Sacré collège

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Cardinal (religion)

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Ornements extérieurs de l'écu d'un cardinal.
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Voir aussi
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Les cardinaux (du latin cardinalis, principal) sont de hauts dignitaires de l'Église catholique choisis par le pape et chargés de l'assister. Ils forment le Collège des cardinaux ou Sacré collège. Leur titre précis est cardinal de la sainte Église romaine (cardinalis sanctæ romanæ Ecclesiæ) : ils forment en effet la plus haute sphère de l'Église romaine.

Sommaire

Histoire

Déjà, dans l'empire romain depuis Théodose, le titre de cardinalis était donné à des officiers de la couronne, à des généraux d'armée, au préfet du prétoire en Asie et en Afrique, parce qu’ils remplissaient les principales charges de l'empire.

Les cardinaux étaient à l'origine les membres du clergé de Rome, dépendants de l'évêque de Rome qu'ils avaient la charge d'élire. On distingue trois ordres de cardinaux : les cardinaux évêques des diocèses circonvoisins (évêchés suburbicaires), les cardinaux prêtres, titulaires des paroisses ou titres de la ville de Rome, et les cardinaux diacres, responsables des diaconies romaines.

En 1059, au moment de la réforme grégorienne de l’Église, le pape Nicolas II, définit avec plus de précision leur statut et leur accorda un rang supérieur aux autres évêques de l'Eglise.

Mais en 1181, les cardinaux prêtres de Rome étant devenus maîtres d'élire seuls le pape, à l'exclusion du clergé et du peuple de Rome. Ils obtinrent par là la prééminence sur les évêques.

En 1586, Sixte Quint dans sa bulle Postquam verus a restreint la nomination des cardinaux à ceux qui ont les ordres mineurs depuis au moins un an et fixa à 70 le nombre des cardinaux, en mémoire des 70 vieillards choisis par Moïse et les divisa en 3 sections : 6 cardinaux-évêques, 50 prêtres, 14 diacres.

En 1917, le nouveau Code de droit canonique a réservé la dignité aux prêtres.

Jusqu'en 1962[1], les cardinaux de l'ordre diaconal étaient prêtres, mais depuis cette date, il doivent toujours recevoir la consécration épiscopale, sauf dispense spéciale du pape. Le Code de droit canonique de 1983 reprend cette mesure[2]. Jean-Paul II a pourtant créé cardinaux des prêtres qui n'ont pas été consacrés évêques par la suite, par exemple les pères conciliaires Henri de Lubac, jésuite, et Yves Congar, dominicain, ainsi qu'un certain nombre de cardinaux récents non électeurs. En revanche, tous les cardinaux actuellement électeurs sont titulaires de la dignité épiscopale.

Le Collège cardinalice

Le Collège cardinalice, appelé aussi Sacré Collège ou Collège des cardinaux, est l'ensemble des cardinaux de la sainte Église romaine.

C'est sous le pontificat du pape Eugène III que les cardinaux formèrent en 1150 le Sacré Collège. Au fil des siècles, leur nombre a augmenté et leur origine s'est diversifiée avec l'expansion du catholicisme.

Certains cardinaux occupent des positions particulières au sein du Sacré Collège : son doyen porte le titre honorifique d'évêque d'Ostie ; le camerlingue de la sainte Église romaine assure la gestion temporelle du Saint-Siège lors des vacances pontificales ; le protodiacre assure des fonctions cérémonielles comme l'annonce des résultats de l'élection pontificale.

Les évènements qui réunissent le Sacré Collège sont le conclave ou un consistoire.

Structure du Sacré Collège

Les cardinaux sont traditionnellement répartis en trois ordres, qui établissent entre eux une hiérarchie qui n'est plus aujourd'hui que protocolaire.

  • cardinaux-évêques, titulaires d'un évêché suburbicaire,
  • cardinaux-prêtres, titulaires d'une paroisse romaine,
  • cardinaux-diacres, titulaires d'une diaconie romaine.

Les cardinaux-évêques se voient attribuer l'un des huit anciens diocèses situés autour de Rome : Albano, Frascati (anciennement Tusculum), Ostie et Velletri, Palestrina, Porto, Sainte-Rufine, et Sabine. Cependant, les sièges de Porto et Sainte-Rufine sont unis en un seul depuis 1119, et le siège d'Ostie est cumulé depuis 1914 par le doyen du collège des cardinaux, avec le siège qu'il possèdait au moment de sa nomination. De la sorte, les cardinaux-évêques sont seulement au nombre de six, à quoi viennent s'ajouter les cardinaux-patriarches.

À l'époque contemporaine, les cardinaux évêques sont choisis par le pape parmi les cardinaux des deux autres ordres, mais jadis un évêque pouvait être créé directement cardinal-évêque.

Les patriarches des Églises catholiques orientales qui sont nommés cardinaux ont depuis 1965[3] un statut spécial. Ils ne font pas partie du clergé de Rome et ne reçoivent donc aucun évêché, titre ou diaconie, mais ils conservent leur titre patriarcal. Ils sont cependant intégrés à l'ordre des cardinaux-évêques, quoiqu'au-dessous d'eux hiérarchiquement.

De nos jours, les membres de la curie romaine créés cardinaux le sont généralement dans l'ordre des cardinaux-diacres (on les appelle cardinaux de curie), tandis que les évêques titulaires d'évêchés effectifs sont créés dans l'ordre des cardinaux-prêtres (cardinaux en résidence). Les prélats âgés de plus de quatre-vingts ans créés cardinaux ne peuvent pas élire le pape; ils sont généralement dans l'ordre des cardinaux-diacres.

Les cardinaux-diacres peuvent cependant au bout de dix ans opter librement pour l'ordre des cardinaux-prêtres. Il peuvent en même-temps conserver leur diaconie, qui est élevée pro hac vice au rang de titre, c'est-à-dire qu'ils conservent la même diaconie qui sera considérée comme une paroisse tant qu'ils l'occuperont.

L'ordre protocolaire s'établit ainsi :

  1. le doyen de l'ordre des cardinaux-évêques, qui est également le doyen du collège des cardinaux ; autrefois doyen d'ancienneté parmi les cardinaux-évêques, il est de nos jours élu par les cardinaux-évêques parmi eux et approuvé par le pape (can. 352-2) ; le cardinal doyen est en même temps, et traditionnellement, évêque d'Ostie ; c'est à lui que reviendrait la consécration épiscopale (avec l'assistance de deux autres évêques, selon la prescription du concile de Nicée), d'un nouveau pape qui ne serait pas encore évêque. C'est le cardinal doyen qui, en l'absence du pape, convoque et préside le collège des cardinaux.
  2. les cardinaux-évêques dans l'ordre de leur élévation ;
  3. les patriarches des Églises catholiques orientales dans l'ordre de leur création cardinalice ;
  4. le cardinal protoprêtre qui est le doyen d'ancienneté de l'ordre des cardinaux-prêtres ;
  5. les cardinaux-prêtres dans l'ordre de leur de création au rang de cardinal ;
  6. le cardinal protodiacre qui est le doyen d'ancienneté de l'ordre des cardinaux-diacres (c'est à lui que revient la tâche d'annoncer au monde l'élection du nouveau pape et son nom de règne, depuis le balcon de la Basilique Saint-Pierre, par la célèbre formule « Habemus papam... » ; c'est aussi lui qui couronnait le pape de la tiare et qui, depuis l'abolition du couronnement, pose le pallium sur les épaules du pape lors de sa messe d'inauguration) ;
  7. les cardinaux-diacres dans l'ordre de leur de création au rang de cardinal.

Jadis, des laïcs ou de simples clercs ont été créé cardinaux (Mazarin n'a jamais été évêque ni même prêtre). De simples diacres pouvaient être créés cardinaux-diacres, des prêtres cardinaux-prêtres et des évêques cardinaux-évêques. Depuis 1918, tous les cardinaux doivent être au moins prêtres et depuis 1962 tous doivent être évêques, mais des exceptions sont consenties au gré du pape (notamment pour les cardinaux créés après l'âge de quatre-vingts ans). De sorte que depuis bien longtemps déjà, l'appartenance à un ordre cardinalice ne correspond plus au degré du sacrement de l'ordre dont les cardinaux sont effectivement investis.

Les derniers papes en date étaient au moment de leur élection au pontificat :

Clément XIII
Clément XIV
Pie VI
Pie VII
Léon XII
Pie VIII
Grégoire XVI
Pie IX
Léon XIII
Pie X
Benoît XV
Pie XI
Pie XII
Jean XXIII
Paul VI
Jean-Paul Ier
Jean-Paul II
Benoît XVI

(1758)
(1769)
(1775)
(1800)
(1823)
(1829)
(1831)
(1846)
(1878)
(1903)
(1914)
(1922)
(1939)
(1958)
(1963)
(1978)
(1978)
(2005)

évêque
prêtre
prêtre
évêque
évêque
évêque
prêtre
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque

cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-évêque
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-évêque

À ce jour, aucun cardinal-diacre n'a plus été élu pape depuis Léon X en 1513. Cela n'empêche pas qu'à chaque conclave, le nom de plusieurs cardinaux-diacres soient cités parmi les papables. La distinction entre les différents ordres de cardinaux étant d'ailleurs devenue purement formelle, l'élection d'un cardinal-diacre n'aurait aujourd'hui rien de surprenant.

Le dernier non-cardinal élu pape a été Urbain VI en 1377. Cette élection provoqua le Grand Schisme d'Occident : les cardinaux ont prétendu avoir voté sous la contrainte, ont annulé leur élection et élu l'antipape Clément VII à sa place. Depuis cette époque, un usage non écrit mais très fermement établi veut que seul un cardinal puisse être élu pape. Mais la constitution apostolique de Jean-Paul II, Universi Dominici Gregis, prévoit formellement qu'un non-cardinal puisse être élu pape.

Rôle

En temps ordinaire

Les cardinaux réunis en consistoire assistent le pape dans ses décisions. Les consistoires peuvent être :

  • ordinaires : où sont convoqués tous les cardinaux, du moins ceux qui sont présents à Rome. Ils traitent des affaires graves, mais qui surviennent assez communément, ou pour accomplir certains actes solennels. Le consistoire ordinaire où sont célébrées certaines solennités peut être public : on y admet des prélats, des représentants de la société civile et d'autres invités[4] ;
  • extraordinaires : où sont convoqués tous les cardinaux lorsque des nécessités particulières de l'Église ou l'étude d'affaires particulièrement graves le conseillent.

En outre, les cardinaux ont des responsabilités dans la Curie romaine, l'administration de l'Église, à la tête des dicastères. Les cardinaux de la Curie, ainsi que le doyen et le vice-doyen, doivent résider à Rome.

Pendant la vacance du Siège apostolique

Les fonctions du Sacré Collège pendant la vacance du Saint-Siège sont définies par la Constitution apostolique Universi dominici gregis[5].

Gouvernement de l'Église

Durant la période où le Siège apostolique est vacant, le gouvernement de l'Église est confié au Collège des cardinaux pour expédier les affaires courantes ou celles qui ne peuvent être différées et pour la préparation de ce qui est nécessaire en vue de l'élection du nouveau Pontife. Sont exclues les affaires qui - en vertu de la loi ou de la pratique - relèvent des pouvoirs du seul Pontife romain lui-même ou bien qui concernent les normes pour l'élection du nouveau pape.

Les Chefs des dicastères de la Curie romaine, c'est-à-dire le cardinal Secrétaire d'État, les cardinaux préfets, les archevêques présidents, ainsi que les membres de ces mêmes dicastères, cessent leurs fonctions. Exception est faite pour le camerlingue de la Sainte Église Romaine et pour le grand pénitencier, qui continuent à s'occuper des affaires courantes, soumettant au Collège des cardinaux ce qui aurait dû être référé au Souverain Pontife.

Le cardinal camerlingue, assisté de la Chambre apostolique et avec l'aide des trois cardinaux assistants, veille à l'administration des biens et des droits temporels du Saint-Siège, après avoir obtenu, une fois pour les questions moins importantes et chaque fois pour les plus graves, le vote du Sacré Collège.

Tout le pouvoir civil du Souverain Pontife concernant le gouvernement de la Cité du Vatican revient au Collège des cardinaux ; cependant, celui-ci ne peut porter de décrets qu'en cas d'urgente nécessité et seulement pour la durée de la vacance du Saint-Siège. Ces décrets n'ont de valeur par la suite que si le nouveau pape les confirme.

Élection du pape

Depuis 1059[6], en 1179, le Collège des cardinaux réuni en conclave est le seul électeur du pape. Depuis Paul VI[7], seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent voter. La limite des cardinaux électeurs est également fixée à 120. Actuellement, le nombre des cardinaux de moins de 80 ans est de 117.

Les cardinaux doivent élire le pape à la majorité des deux tiers. Depuis 1274, l'élection est secrète, et les cardinaux doivent garder le secret sur ses circonstances sous peine d'excommunication. Le vote a lieu grâce à des bulletins où est imprimé Eligo in Summum Pontificem, c’est-à-dire « J'élis comme Souverain Pontife », le cardinal inscrit ensuite son candidat et scelle son bulletin. L'élection a lieu dans la chapelle Sixtine où les cardinaux sont enfermés. Depuis 1996, ils sont logés dans la résidence Sainte-Marthe (Domus Sanctæ Marthæ), située derrière la salle des audiences. Le résultat des scrutins successifs est annoncé au public par une fumée noire quand le scrutin n'est pas concluant, blanche quand il l'est. Depuis 2005, les cloches de la basilique Saint-Pierre sonnent pour indiquer l'élection d'un nouveau pape.

À la fin de l'élection, le cardinal camerlingue de la Sainte Église romaine rédige un compte rendu, approuvé par les trois cardinaux assistants, indiquant le résultat des votes intervenus au cours de chaque session. Ce compte rendu est remis au nouveau pape.

Les cardinaux peuvent choisir théoriquement n'importe quel baptisé de sexe masculin, bien que depuis longtemps le nouveau pape soit toujours issu du Sacré Collège. Quand le nouveau pape est élu et a accepté ses fonctions, le cardinal protodiacre annonce le résultat de l'élection du haut de la loge des bénédictions de la basilique Saint-Pierre.

Création cardinalice

Les cardinaux sont « créés » (terme issu du droit romain désignant la nomination d'un magistrat) par décret du pape publié devant le Collège des cardinaux réunis en consistoire, en tant qu' « hommes remarquables par leur doctrine, leurs mœurs, leur piété et leur prudence dans la conduite des affaires ». S'ils doivent posséder au moins le presbytérat, en pratique ils doivent être au moins évêques : ceux qui ne sont pas encore évêques doivent recevoir la consécration épiscopale[8]. Cependant, des dérogations papales ont déjà été accordées, permettant à des prêtres créés cardinaux alors qu'ils avaient déjà atteint l'âge de 80 ans de ne pas être consacrés évêques. Cela a été le cas par exemple pour le cardinal français Albert Vanhoye.

On dit d'une personne nouvellement nommée qu'elle est « élevée à la pourpre cardinalice » en référence à la couleur rouge des vêtements de cardinal.

Article détaillé : Cardinal-neveu.

En fait, la nomination de cardinaux est une indication politique sur le pontificat en cours et la future élection, les cardinaux étant chargés d'élire le pape. Dans l'histoire, elle a aussi été une manière d'honorer les cadets de grandes familles royales ou nobles et de récompenser des proches. Cet état de fait était désigné sous le nom de népotisme, du latin nepos, le neveu. Le pape choisissait un de ses neveux qu'il créait cardinal afin de faire entrer sa parenté dans la "carrière" ecclésiastique.

Consistoire ordinaire public pour la création de nouveaux cardinaux

Le pape Calixte III crée un cardinal : Enea Piccolomini, futur Pie II

Le consistoire pour la création des nouveaux cardinaux se déroule actuellement selon le rite introduit à l’occasion du consistoire du 28 juin 1991 :

Après le salut liturgique, le pape lit la formule de création et proclame les noms des nouveaux cardinaux. Le premier d’entre eux s'adresse alors au Saint-Père au nom de ses collègues. Suivent la liturgie de la Parole, l'homélie papale, la profession de Foi et le serment.

Chaque nouveau cardinal s'approche ensuite du pape et s'agenouille devant lui pour recevoir la barrette, puis son titre cardinalice ou sa diaconie :

  • Le Pape place la barrette sur la tête de l'impétrant, en disant : « Reçois cette pourpre en signe de la dignité et de l'office de Cardinal, elle signifie que tu es prêt à l'accomplir avec force, au point de donner ton sang pour l'accroissement de la foi chrétienne, pour la paix et l'harmonie au sein du Peuple de Dieu, pour la liberté et l'extension de la Sainte Église catholique et romaine ».
  • Le Pape remet à chaque nouveau cardinal une église de Rome (titre ou diaconie) en signe de participation à la mission pastorale du pape sur l'Urbs.
  • Le rite prévoit ensuite la remise de la bulle de création des cardinaux, l'assignation du titre ou de la diaconie et l'échange du baiser de paix avec les autres élus et tous les autres membres du collège cardinalice.

Le rite se termine par la prière universelle, le Notre Père et la bénédiction finale.

Pendant la chapelle papale qui suit, le pape concélèbre avec les nouveaux cardinaux auxquels il remet l'anneau cardinalice « signe de dignité, de sollicitude pastorale et d’une plus étroite communion avec le Siège de Pierre ».

Nombre

Le nombre de cardinaux a varié au cours de l'histoire. Il a d'abord été restreint aux 25 églises cardinalices de Rome, aux 7 diocèses suburbicaires et aux 6 diaconats palatins et 7 diaconats régionaux. En 1586, par sa constitution Postquam verus, le pape Sixte Quint fixe leur nombre à 70. Enfin, en consistoire secret (aujourd'hui appelé consistoire ordinaire) en 1973, Paul VI a limité le nombre des cardinaux électeurs à 120. Néanmoins en 2003, sous le pontificat de Jean-Paul II, le nombre des cardinaux a atteint 194 (dont 135 électeurs).

Cardinal in pectore

Le pape peut également choisir de ne pas divulguer le nom du nouveau cardinal, c'est ce qu'on appelle un cardinal in pectore (« gardé secret », littéralement « dans le secret de son cœur »). Quand son nom est publié par le pape, ce cardinal obtient la préséance à partir du jour de la réservation in pectore. Cette formule est généralement adoptée pour honorer des prélats dont la nomination présente des risques, par exemple en raison de la situation politique du pays dont ils sont ressortissants ou résidents.

Insignes

L'insigne distinctif des cardinaux est la couleur rouge[9] (dite pourpre cardinalice), couleur du sénat romain, rappelant le sang versé par le Christ. Ils portent soit la soutane rouge avec une barrette rouge[10] et une mozette rouge, soit une soutane et une mozette noires avec des liserés et des boutons rouges.

Les cardinaux portent l'anneau, qui traditionnellement est de saphir et, même s'ils n'ont pas reçu la consécration épiscopale, ils utilisent la croix pectorale, la crosse et la mitre.

Galero cardinalice

Jusqu'à l'Instruction Ut sive sollicite du 31 mars 1969[11], ils portaient également le chapeau cardinalice rouge[12], le galero, grand chapeau plat d'où pendaient des houppes de chaque côté, qui leur était imposé en consistoire. C'est ce dernier que l'on retrouve dans les armoiries des cardinaux. Dans la pratique, ce chapeau ne servait plus guère que deux fois, le jour de la création du cardinal et après son décès, où il était déposé au pied du lit funèbre et suspendu ensuite au-dessus du tombeau. De nos jours, le pape -ou l'ablégat quand la cérémonie n'a pas lieu à Rome- impose la barrette rouge.

Les cardinaux utilisaient trois autres chapeaux, un de couleur noire et de la forme usuelle du chapeau romain, orné d'une torsade et de glands rouges et or, pour servir en costume de ville, qui peut toujours être porté[13], un chapeau de même forme, de velours rouge comme celui du pape, avec une tresse et des glands d'or, qui était porté avec le rochet et la mosette pour sortir de l'église en cérémonie, et un immense chapeau de paille fine recouverte de soie rouge qui servait notamment aux processions dans un but utilitaire pour se protéger du soleil.

Pendant les temps de l'avent et du carême, ainsi que pendant la vacance du Siège pontifical, ils portaient, en signe de pénitence ou de deuil, des vêtements violets, assez semblables à ceux des évêques, dont ils ne différaient que par la couleur du fileté et des boutons.

Les religieux, tout en portant la calotte, la barette et le chapeau rouges, conservaient pour le reste des vêtements la couleur propre à leur ordre les dominicains, les camaldules, les chartreux le blanc, les augustins et les bénédictins le noir, les capucins le marron, les franciscains de l'Observance le gris, cendré ou perle.

Les patriarches des Églises catholiques orientales utilisent la couleur rouge mais conservent la forme des vêtements de chœur propres à leur rite.

Titulature

Les cardinaux portent le titre honorifique d'Éminence[14], qui leur est exclusivement réservé et qui complète la liste des honneurs qui leur sont dus en raison de leur qualité de princes de l'Église.

La titulature complète est Eminentissimus ac Reverendissimus Dominus [Prénom] Sanctæ Romanæ Ecclesiæ cardinalis [Nom] : Éminentissime et Révérendissime Seigneur [Prénom] Cardinal [Nom] de la Sainte Église romaine.

Plus couramment, on parle de Son Éminence le cardinal N.

Ils signent de leur prénom suivi de Card. ou Cardinal, puis de leur nom (ex. Petrus Card. Palazzini).

La formule d'appel traditionnelle est : Éminence. La formule Monsieur le Cardinal est également admise.

Le traitement, notamment dans la correspondance, est : Votre Éminence.

La formule de politesse finale est, par exemple : J'ai l'honneur d'être, avec le plus profond respect, de Votre Éminence le très humble (ou très dévoué) serviteur.

La suscription des enveloppes sera : Son Éminence, le cardinal N., (Archevêque de...).

On n'emploie jamais le titre de Monseigneur pour un cardinal.

Privilèges

Les cardinaux qui se trouvent hors de Rome et hors de leur propre diocèse sont exempts, en ce qui concerne leur propre personne, de la juridiction de l'évêque du diocèse où ils se trouvent.

Ils ont partout préséance, sauf en présence du pape, et peuvent officier pontificalement dans toutes les églises hors de Rome en faisant usage de la cathèdre (c'est à dire, comme s'ils étaient évêques du lieu en question).

Même s'ils n'ont pas reçu la consécration épiscopale, les cardinaux sont traditionnellement convoqués au concile œcuménique. L'actuel code de droit canonique ne les mentionne plus explicitement, mais prévoit qu'en plus des évêques, d'autres personnes non revêtues de la dignité épiscopale, puissent y être appelées[15]. Le code de 1917 leur donnait un droit de suffrage délibératif[16] .

Ils peuvent être enterrés dans les églises[17].

Bibliographie

  • Panvinius, De episcopatibus, titulis et diaconiis cardinalium, Venise, 1567

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  1. (en) The Cardinals of the Holy Roman Church — un site en anglais très complet sur tous les cardinaux jusqu'à nos jours

Notes et références

  1. Jean XXIII, bulle Cum Gravissima, 15 avril 1962
  2. Code de droit canonique, 1983, can. 351 §1
  3. Paul VI, Motu Proprio Ad purpuratorum Patrum du 11 février 1965
  4. Code de droit canonique, 1983, can. 353
  5. Jean-Paul II, Constitution apostolique Universi dominici gregis du 22 février 1996
  6. Synode de Melfi, conclusion dans un décret de Nicolas II confirmé par le concile de Latran III
  7. Motu proprio Ingravescentem ætatem
  8. Jean XXIII, Motu Proprio Cum gravissima du 15 avril 1962, Code de droit canonique, 1983, can.351
  9. Depuis Innocent IV, Ier concile de Lyon, 1245
  10. Paul II, 1464
  11. Secrétairerie d'État, instruction Ut sive sollicite n.61 Acta Apostolicæ Sedis(1969).
  12. Accordé pour la première fois par Innocent IV au Ier concile de Lyon en 1245
  13. Secrétairerie d'État, instruction, Ut sive sollicite n.61 Acta Apostolicæ Sedis(1969)
    Cæremoniale Episcoporum, 1984, n.1203
  14. Urbain VIII, 1630
  15. Code de droit canonique, 1983, can. 339 §2
  16. Code de droit canonique, 1917, can. 223 §1.
  17. Code de droit canonique, 1983, can. 1242

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  • sacré — Sacré, [sacr]ée. part. Les choses sacrées, les vases sacrez. Il est aussi adjectif, & il se dit des choses ausquelles on doit une veneration particuliere. Il est opposé à prophane. Les biens de l Eglise sont sacrez, il n y faut pas toucher. le… …   Dictionnaire de l'Académie française

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