- Richard Millet
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Richard Millet Activités écrivain Naissance 29 mars 1953
Viam (Corrèze)Langue d'écriture français Genres roman, essai, fragment Distinctions Prix de l'essai de l'Académie française (1994) pour Le Sentiment de la langue Œuvres principales Richard Millet (né le 29 mars 1953[1] à Viam en Corrèze) est un écrivain et éditeur français.
Sommaire
Parcours
Originaire de Corrèze — il y retourne régulièrement —, Richard Millet passe une partie de son enfance au Liban (de six à quatorze ans). Il participe à la guerre du Liban en 1975-1976 en tant que volontaire auprès de la communauté chrétienne[2]. Il enseigne les lettres pendant vingt ans avant d'y renoncer pour se consacrer entièrement à l'écriture.
Romancier et essayiste, il peint sa Corrèze natale dans de nombreux romans ou récits et s'attache, dans ses essais, à défendre une certaine idée de la littérature.
Richard Millet est également éditeur chez Gallimard (il aurait joué un rôle décisif dans la publication du prix Goncourt 2006, Les Bienveillantes de Jonathan Littell) ; en 2011, le prix est de nouveau attribué à un de « ses » auteurs (Alexis Jenni pour L'Art français de la guerre).
Il est père de deux filles, dont une a été baptisée à Viam en août 2002[3].
L'œuvre
L'œuvre de Richard Millet se construit autour des thèmes du temps, de la mort, de la langue, et n'est pas sans évoquer la démarche proustienne. Son style se veut l'héritier de la grande prose française « de Bossuet à Claude Simon ».
Plusieurs de ses romans ont pour cadre le village de « Siom », pendant littéraire de Viam, notamment dans La Gloire des Pythre, L'Amour des trois sœurs Piale, Lauve le pur, Ma vie parmi les ombres, Tarnac. Plus largement, le plateau de Millevaches, son paysage, son climat, sa situation géographique, l'évolution de la vie de ses habitants au cours du XXe siècle, sont des éléments essentiels au contexte de ses histoires, comme le sont la Haute-Provence pour Giono, le comté de Yoknapatawpha pour Faulkner ou le Wessex pour Thomas Hardy.
Il entremêle références religieuses et mots crus, ce qui l'inscrit à la fois dans la tradition catholique et dans une certaine modernité littéraire (celle de la liberté sexuelle). Le désir, le mal et la souffrance sont autant de thèmes qui traversent toute son œuvre.
L'essayiste polémiste
En 2005, dans Le Dernier Écrivain et Harcèlement littéraire, Millet critique une grande partie des écrivains français contemporains qui méconnaissent et bafouent les règles de la langue française[4]. Il dénonce aussi la domination du roman policier, de l'heroic fantasy ou de la science-fiction, sous-genres qui auraient entraîné, selon lui, une certaine inversion des valeurs. On peut lui opposer le point de vue de Borges, selon lequel le roman policier serait le digne héritier de la tragédie grecque.
En vérité, cette polémique est bien antérieure à Millet : José Ortega y Gasset prétendait que le roman psychologique dépassait de loin, en intensité, les autres genres, position que Millet reprend à son compte en opposant aux autres genres littéraires une langue foisonnante, riche et profonde, au contraire d'un Bernanos qui se moquait bien des genres.
En 2007, dans Désenchantement de la littérature, il fustige une nouvelle fois les manquements des auteurs français contemporains, mais aussi la perte du sentiment religieux en Europe. Il soutient que la France, sans son identité chrétienne, ne serait plus elle-même. Ses positions aussi bien littéraires que religieuses ont suscité de nombreuses critiques dans le monde littéraire[5]. Il répond à ses détracteurs dans un livre de fragments paru en mars 2008, L'Opprobre, qui est lui aussi très critiqué[6]. Contrastant avec ces réactions critiques, l'écrivain Philippe Sollers se montre en accord, au moins partiel, avec le constat du Désenchantement[7].
En 2010, Richard Millet publie L'Enfer du roman, un ensemble de réflexions sur ce qu'il appelle la « postlittérature ». Il y critique sévèrement l'hégémonie du « roman international, insipide, sans style », et lui oppose la solitude de l'écrivain et la recherche du style, possible seulement en plongeant dans les profondeurs de la langue.
En 2011, il développe ses positions littéraires et sociales dans Fatigue du sens et Arguments d'un désespoir contemporain.
L'expérience de la guerre
Dans son livre La Confession négative, Richard Millet, dans la lignée d'écrivains comme André Malraux, explique, à travers son double de fiction, comment « il va s'engager aux côtés des chrétiens, moins par conviction que par principe, "ignorant des enjeux réels de cette guerre" [la guerre du Liban] mais persuadé qu'elle seule peut donner à l'écrivain qu'il veut être, sa vérité, encouragé en ce sens par Hemingway, Jünger, Faulkner, Malaparte ou T.E. Lawrence[8] ».
Extrait :
- « J'ai dû tuer des hommes, autrefois, et des femmes, des vieillards, peut-être des enfants. Et puis j'ai vieilli. Nous avons vieilli plus vite que les autres. Nous avons dit ce qu'on dit que nul ne peut regarder fixement : le soleil, la souffrance, la mort. De tout ça, je peux parler à peu près librement : ceux qui m'avaient fait jurer de me taire et me menaçaient de mort, si je racontais certaines choses, ceux-là ne sont plus de ce monde, maintenant, et il y a longtemps que j'ai regagné l'Europe où les hommes ne croient plus à rien et où les ormes sont morts de maladie[9]. »
Publications
- 1983 : L'Invention du corps de saint Marc, POL
- 1984 : L'Innocence, POL
- 1985 : Sept passions singulières, POL
- 1986 :
- Le plus haut miroir, Fata Morgana
- Le Sentiment de la langue I, Champ Vallon
- 1987 : Beyrouth, Champ Vallon, repris dans Un Balcon à Beyrouth, suivi de Beyrouth ou la séparation, La Table Ronde (2005)
- 1988 : L'Angélus, POL puis coll. Folio (2001)
- 1989 : La Chambre d'ivoire, POL puis coll. Folio (2001)
- 1990 : Le Sentiment de la langue II, Champ Vallon
- 1991 :
- Laura Mendoza, POL
- Accompagnement, POL
- 1992 : L'Écrivain Sirieix, POL puis coll. Folio (2001)
- 1993 :
- Le Chant des adolescentes, POL
- Le Sentiment de la langue, I, II, III, La Table Ronde puis coll. Petite Vermillon (2003). Prix de l'essai de l'Académie française en 1994
- 1994 :
- Un balcon à Beyrouth, La Table Ronde (puis 2005)
- Cœur blanc, POL
- 1995 : La Gloire des Pythre, POL puis coll. Folio (1997)
- 1996 : L'Amour mendiant, POL puis coll. Petite Vermillon (2007)
- 1997 : L'Amour des trois sœurs Piale, POL puis coll. Folio (1999)
- 1998 :
- Cité perdue, Fata Morgana
- Le Cavalier siomois, éditions François Janaud puis La Table Ronde (2004)
- 2000 :
- Autres jeunes filles (illustrations d'Ernest Pignon-Ernest), éditions François Janaud
- Lauve le pur, POL puis coll. Folio (2001)
- 2001 : La Voix d'alto, Gallimard puis coll. Folio (2003)
- 2003 :
- Le Renard dans le nom, Gallimard puis coll. Folio (2004)
- Ma vie parmi les ombres, Gallimard puis coll. Folio (2005)
- 2004 :
- Fenêtre au crépuscule. Conversation avec Chantal Lapeyre-Desmaison, La Table Ronde
- Musique secrète, Gallimard
- Pour la musique contemporaine, Fayard
- 2005 :
- Le Dernier écrivain, Fata Morgana
- Harcèlement littéraire. Entretiens avec Delphine Descaves et Thierry Cecille, Gallimard
- Le Goût des femmes laides, Gallimard puis coll. Folio (2007)
- 2006 :
- Sacrifice, sur des photographies de Silvia Seova, L'Archange Minotaure
- Dévorations, Gallimard
- L'Art du bref, Gallimard
- 2007 :
- Place des Pensées. Sur Maurice Blanchot, Gallimard
- Petit Éloge d'un solitaire, Gallimard, coll. Folio
- L'Orient désert, Mercure de France
- Désenchantement de la littérature, Gallimard
- 2008 : L'Opprobre, Gallimard
- 2009 :
- La Confession négative , Gallimard, nommé pour le prix Trop Virilo 2009
- « Une sulamite », texte in Inconnues corréziennes, résonance d'écrivains. Ouvrage collectif, éditions Libel
- 2010 :
- Brumes de Cimmérie, Gallimard
- Le Sommeil sur les cendres, Gallimard
- Tarnac, Gallimard, coll. L'Arpenteur
- L'Enfer du roman. Réflexions sur la postlittérature, Gallimard
- 2011 :
- Gesualdo, Gallimard, coll. Le Manteau d'Arlequin
- Arguments d'un désespoir contemporain, Hermann
- Fatigue du sens, Pierre-Guillaume de Roux Éditions
- La Fiancée libanaise, Gallimard
Bibliographie
Études critiques
- 2002 :
- Sylviane Coyault-Dublanchet, La Province en héritage. Pierre Michon, Pierre Bergounioux, Richard Millet, Genève, Droz, 289 p.
- Vincent Pélissier, Autour du Grand Plateau (Pierre Bergounioux, Alain Lercher, Jean-Paul Michel, Pierre Michon, Richard Millet), Tulle, éditions des Mille Sources
- 2007 : Jean-Yves Laurichesse, Richard Millet : l'invention du pays, Amsterdam - New York, Rodopi, 276 p.
- 2008 :
- Laurent Bourdelas, Du Pays et de l'Exil - Un Abécédaire de la littérature du Limousin, Limoges, Les Ardents Éditeurs
- Christian Morzewski, Richard Millet : la langue du roman, Centre de recherche Textes & Cultures, Artois presses université, 180 p.
- 2011 : Collectif, « Richard Millet », Littérature, n° 63/2010, Presses universitaires du Mirail, 262 p.
Revues
- novembre 1996 : L'Œil de bœuf, n° 11
- mai 2000 : Le Matricule des anges, n° 30
- automne 2001 : La Femelle du requin, n° 16
- novembre 2007 : La Nef, n° 187
Notes et références
Notes
- Notice d'autorité personne sur le site du catalogue général de la BnF
- « Richard M, le maudit », Le Point, 22 janvier 2009.
- L'Orient désert, édition Folio, pp. 160 et 195.
- « Le croisé et le rusé », L'Express, 2005.
- article très critique, dans Le Monde, octobre 2007. Par exemple, cet
- « Richard Millet, généalogie d'un malaise », dans Le Monde 2, 7 juin 2008. Par exemple :
- « Quel avenir pour la Littérature ? », Le Magazine littéraire, décembre 2007.
- Chronique de Richard Blin pour Le Matricule des anges.
- Sur le site d'Esprits nomades.
Liens externes
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