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Bataille du Mans (1793)
Pour les articles homonymes, voir Bataille du Mans.La bataille du Mans est une bataille de la guerre de Vendée. Elle vit la déroute des forces vendéennes par les troupes républicaines lors de la Virée de Galerne.
Sommaire
Prélude
Article détaillé : Virée de Galerne.Victorieuse à La Flèche après avoir échoué à Angers à franchir la Loire, l'armée vendéenne, désemparée et toujours harcelée par la cavalerie républicaine, poursuivit sa marche en direction du Mans. Ses effectifs étaient considérablement réduits : l'armée catholique et royale, forte de moins de 20 000 hommes traînait toujours avec elle des milliers de blessés, de femmes et d'enfants. Sur les 80 000 personnes du début de la virée de Galerne, les Vendéens n'étaient plus que 40 000. Souffrants de la famine et du froid, ravagés par une épidémie de dysenterie à caractère gangréneux, du typhus et la fièvre putride, ils cherchaient essentiellement à se procurer des vivres.
Après avoir dispersé 4 000 républicains en une demi-heure à Pontlieu, les Vendéens, démoralisés et ayant perdu une bonne part de leur armement, s'emparèrent cependant du Mans le 10 décembre, à 4 heures de l'après-midi. Ils se répandirent ensuite dans la ville et parvinrent à trouver tout le ravitaillement nécessaire, vivres et vêtements. Cependant le moral restait bas, la maladie continuait de faire des ravages et les soldats, n'obéissant plus à leurs chefs, ne cherchèrent même pas à mettre la ville en état de défense, alors que l'armée républicaine, réorganisée depuis la déroute de Dol, marchait en force sur la ville.
La bataille
Le 12 décembre, au petit matin, l'avant-garde républicaine commandée par Westermann et Muller fit son apparition devant Le Mans. Henri de La Rochejaquelein, secondé par Talmont, rassembla alors 3 000 hommes, essentiellement des chouans, et se porta à la rencontre des Républicains. Il réussit à leur tendre une embuscade dans un bois situé près de la ville. Les cavaliers de Westermann, surpris, durent battre en retraite tandis que la division Muller paniqua dès que furent tirés les premiers coups de fusils. Les républicains étaient sur le point d'être écrasés lorsque la division du général Jacques Delaistre de Tilly, de l'Armée des côtes de Cherbourg arriva en renfort sur le champ de bataille. Les Vendéens paniquèrent à leur tour, ils prirent la fuite et se refugièrent à l'intérieur du Mans. La Rochejaquelein tenta alors de rassembler ses hommes, mais ses forces étaient dispersées, la plupart des Vendéens ne s'étaient même pas rendu compte que les Républicains étaient si près, certains soldats étaient encore ivres.
Peu de temps après le général en chef des républicains François-Séverin Marceau-Desgraviers, arriva à son tour sur les lieux de la bataille et fit rassembler toutes ses troupes à Cérans-Foulletourte. Il était suivi de Kléber et des troupes de l'armée de Mayence dont l'arrivée était prévu d'ici les prochaines heures. Marceau voulait attendre l'arrivée de ces troupes avant de passer à l'attaque décisive mais Westermann ne voulut rien entendre et lança ses troupes à l'assaut, Marceau dut suivre.
L'armée républicaine entra dans Le Mans à la tombée de la nuit, emportant d'assaut toutes les barricades qu'ils rencontrèrent. Les Vendéens étaient totalement désorganisés, le chaos régnait dans la ville où pendant toute la nuit des combat de rue acharnés furent livrés.
Toussaint du Breil de Pontbriand écrivit dans ses mémoires d'après des témoignages recueillis:
« Rien ne peut égaler la confusion et le désordre qui régnaient dans la ville, les rues étaient remplies de canons, caissons, voitures, équipages de tout espèce, qui encombraient l'armée. Une multitude de femmes et d'enfants cherchaient leurs parents et interrogeaient des gens qui ne leur répondaient qu'en les interrogeant eux-mêmes. On ne pouvait même réussir à se faire indiquer la route de Laval. Les hommes, les chevaux morts, remplissaient les rues, et on ne marchait que sur des cadavres, les cris des blessés, placés sur des voitures ou dans les maisons, comblaient la mesure de cette scène d'horreur[1]. »La Rochejaquelein, constatant que tout était perdu, ne songeait désormais plus qu'à protéger la retraite des survivant en direction de la route de Laval, la seule libre, en passant par la porte Dorée et le pont sur la Sarthe. Les Vendéens déployèrent 14 canons à la sortie de la ville, ils parvinrent à couvrir la retraite des fuyards et tenir les Républicains en respect.
Cependant des milliers de Vendéens, non-combattants pour la plupart, étaient encore bloqués à l'intérieur de la ville retranchés dans des maisons. Des groupes de soldats vendéens formaient encore des îlots de résistance éparpillés dans la ville. Ceux-ci offrirent une longue résistance et parvinrent à tenir jusqu'au point du jour. Cependant ils finirent par être tous détruits par l'artillerie républicaine du général François Carpentier, les canons ouvrirent le feu sur les bâtiments d'où partaient des tirs et écrasèrent les Vendéens sous les décombres.
La bataille tourna ensuite au massacre ; les blessés, les femmes et les enfants qui s'étaient réfugiés dans les maisons en furent délogés et massacrés par les soldats républicains. Marceau tenta de sauver des prisonniers, mais ils ne parvint à retenir leurs hommes. À ce moment Kléber arriva en renfort avec ses troupes, mais la bataille était finie, il tenta lui aussi de s'opposer au massacre mais en vain, dans ses mémoires il écrivit:
« On ne saurait se figurer l'horrible carnage qui se fit ce jour-là, sans parler du grand nombre de prisonniers de tout sexe, de tout âge et de tout état qui tombèrent en notre pouvoir[2]. »Certains vendéens ayant réussis à sortir de la cité furent reconduit dans celle-ci et livrés à la vindicte pendant que d'autres furent protégés par l'intervention de quelques protecteurs comme la propre mère du général François Roch Ledru des Essarts.
De son côté, Westermann rassembla ses hussards et, suivi des régiments d'Armagnac et d'Aunis, il se lança à la poursuite des Vendéens. Tous les traînards que cette troupe rencontra furent massacrés, cependant le gros de l'armée vendéenne, réduit cependant de moitié, parvint à gagner Laval le 14 décembre. Les cavaliers républicains, n'osant pénétrer dans les faubourgs, firent demi-tour.
2 000 à 5 000 Vendéens, combattants et non-combattants périrent dans Le Mans, les pertes républicaines ne furent, d'après le rapport des représentants en mission au Comité de Salut Public, que de 30 morts et d'environ 100 blessés.
Si l'on ajoute aux victimes vendéennes de la bataille du Mans les combattants et non combattants tués dans les affrontements au sud du Mans et jusqu'à mi chemin entre Le Mans et Laval, il semblerait que le bilan s'établisse à environ 15 000 morts.
Sources
- André Lévy, Les batailles du Mans. Le drame vendéen, éditions Bordessoules, 1993.
- Jean Tabeur, Paris contre la Province, les guerres de l'Ouest, éditions Economica, 2008, p.172-173.
- Yves Gras, La Guerre de Vendée, éditions Economica, 1994, p.112-114.
Notes
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