Commanderie des Costes du Rhône

Commanderie des Costes du Rhône
Bannière de la Commanderie des Costes du Rhône

La commanderie des Costes du Rhône est une confrérie vineuse, fondée en 1973, à Suze-la-Rousse. Elle regroupe quatorze communes vigneronnes du Nord Vaucluse et de la Drôme provençale, dont six produisant des côtes-du-rhône villages : Cairanne (AOC), Rochegude (AOC), Rousset-les-vignes (AOC), Saint-maurice-sur-eygues (AOC), Saint-pantaléon-les-vignes (AOC) et Vinsobres (AOC). Elle se veut l'héritière de quatre « vénérables et antiques confréries de Saint-Vincent », fondée au XVIIe siècle à Sainte-Cécile, Tulette, Vaison et Villedieu. Son activité nationale et internationale en faveur de la renommée des côtes-du-rhône, lui a permis de fonder des baronnies en Allemagne, Belgique, Suisse, Canada et aux États-Unis. Chaque année, la Commanderie organise un Goutillonage, au cours duquel un jury de dégustateurs professionnels sélectionne et labellise les meilleurs vins qui lui sont proposés.

Sommaire

Historique

La Commanderie se veut fille de quatre confréries Saint-Vincent qui avaient été fondées dans le courant du XVIIe siècle[1]. Pourtant ni leur rôle ni leur but n'étaient la glorification de leur métier et de leur production. Comme toutes confrérie à caractère religieux, ces confréries mères étaient le reflet du rigorisme, de la naïveté et de la pruderie de leur époque[2]. Elles forçaient leurs adhérents à la « charité et à autres choses pieuses autorisées »[3], devaient exclure de ses rangs ceux qui « auront juré Dieu, blasphémé, ou dit des malédictions contre leur femme et leurs enfants »[4] et dénoncer au Bayle de leur confrérie « ceux qui auront dit des paroles deshonnêtes devant des femmes ou des filles ou qui seront devenus publiquement scandaleux » [5]

Confrérie Saint-Vincent de Sainte-Cécile

La Confrérie Saint-Vincent des vignerons et des jardiniers fut fondée en 1643. Deux décennies plus tard, en 1664, elle obtint d'Alexandre Fabri, évêque d'Orange, un certain nombre de libertés dont celle de pouvoir quêter dans l'église paroissiale lorsque le mois aurait cinq dimanches. Ses membres purent aussi faire procession lors de la fête de leur saint patron, le 22 janvier. Cette confrérie fut supprimée, au cours de la Révolution après l'adoption de la Loi Le Chapelier, interdisant les corporations[6].

Confrérie Saint-Vincent de Tulette

Dans le besoin de se regrouper, le premier acte des vignerons fut de demander, en 1640, à Joseph Marie de Suarès, évêque de Vaison, le droit « d'établir un autel à l'élise paroissiale sous le titre de saint Vincent, avec indulgence de 40 jours à toutes les fêtes du saint »[2].

La confrérie se constitua le 25 juin 1646, avec la bénédiction de Joseph Marie de Suarès, elle était dirigée par un Bayle, qui avait sous ses ordres un trésorier quêteur collecteur et un sacristain. À ses côtés, était placé un Protecteur, choisi lors des élections annuelles des officiers de la confrérie, ce notable jouant un rôle de contre-pouvoir et de conseiller. Dans les statuts, il était fait obligation à tous les confrères de communier lors des fêtes carillonées et à celle de saint Vincent. De plus, ils devaient s'abstenir de « badinage, danse, dissolution et débauche »[2]. La confrérie vivait de « ses cotisations, es sommes perçues aux élections, des amandes, quêtes et dons ». Sa première bannière fut réalisée en 1658 et huit ans plus tard elle fut ornée d'une croix. En 1703, son Bayle commanda un tableau représentant saint Vincent entouré de saint Just et de saint Fiacre. Sa dernière réunion eut lieu en 1790[5].

Confrérie Saint-Vincent de Vaison

Dans la cathédrale de la ville haute, en 1645, fut fondée une « dévote confrérie sous le titre de Monseigneur Vincent ». Pour en faire partie, il était exigé d'être « bon catholique et croyant ». La confrérie avait à sa tête un prieur, choirmi les membres du clergé, et un Bayle qui ne pouvait refuser sa charge et se devait, pendant l'année de sa cherge, de faire respecter et observer les statuts et en particulier de « prier Dieu pour l'augmentation de la foi catholique ». On sait aussi que la fonction de Prieur fut assumée, en 1686, par le capistol, doyen du chapitre de la cathédrale, en 1696, par l'archidiacre et, en 1709, par le sacristain. Comme les confrères n'avaient pas de chapelle spécialement dédiée à leur saint patron, ils avaient élu domicile dans celle de l'Ange gardien. Leur objectif, comme il est inscrit en exergue sur une page de garde de leur livre de compte, se résumait en cette maxime « Si nous vouons être de véritables confrères de saint Vincent, il faut que nous imitions sa vie »[7].

Tableau des adhérents à la dévôte confrérie
Année 1645 1691 1710 1751 1789 1791
Nombre de
membres
180 87 82 101 75 41

Confrérie Saint-Vincent de Villedieu

Fondée en 1676, cette confrérie était dirigée par des recteurs dont un Bayle, deux auditeurs de comptes et deux maîtres de cérémonie. Leur renouvellement se faisait chaque année, le 22 janvier, date de la saint Vincent, après une messe. Les anciens recteurs remettaient aux nouveaux élus la cassette contenant l'argent de la confrérie, la caisse en sapin où étaient entreposés les cierges ainsi que le bassin, plateau de cuivre qui servait aux quêtes. Par ses livres de comptes, dont celui de 1712, il appert que la confrérie tirait d'importants bénéfices grâce à son jeu de quilles. Ses revenus furent toujours assez importants puisque elle put financer la venue de violonneux pour la fête du saint en 1689 ou faire complètement réaménager sa chapelle en 1736. Son ultime réunion fut celle du 22 janvier 1793. La confrérie Saint-Vincent de Villedieu semble donc être l'une des dernières à s'être réunies dans le Comtat Venaissin sinon en Provence en cet an II de la République. Les idées républicaines avaient germées dans les têtes des confrères puisque l'ancien Bayle est dénommé le citoyen Perrin et le nouveau le citoyen Veivier, tandis que le terme de confrérie laisse place à celui d'œuvre[8].

Renaissance

Le château de Suze-la-Rousse, siège de la Commanderie

L'idée de relancer une confrérie commune à tous les vignerons des terroirs viticoles du Nord Vaucluse et de la Drôme provençale fut formalisée par leurs représentants le 5 février 1973. Il fut décidé de convoquer un assemblée générale constitutive le 11 mai 1973. Le petit noyau initial ne tarda pas à s'étoffer et adhérèrent, au niveau de leurs différents syndicats, les vignerons de Bouchet, Nyons, Rochegude, Rousset-les-Vignes, Saint-Maurice-sur-Eygues, Sainte-Cécile-les-Vignes, Villedieu, Saint-Pantaléon-les-Vignes, Buisson, Suze-la-Rousse, Tulette, Vaison-la-Romaine, Vinsobres et Cairanne. Pour ce faire, le syndicat des vignerons de cette AOC décida de mettre en sommeil sa propre confrérie, Li Coumpagoun de la Souco[1].

Article détaillé : Cellier des Dauphins.

Composition et fonctionnement

La Confrérie prit dès lors le nom de Commanderis des Costes du Rhône et choisit comme lieu de résidence le château de Suze-la-Rousse où siégeait déjà l'Université du vin. Elle était composée de membres à vie, les Commandeurs du Grand Conseil et d'un conseil d'administration qui nommait en ses membres un Grand Maître, un Chancelier, un Hérault, un Grand Argentier et un Vinothécaire. La Commanderie devait convoquer deux assemblées annuelles. La première au printemps aux environs de 11 mai, la seconde était dite des vendanges et devait se réunir dans la première quinzaine de novembre. D'autres chapitres extraordinaires pouvaient être convoqués en fonction des besoins ou nécessité[1]. Le premier Grand Maître fut Max Aubert, il a été remplacé par Patrick Galant, qui exerce toujours ces fonctions[9].

Tenue d'apparat

Défilé de la Commanderie des Costes du Rhône

Les membres de la Commanderie portent une ample tunique rouge aux manches bordées d'or, recouverte en partie dun manteau blanc sans manche à liseré d'or. Ils sont coiffés d'une toque rouge et noire à la Valois. Seuls les commandeurs du Grand Conseil portent en sautoir une médaille d'or. Leur bannière rouge, frangée d'or, est blasonnée en son centre des armes écartelées des différentes communes fondatrices. Elle porte, brodées en lettre d'or, « Commanderie des Costes du Rhône » et, dans une flamme bleue sous le blason, est inscrite la devise d'intronisation « Par Bacchus et par saint Vincent »[1].

Intronisation

La Commanderie a vocation d'introniser en son sein des impétrants qu'elle désire honorer. Au cours d'une cérémonie, elle leur remet, en gage de reconnaissance, un parchemin enluminé marqué à ses armes et au nom du récipiandaire[1]. Après que le grand ^Maïtre ait appelé sur eux, la bénédiction de Bacchus et saint Vincent, elle a ainsi reçu Michel Beaune, Luc Besson, Jean-Claude Bourret, Michel Hidalgo, Guy Ligier, Francis Lopez, Charly Mottet, Henri Pescarolo[10].

Baronnies à l'étranger

Au cours des quatre décennies, la Commanderie a créé neuf baronnies, dans le Palatinat, à Montréal, à Québec, à Drummondville[10], à Liège, à Gand, à Montreux, à Philadelphie et à New York. Sur place, un Consul représente le Grand Maîte[9]

Goutillonage

Créé en 1988, à l'initiative des membres de la Commanderie et de Pierre Charnay, inspecteur régional de l'INAO, le Goutillonage est un label de qualité accordé par un jury de dégustateurs professionnels à des côtes-du-rhônes[11] jugés d'être les plus dignes de représenter l'appellation. Ce certificat de qualité est une garantie de la haute qualité des vins qui ont reçu cette reconnaissance. Depuis 2003, trois nouveaux habillages de la sélection distinguent les bouteilles des vins goutillonés[12].

Notes et références

  1. a, b, c, d et e Robert Bailly, op. cit., p. 82.
  2. a, b et c Robert Bailly, op. cit., p. 26.
  3. Robert Bailly, op. cit., p. 24.
  4. Robert Bailly, op. cit., pp. 26-27.
  5. a et b Robert Bailly, op. cit., p. 27.
  6. Robert Bailly, , op. cit., p. 25.
  7. Robert Bailly, op. cit., p. 29.
  8. Robert Bailly, op. cit., p. 35.
  9. a et b Commanderie des Costes du Rhône
  10. a et b Robert Bailly, op. cit., p. 84.
  11. Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
  12. Le Goutillonage

Bibliographie

  • Robert Bailly, Confréries vigneronnes et ordres bachiques en Provence, Édisud, Aix-en-Provence, 1988, (ISBN 2857443439)

Voir aussi

Article connexe

Lien externe


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