Siège d'Alger (1541)

Siège d'Alger (1541)
Siège d'Alger par l'Empereur Charles Quint en octobre 1541 .
Siege of Algiers 1541.jpg
Panneau représentant la bataille.
Informations générales
Date 19 octobre au 2 novembre 1541
Lieu Portes D'Alger et les plaines.
Issue Victoire décisive Ottomane.
Belligérants
Empire ottoman Empire ottoman Flag of New Spain.svg Monarchie hispanique

Emblem of the Papacy SE.svg États pontificaux

Flag of the Sovereign Military Order of Malta.svg Chevaliers de Malte

Savoie flag.svg Duché de Savoie

Flag of Genoa.svg République de Gênes

Bandiera del Regno di Sicilia 4.svg Royaume de Sicile

Flag of Most Serene Republic of Venice.svg République de Venise

Flag of the Kingdom of Naples.svg Royaume de Naples

Armoiries moderne Saint-Empire bicéphale.svg Saint Empire

Commandants
Red crown.png.Hasan Agha
Cheykh Said Cherif
• El H'adj Bacha
• El H'adj Mâmi
• Khidr (Amiral)
• Le Caïd Hassan
• Le Caïd Yousof
• Le Caïd Safer
• Le Caïd Ars'lan
• Ramdhan
• Haïder (Amiral)
• Kutchuk Ali (Amiral)
• El H'adj Bekir
• Ouali Dada
• sidi betka
• sidi bou guedour ...
Red crown.png.Charles Quint
Hernán Cortés
• le duc d'Albe
• les princes Colonna
• Virginius Urbin d’Anguillara
• Ferdinand de Cordoue
Red crown.png.Mohammed de Koukou
• Ferdinand de Gonzague
• Le comte d'Alcaudète
• Bernardin de Mendoza
Octave Farnèse
Villegagnon
Andréa Doria
• Ponce de Balaguer †.
Forces en présence
5000 Algéro-Maures
600 cavaliers Kabyles
80 canons
1500 Janissaires
2000 citoyens
1000 Pirate
25700 Fantassins
1 500 cavaliers
200 Canons lourds de siège
516 bateaux Guerre\Transports
12 300 matelots
8000 Renforts Arabe
Pertes
200 morts. 140 navires
10 000 soldats
2000 Prisonniers
Guerres entre les Ottomans et les Habsbourg
Batailles
Bataille de Prévéza - Siège de Malte - Bataille de Lépante - Siège de Famagouste - Bataille de Djerba - Siège de Castelnuovo - Bataille de Lépante

L'expédition de Charles Quint contre Alger les 21-25 octobre 1541 est un échec. Un corps expéditionnaire de 23 900 hommes et 516 navires réussit à débarquer[1], mais la tempête disperse les navires, entraîne des pertes en vivres et en munitions. L'empereur doit rembarquer sans pouvoir prendre la ville.

L'expédition est organisée par l'empereur pour s'assurer le contrôle de la Méditerranée occidentale. À cette rivalité stratégique, s'ajoute en arrière-plan la rivalité religieuse traditionnelle entre chrétienté et islam.

Sommaire

Préparatifs

L'empire européen de Charles Quint : Castille, Aragon, Bourgogne et Autriche.

Le 12 juillet 1541, à la diète de Ratisbonne, l'empereur apprend que les Turcs viennent de débarquer sur les côtes d'Italie et décide de s'y rendre, confiant à son frère Maximilien II la surveillance de la frontière de Hongrie ; parti le 29 juillet, il rencontre le pape Paul III à Lucques les 10 et 11 septembre et l'informe de son intention de partir immédiatement contre Alger, malgré l'état avancé de la saison. Passant par la Corse, la Sardaigne et Majorque, il rassemble ses forces, réunissant les flottes de Gênes, de Naples, de Malte, qui transportent les troupes venues d'Espagne et des Pays-Bas[2]. La flotte, composée de plus de 65 galères et de 451 navires de transport, montés par 12 330 matelots, est commandée par Andrea Doria[2] ; le Duc d'Albe dirige les troupes de débarquement, 22 000 hommes dont 6 000 Allemands, 6 000 Espagnols et Siciliens, et 5 000 Italiens, 3 000 volontaires, 1 500 cavaliers, 200 gardes de la maison de l'empereur, 150 officiers nobles, et 150 chevaliers de Malte[3] qui doivent être renforcés par 2000 hommes du Zouaoua, hostiles aux Turcs d'Alger[4].

Le mardi 18 octobre 1541, la flotte quitte Majorque, ralliée par les galères de l'ordre de Malte. La côte des Barbaresques est en vue le 20 octobre ; les Algérois, ayant aperçu la flotte, se préparent à la défense[2]. Le beylerbey Hasan Agha, qui commande la ville, en l'absence de Barberousse, réunit les notables pour les exhorter à la résistance au nom de l'islam, en attendant l'intervention de la flotte ottomane[5]. La population est armée. Six cent soldats turcs et 2000 citoyens de la ville font une sortie en laissant le reste de la garnison ottomane à Alger et se rendent durant la nuit au-devant du lieu probable de débarquement[6].

Débarquement

Plan d'Alger au XVIe siècle

Une première tentative de débarquement se fait près d'Alger, mais le vent s'étant levé, il faut reprendre le large et faire un autre essai vers l'ouest, à seize milles de la ville, d'après le conseil et le commandement de l'amiral Doria, au cap de Metafuz, près de l'actuel Sidi-Ferruch[2]. Le dimanche 23 octobre 1541, la mer étant devenue calme, le débarquement commence entre l'embouchure de l'Oued El Harrach et la ville, sur la plage du Hamma. L'infanterie et la cavalerie impériale, ayant seulement leurs armes, sont descendues dans des canots protégés par l'artillerie des galères et de plusieurs gros navires. La troupe prend terre dans un lieu marécageux, ayant de l'eau jusqu'aux genoux. L’empereur est à cheval parmi la troupe débarquée, qui repousse la cavalerie algéroise, qui est accourue sur le rivage. Le débarquement entier se fait sans autre opposition, mais le gros temps empêche de débarquer l'artillerie de siège.

La défense de la ville est assurée par de 800[3] à moins de 1 500[7] janissaires et 6 000 morisques réfugiés récemment amenés d'Espagne plus les raïs et les gens de la ville.

Le lendemain, l'armée arrive à un mille à l'ouest d'Alger. L’empereur établit son camp dans des vignes du lieu-dit du marabout de Sidi Yacoub. Les Espagnols, les Belges, les Siciliens et les chevaliers de Malte investissent des hauteurs qui couronnent la place, tandis que d'autres Italiens s'établissent sur le rivage, et que les Allemands forment un corps de réserve. Une tempête se lève, une pluie froide tombe par torrents successivement dans la journée. La tempête continue le 25 et le 26 : il faut résister à la fois aux éléments et aux attaques des Turcs et des Maures, qui sont cependant repoussés et poursuivis jusqu'aux portes de la ville. Malgré le mauvais temps, l'Empereur et ses gentilshommes restent à cheval, et conduisent les opérations. Le vice-roi de Sicile, avec les chevaliers de Malte, espère entrer dans la ville avec les fuyards ; mais Hasan Agha, commandant de la place, devine ce projet et fait fermer la porte, « sans égard au danger des siens »[8].

Retraite

La tempête continue, et onze navires, dont ceux qui portent l'artillerie lourde et les munitions sont perdus. Le 26 octobre , Les Turcs contre-attaquent et Charles Quint se retire par le rivage dans la direction de Bougie, alors occupée par les Espagnols. Le 1er novembre, l'empereur décide d'abandonner le siège ; mais avant de continuer sa retraite, il fait mettre cinq navires en croisière pour observer le port d'Alger. Hernán Cortés, le conquérant du Mexique, propose de continuer les opérations avec les troupes espagnoles et la moitié des Allemands et des Italiens, mais sa proposition est rejetée[2].

Le 4 novembre, l'armée arrive dans le port de Bougie. Les débris de la flotte rejoignent les troupes, qui embarquent vers Majorque, la Sardaigne et Valence ; une forte garnison reste à Bougie, dont les fortifications sont renforcées dans la crainte d'une attaque. L’empereur, conduit par l'amiral Doria, ne quitte Bougie que le 23 novembre[2].

Conséquences

Hasan Agha expédie une galiote pour porter la nouvelle de la victoire à la Sublime Porte. Khaïr-ed-din pacha, l’introduit dans le sérail du sultan qui lui donne une magnifique pelisse et un khattichérif qui l’établit gouverneur à Alger avec le titre de pacha. Après le désastre de Charles Quint, Alger devient le port le plus puissant de la rive Sud de la Méditerranée[9]. Suite à l’échec d’Alger, Francois Ier sollicite l’alliance de Soliman le Magnifique et des protestants allemands pour déclarer la guerre à l'empereur dès l’année suivante, après que ses envoyés à Constantinople aient été assassinés dans le Milanais[2].

En avril 1542, Hasan Agha entreprend de châtier le roi de Koukou qui a fourni 2000 hommes à Charles Quint. Il envoie un corps de 3000 Turcs armés de mousquets, 2000 cavaliers arabes, 2000 fantassins berbères et douze pièces d'artillerie, la plupart de petit calibre et montées sur affûts. Devant les armes à feu, le roi de Koukou donne une grosse somme d'argent et du bétail et promet de se soumettre dorénavant au tribut annuel, livrant son fils en otage[10].

Au mois de juillet 1542, une tentative des Algérois contre Bougie est repoussée. La ville sera finalement prise en 1555 par le beylerbey Salah Raïs. Mais alors qu'il s’apprête à délivrer Oran et Mers el-Kébir de l'emprise espagnole avec l'aide de la flotte du Sultan, ce dernier meurt de la peste en 1556[2].

Galerie d'images

Notes et références

  1. Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la province de Constantine, vol. 13, Alessi et Arnolet, 1869 [présentation en ligne] 
  2. a, b, c, d, e, f, g et h Edmond Marchal, Histoire politique du règne de l'empereur Charles-Quint avec un résumé des événements précurseurs depuis le mariage de Maximilien d'Autriche et de Marie de Bourgogne, Tarlier, 1856 [présentation en ligne] 
  3. a et b Léon Galibert, L'Algérie : ancienne et moderne depuis les premiers établissements des Carthaginois jusqu'à la prise de la Smalah d'Abd-el-Kader, Furne et cie, 1844 [présentation en ligne] 
  4. Louis Piesse, Itinéraire historique et descriptif de l'Algérie : comprenant le Tell et le Sahara, Hachette, 1862 [présentation en ligne] 
  5. Ce n’est pas la première fois qu’Alger a été assailli par les infidèles. À une époque où elle était à peine entourée de murailles, sous le gouvernement d’Aroudj-Reis, et sous celui de Khaïr-ed-din-Pacha, nous avons vu de nombreuses armées de chrétiens conjurer sa ruine ; eh bien, la main protectrice de Dieu, qui a su rendre leurs efforts inutiles, et qui les a forcés à retourner dans leur pays, couverts de honte et d’ignominie, cette main toute puissante viendra encore à notre secours. Non, l’Être suprême que nous adorons, ne permettra pas que les ennemis de sa loi humilient le peuple qu’il aime. Songez, ô habitants d’Alger, que vous vous êtes dévoués particulièrement à la guerre sainte, et que, pour mériter le titre de défenseurs de l’islam, il faut savoir mépriser cette vie passagère ; rappelez-vous qu’il faut être disposé à verser son sang pour le triomphe de la parole de Dieu, et que le nombre de vos ennemis ce doit pas vous épouvanter. Vous connaissez d’ailleurs ce passage de notre livre sacré où il est dit : « combien de fois une petite troupe n’a-t-elle pas vaincu une armée plus grande avec l’aide de Dieu ? ». Dieu, voyez-vous, n’abandonne jamais ceux qui sont constants dans le parti de la bonne cause ; que votre position est belle après tout ! Vous avez le choix entre deux avantages également désirables, la victoire ou le martyre. Nous sommes tous condamnés à mourir ; c'est là le terme de notre court pèlerinage. Le sort de celui qui meurt les armes à la main en défendant son pays et sa religion, est, à coup sûr, bien plus digne d’envie que le destin d’un homme qui voit la trame de sa vie détruite par une maladie longue ou aiguë. Le prophète, sur qui soit le salut de paix, nous a annoncé que le paradis est soutenu sur les fourreaux des sabres, et que les épées des martyrs de la foi, suspendues à l’entour du trône de la majesté divine, en feront le plus bel ornement. O mes frères ! quel bonheur nous attend ! Dieu nous a fait la grâce d’amener les infidèles sur nos terres, pour que nous ayons le mérite de les combattre. Heureux, mille fois heureux celui qui doit boire la coupe du martyre ! Animons-nous d’un saint zèle, unissons nos efforts ; nous avons su jusqu’à présent défendre notre ville contre toutes les entreprises de nos ennemis : soyons-en sûrs, il ne nous faudra pas vaincre plus de difficultés pour repousser aujourd’hui celui qui nous attaque. Ce sont les mêmes hommes, ce sont ceux que nous sommes accoutumés à vaincre; avec la protection du ciel qui veille sur nous, leurs noirs projets doivent échouer. Pour peu que chacun fasse son devoir, nous pouvons nous flatter de tenir longtemps ces infidèles en échec. Dans l’intervalle, quelque puissant secours nous arrivera de la part de notre glorieux sultan, et ce sera sans doute Khaïr-eddin pacha, qui sera chargé de nous l’amener. (Discours de Hasan Agha selon l'ouvrage cité de Paul Charles Alexandre Léonard Rang)
  6. Paul Charles Alexandre Léonard Rang, Ferdinand Denis, Fondation de la régence d'Alger : histoire des Barberousse, chronique arabe du XVIe siècle, publié sur un manuscrit de la Bibliothèque royale, avec un appendice et des notes. Expédition de Charles-Quint. Aperçu historique et statistique du port d'Alger, vol. 2, J. Angé, 1837 [présentation en ligne] 
  7. Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1830), Leroux, 1868  version en ligne
  8. attribué à Yves Vincent Boutin, Aperçu historique, statistique et topographique sur l'état d'Alger, à l'usage de l'armée expéditionnaire d'Afrique, 1830, p.28, Aper%C3%A7u+historique,+statistique+et+topographique+sur+l'%C3%A9tat+d'Alger,+%C3%A0+l'usage+de+l'arm%C3%A9e+exp%C3%A9ditionnaire+d'Afrique.langFR Lire en ligne
  9. Alexandre Rang, Histoire d'Aroudj et de Khaïr-ed-din, fondateurs de la régence d'Alger : chronique arabe du XVIe siècle, vol. 2, J. Angé et cie, 1837 [présentation en ligne] 
  10. Adrien Berbrugger, Les époques militaires de la grande Kabylie, Bastide, 1857 [présentation en ligne] 

Articles connexes

Bibliographie

  • Arsène Berteuil, L'Algérie française: histoire, mœurs, coutumes, industrie, agriculture, Paris, Dentu, 1856 [présentation en ligne] 

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