- Plaine du Forez
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Forez
Le Forez est une ancienne province de France, qui correspond approximativement à la partie centrale du département de la Loire et une partie du département de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme. Le Forez est le théâtre d'un livre majeur de la littérature française, L'Astrée d'Honoré d'Urfé, si bien que cette région est parfois appelée le pays d'Astrée.
Les habitants du Forez sont appelés Foréziens et le dialecte de la langue arpitane qu'on y peut rattacher est le forézien. À l'Ouest et au Sud-Ouest du Forez, on parle selon les communes l'occitan auvergnat ou vivaro-alpin.
Sommaire
Prononciation
Le z final du nom Forez est muet (cependant le z aurait tendance à être prononcé sur le versant ouest des monts du Forez). En alphabet phonétique international (API), le nom de la province se lit /fɔ.ʁɛ/ et est donc strictement homophone des mots forêt et foret.
D'ailleurs, d'une manière générale, dans la prononciation régionale, les finales S, ST, Z, PT, X des noms propres ne se prononcent pas. Par exemple, Saint-Just-en-Chevalet se prononce sinjuanchvalé, Villerest vilrè, Marclopt marclô, Nandax nanda, etc. Saint-Genest-Lerpt, à côté de Saint-Étienne, semble cumuler en se prononçant simplement comme singe-né-l'air.
Géographie physique et humaine
Par extension, la province, qui tenait son nom de celui de la ville de Feurs, l'antique Forum Segusiavorum (les Segusiaves étaient la peuplade gauloise qui occupait la région), dans la plaine, a ensuite donné son nom à la chaîne montagneuse sur laquelle elle s'appuie à l'ouest : les monts du Forez, dont le point culminant est Pierre-sur-Haute (1634 m). La ligne de crête des monts du Forez constitue une frontière naturelle entre deux zones distinctes bien que très apparentées :
- le versant oriental et la plaine du Forez, constituant à partir du Xe siècle un comté de Forez (correspondant grosso modo à l'actuel arrondissement de Montbrison). Les dialectes arpitans étaient encore courants au XXe siècle ;
- le versant occidental de la chaîne (partie de l'actuel département du Puy-de-Dôme, entre le lit de la Dore et la ligne des crêtes), tourné très tôt vers les grandes seigneuries auvergnates ; les dialectes occitans (auvergnat) s'y sont maintenus jusqu'au XXe siècle). Ce versant occidental n'a jamais fait partie de la province du Forez.
- Au nord, les limites de l'ancien Forez sont assez lointaines, puisqu'elles englobent la petite cité médiévale Montaigüet-en-Forez qui, située dans le département de l'Allier, est largement au nord-ouest de Roanne. En revanche, si Roanne est historiquement en Forez, bien que séparée de la plaine du Forez par le Seuil de Neulise, la ville qui lui fait face sur l'autre rive de la Loire, Le Coteau, était rattachée à l'ancienne province du Beaujolais.
Sur les deux versants des monts du Forez, on a utilisé de temps immémorial les mêmes recettes pour la fabrication du fromage au lait de vache, à pâte persillée, non cuite et non pressée, ce qui s'est traduit, de 1972 à 2002, par l'existence d'une appellation d'origine contrôlée commune, la fourme d'Ambert et de Montbrison, qui a cédé la place, par décret du 22 février 2002, à deux appellations jumelles, la fourme d'Ambert (fromages fabriqués sur le versant occidental) et la fourme de Montbrison (fromages fabriqués sur le versant oriental, seuls désormais, des deux fromages jumeaux, à être fabriqués dans l'ancienne province forézienne).Le nom de Forez participe également à la dénomination du parc naturel régional Livradois-Forez, créé en 1986, qui n'a aucun rapport avec l'ancien comté de Forez, étant situé sur le versant occidental des monts du Forez, pour la plus grande partie dans le Puy-de-Dôme (essentiellement arrondissements d'Ambert et de Thiers), mais aussi dans le nord de la Haute-Loire.
Le principal cours d'eau traversant le Forez est la Loire, l'autre rivière remarquable étant le Lignon du Forez, long d'environ 80 kilomètres.
Le canal du Forez est un canal d'irrigation dérivé de la Loire à la hauteur de Grangent. Il arrose la partie ouest de la plaine, passant non loin de Montbrison.
Histoire
Situation
Il faisait partie du grand-gouvernement du Lyonnais (Liyonês), à l'ouest du Lyonnais propre, au sud du Charolais (Charolês) et du Beaujolais (Biôjolês), au nord du Velay et du Vivarais, à l'est de l'Auvergne ; chef-lieu, Feurs. Les autres places étaient Montbrison (Montbréson, qui en devint la capitale en 1441), Saint-Étienne, Néronde, Chazelles, Roanne, Saint-Rambert. Ce pays était habité anciennement par les Segusiaves, qui avaient pour capitale Forum Segusiavorum (Feurs).
Le comté de Forez
L'explication du nom Forez par l'homophonie avec « forêt », ne résiste pas à un examen attentif. Le pagus forensis des Carolingiens a bel et bien reçu son nom de la ville de Feurs (l'antique Forum Segusiavorum déjà mentionnée par Ptolémée).
Il faut également remarquer que le comté de Forez a été créé dès le Xe siècle, tandis que le terme « forest » (ancêtre de notre forêt) n'est attesté sous cette forme qu'à partir du XIIe siècle…
Il faut aussi se souvenir qu'à l'époque de la création du comté, les paysages montagneux à l'ouest du pagus forensis étaient très différents de ce qu'ils sont de nos jours. La proportion de surfaces boisées était bien moindre que de nos jours, la colonisation des terres s'étant accompagnée très tôt d'opérations de défrichage de grande ampleur, afin de créer d'immenses zones de pâturage, qui ont toutefois fini par régresser au XIXe siècle, à partir de la révolution industrielle.
En 1173 fut conclue la permutatio, c’est à dire le traité qui mit fin aux guerres et qui fut ratifié par le roi de France et le Pape. Le comte de Forez renonçait à ses prétentions sur toute la rive gauche de la Saône.
Le titre de capitale du comté est retiré à la ville de Feurs, le 6 mai 1441, par lettres patentes de Charles Ier de Bourbon, 5e duc de Bourbon, duc d'Auvergne, comte de Forez et comte de Clermont (en Beauvaisis), et accordé à la ville de Montbrison[1]. Ce transfert de capitale est confirmé, l'année suivantes, par d'autres lettres patentes signées à Moulins. Toutefois, l'antique cité continuera à jouer un certain rôle dans la vie du fief comtal.
Comme beaucoup d'autres fiefs, le Forez a souvent été l'objet des disputes, d'alliances, avant de revenir définitivement dans le giron de la couronne de France au XVIe siècle.
Les premiers comtes du Forez possédaient également le Lyonnais et le Beaujolais. Trois dynasties de comtes se succédèrent dans le Forez ; la dernière fut celle de Bourbon, à laquelle le Forez échut par le mariage de Louis II de Bourbon, duc de Bourbon, avec Anne de Forez, dauphine d'Auvergne, seule héritière de ce comté. Après la défection du connétable Charles III de Bourbon (1523), le Forez fut confisqué et bientôt après (1531) il fut réuni à la couronne de France.
De la Révolution à nos jours
Lors de la Révolution française, le Forez (comprendre : le versant oriental) fut provisoirement intégré dans un éphémère département de Rhône-et-Loire qui ne tarda pas à éclater en deux : à l'ouest, le département de la Loire (Forez, partie du Beaujolais et des Monts du Lyonnais) ; à l'est le département du Rhône. La préfecture de la Loire est alors Montbrison.
Personnalités marquantes de la période : Joannès Caton, Jules Garnier
Le Forez, berceau du chemin de fer français
- Le Forez a été la première région française équipée de voies ferrées. La première descendait, dès 1827, de Saint-Étienne jusqu'à Andrézieux, sur la Loire, où le charbon stéphanois apporté par rail était alors transbordés dans des bateaux rudimentaires conçus pour un seul voyage, les « rambertes » ou « salambardes ».
- En 1830, les frères Seguin ouvraient une seconde ligne de Saint-Étienne à Lyon par la vallée du Gier.
- Et en 1833, la première ligne Saint-Étienne-Andrézieux était prolongée jusqu'à Roanne, traversant toute la plaine du Forez du sud au nord et franchissant le seuil de Neulise. Le tracé de cette ancienne ligne est encore bien visible entre Balbigny et Roanne, cette partie du tracé ayant été abandonnée et déplacée lors de l'ouverture de la ligne de Nevers à Lyon par Saint-Germain-des-Fossés et Roanne en 1858.
Personnages foréziens célèbres
- Le Père Coton (1564-1626), jésuite confesseur d'Henri IV puis de Louis XIII, né à Néronde
- Le Père Lachaise (1624-1709), petit-neveu du précédent, confesseur de Louis XIV. C'est lui a donné à Paris un terrain lui appartenant, et sur lequel sera construit au début du XIXe siècle le fameux cimetière parisien qui porte son nom. Le Père Lachaise est né au château d'Aix, non loin de Saint-Just-en-Chevalet.
- L'Abbé Terray (1715-1778), contrôleur des Finances de Louis XV. Né à Boën-sur-Lignon. Il se fera construire le château de la Motte-Tilly, près de Nogent-sur-Seine, dans l'Aube.
- Honoré d'Urfé (1568-1625) , auteur de L’Astrée, premier grand roman d'amour à succès international (publié à partir de 1607)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Portail sur le parc naturel régional du Livradois Forez
- Site officiel de l'association Forez Tourisme
- Le Forezien (Villages, activités, culture, nature, loisirs, traditions, hébergement, gastronomie dans le Forez)
- Les pays du Forez
- projet LIFE Nature & Territoires site des Hautes Chaumes du Forez
Bibliographie
- « Forez », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
- Forez et Vivarais, itinéraire de l'homme de goût, publié par le comité de la région XVI bis, exposition internationale de Paris de 1937, éditions du Pigeonnier, Saint-Félicien (Ardèche), 1937. Illustrations de Jean Chièze.
- Jean Antoine de La Tour de Varan, Études sur le Forez, 1860, et années suivantes.
- l'ensemble des œuvres de Marguerite Gonon
- Les ouvrages d'Henri Pourrat né à Ambert le 7 mai 1887.[1]
- Jérôme Sagnard, Joseph Berthet Le Forez, il y a bientôt cent ans Editions Alan Sutton,2005, 96 p. (cf www.jeromesagnard.com)
Notes et références
- ↑ Source : L'Art de vérifier les dates, édition de 1819, volume 10, page 499.
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