- Jean-François du Cheyron du Pavillon
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Jean-François du Cheyron Seigneur du Pavillon Jean-François du Cheyron, chevalier du PavillonSurnom Chevalier du Pavillon Naissance 29 septembre 1730
à PérigueuxDécès 14 avril 1782 (à 51 ans)
à la bataille des Saintes
Mort au combatOrigine Royaume de France Allégeance Royaume de France Arme Marine royale française Grade Capitaine de vaisseau
Major général de la flotte françaiseAnnées de service 1745 - 1782 Conflits Guerre de Sept Ans
Guerre d'indépendance des États-UnisDistinctions Chevalier de Saint-Louis modifier Jean-François du Cheyron, seigneur du Pavillon, dit le « chevalier du Pavillon[1] », né à Périgueux le 29 septembre 1730[2] et décédé le 14 avril 1782 des suites de ses blessures reçues à la bataille des Saintes deux jours plus tôt, est un officier de marine et tacticien naval français du XVIIIe siècle. Il est l'auteur, en 1778, d'un traité de tactique navale et divers ouvrages sur les signaux de jour, de nuit et de brume, qui seront utilisés par la Marine royale pendant la guerre d'indépendance des États-Unis.
Héros de la guerre d'indépendance des États-Unis[3]. Il est considéré comme l'un des principaux inventeurs des communications navales avant l'invention de la radio[4]. Commandant le bataille des Saintes d'un coup de canon[4].
Sommaire
Biographie
Origines et jeunesse
Jean-François du Cheyron du Pavillon naît dans une famille de la noblesse périgourdine. Il est le fils de Jean-Jacques Joseph du Cheyron, seigneur du Pavillon (1694-1769) et de Marguerite de Feletz (v.1699-1774). Le couple se marie le 4 mars 1720, et a quinze enfants (six garçons et neuf filles), dont huit mourront en bas âge. Septième enfant de la fratrie, il est à sa naissance que le quatrième enfant survivant. Viennent avant lui, son frère ainé, Joseph-Pascal (1723-1758) sera capitaine au régiment de Guyenne, il est tué au Fort du Carillon en Nouvelle-France; sa sœur Louis (1725-1805) épouse Jean-Baptiste Jaujay, seigneur de Boiras; son frère Raymond (1727-1791) sera capitaine au régiment de Picardie, il devient seigneur du Pavillon à la mort de son père en 1769. Viennent après lui, Marie (1732-1817); Joseph (1734-1790), seigneur de la Dulgarie, lieutenant au régiment de Normandie; et enfin Joseph (1740-1823) dit « l'abbé du Pavillon » pour le différencier du précédent, vicaire général du diocèse de Périgueux.
Après de bonnes études à Bordeaux, il entre dès l'âge de 15 ans, il est sous-lieutenant au régiment de Normandie-Infanterie puis est nommé rapidement au grade de lieutenant[2]. Malgré ses bons débuts dans l'armée de terre, il rêve de voyages et d'aventures, et sacrifie son grade pour entrer dans la Marine royale au simple grade de garde de la Marine début 1748. Reçu le 8 mai 1748 au concours du port de Rochefort[2], il est promu sous-lieutenant en 1749.
Carrière dans la Marine royale
Guerre de Sept Ans
Article détaillé : Guerre de Sept Ans.Il fait campagne au large des côtes de Nouvelle-France (actuel Canada) sur la frégate La Diane en 1750 et sur le Parham à Louisbourg, sur l'île Royale, en 1753. Le 23 mai 1754, il est promu enseigne de vaisseau. L'année suivante, il passe de Rochefort à Brest ou il embarque sur L'Inflexible dans les escadres de Mac Nemara et de Duguay, puis sur Le Blanfort entre Cadix et Lisbonne. De 1756 à 1757, le chevalier du Pavillon embarque sur le vaisseau L'Eveillé dans l'escadre de Dubois de la Motte à Louisbourg, entre Saint-Domingue et le Canada.
Le 20 novembre 1759, il est lieutenant de vaisseau lorsqu'il prend part, sur L'Orient, à la bataille de Quiberon où sont commises plusieurs fautes qui l'affermissent dans son projet de régénérer la tactique navale[5].
En 1760, à bord du vaisseau L'Intrépide il fait campagne à Saint-Domingue. Le 15 mai 1762, il est promu au grade de lieutenant de vaisseau. Le 1er octobre 1766, il est nommé chef de brigade dans la compagnie d'élite des gardes de la marine de Rochefort, et est promu par le roi de France, chevalier de Saint-Louis en 1771.
Guerre d'indépendance américaine
Article détaillé : Guerre d'indépendance des États-Unis.Il reçoit le brevet de capitaine de vaisseau en 1777. C'est dans cette période qu'il met au point un système de signaux qui va révolutionner la marine royale française. Les premières expériences sont faites, en 1775, sur les vaisseaux de l'escadre du comte de Guichen, puis, en 1776, sur l'escadre d'évolution du comte du Chaffault, enfin, en 1778, par l'armée navale du comte d'Orvilliers.
Ces essais se révéleront concluants, notamment pendant la bataille d'Ouessant le 27 juillet 1778, qui sera une grande victoire pour la flotte française, il est à bord du vaisseau amiral La Bretagne, 110 canons, comme major-général de la flotte, sous les ordres du comte d'Orvilliers.
En 1780, il prend le commandement d'un vaisseau de 74 canons Le Guerrier; l'année suivante Le Triomphant, 80 canons, où il est engagé comme Major-Général de la flotte du marquis de Vaudreuil.
Au cours de la bataille des Saintes sous la Dominique, le 12 avril 1782, il est grièvement blessé par un boulet de mitraille qu'il reçoit à la tête au début du terrible combat. Les Anglais supérieurs en nombre, forts de 35 vaisseaux contre 26 font subir aux français une retentissante défaite.
Le Chevalier du Pavillon meurt le 14 avril à 15 heures et son corps est immergé au sud de l'île Sainte-Croix.
Travaux
C'est lors de la bataille des Cardinaux (1759) que le chevalier du Pavillon prend conscience de la nécessité de réformer les usages en cours dans la Marine royale. Il profite de sa nomination à la tête d'une compagnie de garde-marine au port de Rochefort quelques années plus tard pour faire paraître ses « Signaux de nuit et pour le temps de brume » qu'il modifiera plus tard, en collaboration avec Verdun de la Crenne, dans l'ouvrage intitulé : « Mémoire sur la tactique navale »[3]. Malgré les travaux de Paul Hoste et de Tourville, ce mode de communication en était encore à ses débuts, attendu que les signaux ne se faisaient encore qu'avec un seul signe qu'on variait autant que possible, en leur donnant un sens différent, selon les mâts auxquels ils étaient arborés. Morogues avait songé à les perfectionner, mais il avait à peine entrevu et indiqué le système que fait prévaloir Pavillon[3].
En 1778, le chevalier du Pavillon publie un ouvrage intitulé Tactique navale dans lequel il met au point un nouveau mode de communication entre les différents navires de la flotte française. Ce mode de communication est brièvement décrit par Amédée Gréhan dans La France maritime :
- « La méthode la plus féconde est due à M. le chevalier de Pavillon, capitaine de vaisseau, qui a donné son nom au drapeau maritime par l'emploi qu'il en a fait dans la langue des signaux[6]. Elle est remarquable par sa simplicité et le grand nombre de combinaisons qu'elle représente, et qui peut être encore facilement et singulièrement augmenté. En n'employant que trois pavillons pour chaque signal, un supérieur pour l'unité, un intermédiaire pour les dizaines, et un inférieur pour les centaines, treize pavillons suffisent pour donner neuf cent quatre-vingt-dix-neuf combinaisons.
- Si à chacune on attache une phrase, une idée, une signification quelconque, on a un langage fort étendu[7]. »
Rossel, dans la Biographie universelle de Louis-Gabriel Michaud, décrit avec plus de précision les modalités de ce nouveau mode de communication entre navires.
Description des travaux du chevalier du Pavillon dans la Biographie universelle de Louis-Gabriel Michaud[8]- « Les améliorations qu'il introduisit dans les signaux tant de jour que de nuit lui ont acquis des droits incontestables à la célébrité; il a opéré une véritable révolution dans cette branche de l'art naval ; mais pour apprécier le grand service qu'il a rendu, il est indispensable de faire connaître l'état dans lequel il avait trouvé l'ancien système de signaux et les avantages de ceux qu'il nous a procurés, lesquels diffèrent bien peu des signaux dont on fait actuellement usage dans la marine de France. Les anciens signaux ne se faisant qu'avec un seul signe, comme un pavillon, un guidon ou une flamme, le nombre en était nécessairement très borné, et ne pouvait suffire à celui des ordres que l'on était obligé de transmettre. L'on avait tâché de remédier à cet inconvénient, en attribuant à un même signe autant de significations qu'il était possible de lui donner de places distinctes. Les trois mâts, et même le bâton d'enseigne, avaient fait monter le nombre de ces significations jusqu'à quatre. Il en résultait qu'après avoir perdu un mât, l'on ne pouvait plus faire qu'un certain nombre de signaux, et qu'après les avoir tous perdus, l'on était privé de tout moyen d'exprimer ses besoins. Un amiral, dans celte position, ne pouvait plus communiquer ses ordres. Ce système incomplet, qui semble tenir à l'enfance de l'art, s'est maintenu sans avoir subi de changements notables jusqu'à l'année 1778, que l'on se servit pour la première fois du système de signaux qui a fait tant d'honneur au chevalier du Pavillon. Ses premières tentatives datent de l'année 1773 : le nouveau système qu'il présenta offrait bien encore quelques imperfections, mais le pas le plus difficile était franchi, et le problème se trouvait en quelque sorte résolu. Cette solution tenait à une innovation qui, comme toutes les idées fécondes en grands résultats, est bien simple, et celle-ci le paraîtra plus qu'aucune autre, il imagina d'employer dans un seul signal deux pavillons placés à une petite distance au-dessus l'un de l'autre. D'abord il n'avait adopté que dix pavillons différents, et avait attribué à chacun d'eux la valeur d'un des chiffres de la numération : le pavillon le plus élevé représentait les dizaines, et celui qui était au-dessous les unités, de sorte que l'on pouvait signaler ainsi quatre-vingt-dix-neuf articles. Malheureusement il n'avait pas encore dû se détacher des anciennes idées, et en voulant donner à son nouveau système une étendue presque indéfinie, il avait employé d'autres signes avec des places fixes pour augmenter successivement les quatre-vingt-dix-neuf premiers numéros d'une ou plusieurs centaines. Cet alliage des anciens usages avec les changements qu'il voulait introduire fit perdre à son système ses principaux avantages : aussi ne tarda-t-il pas à s'en affranchir. Ce premier système, qui réellement ne doit être considéré que comme un essai, repose cependant sur les principes fondamentaux d'où dérivent les deux seuls systèmes de signaux entre lesquels les nations maritimes se trouvent actuellement partagées d'opinion. Le plus léger changement tait dans les signaux de 1773 menait tout naturellement à l'un ou à l'autre. En effet, si l'on avait représenté les centaines par un troisième pavillon placé au-dessus dès deux autres, on arrivait au système de la numération adoptée par les Anglais, tandis qu'en augmentant le nombre des pavillons l'on pouvait signaler un plus grand nombre d'articles, et l'on parvenait ou système français. C'est ce dernier parti que prit le chevalier du Pavillon : s'il perdait quelque chose du côté de la simplicité, il a obtenu des avantages qui nous ont fait préférer son dernier système à celui de la numération. Nous lui devons d'avoir également perfectionné avec autant de succès les signaux de nuit, et ce qui peut sembler assez étonnant, c'est que les améliorations qu'ils ont reçues dérivent immédiatement de celles des signaux de jour, quoique les signes employés dans les uns et dans les autres soient très-différents, de sorte qu'il existe entre eux une analogie complète. H s'agissait uniquement, comme l'a fait cet habile officier, de représenter les pavillons employés dans les signaux de jour par la réunion d un certain nombre de coups de canon tirés lentement et sans interruption, et de faire se succéder deux de ces réunions de coups que l'on appelle temps, pour tenir lieu de deux pavillons que l'on montre à la fois, avec l'attention cependant de séparer ces temps par des intervalles assez grands pour qu'il soit impossible de les confondre. Telles sont les idées principales auxquelles nous devons les meilleurs systèmes de signaux connus jusqu'à ce jour. Du Pavillon, après en avoir fait la première application, n'eut plus qu'à en soigner les détails. M. de Buor, son rival de gloire, sans jamais avoir cessé d'être son ami, a introduit, de concert avec lui, quelques améliorations dans nos signaux. Enfin celui-ci y a mis la dernière main; mais l'on n'oubliera jamais ce qui est dû au premier inventeur. »
Critiques
Les nouveautés introduites par cet officier ne manquent par de trouver de violents détracteurs. Son système est présenté au ministre de la Marine Antoine de Sartine, comme un système dangereux, et que le comte d'Estaing, lui-même, s'était laissé aller à dire, dans un mémoire, qu'il devait « entraîner la perte d'une armée[9] ». Ce ne fut pas sans peine que le succès de ce nouveau mode de communication finit par s'imposer malgré les jalousies et les convictions opposées.
Jugement de ses biographes
Rossel, dans la notice qu'il rédige dans la Biographie universelle de Louis-Gabriel Michaud, dit de lui :
- « À une grande élévation d'âme, le chevalier du Pavillon joignait une rare modestie et une modération extrême dans ses désirs. Il eut le bonheur peu commun de jouir en paix, pendant sa vie, de la réputation qu'il s'était acquise, et qui lui a été conservée après sa mort. Le seul ouvrage qui nous reste de lui est sa “Tactique navale”, qui comprend ses signaux : cet ouvrage n'était pas de nature à être répandu dans le public, et ne se trouve que dans les bibliothèques des officiers de la marine.[10] »
Un autre de ses biographes le décrit comme :
- « Ferme et humain, modeste et savant, calme et valeureux, il semble avoir réuni toutes les qualités qu'il s'attacha toujours à développer pour l'honneur et la gloire de la marine française![11] »
Armoiries
Blason Blasonnement Armoiries de la famille du Cheyron du Pavillon D’azur à trois rocs d’échiquier d’argent.
Notes et références
- Chevalier de Saint-Louis, en 1771. Ce surnom lui est donné à partir du moment où il est fait
- Michaud, p. 324
- Prosper Levot, p.392
- Morison p.398
- Prosper Levot, p. 391
- Cette affirmation est douteuse
- Amédée Gréhan, p. 56
- Michaud, p. 324-325
- Lettre du chevalier du Pavillon au ministre de la marine, du 18 janvier 1778, écrite à bord de la Bretagne
- Michaud, p. 325
- Société historique et archéologique du Périgord, p. 202
Sources et bibliographie
- Léon Guérin, Histoire maritime de France, Volume 2 sur Google Livres, p. 414 et suiv.
- « Jean-François du Cheyron du Pavillon », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition], volume 32, p. 324-325.
- Prosper Levot & Alfred Doneaud, Les Gloires Maritimes de la France sur Google Livres, p. 391-392.
- Amédée Gréhan, La France maritime, volume 1 sur Google Livres, 1837, p. 56.
- Société historique et archéologique du Périgord, Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, Volumes 33 à 34, 1906.
- Thomas du Cheyron du Pavillon, Un maitre de la tactique navale au XVIII° siècle : le Chevalier du Pavillon (1730-1782), Guénégaud, 2010, ISBN 9782850231445.
- (en) Samuel Eliot Morison, John Paul Jones: a sailor's biography US Naval Institute Press.
Voir aussi
Liens internes
- Transmission des ordres dans la marine à voile
- Code international des signaux maritimes
- Histoire de la marine française
Liens externes
- Biographie de Du Cheyron du Pavillon
- Signaux de la marine royale
- Portrait sur le site du Ministère de la Culture
- Généalogie du Chevalier du Pavillon sur geneanet.org
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