Plateau de millevaches

Plateau de millevaches

Plateau de Millevaches

Plateau de Millevaches
MC Millevaches.jpg
Région Limousin
Département(s) Corrèze
Creuse
Haute-Vienne
Superficie approximative 3 300 km²
Villes principales aucune
Géologie massif leucogranitique
Relief/Terroirs Landes, Bois, Tourbières
Productions Bois
Élevage bovin
Élevage ovin
Communes environ 130
Population totale environ 45 000 hab. (1999)
Régions naturelles voisines Pays de Tulle
Pays de l'Ouest creusois
Combrailles
Pays (div. territoriale) Pays de Monts et Barrages
Pays de Haute-Corrèze
Pays d'Egletons
Pays du Sud Creusois
Régions et espaces
connexes
Massif des Monédières
Région naturelle de France
Situation du plateau

Le plateau de Millevaches (en occitan Miuvachas) est un grand plateau granitique français dont la superficie est de 3 300 km² et qui s'étend pour sa majeure partie sur le département de la Corrèze, et déborde aussi sur le sud de la Creuse et l'est de la Haute-Vienne. Il fait partie du Massif central.

Sommaire

Toponymie

Le plateau de Millevaches tire son nom de celui d'une commune dont le chef-lieu regroupe moins de 50 habitants. A priori, le nombre de bêtes à cornes n'explique en rien sa dénomination. Déjà, en 1908, le géographe Onésime Reclus écrivait[1] :

« Le nom singulier de Millevaches, digne de la Suisse pastorale et laitière vient probablement d’un calembour involontaire ; d’un très vieux terme quelconque d’une langue quelconque jadis parlée sur notre sol par une nation quelconque anéantie depuis ; de la désignation primitive, un jeu de mots fit des syllabes néo-latines exprimant une idée tout autre que celle que contenait l’ancien radical. Ceci est commun dans tous les pays qu’habitèrent successivement divers peuples parlant des idiomes parfois très différents de vocabulaire et d’esprit. »

Deux explications sont le plus couramment avancées. Pour la première, Millevaches signifierait « mille sources », le composant « vaches » étant dérivé d’un mot d’origine germanique selon les uns, celtique selon les autres, batz, signifiant « source ». Pour la seconde, due à Albert Dauzat, le mot pourrait être composé à partir du phonème gaulois melo signifiant « lieu élevé  », « montagne » et l’adjectif latin vacua (= vide, abandonnée). Une troisième proposition a été formulée par Jean Costes[2]. Pour lui, sur la base de l’ancien français, Millevaches doit étymologiquement se comprendre mi (au milieu), le (article), vaque (lieu inhabité).

A bien y regarder, aucune de ces trois explications n'est réellement satisfaisante. Les deux premières visent à expliquer le nom du Plateau et non celui de la commune, alors que c'est la commune qui a donné son nom au Plateau et non l'inverse, la troisième oublie un détail important : on peut difficilement expliquer par l'ancien français le nom d'un village située en pleine zone de langue d'oc. Ce n'est pas Millevaches qu'il faudrait expliquer mais la forme « vulgaire » Miauvatsas, relevée dans un document du XVIIe siècle.

Il reste donc beaucoup de travail pour les amateurs et autres chercheurs.

Géographie

Les géographes distinguent, au nord, le plateau de Gentioux du plateau de Millevaches. Ils semblent avoir pour limite la Vienne et la Creuse. Cette distinction est toutefois discutable car on voit mal ce qui différencie l'un de l'autre[réf. nécessaire], caractérisés qu'ils sont par les mêmes landes, les mêmes tourbières, les mêmes prairies, les mêmes rivières aux eaux limpides, le même socle granitique, les mêmes activités humaines, les mêmes paysages. Le présent article intègre donc le plateau de Gentioux comme une composante du plateau de Millevaches.

Les éoliennes de Peyrelevade sur le plateau de Millevaches
Le logo du Parc naturel
L'industrie du bois est encore importante
La Vienne près de Rempnat
La chapelle Notre-Dame de Treignac
Le pont de Sénoueix, sur le Taurion
Paysage près du Mont Gargan

Situé dans la région du Limousin, au centre de la France dans le Massif central.

Celui-ci est à cheval sur trois départements : la Corrèze pour sa majeure partie, la Creuse sur laquelle est presque entièrement situé le plateau de Gentioux (qui intègre également pour partie Peyrelevade), et la Haute-Vienne. On peut grosso modo considérer que la courbe de niveau de 750 m délimite le plateau de Millevaches dont le point culminant est le Mont Bessou (977 m).

Les plus importantes de ses rivières sont :

Les lacs sont également nombreux sur le plateau. Le plus important, qui est le plus grand de la région Limousin, est le lac de Vassivière, à cheval sur les départements de la Creuse et de la Haute-Vienne, sur la Maulde. Les autres principaux sont le lac de Lavaud-Gelade, sur le Thaurion, près de Saint-Marc-à-Loubaud en Creuse, le lac du Chammet, entre la Creuse et la Corrèze, le lac des Bariousses à Treignac et le barrage de Monceaux, tous deux sur la Vézère.

Par décret du 18 mai 2004 a été créé le parc naturel régional de Millevaches en Limousin qui s'étend sur 113 communes, couvre une superficie de 300 000 hectares et compte 38 000 habitants. Ce classement permet notamment de mener des actions visant à préserver la richesse des milieux naturels du plateau (par exemple, les tourbières)[3].

Histoire

L’histoire du plateau de Millevaches ne peut pas être événementielle. Elle est plutôt celle de l’occupation humaine de ce milieu exigeant de par la rudesse du climat et, jusqu'au XIXe siècle, de par la rareté, voire l'absence, des voies de communication. Il reste jusqu’à aujourd’hui essentiellement liée à l’agriculture et à l’élevage.

Les premières traces d’une présence humaine, qui remontent au paléolithique moyen, ne sont donc pas pleinement significatives. Elles témoignent de campements provisoires de chasseurs cueilleurs et non d'une installation durable.

D'après les analyses polliniques effectuées dans les tourbières, entre - 4 000 et - 2 000 ans les agriculteurs et éleveurs néolithiques s'installent mais sans défrichements significatifs. Quelques monuments mégalithiques se rattachent à cette époque.

Aucun progrès significatif de l'occupation humaine n’est perceptible à l'Âge du bronze (début du IIe millénaire - VIIIe siècle av. J.-C.).

En Gaule, le 2e Âge du fer (à partir du IIIe siècle av. J.-C.)marque un progrès sensible de l’artisanat des instruments agricoles. On considère que c’est à cette époque que se met en place l’essentiel de l’outillage que l’on retrouvera dans nos campagnes jusqu’au XIXe siècle[4], voire pour l’agriculture traditionnelle du Plateau, jusqu’au milieu du XXe siècle. C’est notamment l’apparition de la faux qui, en permettant d’augmenter considérablement les réserves de fourrage, favorise le développement de l’élevage. Le nouvel outillage y autorise, malgré la rigueur du climat, une installation permanente d’agriculteurs-éleveurs et dès lors les traces d’occupation deviennent réellement significatives. L’importance de ce défrichement est vérifiée par les analyses polliniques qui laissent entrevoir pour les époques gauloises et gallo-romaines un paysage ouvert où domine la lande à bruyères[5].

De multiples témoignages de l'Âge du fer parsèment donc le plateau, comme le tumulus de Plane (commune de La Nouaille)[6] ou les plus anciens des tumulus de Tarnac[7]. A cette époque, le plateau fait partie du territoire de la cité des Lémovices, peuple de civilisation celtique ayant laissé son nom tant à Limoges qu'au Limousin. Il en constitue la partie la plus élevée. De nombreux autres tumulus parsèment le plateau, notamment à Sornac, Saint-Setiers, Millevaches, Chavanac, Pérols-sur-Vézère, Bugeat, etc. Faute de datation, il apparaît toutefois difficile de les rapporter à l'âge du fer plutôt qu'à la période gallo-romaine, comme le montre l'échelonnement chronologique des tumulus de Tarnac dont les plus récents sont du {{IIe siècle}} ou du {{IIIe siècle}}.

De l'époque gallo-romaine, on garde les vestiges de la résidence aristocratique des Cars et de ses deux mausolées ou, plus modestement, de la villa (en fait une simple exploitation ovicole) de La Valette, commune de Gioux. Significativement, les deux lieux sont désertés dans la deuxième moitié du IIIe siècle. Cet abandon semble toucher l'ensemble du plateau et est à relier à l'insécurité due aux premiers raids germaniques dans l'empire romain et aux désordres internes de ce dernier. Également, pour cette période, on voit cohabiter deux pratiques funéraires bien distinctes : d'une part, se perpétue l'inhumation sous tumulus, d'autre part, on dispose de multiples témoignages d'incinération. Cette cohabitation reste à interpréter.

Durant l'Antiquité tardive et le Haut Moyen Âge, le plateau n'en devient pas pour autant un désert, comme en témoignent les survivances toponymiques celtiques ou gallo-romaines qui n'ont pu se maintenir que pour autant qu'il ait été, sinon habité, au moins régulièrement fréquenté. Ainsi, Gioux dont le nom est dérivé de Jovem (accustif de Jupiter), Tarnac dérivé de la racine celtique taro (qui traverse), Drouillat, dérivé d'un des noms gaulois du chêne, dervos[8]. Par ailleurs, dès le IXe siècle, le nom de Tarnac, apparait dans les sources écrites en tant que vicaria (subdivision administrative d'un comté carolingien) et celui de Sornac (toponyme d'origine gallo-romaine) est attesté au début du Xe siècle. Un réseau de très grandes paroisses de plusieurs milliers d'hectares chacune semble d'ores et déjà établi vers la fin du Xe siècle[9].

Vers l'an 1000, la montagne limousine, donc le plateau, est partagée entre deux vicomtés, au nord celui d'Aubusson, au sud celui de Comborn. La limite en semble assez voisine de la ligne de partage des eaux entre les affluents de la Loire et ceux de la Dordogne. Au cours du XIe siècle, le vicomté de Comborn se subdivise et en est issu, sur son ancienne partie est, le vicomté de Ventadour[10].

La réoccupation plus massive du plateau s'effectue, pour une bonne part, à l'instigation des ordres religieux, les Bénédictins, depuis la Chaise-Dieu, mais aussi, plus tardivement, les ordres militaires, Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem et Templiers. On doit notamment à ces derniers la création de treize paroisses : Sainte-Anne, Bellechassagne, Chavanac, Comps, Courteix, La Vinadière, Boucheresse, Charrières, Féniers, Malleret, Le Mas-d'Artige, Monteil-Guillaume et Gentioux, cette dernière leur étant néanmoins antérieure, selon certains[11].

L'architecture religieuse de cette époque nous est restée sous la forme des églises à clocher-mur, typiques de la montagne limousine.

En revanche, les vestiges ou les attestations d’architecture militaire sont rarissimes. Ils se situent plutôt à sa périphérie (ancien château à Felletin, aujourd’hui disparu, murs d’enceinte à Eymoutiers, Egletons, Meymac...). On peut néanmoins citer la forteresse médiévale du Puy-Murat, à Tarnac, qui contrôlait l’accès à la montagne limousine depuis l'Ouest.

Pendant la Guerre de Cent-Ans, malgré son manque d'intérêt stratégique, le plateau subit néanmoins, en 1373, la chevauchée de Jean de Lancastre.

Légende

On raconte qu'une bergère mal inspirée aurait donné au Diable ses mille vaches rendues indociles par l'orage. Le Diable, quant à lui, les aurait une à une transformées en rochers.

En littérature

Le plateau de Millevaches offre le cadre de plusieurs des romans de Richard Millet.

Plus imposante encore que l'oeuvre de Richard Millet, l'oeuvre monumentale de Marcelle Delpastre reste encore à découvrir.Oeuvre en occitan, en français et dans les deux langues en alternance.

Principales curiosités

Plateau de Millevaches.PNG

Notes et références

  1. Onésime Reclus. La France à vol d’oiseau. Flammarion. 1908
  2. Revue Lemouzi, numéro de janvier 2004
  3. Pour plus de détail sur la notion de parc naturel régional, se référer aux articles 333-1 à 333-4 du code de l'environnement, accessible sur Légifrance [1].
  4. Alain Ferdière, François Malrain, Véronique Matterne, Patrice Méniel, Anne Nissen-Jaubert. Histoire de l'agriculture en Gaule, 500 av. J.-C. - 1000 apr. J.-C.. Editions Errance. Paris 2007.
  5. Bernard Valadas. Millevaches en Limousin, architecture du plateau et de ses abords. p16. Association Patrimoine-Inventaire-Limousin. 1991
  6. Dominique Dussot. Carte archéologique de la Gaule - La Creuse. p 121. Académie des inscriptions et belles lettres. Paris 1989
  7. Guy Lintz. Carte archéologique de la Gaule - La Corrèze. pp 89-90. Académie des inscriptions et belles lettres. Paris 1992
  8. cf. notamment : Marcel Villoutreix, Les noms de lieux du Limousin, témoins de l'Histoire d'une région, Association des Antiquités Historiques du Limousin, Limoges 2002 ; Guy Lintz. Carte archéologique de la Gaule - La Corrèze. Académie des inscriptions et belles lettres. Paris 1992
  9. Bernadette Barrière dans Les ordres religieux au Moyen Age en Limousin, p 120, édition Les Monédières, Treignac 2003
  10. Christian Rémy, Seigneuries et châteaux-forts en Limousin, Culture & patrimoine en Limousin, 2006
  11. Martine Chavent dans Millevaches en Limousin, Architectures du Plateau et de ses abords (p. 93), Association Patrimoine-Inventaire-Limousin, 1987

Liens externes




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45°40′N 01°55′E / 45.667, 1.917

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