Îles Canaries

Îles Canaries

28°06′N 15°24′W / 28.1, -15.4

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Îles Canaries
(es) Islas Canarias

Drapeau
Blason
Pays Drapeau d'Espagne Espagne
Capitale Santa Cruz de Tenerife,
Las Palmas de Gran Canaria[1],[2]
Gentilé Français Canarien(ne)
Gentilé Espagnol canario/a
Statut d'autonomie 16 août 1982
Sièges au Parlement 15 députés
13 sénateurs
Président Paulino Rivero Baute (CC/PP)
ISO 3166-2:ES ES-CN
Population
Totale (2007) 2 025 951 hab.
Rang 8e rang
% de l'Espagne 4,48 %
Densité 272,0 hab./km2
Superficie
Totale 7 447 km2
Rang 13e rang
% de l'Espagne 1,5 %

Localisation

Accéder aux informations sur cette image nommée Mapa territorios España Canarias.svg.

Les îles Canaries (en espagnol Islas Canarias) sont une des dix-sept communautés autonomes espagnoles. Elles sont situées dans un archipel atlantique, à quelque 150 km au nord-ouest du Sahara occidental et à plus de 1 000 km du sud de l'Espagne. Ces îles sont reconnues par l'Union africaine comme territoire africain occupé par une puissance étrangère.[réf. nécessaire]

L'archipel fait partie de la Macaronésie, un ensemble géographique regroupant les îles volcaniques des Canaries, l'archipel de Madère incluant les îles Selvagens ("Sauvages"), l'archipel des Açores et les îles du Cap-Vert.

Il est divisé en deux provinces, définies comme régions ultrapériphériques par l'Union européenne : Las Palmas et Santa Cruz de Tenerife. Jusqu'en 1927, Santa Cruz de Ténérife est la seule capitale de l'archipel. Cette ville doit, à partir de cette année-là, partager cette fonction avec Las Palmas de Gran Canaria[3], laquelle est la ville la plus peuplée des îles Canaries depuis 1910.

Sommaire

Étymologie

Les îles Canaries tirent leur nom du latin Canariae Insulae (îles aux chiens), nom appliqué initialement à la seule Grande Canarie (Canaria Insula). Ce nom proviendrait des grands chiens sauvages (canes) que les premiers explorateurs ont découverts sur l'île[4], à moins que ce ne soit à cause des phoques, également désignés sous le nom de « chiens de mer ».

Dans certains de ses écrits, Pline l'Ancien décrivait, tout à l'ouest du monde, une île où vivaient des hommes-chiens ; les explorateurs, en découvrant les grands chiens sauvages de l'île, ont ainsi pu croire qu'il s'agissait de la même île, décrite aussi par Hérodote.

Géographie

L'archipel comprend :

Carte des îles Canaries.
Vue du Teide et « Los Roques » (Tenerife).
Paysage volcanique de Lanzarote.

Lanzarote, Fuerteventura et Grande Canarie forment la province de Las Palmas ; Tenerife, La Gomera, La Palma et El Hierro forment celle de Santa Cruz. Ces îles présentent des caractères géologiques et des configurations très différents :

  • Lanzarote a un relief fortement marqué par un volcanisme récent et encore actif ;
  • Fuerteventura est assez plate et surtout, très aride : elle est la plus proche du Sahara ;
  • Grande Canarie est une île de forme arrondie avec un relief montagneux marqué par des paysages remarquables ;
  • Tenerife est la plus grande île ; elle est dominée par un volcan actif situé en son centre, culminant à 3 718 mètres, le Teide, qui est le plus haut sommet d'Espagne ;
  • Gomera, proche de Tenerife, est une petite île au relief très morcelé, avec des vallées sans communications faciles entre elles, à tel point que ses habitants ont inventé un extraordinaire langage sifflé, le silbo, pour communiquer ;
  • La Palma est montagneuse, c'est la plus humide et la plus boisée des îles de l'archipel ;
  • El Hierro est la plus petite, la plus lointaine et la moins connue.

Les îles secondaires La Graciosa, Alegranza, Montaña Clara, Roque del Este et Roque del Oeste forment l'archipel de Chinijo.

La population est concentrée principalement dans les deux grandes îles de l'archipel : Tenerife et Grande Canarie.

Pendant l'été 2007, l'archipel connaît d'importants incendies : le 31 juillet 2007, 35 000 hectares ont déjà brûlé et 13 000 personnes sont évacuées[5].

Histoire

Durant l'Antiquité

Les sources gréco-romaines situent aux îles les limites du monde connu (l'« Écoumène »). L'imagination des classiques y place les Champs Élysées, le jardin des Hespérides et l'Atlantide de Platon. Les îles Canaries sont connues depuis l'Antiquité sous le nom d'« îles Fortunées » ou « îles des bienheureux ». Elles seront redécouvertes par les Européens au XIIe siècle.

Les îles Canaries étaient connues des Phéniciens et des Carthaginois. Cependant, dans les écrits phéniciens, pas un mot ne traite des aborigènes des îles Canaries, si ce n'est pour décrire les exactions perpétrées par les explorateurs sur les Guanches.

Époque préhispanique

Il est pour le moment impossible de déterminer avec certitude quand et par qui furent découverts les Canariens. Mais les Amazighes (Berbère) sont les premiers à habiter les îles selon les données historiques, linguistiques et archéologiques connues à nos jours.[réf. nécessaire] Certains disent les Portugais, d'autres encore[réf. nécessaire] par le Génois Lanzarote Malacello[6]. Les deux îles les plus occidentales apparaissent sur la Planisphère de Dulcert en 1339[7]. Il paraît qu'en 1335 débarquèrent à Lisbonne deux bateaux contenant quatre prisonniers guanches.[réf. nécessaire] Ces bateaux étaient affrétés par le roi du Portugal avec un équipage florentin, génois et espagnol. Ces bateaux auraient atteint les îles en juillet de l'année 1341 sous le commandement du Florentin Angiolino del Teggihia de Corbizzi, avec comme pilote le Génois Niccoloso da Recco. Ils y restèrent cinq mois et, à leur retour à Lisbonne, ils apportèrent tant de choses intéressantes que Boccace en personne prit sa plume pour écrire un portrait des Guanches en se fondant sur les données apportées par Recco. Selon ce que rapporte Boccace, les îles Canaries « sont des terres rocailleuses sans aucun type de cultures agricoles, mais riches en chèvres et autres animaux et remplies d'hommes et de femmes dénudés s'apparentant à des sauvages. Certains de ces hommes semblent avoir du pouvoir sur les autres et s'habillent de peaux de chèvres teintes à l'aide de safran et de colorants rouges. Ces peaux ont l'air fines et sont cousues avec soin grâce à des fils faits en tripes d'animaux. […] Leur langage est très doux, et leur façon de parler très vive et rapide rappelle l'italien ». Boccace posa le problème qui intrigue toujours ceux qui étudient les Guanches, c'est-à-dire comment est-il possible que dans les îles Canaries coexistent aux côtés de troglodytes, des gens de cultures supérieures qui ont des maisons avec potagers remplis de légumes ? Ces Guanches plus civilisés des îles orientales vivaient aussi dénudés ou presque. En revanche, ils cultivaient le blé et vivaient dans des villes. Ils avaient des rois, des prêtres et une noblesse, ils adoraient une divinité féminine et embaumaient leurs morts. Les deux groupes, les troglodytes et les agriculteurs civilisés, étaient blonds aux yeux bleus et très grands, comme des individus de type germanique. Les Guanches étaient des hommes de plus de deux mètres, à la peau claire, vivant de l'élevage et de l'agriculture avant la venue des colons espagnols.

Royaume des Canaries (1402-1479)

Carte des îles Canaries vers 1780

Dans les années qui suivirent, les îles furent le lieu de prédilection pour les chasseurs d'esclaves de tous les horizons qui capturaient les grands blonds afin de les revendre aux seigneurs d'Afrique du Nord. Et ceci jusqu'en 1402 et l'arrivée du navigateur dieppois Jean de Béthencourt[8] accompagné d'émigrants français. Béthencourt, qui avait pour but la christianisation des îles, parvint à s'établir à Lanzarote, puis à Fuerteventura et à El Hierro. Il fut reconnu roi des Canaries par Henri III de Castille, mais ne mit jamais pied sur les autres îles, beaucoup plus peuplées et dont les habitants étaient de farouches guerriers. Jean de Béthencourt est né en 1362 en pays de Caux, à Grainville-la-Teinturière. Les tisserands de Grainville-la-Teinturière tirent leur fortune d'un colorant issu d'un lichen (l'orseille Roccella tinctoria). Ce lichen est très présent sur les îles Canaries où il est utilisé depuis les temps les plus reculés pour teindre la laine d'une couleur pourpre. Il est donc fort probable que Jean de Béthencourt avait également des visées lucratives lors de la conquête des îles Canaries.

Pendant des dizaines d'années, Portugais et Espagnols se disputèrent la possession des terres. L'archipel, étape importante sur les routes maritimes conduisant vers l'Afrique australe, l'Asie et l'Amérique, fut finalement attribué à l'Espagne en 1479 par le traité d’Alcáçovas. (Mais les Portugais bénéficiaient de l'île de Madère, située non loin au nord des Canaries).

Époque espagnole (1479-)

La conquête des dernières îles ne se fit qu'en 1491 pour La Palma et en 1496 pour Tenerife.

Massacrés, emmenés en esclavage ou assimilés par les colons, les différents peuples Guanches disparurent, ainsi que leurs langues et leur culture.

Christophe Colomb y vécut et y fit escale pendant son voyage de découverte de l'Amérique.

Économie

Urbanisation extensive de Playa de las Américas (Ténérife)
Côte Nord de La Palma

Malgré une attraction touristique très forte, les travailleurs des îles Canaries sont les moins biens payés d'Espagne avec des salaires moyens inférieurs à 1 325 € net mensuels.

L'industrie est surtout développée dans les activités portuaires et le raffinage de pétrole (la Refinería de Petróleo en Santa Cruz de Tenerife est la plus grande raffinerie d'Espagne) et l'agroalimentaire.

Seuls 10 % de la surface des îles est cultivée avec des céréales, des vignes, du tabac, des bananes, des tomates et des fruits tropicaux, principalement avocats, mangues et ananas. Ces produits sont exportés essentiellement vers l'Espagne et le reste de l'Union européenne.

Tourisme

Par leur climat tropical et ensoleillé, et du fait de leurs paysages volcaniques, les îles Canaries sont une destination touristique de premier plan, (principalement Tenerife)[9],[10],[11] avec onze millions de touristes par an. Le secteur tertiaire représente 75 % de l'économie des îles Canaries .

Courant migratoire des Africains

Porte d'entrée de l'Union européenne, les îles Canaries ont reçu depuis le début de 2007 plus de 4 700 clandestins. En 2006, le nombre d'arrivées avait atteint 31 200 personnes débarquées illégalement. Environ 300 personnes auraient péri en mer en 2006 pendant la traversée en Cayuco, bateau traditionnel des pêcheurs du Sénégal, des 800 km séparant les côtes de la Mauritanie à l'île de Tenerife.

Cette nouvelle route maritime de l'immigration illégale s'est développée depuis le renforcement des contrôles dans le détroit de Gibraltar.

À Dakar, les bateaux de pêche déchargent du poisson le jour et embarquent la nuit des candidats au départ vers les îles Canaries, en attendant l'Europe. Bien que l'Espagne et le Sénégal aient renforcés les patrouilles aériennes et maritimes, l'exode se poursuit.

L'Union européenne a apporté son soutien financier et matériel à l'Espagne et au royaume du Maroc pour les encourager à lutter efficacement contre ce courant migratoire. Des missions de police de l'agence Frontex (agence européenne de contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne) sont régulièrement organisées, ainsi que dans les enclaves africaines espagnoles de Ceuta et Melilla.

En 2006, la grande majorité des immigrés subsahariens qui parvenaient aux îles Canaries étaient transportés vers des centres d'hébergement de la péninsule Ibérique, faute d'accord de rapatriement avec leurs pays d'origine. Après deux mois passés dans un centre d'hébergement et munis d'une carte d'expulsion inapplicable, ils étaient relâchés en Espagne. La plupart prenaient ensuite la route vers le nord de l'Europe. En 2007, l'Espagne a expulsé 500 immigrés subsahariens. Elle a légalisé environ 500 000 immigrés clandestins ces dernières années.

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a publié le 26 juillet 2007 un rapport intitulé Unwelcome Responsibilities: Spain’s Failure to Protect the Rights of Unaccompanied Migrant Children in the Canary Islands (Responsabilités fâcheuses : l’incapacité de l’Espagne à protéger les droits des enfants migrants non accompagnés dans les îles Canaries) où elle dénonce les conditions de détention des enfants migrants africains arrivés clandestinement aux îles Canaries. Entre 400 et 500 enfants sont détenus dans des centres d’accueil surpeuplés, avec des conditions d’hygiènes déplorables[12].

Codes

Les îles Canaries ont pour code :

Notes et références

  1. Real Decreto de 30 de noviembre de 1833 en wikisource
  2. Real Decreto de 30 de noviembre de 1833 en el sitio web oficial del Gobierno de Canarias
  3. Real Decreto de 30 de noviembre de 1833 sur wikisource
  4. Chrysti the Wordsmith, Verbivore's Feast', ISBN 1-56037-265-6, p. 54.
  5. De violents incendies ont détruit 35 000 hectares de forêts aux Canaries, in' Le Monde du 31/07/2007, [lire en ligne]
  6. Bernard Lugan, Histoire de l'Afrique des origines à nos jours. Ellipses Edition Marketing S.A., 2009. Page 269. (ISBN 978-2-7298-4268-0)
  7. Cartographie et géographie médiévale. Une carte colombienne. Page 199
  8. Jean de Béthencourt, Le Canarien : Histoire de la première descouverte et conqueste des Canaries, faite dès l'an 1402 escrite du temps mesme par Jean de Béthencourt, plus un Traicté de la navigation et des voyages de descouverte et conquestes modernes et principales des François (1402-1422), introduction et notes par Gabriel Gravier, Société de l'histoire de Normandie, Rouen, C. Métérie, 1874.
  9. Coyuntura Turística de Canarias en la Página Web Oficial del Gobierno de Canarias
  10. Entrada general de pasajeros a los aeropuertos canarios en 2009 (últimos de los que hay datos)
  11. Instituto Nacional de Estadística de España
  12. Une solution concertée pour résoudre le problème des enfants migrants, Irin, 2 août 2007

Annexes

Articles connexes


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