnée et doit être bien modeste. En effet, Senlis est le plus petit diocèse de la province de Reims et ne jouit pas de revenus importants.
Un premier agrandissement de l'évêché pourrait dater du chancelier Guérin (1157-1227) qui devient évêque de Senlis en 1213. Il fait ériger la chapelle dite du chancelier Guérin, qui subsiste encore de nos jours à l'extrémité sud-ouest du corps de bâtiments. Elle était dédiée à Saint-Pierre-et-Saint-Paul. La chapelle proprement dite se situe à l'étage, le rez-de-chaussée ayant servi de remises pour les carrosses de l'évêque. Les vestiges d'une baie ayant été découverts à l'est, identique à celle de l'ouest ; l'on peut en déduire que la chapelle n'était initialement pas relié au palais épiscopal proprement dit. Sinon, la disposition exacte du palais jusqu'au XVe siècle n'est pas mentionnée par les sources, qui du reste sont rares jusqu'à cette époque : les archives de l'évêché ont été détruits pour leur majeure partie dans un incendie de 1486. La chronique ne dit pas si les dommages ont entraîné d'autres dégâts sur le palais, et il en est de même de l'incendie dans la cathédrale de 1506. - Hormis les bâtiments toujours debout à l'heure actuelle, existait une aile lui faisant face à l'ouest, perpendiculaire à la cathédrale, orientée dans un sens nord-sud. À l'extrémit sud, se situait un bâtiment solide, qui a été interprété comme la prison ou l'auditoire de l'évêque. Cette aile n'a été démolie que suite au rachat de l'ancien palais épiscopal par la ville de Senlis en 1858, et comportait un grand portail en son milieu ainsi que le logis du concierge. Le croisillon sud du transept de la cathédrale donnait ainsi sur la cour du palais épiscopal, et le portail n'existait pas encore jusqu'au milieu du XVIe siècle. Des bâtiments étaient accolés à la façade sud de la cathédrale sur cette cour : auditoire du chapitre (qui avait sa propre justice, écuriers, grenier et locaux administratifs. Ils ont été démolis en 1531 pour permettre la création du portail sud de la cathédrale. Les fouilles effectués à ce jour ne permettent pas de dire les dimensions et emplacements exacts de ces bâtiments. L'on sait par contre qu'un mur formait la cour vers le sud, entre la chapelle du chancelier Guérin et l'aile occidentale disparue[16],[17].
Le palais épiscopal est adossé à l'enceinte gallo-romaine plus particulièrement de la tour n° 4 dite « tour des Archives » ou « tour des Anges » jusqu'à la tour n° 6 qui faisait partie de la défense de la porte de Rheims, à l'extrémité sud-est du bâtiment médiéval, rue du chancelier Guérin. L'étage de la tour n° 6 a pu abriter la première chapelle, à l'instar de ce qui ce fit à Reims. La porte ayant été démolie en 1806, il n'est plus possible de le déterminer avec certitude. Quant à la tour n° 5, elle a également disparu. Tout comme la tour n° 4, elle a sans doute été utilisé par l'évêque, mais ces tours n'étaient reliées au palais que par le rempart. Le comfort du palais épiscopal était sommaire, et les évêques ne l'utilisaient guère comme résidence, privilégiant leur château de Mont-l'Évêque. D'autre part, vue la proximité de la ville de Senlis avec la cour, ses évêques étaient souvent des hauts dignitaires qui cumulaient de diverses fonctions, et s'absentaient la plupart du temps de Senlis. De ce fait, l'influence du chapitre Notre-Dame primait devant le pouvoir local de l'évêque. La tour n° 4 a été rehaussé par un petit oratoire sous l'évêque Charles de Blanchefort (évêque de 1499 à 1515) dont la clé de voûte porte les armes, afin de pouvoir éviter la chapelle Saint-Pierre-et-Saint-Paul desservie par un membre du chapitre auquel il était opposé par un conflit de pouvoir. Guillaume III Petit (évêque de 1528 à 1536), fait ensuite construire une galerie sur la courtine du rempart, dans le style de la Renaissance.
C'est la période des travaux du portail sud de la cathédrale, donnant lieu à des remaniements du palais épiscopal dont certaines dépendances sont alors démolies (voir ci-dessus). L'évêque en profite pour se faire aménager un nouveau logis dans l'ancien hôtel du Jason, à l'angle des rues Saint-Pierre et du chancelier Guérin. L'hôtel du Faisan limitrophe est également incorporé dans l'évêché, apparemment pour servir de passage. Ces extensions se situent en-dehors du périmètre de la cité ; à leur suite, les évêques habitent plus régulièrement leur palais. Le cardinal de la Rochefoucauld ne s'en contente pas et fait démolir les deux hôtels peu avant de se démettre de la fonction d'évêque de Senlis, en 1624. Une extension du palais épiscopal est construite à leur emplacement, avec une petite cour sur la rue du chancelier Guérin devant une façade surmontée d'un fronton et comportant une entrée. Cette extension comporte aussi une façade sur la rue Saint-Pierre. Elle n'entre pas dans le musée d'art et d'archéologie et est propriété privée, partagée entre plusieurs habitations. En dépit de l'amélioration du confort qu'elle a apporté, le palais épiscopal n'est plus guère utilisé à partir du milieu du XVIIIe siècle[16],[18].
L'histoire du bâtiment depuis la Révolution française
Avec la Révolution qui voit la suppression du diocèse de Senlis, le palais épiscopal n'est pas vendu comme bien national, mais devient la propriété du Conseil de fabrique. Ce dernier loue le principal corps de bâtiment au tribunal de district à partir de 1791, et vend les autres parties à des particuliers, qui les transforment en habitation. Le tribunal devient tribunal d'arrondissement avec la suppression du district de Senlis en 1795, et la sous-préfecture y est également hébergé pendant les premières années de son existence. Elle déménage bientôt vers l'hôtel du Flammant, dans la rue des Cordeliers. La porte gallo-romaine sur la rue du chancelier Guérin, dite porte Bellon ou porte de Rheims, est démolie en 1805 ; ses traces sur le mur extérieur du palais restent toujours visibles et sont désignés par une plaque. - La fermeture définitive de l'hôpital de la Charité en 1839 dégage cet important corps de bâtiments, et le tribunal y emménage en 1840[16],[19],[20].
Le palais est loué ensuite à différents utilisateurs : frères des écoles chrétiennes, militaires, salles de réunion[21], atelier de travail du bois, imprimerie[22]. Entre temps, la ville rachète le palais au Conseil de fabrique en 1858, et y installe le tribunal de commerce. Elle effectue d'importants travaux qui sont plus destinés à mettre en valeur la cathédrale : la partie occidentale est démolie afin de dégager le portail sud de la cathédrale et le bras sud du transept, et l'ancienne cour intérieure est ainsi ouverte. Elle prolonge ainsi l'espace de la place Notre-Dame vers l'est. L'entrée à l'ancien palais épiscopal est transféré depuis la rue du chancelier Guérin vers son emplacement actuel, à l'angle entre le corps principal et la chapelle du chancelier Guérin.
Le peintre Thomas Couture aménage son atelier dans la chapelle du chancelier Guérin en 1860, utilisation qui ne dure pas puisque le musée y est installé sept ans plus tard (voir la section ci-dessus). D'autres locataires à côté du Comité Archéologique sont à cette époque la Croix-Rouge française et la chambre des notaires. En 1914, suite à la destruction du palais de justice dans l'ancien hôpital de la Charité le 2 septembre, jour de la bataille de Senlis, le tribunal de grande instance déménagé dans l'évêché. Le bâtiment est acquis par le département de l'Oise en 1922. Quand le tribunal d'instance retourne vers l'ancien palais épiscopal en 1927, les deux tribunaux occupent la totalité des locaux et ne laissent plus de place au musée.
En 1964, le bâtiment est classé au titre des Monuments Historiques dans sa totalité. Le tribunal d'instance part s'installer dans l'hôtel Dufresne de Saint-Leu en 1973, et l'année 1981 voit l'inauguration de la nouvelle cité judiciaire : le palais épiscopal devient vacant et est racheté par la ville de Senlis pour en faire son musée[20],[16]. Une inscription à moitié effacée en-dessus de l'entrée continue de rappeler l'utilisation comme tribunal.
Architecture
Aperçu général
Le corps de bâtiments qui abrite l'actuel musée d'art et d'archéologie ne constituent qu'une partie du palais épiscopal dans ses extensions à la veille de la Révolution, l'aile occidentale ayant été démolie en 1858, et les extensions voulues par le cardinal de La Rochefoucauld servant aujourd'hui d'habitations particulières. Toutefois, les bâtiments du musée sont bien les éléments les plus intéressants de l'ancien évêché, tant sur le plan historique qu'archéologique, et correspondent au palais épiscopal proprement dit tel qu'il se présentait à l'époque médiévale. Résultat de campagnes de constructions successives, ce palais est entièrement conservé, sauf la tour nord de la porte de Rheims.
Différents vestiges
Comme bien des édifices du cœur de la ville, l'ancien palais épiscopal est adossé à la muraille du Bas-Empire dont les substructures et l’élévation se découvrent au cours de la visite. L'appareil fait recours des moellons en calcaire noyés dans un mortier puissant et des assises de larges tuiles, avec des petites fenêtres plein cintre ornées d'un rayonnement de briques, toutes bouchées. Toutes les ouvertures dans la muraille et dans les tours en-dessous du sommet sont postérieurs à la construction du palais, le rempart gallo-romain ayant encore un rôle défensif au XIIe siècle. Seulement les étages hauts des tours, ajoutées au début du Moyen Âge, étaient percés de fenêtres et abritaient des pièces : en dessous, les tours étaient pleines, remplies de gravats. Au sous-sol, les vestiges d’une maison gallo-romaine ont par ailleurs été exhumés et intégrés au parcours.
Hormis l'enceinte gallo-romaine, la partie la plus ancienne de l'ancien évêché est un mur du XIIe siècle percé de deux baies plein cintre, aux combles de la galerie Renaissance, entre les tours disparues n° 5 et 6. Entre la galerie et le palais épiscopal médiéval, subsistent également trois portes sous des arcs plein cintre, avec des linteaux droits et des ouvertures rectangulaires. Beaucoup de traces anciennes ont disparu lors du remaniement du pignon vers la cathédrale et de la façade sur la rue du chancelier Guérin, au XIXe siècle[16],[23],[24].
Le corps central
Dans sa partie sud, entre les ancienne tour n° 5 et le pignon sur la rue du chancelier Guérin, l'ancien palais épiscopal abrite deux grandes salles superposées, l'un au premier sous-sol, et l'autre au rez-de-chaussée. Toutes les deux ont servi de cellier et de magasin. Voûtées d'ogives, chacune se compose à l'origine de deux vaisseaux à cinq travées, dont seulement quatre restent au rez-de-chaussée. Le profil des branches d'ogives est plutôt archaïque, mais certaines particularités indiquent une péridoe de construction des voûtes à la fin du XIVe siècle, ce qui coincide avec les mentions n'apparaissant que tardivement dans les textes. D'autre part, des indices montrent que les salles existaient déjà avant la construction des voûtes. Le mur occidental atteint une épaisseur de 1,5 m et provient probablement du XIIe siècle. La majestueuse façade vers la place Notre-Dame ne date par contre que du début du XVIIIe siècle.
Entre 1499 et 1515, la tour des Anges est aménagée avec la création de l'oratoire dite aussi chambre des Anges (ou chapelle des Anges). Son plafond est voûté d'ogives avec des arcs prismatiques, qui reposent sur des consoles sculptées en anges musiciens ou portant des phylactères.
La galerie Renaissance de l'évêque Guillaume Petit à l'arrière du bâtiment, sur le sommet de la muraille gallo-romaine, est d'une vingtaine d'années plus récente. Elle se présente comme une succession irrégulière de baies plein cintre, au-dessus desquelles court un cordon mouluré. Des pilastres structurent la façade verticalement ; ils sont répartis à peu près à équidistance et ornés alternativement de losanges et de médaillons. Un décor semblable se trouve sur le mur de l'hôtel de Rasse de Saint-Simon, rue Bellon, sans soute l'œuvre du même artiste. Les chapiteaux sont sculptés en masques, animaux, angelots ou motifs floraux[1],[24],[16],[25].
La chapelle du chancelier Guérin et l'aile méridionale
La chapelle Saint-Pierre-et-Saint-Paul aujourd'hui dite du chancelier Guérin est disposée en retour d'équerre de l'aile principale du palais, mais un autre bâtiment d'environ dix mètres de long s'y interpose. Il pourrait s'agir de l'ancienne grande salle de l'évêché jusqu'aux modifications du XIVe siècle. Au rez-de-chaussée se trouvait l'entrée principale du tribunal jusqu'au rachat du palais par la ville, en 1858. La grande salle a complètement disparu et laissé la place à un grand escalier et des petites pièces. La chapelle a été restaurée dans le but de faire réapparaître sa physionomie d'origine, dans la mesure du possible ; les grandes arcades en arc brisé du rez-de-chaussée ont ainsi été mises à jour au nord et à l'ouest. C'est à l'étage que se situait la chapelle proprement dite, mais n'en restent que des fenêtres en arc brisé et la grande baie occidentale, divisée en deux lancettes surmontées d'un oculus. Le plafond voûté en berceau rampant a été complètement refait. La chapelle suscite certaines interrogations, eu égard la disposition irrégulière des ouvertures et son allure archaïque, mais l'absence de documents laisse les réponses en suspens[16],[26].
Les collections
- Près de trois cents ex-votos gallo-romains du sanctuaire gallo-romain de guérison situé à quelques kilomètres de Senlis, dans la forêt d’Halatte
- Socle de la statue de l’empereur Claude (non retrouvée), exhumé en 1952 dans le parc du château royal
- Sculptures et objets liturgiques médiévaux, comme Tête d’homme barbu dite de Senlis et la crosse de l’évêque Guérin.
- Tableaux religieux de Philippe de Champaigne (la Fuite en Egypte), Claude Vignon (Saint Ambroise) et Spadarino (Saint Sébastien), Philosophe de Luca Giordano, paysages de Jean-Baptiste Corot (Paysanne en forêt de Fontainebleau) et Eugène Boudin (Plage à Trouville), Tisserand de Sérusier. Nombreux tableaux de Thomas Couture, comme la Noblesse et Saint Rieul.
- Donation Anne-Marie Uhde, et dépôt du musée national d'art moderne : œuvres de Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis, et des primitifs modernes (Camille Bombois, Vivin, André Bauchant)
- Tableau de Francis Tattegrain.
Notes et références
- Notice no PA00114890, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
- Lire en ligne. La durée prévisionnelle des travaux était de dix-huit mois. Cf. le bulletin municipal « Senlis en bref », n° 218, avril 2007, 8 p. ; p. 1 ;
- Lire en ligne. Cf. le bulletin municipal « Senlis Ensemble », n° 244, septembre 2009, 128 p. ; p. 5 ;
- Lire en ligne. Cf. le bulletin de liaison n° 46 de l'association « Sauvegarde de Senlis » de mars 2010, p. 8 ;
- Cf. Marc Durand, Le temple gallo-romain de la forêt d'Halatte (Oise), in : Revue archéologique de Picardie - vol. 18 (numéro spécial), Senlis 2000, 288 p. p. 93-142.
- Cf. Comité archéologique de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, année 1868, Senlis 1869, p. IV, ainsi que les comptes-rendus des années suivantes ; Eugène Müller, Guide dans les rues et environs de Senlis, Imprimerie Ernest Payen, Senlis 1887, 142 p. ; p. 11 ; et Anonyme, Senlis - ses curiosités, ses monuments, ses environs, Office de tourisme de Senlis, Senlis ca. 1908-10, 56 p. ; p. 31.
- Claude Finon, « Histoire des musées de Senlis », dans Société d'Histoire et d'Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, Senlis, 2000-2001, p. 89-113 ; p. 91-92. Cf.
- Cf. Société d’histoire et d’archéologie de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, années 1925-26, Senlis 1927, p. LXXVIII-LXXIX et LXXXI ; Eugène Müller, Guide dans les rues et environs de Senlis, Imprimerie Ernest Payen, Senlis 1887, 142 p. ; p. 69 et 135 ; et Anonyme, Senlis - ses curiosités, ses monuments, ses environs, Office de tourisme de Senlis, Senlis ca. 1908-10, 56 p. ; p. 30-31.
- Georges Lastic Saint-Jal et Françoise Amanieux, L'Oise (collection Richesses de France), Delmas, Paris 1958, p. 150-152 ; Lire en ligne. Cf. Jean Davidsen,
- Cf. Claude Finon, Histoire des musées de Senlis, op. cit., p. 97-99.
- Cf. Société d'Histoire et d'Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, années 1927-28, Senlis 1929, p. LXIII et XXXV.
- Cf. Claude Finon, Histoire des musées de Senlis, op. cit., p. 92-93.
- Cf. Claude Finon, Histoire des musées de Senlis, op. cit., p. 93-95.
- Cf. Claude Finon, Histoire des musées de Senlis, op. cit., p. 95-97.
- Historique du Musée sur Musées de Senlis. Consulté le 4 septembre 2011 ; et le bulletin municipal Senlis ensemble, n° 233, septembre 2008, 16 p. ; p. 3 ; Lire en ligne. Cf.
- Thierry Crepin-Leblond, « Le palais épiscopal de Senlis », dans Société d'Histoire et d'Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, Senlis, 1983-1985, p. XXVII-XXX. Cf.
- Thierry Crepin-Leblond, « Le palais épiscopal de Senlis au Moyen Âge : Étude historique et monumentale », dans Société d'Histoire et d'Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, Senlis, 1990-1994, p. 197-218 ; p. 211-214. Cf.
- Cf. Thierry Crepin-Leblond, Le palais épiscopal de Senlis au Moyen Âge, op. cit., p. 197-209 et 213.
- Cf. Eugène Müller, Essai d'une monographie des rues, places et monuments de Senlis, 2e partie, op. cit., p. 315.
- Marc Durand et Philippe Bonnet-Laborderie, Senlis et son patrimoine : La ville en ses forêts, Beauvais, GEMOB, 2004 (réédition revue, corrigée et augmentée), 170 p. ; p. 54 et 121. Cf.
- Lire en ligne. Cf. le bulletin municipal « Senlis en bref », n° 218, avril 2007, 8 p. ; p. 1 ;
- Cf. Eugène Müller, Essai d'une monographie des rues, places et monuments de Senlis, 2e partie, op. cit., p. 302.
- Cf. Thierry Crepin-Leblond, Le palais épiscopal de Senlis au Moyen Âge, op. cit., p. 212-214.
- Lire en ligne. Cf. Eugène Müller (chanoine), Essai d'une monographie des rues, places et monuments de Senlis, 2e partie, Imprimerie & lithographie Ernest Payen, Senlis 1879, 198 p., p. 302-304 ;
- Cf. Thierry Crepin-Leblond, Le palais épiscopal de Senlis au Moyen Âge, op. cit., p. 216-217.
- Cf. Thierry Crepin-Leblond, Le palais épiscopal de Senlis au Moyen Âge, op. cit., p. 214-217.
Bibliographie
- Thierry Crepin-Leblond, « Le palais épiscopal de Senlis », dans Société d'Histoire et d'Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, Senlis, 1983-1985, p. XXVII-XXX
- Thierry Crepin-Leblond, « Le palais épiscopal de Senlis au Moyen Âge : Étude historique et monumentale », dans Société d'Histoire et d'Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, Senlis, 1990-1994, p. 197-218
- Claude Finon, « Histoire des musées de Senlis », dans Société d'Histoire et d'Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, Senlis, 2000-2001, p. 89-113
- Bénédicte Ottinger, Passé et futur des musées de Senlis, dans : Patrimoine et cadre de vie, les Cahiers de la ligue urbaine et rurale, n° 183 (2e trimestre 2009), juin 2009, p. 34-41.
- Eugène Müller (chanoine), Essai d'une monographie des rues, places et monuments de Senlis, 2e partie, Imprimerie & lithographie Ernest Payen, Senlis 1879, 198 p., p. 302-315 ; Lire en ligne.
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Palais épiscopal - Musée d’art et d’archéologie - Le chantier de rénovation sur Musée d'Art et d'Archéologie. Consulté le 25 janvier 2011
- Notice no M0809, sur la base Muséofile, ministère de la Culture
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